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Les actions définies et anticipées de chaque personnage dans la totalité de ce RP ont été mûrement réfléchies et consenties par les deux partis.
Le mois de novembre suivait son cours, amenant avec lui une fraîcheur d’hiver de plus en plus saisissante. Quelques jours après avoir vu le concert de l’orchestre philarmonique à l’Alexandra Palace, Janna avait enfin choisi l’instrument sur lequel elle voulait s’exercer : le piano. Pas évident d’en avoir un à la maison, ça prenait une sacrée place, et c’était cher aussi… Ma fille ne pouvait donc pas prendre des cours à domicile. Mais ce n’était pas grave, je l’avais inscrite au conservatoire pour qu’elle puisse apprendre à jouer le mercredi après-midi. Elle en était ravie ! Aujourd’hui serait sa première fois. Après m’être bien renseigné, j’avais appris qu’elle serait en classe avec quatre autres gamins de son âge. Le premier cours durerait une heure, et les prochains deux heures.
- Ҫa doit être là,dis-je désignant une porte au premier étage où nous nous trouvions.
Elle était ouverte et donnait sur une salle spacieuse au milieu de laquelle trônait un immense piano à queue noir. La professeure de musique accueillit Janna avec beaucoup d’amabilité, m’assura qu’elle allait bien s’occuper d’elle durant cette heure. Je la remerciai, embrassai la petite fille et la laissai rejoindre ses camarades. Bon, maintenant, j’avais une heure devant moi. Que faire ? Peut-être redescendre au rez-de-chaussée dans un premier temps, ce serait pas mal. Décidé, je parcourus le couloir en direction des escaliers. Je me demandais si Janna allait se plaire ici. J’espérais qu’elle s’entende bien avec sa prof et les autres élèves. En général, elle était plutôt avenante et n’était jamais en conflit avec quiconque. Toujours le sourire aux lèvres, le mot pour rire et la volonté d’aider les autres… comme sa mère. Pour cette raison, je me faisais moins de souci que ce que j’aurais dû si elle avait été une enfant turbulen… Boum ! Je percutai quelqu’un en tournant à l’angle du couloir. Mon cœur fit un bond quand je remarquai que ce n’était pas n’importe qui.
- Freja,fis-je surpris en reculant d’un pas.Pardon, j… j’étais dans mes pensées.
Je me penchai pour ramasser le cahier de partitions qu’elle avait fait tomber et le lui tendis.
Aujourd’hui j’avais rendez vous avec ma pianiste dans le but de répéter un peu. Nous faisions souvent ça lorsque je ne jouais pas, je passais vraiment tout mon temps libre à jouer c’était fou, n’est ce pas? Mais pour l’instant j’étais chez moi tranquillement dans ma maison sortant de sous les draps chaud, ça contrastait avec dehors bien que je sois dans un pyjama confortable. J’ouvrai la baie vitrée pour faire entrer un peu de soleil, il faisait beau en ce mois de novembre. Je sortis de ma chambre et me dirigeais vers la cuisine, j’avais faim mais je ne savais pas quoi me faire à petit déjeuner, au final ce fut ma flemme qui l’emporta et je me fis un bol de céréale. M’installant à la table je me disais qu’il n’y avait pas vraiment de quoi se presser, le bol de céréale fini je le mis dans mon lave vaisselle et touchais ma montre. Bien! Il était onze heure, j’avais encore une heure pour me préparer, je me décidais à prendre un bain rapide. Je fis couler l’eau pendant quelques minutes le temps de me déshabiller. Une fois cela fait je me mis dans mon bain, que je prenais toujours plus ou moins très chaud et y restais une bonne trentaine de minutes. Bon ça m’aura fait passer le temps et détendu. J'allais donc dans la chambre et choisis un pantalon de tailleur avec un t-shirt puis un pull col roulé. Oui j’étais frileuse, et alors! Je retournais dans la salle de bain et retirais ma serviette autour de ma poitrine, m’habillant sans me presser réellement. Je me coiffais ensuite, décidant de laisser mes cheveux lâchés il fallait bien les mettre en ordre. Je ne les avais pas coupés depuis un moment et ils commençaient à être assez longs.
Arrivé 11 heures j’allais ouvrir la porte lorsque la sonnette retenti. C’était une danoise comme moi qui était passionnée de musique et qui en avait fait son métier tout comme moi, c’était donc normal qu’on s’entende bien. Elle s’appelait Ellen et nous nous étions rencontré à l’école de musique. Enfin que je pris mon sac et mon violon pour la rejoindre et nous partions pour manger en ville dans un restaurant plutôt bien, enfin, j’adorais manger là bas et Ellen aussi. Quand j’y pensais je me disais qu’Ellen et Mylène faisaient parti de mon cercle d’ami assez restreint. Une fois garée et arrivée au restaurant nous commandons et nous détendons avec un verre de kyre aux groseilles. Mangeant de la viande par la suite nous prendrons du vingt rouge. Petite chose amusante était qu'Ellen mangeait sa viande grillée et à point alors que moi.. Moi j’étais la carnivore de base, je la mangeais presque cru.Le kir fut fini lorsque nos plats arrivèrent et nous commandions le vin à cet instant. Mangeant tranquillement en papotant d’un peu tout, omettant de parler de Meyer, après tout pourquoi lui en parler, ce n’était pas autant important que ça? Pourquoi j'en avais l’impression? Bon, on verra ça plus tard. Nous prenions notre temps pour manger, je devais aller au conservatoire pour m’entraîner un peu et mon amie devait aller récupérer son enfant à la garderie. Elle avait juste pris ce temps de calme pour me voir et j’étais fortement touchée. Je payais ensuite et lui disais qu’elle paierait la prochaine fois en riant.
Elle m’accompagna donc au conservatoire pour ne pas que j’ai à prendre les transports ce qui était fort aimable quand on savait que j’avais horreur de ça et que marcher normalement était tout de même un peu difficile je devais bien l’avouer. Elle me déposa donc devant le grand bâtiment et je sortis une cigarette que j'allumais tranquillement pour la fumer lentement, enfin finie je pénétrais dans le conservatoire et me mis à penser alors que… Je n’aurais pas dû du tout. Le résultat ne fut pas grave, juste ma partition de musique qui tomba, mon violon n’avait rien. ET c’est lorsque je me baissai que je sentai une main douce, enfin, une main que j’avais déjà touchée. C’est lorsque la personne dit mon prénom que je serrais ma partition contre moi et regardais Meyer.
« Ah… Meyer… Enchanté! Ta fille a trouvé l’instrument dont elle a envie de jouer? » Je lui fis un grand sourire.
Elle le récupéra et le serra contre elle comme si c’était son bien le plus précieux. Cela faisait plus d’une semaine que nous nous étions rencontrés au concert philarmonique. En nous quittant, j’avais émis l’idée que nous nous reverrions sûrement à une prochaine soirée comme celle-ci. Mais, même en ayant fait quelques recherches sur Internet le lendemain, je n’avais trouvé aucun concert de prévu pour les jours à venir. Un peu déçu, j’avais fini par me dire que j’avais fait une belle rencontre qui ne donnerait aucune suite. J’étais loin de m’imaginer que je croiserais de nouveau Freja, même dans un conservatoire. Il y en avait plusieurs à Londres, j’avais choisi le plus proche de la maison, qui était aussi le moins cher… Au fond de moi, je demeurais plutôt content de revoir la demoiselle. Sans vraiment savoir pourquoi, sa seule présence m’apaisait autant qu’elle me troublait. Aujourd’hui, bien entendu, elle avait troqué sa robe rouge de soirée contre un style plus simple mais qui lui seyait tout aussi bien : un pantalon de tailleur et un pull à col roulé. Il faisait beau aujourd’hui, avait-elle si froid que ça ? Peut-être craignait-elle les courants d’air au cou… En tout cas, elle avait détaché ses cheveux noirs et je ne pensais pas qu’ils étaient si longs. Ça lui allait bien…
- Ah… Meyer, enchantée !répondit-elle avec un grand sourire.Ta fille a trouvé l’instrument dont elle a envie de jouer ?
J’acquiesçai.
- Oui, j’ai suivi ton conseil et lui ai proposé le piano. Elle a l’air motivé.
Je pointai du pouce le couloir derrière moi.
- Je viens de la déposer pour son premier cours. - Bien, tu as de la chance, c’est l’une des meilleures professeures de ce conservatoire, et très gentille de plus, à l’écoute. Vraiment, elle est très bien !
Ça me rassurait, surtout de la part d’une violoniste aguerrie comme elle. Je fourrai ensuite mes mains dans les poches de mon sweat à capuche.
- Euh… tu…fis-je soudain hésitant.J’ai une heure devant moi du coup, je peux t’offrir un café ?
« Ah ouais, t’es comme ça toi, »dit Ihn plutôt étonné mais avec une pointe de moquerie dans la voix.
C’était juste un café… Il n’y avait rien de mal à ça.
Lorsqu’il me dit qu’il avait suivi mon conseil je fus assez heureuse et si elle était motivée comme moi j’étais motivée la première fois où j’avais touché un violon il en valait de soit qu’elle progresserait vite et cela me mit du baume au cœur, je fis un grand sourire alors qu’il fit un geste en m’expliquant qu’il venait de la déposer à son cours. Je touchais ma montre et constatais qu’il était treize heures trente, je hochais la tête.
«Bien tu as de la chance c’est l’une des meilleures professeure de ce conservatoire et très gentille de plus, à l’écoute. Vraiment elle est très bien!»
Et il me posa ensuite la question de si je voulais boire un café. Moi qui pensais que nous n’allions sûrement jamais nous revoir et encore plus qu’il veuille bien m’adresser la parole suite à la bourde que j’avais faite au concert… Le voilà qu’il me proposait un café. J’aurais pu rougir mais je me contenais et puis… Pourquoi encore une fois je me sentais ainsi? Bizarre mais j'acquiesçais en me rendant compte que je n’avais pas répondu après plusieurs secondes à sa question, beaucoup trop perdue dans mes pensées. Je secouais la tête lentement.
«Euh… Oui avec plaisir! Il y a un bar près du conservatoire! De plus je n’ai pas pris mon café d’après manger» Je ris doucement «Allons-y?»
Je me retournais et bougeais ma canne de gauche à droite pour descendre les escaliers sans penser qu’il y avait un ascenseur, trop habituée à faire ce chemin là. Sortant du conservatoire je m’arrêtais pour attendre Meyer.
«Tu viens? C’est à cinq minutes, les cafés sont excellent!»
- Euh… oui, avec plaisir !finit-elle par répondre après quelques secondes.
Cet instant d’indécision me fit douter quant à son envie de passer du temps avec moi. Elle n’avait peut-être pas apprécié la façon dont la soirée s’était terminée entre nous… Pourtant…
- Il y a un bar près du conservatoire,suggéra-t-elle avec entrain.
Elle ajouta que cela tombait bien car elle n’avait pas bu son café d’après repas. Elle m’intima de la suivre, ce que je fis en marchant près d’elle. Je pensais qu’elle prendrait l’ascenseur mais elle se contenta d’emprunter les escaliers. Elle devait avoir l’habitude car nous ne traînâmes pas tant que ça. Patient, je me tenais deux marches en dessous, au cas où elle chute. Mais il n’y eut pas d’accident et nous nous retrouvâmes bientôt dehors.
- Tu viens ? C’est à cinq minutes, les cafés sont excellents !
Comme lors de notre rencontre, je lui présentai mon bras pour lui éviter de trébucher. Elle accepta et nous nous mîmes en route. Apparemment, elle était de bonne humeur. Je me fourvoyais peut-être à propos de son ressenti sur la soirée. Ou alors elle le cachait bien… Et comme je n’avais pas envie de laisser ça dans un coin de ma tête, j’engageai la conversation tandis que nous marchions. Me raclant la gorge, embarrassé de devoir remettre le sujet sur le tapis, je pris la parole.
- Encore désolé pour… l’autre soir. Ce n’était pas de ta faute, vraiment,ajoutai-je précipitamment avant qu’elle ne puisse protester.C’est moi qui… ne suis pas très à l’aise avec les gens, en général…
« Mouais… pas terrible tes arguments, »commenta Ihn.
Certes… elle devait se dire « Mais il est con lui, pourquoi m’a-t-il laissée faire alors ? » Je n’avais pas la réponse…
Les escaliers descendus j’attendais un instant Meyer qui me proposait son bras. Je ne pouvais pas refuser ça aurait été bête et puis, j’appréciais ce genre de petites attentions ça me rendait heureuse. Ou peut être était-ce lui qui me rendait heureuse? Rhaaa non mais à quoi je pense encore! Je pris son bras délicatement alors que l’homme s’excusait pour ce qui c’était passé la dernière fois. Je soupirais tout en continuant de marcher à un rythme lent.
«Ce n’est pas ta faute, j’oublie souvent que certaines personnes ne sont pas tactile et moi, je le suis beaucoup de par mon handicap. » Je fais un sourire assez gêné puis me dirigeais avec ma canne en oubliant que Meyer, lui, voyait je soupirai une nouvelle fois, quelle idiote! «Le café s’appelle l'Albert premier. Il doit être en face, après le passage piéton.
Nous nous arrêtons le temps que le feu passe au rouge et lorsque je sentis le trentenaire recommencer à marcher je le suivis tranquillement. Je choisis une place au soleil. Je crois que mes années passées en Espagne pour mes études m’avaient fait devenir frileuse à cause des températures agréable là bas. Enfin bref, je lâchais le bras de Meyer et m’asseyais en repliant ma canne, la rangeant dans mon sac que je posais sur une des chaises libres. J’en profitai aussi pour sortir une de mes cigarettes et l’allumai.
«Tu en veux une? Cette saloperie est une vraie drogue… Je n’aurais pas dû commencer!» Je me mets à rire et le serveur, ayant l’habitude de me voir m’interpelle en me demandant ce que je veux. «Un cappuccino s’il te plaît, et toi Meyer? »
Freja m’assura que ce n’était pas de ma faute non plus car elle oubliait souvent que certaines personnes ne demeuraient pas tactiles, alors qu’elle-même l’était beaucoup à cause de son handicap. Je ne répondis pas mais à mon avis, elle avait besoin de ça pour avancer. Même si, à sa place, je n’aurais pas osé toucher les gens, je la comprenais. Elle m’indiqua ensuite le nom du bar où nous nous rendions : L’Albert Premier, qui se trouvait en face de nous, après le passage piéton vers lequel nous nous dirigions. Comme le feu passait au rouge, nous patientâmes un petit moment, et je repris la marche, Freja toujours à mes côtés. Il n’y avait pas grand monde et nous pûmes choisir une bonne place au soleil. La demoiselle lâcha mon bras et s’assit, posant son sac sur une chaise à côté d’elle. Je m’installai en face tandis qu’elle s’allumait une cigarette.
- Tu en veux une ?proposa-t-elle aimablement.
Je refusai poliment. Si je devais fumer, ce serait après le café, sinon je trouvais que ça avait un goût désagréable.
- Cette saloperie est une vraie drogue… Je n’aurais pas dû commencer !
Et moi donc… Freja se mit à rire, je me contentai d’un sourire. Un serveur vint à notre rencontre. La violoniste commanda un cappuccino, je demandai un café long. Quand il repartit, un silence un peu gênant s’installa entre nous. Que dire ? Ce n’était pas si compliqué de discuter de tout et de rien… Bon, le plus simple était de parler musique, puisque c’était son domaine de prédilection.
- En donnant l’idée du piano à Janna, je dois t’avouer que j’espérais un instrument plus petit,déclarai-je en joignant les mains sur la table qui nous séparait.Au moins, elle aurait pu s’entraîner à la maison. Mais c’est un peu petit chez nous… et de toute façon, je n’ai pas les compétences, ça remonte à trop loin.
Une fois arrivés à la table postée au soleil je soupirai d’aise. Le soleil me faisait un bien fou! Je repliai ma canne, la rangeai et sortis mon paquet de cigarette me faisant la réflexion à voix haute comme quoi je n’aurais jamais dû commencer cette drogue légale… Pourtant je ris en face de Meyer, lui refusa mon invitation. S’il ne semblait pas être un grand fumeur je pense que je l’étais un peu plus, enfin bref. Il commanda un café long, je l’aurais plus vu prendre un café court. Mais! Pourquoi j’essaie d’anticiper ce qu’il veut! Je deviens vraiment folle ou quoi? J’allume ma cigarette et pris une longue bouffée dessus tranquillement avant de recracher la fumée tout aussi doucement. Un silence c’était installé, en règle générale je n'avais pas de mal à parler aux autres mais là.. Je ne sais pas ce qui me prenait, j’avais l’impression qu’avec lui c’était différent. Mais heureusement pour moi l’homme pris la parole.
Expliquant donc qu’il espérait que la petite fille choisirait un instrument un peu plus compact mais, elle avait choisi ce que je lui avais dit . Devais-je m’en vouloir? Je me mordis la lèvre inférieure, enfin qu’après il me dit qu’il n’a pas spécialement de place, il faut dire qu’un piano comparé à un violon… Le café et le cappuccino arrivèrent et je soufflais sur le liquide fumant. Je pris tout de même ma cuillère pour déguster la crème puis je relèvais mes yeux nacrés vers l’imposante stature de Meyer et ricanais bêtement.
«Désolée je fais ça depuis que je bois du cappuccino, c’est con hein?» Je me grattais l’arrière du crâne puis repris. «C’est peut être un peu osé de te proposer ça mais la pianiste qui m’accompagne en duo la plupart du temps et une bonne amie donc nous jouons beaucoup chez moi…» Je tire une latte sur ma sucette à cancer. « Si tu veux j’ai un piano à disposition pour que ta fille puisse s’entraîner. Ça me ferait plaisir d’écouter son apprentissage.» Je me tais un instant et reprends en souriant. « Et apparemment tu joues aussi du piano?»
Nos boissons arrivèrent. Je regardai Freja recueillir la crème de son cappuccino avec sa cuillère, et la déguster avec envie. Elle leva ensuite ses yeux nacrés vers moi et émit un petit ricanement gêné.
- Désolée, je fais ça depuis que je bois du cappuccino, c’est con hein ?
Nous échangeâmes un rire.
- C’est peut-être un peu osé de te proposer ça mais la pianiste qui m’accompagne en duo la plupart du temps est une bonne amie, donc nous jouons beaucoup chez moi.
Elle prit une bouffée de tabac.
- Si tu veux, j’ai un piano à disposition pour que ta fille puisse s’entraîner. Ça me ferait plaisir d’écouter son apprentissage.
J’eus l’impression de prendre un seau d’eau dans la figure. Ch… chez elle ?
« Ben oui, pas chez le boulanger du coin ! »
Je le chassai de ma tête, le cœur aussi mouvant qu’un yoyo. Je m’emballais. C’était juste pour les cours de Janna… Mais à quoi pensais-je au juste ?
« T’es fatiguant… »
- Et apparemment, tu joues aussi du piano ?s’enquit Freja intéressée.
Je secouai discrètement la tête pour revenir au présent.
- Jouais,corrigeai-je avec un peu de regret.Mais rien de bien fou… Janna rattrapera bien vite le niveau que j’avais. Et…
Je remuai un peu mon café.
- C’est gentil pour la proposition. Je suis sûr qu’elle sera ravie.
Drôle de façon indirecte de dire oui… Je n’arrivais pas à m’exprimer correctement face à Freja, c’était trop bizarre. Je bus un peu de café pour me redonner contenance. Que dire, maintenant ? Peut-être était-il temps de faire un peu connaissance ?
- Tu as l’air d’être dans la musique depuis toujours,fis-je remarquer en me remémorant le concert.Tu joues depuis quand ?
Je posais mon coude sur la table et posais ensuite mon menton sur ma paume. Cela m'intéressait fortement, j’aimerais bien qu’il joue pour moi.. Pour.. Moi? Mais dans quel délire je pars là! Cependant il n’y avait aucun doute, je voulais vraiment l’écouter bien qu’il m’assurait qu’il n’en jouait plus, je soupirai, quelle dommage… Je pris une taffe sur mon tube à cancer, il n’allait pas tarder à se consumer. Je cherchais donc le cendrier et tapotais la cendre avant de reprendre une ultime aspiration que je gardais un peu plus longtemps dans mes poumons pour recracher la fumée et enfin écraser ma clope dans le cendrier en face de moi.
Meyer me dit ensuite que Janna serait ravie de pouvoir venir jouer chez moi. Je souris et retirai mon coude de la table, me redressant, dos droit. Mettant ma cuillère pour remuer mon cappuccino qui, malgré le manque de sucre se faisait malmener par celle-ci. C’était un petit toc je dirais. Je pris ensuite la tasse et bus le liquide tiède avant de reposer la tasse, soupirant d’aise Il me demanda ensuite depuis combien de temps je jouais et je lui souris gentiment.
«Hé bien j’ai commencé à mes quatre ans. Mon père et ma mère étaient des violonistes solistes eux aussi donc j’ai choisi de faire le même parcours qu’eux.» Je me grattais l’arrière du crâne puis continuais.»[/b] J’avais des profs particuliers, je ne suis jamais allée à l’école enfin.. Je suis allée quatre ans dans une école plutôt prestigieuse en Espagne, je n’aime pas trop ce pays mais ça m’a permis d’apprendre une nouvelle langue! J’adore apprendre!”»[/b][/color] Je ris bêtement. « Et toi, si je puis me permettre quel est ton métier étant donné que tu ne fais plus de piano tu ne devais pas être prof.. Je me trompe?»
- Eh bien, j’ai commencé à mes quatre ans,répondit-elle enjouée.Mon père et ma mère étaient des violonistes solistes eux aussi, donc j’ai choisi de faire le même parcours qu’eux.
Forcément, ça aidait pas mal, surtout si elle avait préféré de jouer du même instrument. Je me demandais ce que cela faisait d’avoir des parents musiciens. D’un côté, ce devait être plaisant de baigner dans la musique. De l’autre, j’imaginais que, s’ils étaient très demandés, ils ne devaient pas être très présents pour elle. Ce n’était que des suppositions, je n’en savais rien du tout. Freja m’expliqua qu’elle avait des profs particuliers parce qu’elle n’était jamais allée à l’école.
- Enfin… je suis allée quatre ans dans une école plutôt prestigieuse en Espagne,corrigea-t-elle aussitôt.Je n’aime pas trop ce pays mais ça m’a permis d’apprendre une nouvelle langue. J’adore apprendre !
Elle rit.
- Et toi, si je puis me permettre, quel est ton métier ? Étant donné que tu ne fais plus de piano, tu ne devais pas être prof... Je me trompe ?
Je hochai négativement la tête.
- Je ne crois pas que ce soit dans mes cordes… sans vouloir faire de jeu de mot,ajoutai-je en me rendant compte de ma blague pourrie.
Elle pouffa. Au moins, je la faisais rire… Secrètement réjoui, je repris la parole.
- Le piano, c’était seulement du loisir. J’ai appris seul.
Raison pour laquelle j’estimais mon niveau assez faible.
- Mon métier n’a rien à voir avec la musique,précisai-je ensuite.Je suis infirmier et avant, j’étais thanatopracteur. Pas très joyeux, hein ?fis-je en me grattant la tempe du bout de l’index.
Entre les morts et les gens malades ou blessés, il y avait de quoi déprimer.
Je ris à sa blague comme une idiote c’était à la fois drôle mais on pouvait faire mieux comme jeu de mots, enfin, quelqu’un qui fait rire est toujours mieux qu’une personne morne, n’est ce pas? J’appréciais vraiment de plus en plus sa compagnie bien que cela ne faisait que la seconde fois que nous nous voyons. Je ne comprenais réellement pas ce qu’il se passait. Tout était flou dans mon esprit pourtant une chose se détachait, j’aimais être en sa compagnie! Je rougis très légèrement à cette pensée. Je venais de m’en rendre compte lorsque je sentis mes joues chauffer un peu, je pris de suite ma boisson et bus pour me cacher derrière la tasse, honteuse. Une fois remise de mes émotions je me reconcentrais sur lui qui répondait à ma question.
«Oh tout seul!» Ma bouche fit un “o” et je repris. «C’est très pratique ça et merveilleux à mon sens, je t’envie assez, avec un violon il faut attendre des années pour savoir jouer un morceau alors que pour un piano le son est beau dès le début et pour peu que tu travailles dur tu peux réussir à faire des merveilles! Attention je ne dénigre pas le piano. J’ai du respect pour tous les musiciens! Pourquoi ne recommencerais pas à jouer avec Janna chez moi? Je vous ferai du thé et des biscuits!» Je ris et l’écoutais une fois mon monologue fini.
Thanato hein? Pas très joyeux comme métier mais il en fallait tout de même! Je repris la parole.
« C’est vrai que thanato c’est pas très joyeux mais infirmier… Moi je suis là pour divertir les gens toi tu les aides ce n’est pas la même chose! C’est bien de s'entraider. Tu es infirmier depuis longtemps?» Dis-je avec un sourire joyeux.
Au lieu de ça, je vis ses joues s’empourprer et elle se réfugia dans son cappuccino comme si elle se sentait soudain très gênée. Je ne me rappelais pas avoir dit quelque chose d’étrange… Avais-je parlé d’un truc qu’il ne fallait pas ?
« Non… j’avoue que moi non plus j’ai rien capté là. »
Mais l’instant d’après, Freja répondit, l’air de nouveau enthousiaste.
- Oh, tout seul ! C’est très pratique ça, et merveilleux à mon sens. Je t’envie assez… Avec un violon, il faut attendre des années pour savoir jouer un morceau alors que pour un piano, le son est beau dès le début. Et pour peu que tu travailles dur, tu peux réussir à faire des merveilles !
Elle avait totalement raison.
- Attention, je ne dénigre pas le piano,assura-t-elle toujours avec le sourire.J’ai du respect pour tous les musiciens !
Elle demanda alors si je ne recommencerais pas à jouer avec Janna chez elle, en appuyant sur le fait qu’elle nous ferait du thé et des biscuits. Elle rit de nouveau, moi aussi. Cependant, je ne savais pas si je me sentais capable de me remettre à la musique… mais la proposition était très aimable.
- C’est vrai que thanato, c’est pas très joyeux,commenta-t-elle ensuite.Mais infirmier… Moi je suis là pour divertir les gens, toi tu les aides, ce n’est pas la même chose ! C’est bien de s'entraider.
J’affirmai d’un signe de tête.
- Tu es infirmier depuis longtemps ?
Je bus une gorgée de café avant de répondre.
- J’ai fait cinq ans à l’hôpital de Bloomsbury, où j’ai obtenu mon diplôme avec m… avec plus de facilité que je le croyais.
J’avais failli dire « avec ma femme ». Quel idiot…
- Et depuis septembre, je bosse à l’institut d’Indarë, je ne sais pas si tu en as entendu parler.
Lorsque je lui dis que je les accueillerais avec des biscuits et du thé nous nous mettons à rire tous les deux. J’aimais beaucoup son rire, je pourrais faire l’idiote rien que pour l’entendre.. C’est grave à ce point? Je bus un peu de ma boisson et inconsciemment me rallumais une cigarette. Bon dieu je devais passer pour une vraie droguée à ses yeux! Mais me voilà encore en train de m’imaginer ce qu’il pourrait penser à mon propos, je suis vraiment bizarre en sa compagnie et c’est d’autant plus atroce que je ne sais pas pourquoi je suis ainsi…
Remuant mon cappuccino pour penser à autre chose je repris la parole pour lui demander s’il était infirmier depuis longtemps et il me répondit alors que ça faisait cinq ans, néanmoins je captai qu’il voulait dire autre chose que son autre phrase, je arquai un sourcil mais ne fis pas plus de commentaire que cela, je ne voulais pas rentrer trop dans sa zone de confort c’était un coup à lui faire peur et qu’il ne veuille plus me voir… Je tirais une latte sur ma sucette à cancer lorsqu'il me précisa qu’il travaillait à Indarë. C’était une académie assez reconnue dans Londres donc bien sûr je la connaissais, je fis un petit sourire.
«Oui elle est bien connue malgré le fait que je ne me soit installée il y a peu ici. C’est bien l’académie qui est “coupée” en deux» Je fis des guillemets avec mes doigts au niveau du mots coupé. Je souris puis lui reposai une question qui me taraudait . «C’est peut être indiscret mais pourquoi as-tu arrêté le piano? En rapport avec Janna ou ton travail?»
- Oui, il est bien connu malgré le fait que je me sois installée il y a peu ici,répondit-elle.C’est bien l’académie qui est coupée en deux.
Elle fit le signe des guillemets avec ses doigts au mot « coupée », et j’affirmai.
- C’est peut-être indiscret mais pourquoi as-tu arrêté le piano ?demanda-t-elle intéressée.En rapport avec Janna ou ton travail ?
Je réfléchis quelques secondes en remuant machinalement la cuillère dans ma tasse presque vide.
- Les deux, je dirais. Forcément, quand elle est née, ça a demandé pas mal de temps et d’énergie. Elle avait à peine trois mois quand j’ai quitté la thanato pour passer mon diplôme d’infirmier.
Heureusement, Janna avait fait ses nuits très tôt, à un mois et demi, et c’était une enfant sage. Je devais avouer que Mary et moi n’avions pas à nous plaindre. Elle était une petite fille plutôt facile à éduquer. Bien entendu, elle faisait parfois des caprices et des colères mais à mon avis, ce n’était rien comparé à d’autres gamins. Je terminai mon café, fouillai dans mes poches pour en sortir mon paquet de cigarettes. J’en allumai une, regardai Freja.
- Euh… ne le prends pas mal, c’est que… je ne fume pas le même genre de clope,dis-je un peu gêné en pensant à sa proposition de tout à l’heure.
J’avais bien vu qu’elle possédait des cigarettes mentholées et je n’aimais pas ça. Pour ma part, je chipotais un peu mais je ne consommais que des allemandes. Et pas n’importe lesquelles. Je devais les acheter en ligne sur un site allemand. Elles étaient les seules que j’arrivais à apprécier un minimum.
- Tu faisais quoi au conservatoire ?demandai-je pour relancer la conversation.Je veux dire… tu donnes des cours ou c’est pour t’entraîner avec d’autres ?
The Wiesel Den 
