Karyn Sørensen

Novembre, bien que considéré comme était en automne, ce mois est, pour moi, le premier de l’hiver. Il est tellement sombre et froid qu’il le mérite. Du coup, on peut dire que je suis née une journée pluvieuse d’hiver, vers 19h30. Il faisait un vrai froid de canard. Heureusement, l’ambiance qui régnait dans la chambre était tout autre. Une belle petite famille chaleureuse et heureuse, au comble du bonheur: la fratrie venait de s’agrandir d’une petite tête de plus.

Eh oui, je suis la troisième enfant d’un couple de musiciens. Mes deux frères ne se sont jamais intéressés à ce milieu. L’un est devenu comptable et l’autre étudie encore pour devenir avocat. Ça vous donne une idée du monde de différence entre mes parents et eux! Malgré tout, ça ne les pas jamais empêcher de tous s’aimer inconditionnellement. Mais bon, je vous parle de mes frères qui ne s’intéressent pas à la musique, du coup, vous devez vous demander si, moi, je m’y suis intéressée, hein? En fait, oui. Et même beaucoup. Déjà toute petite, je chantais avec ma mère pendant que mon père jouait de la musique. Ma voix était adorable, parait-il. Du coup, dès que j’ai eu l’âge, mes parents m’ont fait prendre des cours et m’ont entraînée. Pour ne pas trop perdre de temps, ils ont même fait mon école à la maison! C’était super!

En dehors de la maison, je voyais mes professeurs de chant et de musique : mes parents voulaient me voir apprendre le piano et j’adorais cela. Malheureusement, ce fut une époque sombre de ma vie. Je m’en souviens comme si c’était hier, bien que j’aime à dire que je suis «guérie», maintenant. Mon professeur de musique a été arrêté environ 3 mois après le début de mes cours. Il a été mis en prison pour pédophilie. Je vous laisse faire vos propres hypothèses sur ce que cela veut dire, je déteste en parler. Quoi qu’il en soit, cela fut la fin de mes cours de musique: je ne voulu plus jamais en reprendre, bien que j’adorais toujours le piano.

Plusieurs mois passèrent sans que cet événement ne semble m’avoir laissé de séquelles. Par contre, c’était loin d’être vrai. Un jour, alors que mes parents avaient laissé le téléviseur ouvert pour écouter les nouvelles, il fut question d’un viol. Je suis devenue folle de colère et j’ai lancé des choses dans la télé jusqu’à ce que mon père m’arrête. Ils se sont lancé un regard et ont passé un pacte secret : pour mon bien, ceci devait rester secret. Ils ont évité de m’exposer à ce genre de situations. Et du coup, je n’ai pas fait d’autres crises de violence. Notre petit secret de famille bien gardé. Même mes frères ne sont pas au courant.

Quoi qu’il en soit, ces épisodes derrières nous, nous avons continué notre vie. Avec un détail en plus : les concours. J’avais atteint l’âge de pouvoir en faire! Et je le voulais. Comparer ma voix à celles des autres, mon talent au leur. Rapidement, je suis devenue une petite star dans mon coin reculé, les gens m’adoraient. Mes parents ont donc soigné mon image. Du coup, à 12 ans, j’étais une vraie petite idole pop de par chez moi. Mes parents ont cherché une façon de me rendre plus populaire encore, ce avec quoi j’étais totalement d’accord et, du coup, m’ont fait faire quelques concours à l’international. C’est là que je l’ai rencontrée, elle.

Elle ne venait pas d’une famille commune comme la mienne, c’était une fille de riche. Et elle avait des doigts magiques. Elle jouait du piano d’une façon divine. C’est ce qui m’a poussée à aller lui parler: elle m’intriguait. J’avais envie d’être son amie et de la connaître. C’est comme cela que je me suis liée à Amaryllis, mais qui aurait cru que le destin ferait en sorte que nous nous croisions ailleurs?

En fait, ces concours internationaux n’étaient pas faciles. Loin de là. Et l’expérience de mes parents a ses limites. C’est pour cela qu’ils ont, finalement, décidé de m’envoyer dans une école avec un programmes pour gens doués. Mon père en avait entendu parlé et, bien que cela soit en Angleterre, il tenait à m’envoyer là-bas, disant que c’était meilleur que ce qu’on avait par ici. Du coup, depuis mes 14 ans, j’étudie à l’Institution Indarë dans le programme Exchange.

Et c’est là, que vient le temps de parler de destin: cette fille, ma rivale dans les concours et amie, elle était dans ma classe! Qui aurait cru que nous nous retrouverions ainsi? Dans ce programme, dans cette école? Bref, depuis que je suis ici, en Angleterre, je suis heureuse. Mes talents se développent et j’apprends à connaître d’autres prodiges comme moi, dont Amaryllis.