[2017] Aux rythmes de la pianiste

J'avais fini par craquer, sans trop savoir pourquoi. Peut-être étais-ce juste une accumulation qui avait fini par venir à bout de mes manières et de ma pudeur naturelle mais je n'avais su retenir mes larmes plus longtemps. Oublié le thé, les tapotement discontinus sur la table en bois ou la conversation que nous venions d'avoir : j'avais juste la tête en vrac, les idées embrumés et les yeux embués de larmes.

" Du calme, apaise-toi."

Les paroles de la professeures parvinrent en un sens à m'apaiser. Certes, le ton et les mots n'y étaient là mais quelque chose au fond de moi y trouva une présence rassurante qui commença, à défaut de me faire cesser de pleurer, à apaiser ma respiration devenue totalement incontrôlable sous l'effet de la tristesse. Et puis, la professeure affirma un peu plus sa présence réconfortante auprès de moi en m'enserrant doucement contre elle, avec une douceur dont je n'avais pas l'habitude. Seule ma meilleure amie s'était déjà montré aussi tendre et douce avec moi. C'était comme d'avoir une grande sœur. Du moins, ce que j'imaginais comme telle en voyant Isabella avec sa sœur ou en écoutant Melody me parlait de ses cadettes. J'avais enfin le droit  quelqu'un auprès de moi et je pouvais enfin me laisser aller, pleurant tout mon saoul.

" Ce n’est pas de ta faute, tu as fait tout ce que tu pouvais alors… je t’en prie, cesse de pleurer à présent."

Mon aînée avait raison. Je n'avais rien demandé mais je le savais mieux que quiconque et j'en étais déjà convaincue pourtant.. Pourtant je dois admettre que ces mots me firent le plus grand des biens. C'était comme si je venais de me voir guérir d'une blessure qui sommeillait en mon sein, cachée, ignorée de tous et de moi-même. Je n'avais rien fait. Je n'étais pas la responsable. Je n'avais rien à voir dans tout ça. Je crois qu'au fond, je m'étais convaincue, enfant, que si l'amour semblait me fuir, c'était mon oeuvre. Qu'un don comme le mien devait s'accompagner d'une malédiction, autrement plus douloureuse. Finalement, tout cela pouvait enfin trouver un écho positif.
Je n'eus cependant le temps de la remercier qu'elle se décala avant de planter son regard dans le mien et m'exprima une promesse que je n'oublierais pas de sitôt.

" L’art de sourire, on va le réapprendre ensemble."

-"D'a... d'accord..promis..."

C'était la première fois de mon existence que quelqu'un me faisait une promesse si forte, une promesse dont je ne pouvais douter au vu du regard qui l'avait accompagné. Je finis par essuyer les larmes qui perlaient aux coins de mes yeux d'un revers de la main avant de m'incliner légèrement, reprenant petit à petit composition.

-"Je suis désolée Mademoiselle..." dis-je en rougissant, encore un peu troublée par ce laisser-allez que je ne me connaissais vraiment pas.

J'étais cependant, malgré mon air gênée, plus heureuse que je ne l'avais été depuis bien longtemps. J'avais trouvé un soutien, une amie de choix dans ce monde cruel..