Silence ça pousse !

Silence ça pousse !

J’en ai marre d’être à la maternité. Ca fait des jours que j’y suis et je m’ennuie ferme. Ce n’est pourtant que le troisième jour que j’y suis mais être retenue contre mon gré dans un lieu pareil, ça me gonfle. Ian a de la chance que je l’aime. Et que j’adore les fraises… Et aussi que je sois corruptible… Si ça n’avait pas été lui qui me l’avait demandé, qu’il n’était pas avec moi et qu’il ne me soudoyait pas avec des aliments à la fraise, j’aurais refusé net. Tout ça parce qu’il s’inquiète énormément. Bon sur ce point, je peux le comprendre. J’admets que moi aussi ça me stresse. Mais de là à m’obliger à loger dans une maternité jusqu’à l’accouchement…c’est de la torture. Je me vengerai.

C’est l’après-midi et je me repose dans la chambre en attendant que le médecin revienne faire son contrôle. Pas le choix, j’ai commencé à sentir des contractions plus fortes cette nuit au point de très mal dormir. On peut même dire que je n’ai quasiment pas fermé l’oeil entre les douleurs et les contrôles réguliers. J’ai même eu droit à la perte des eaux et les premiers contrôles qui ont été faits, ont confirmé que le travail commençait. Stupide corps qui a décidé que ce serait bien de commencer le processus durant la nuit. D’un autre côté, ça veut dire qu’avec un peu de chance, je serai tranquille pour dormir cette nuit. C’est censé prendre des heures avant de réellement accoucher mais j’espère quand même le faire avant ce soir.

Au bout de plusieurs heures, je finis par appuyer sur le bouton pour faire venir une infirmière. Ca commence à être plus douloureux et les contractions sont vraiment rapprochées. Je me doute bien que ça fait partie du processus pour l’arrivée du bébé et mine de rien, j’ai quand même peur. Voir comment ça se passe dans un film ou une série et le vivre dans la vie réelle, ce n’est clairement pas la même chose. Est-ce qu’il faut encore attendre un moment ou est-ce que j’en suis au stade final ? Je regarde Ian avec un petit sourire moqueur pour le rassurer. J’ai beau avoir mal, ça ne m’empêche pas de dire des railleries.

- Tu n’imagines pas la chance que t’as d’être un homme. T’échappe à bien des choses.

Je ne regrette pas d’être enceinte, loin de là. Toutefois n’importe quelle femme avouera que les maux de dos et les contractions ne sont pas vraiment une partie de plaisir. Si on peut échapper à ça, c’est bienvenue.

Enième examen pratiqué à l’arrivée de l’infirmière mais cette fois c’est pour nous annoncer que je vais être déplacée en salle d’accouchement. Apparemment quelques heures passeront sans doute avant que ce ne soit vraiment le moment mais ça fait partie de leur protocole et puis c’est plus avancé que prévu. Apparemment le bébé semble pressé de découvrir le monde. À mes yeux, dans cette chambre ou dans la salle, ça ne change rien. Les douleurs seront toujours là et je n’ai qu’une seule envie, qu’Ian reste avec moi.

Après m’avoir préparée pour la suite, on m’emmène dans la salle. Durant le voyage, je ne lâche pas la main de mon petit-ami. C’est ma présence rassurante alors que mon « taxi » me conduit à destination. Une fois installée, nouvel ennui. J’ai mal, on me propose une péridurale mais je la refuse aussitôt. Je l'avais déjà refusée le jour où on m’en avait parlé lors d’un rendez-vous prénatal. Un refus qu’Ian n’apprécie pas. Grumpf… Je n’aime pas quand il n’est pas content. Je soupire un peu et change d’avis, acceptant finalement la péridurale. Heureusement qu’on peut toujours changer d’avis au moment d’accoucher. Je n’ai pas envie de subir une piqûre mais j’ai encore moins envie que mon petit-ami se fasse trop de souci pour moi.

L’anesthésiste arrive avec son matériel quelques minutes plus tard et comme il me le demande, j’arrondis un peu le dos pour qu’il puisse faire son job. Je reste ensuite assise lorsque tout est posé et prêt. Il m’a fallu attendre une trentaine de minutes avant que ce soit atténué. Ca me permet d’être plus calme même si l’expérience de l’accouchement reste effrayante.

- Vivement que j’puisse l’expulser de moi. J’regrette pas d’être enceinte mais je ne suis quand même pas contre le fait de ne plus avoir de ballon à la place du ventre.

Je laisse échapper un petit rire amusé après cette phrase dite sur le ton humoristique. Pas contre moins de ventre, pas contre moins de douleurs au dos, pas contre le fait de pouvoir reprendre nos activités sexuelles comme avant. Du moins en terme de souplesse parce que pour le nombre de fois où on pourra le faire, je pense que ça changera avec la présence du gosse. Nos nuits aussi...

Codage par Libella sur Graphiorum

Jamais il n’aurait imaginé passer par cette étape. C’est un lover, un charmeur. Les charmeurs ne deviennent pas des pères. Les enfants, ce n’est pas quelque chose qui est censé l’attirer, et pourtant, il a hâte, en plus d’être en panique totale, on ne va pas se mentir. C’est passé si vite… Il se souvient du jour où il a découvert qu’elle était enceinte. Ils étaient chez ses parents, c’était la première fois qu’elle les rencontrait, et il a paniqué. Tout est allé si vite. C’était véritablement un accident, mais… Il ne peut pas nier le fait qu’il était étrangement heureux de le savoir. Ian a toujours été doué avec les enfants, il faut voir comme il gérait son petit frère à merveille quand leur père était absent et sans bonne volonté. Il a toujours protégé les plus jeunes que lui, avec un instinct qu’il ne pouvait pas nommer à l’époque, qu’il niait aussi, car ce n’était pas un sentiment qu’il était censé avoir.

Un charmeur protecteur… Un libertin possédant un instinct paternel… Beaucoup aurait ri, lui le premier, mais il est là, à l’hôpital, sa petite amie sur le point d’accoucher. Il est heureux, mais il n’aime pas la voir souffrir… Voir son beau visage se contracter sous la douleur, c’est trop pour lui. Mais il doit tenir bon, pour elle. Elle a besoin de lui, et il a promis qu’il serait là du début à la fin. Pas seulement pour Cordelia, mais aussi pour le bébé et pour sa mère qui s’inquiète. Si ça ne tenait qu’à elle, elle serait présente pour l’accouchement, mais Ian lui a demander de venir une fois le bébé né, pour ne pas oppresser l’italienne. Elle est déjà agacée d’être à l’hôpital depuis plusieurs jours, il ne va pas rajouter de la pression. Assis à côté du lit, une barquette de fraises des bois dans la main, il l’observe avec inquiétude. Il sait qu’il ne devrait pas, que l’avancé de la science est admirable et que le risque qu’elle meurt aujourd’hui est presque égal à zéro… mais c’est plus fort que lui. Il l’aime. Il ne veut pas la perdre.

Elle appuie sur le bouton d’appel de l’infirmière et il prend doucement sa main, son beau visage déformé par l’inquiétude. Quand elle pose son regard sur lui pour lui sourire de manière moqueuse, il essaye de sourire aussi, mais cela lui demande un effort presque surhumain.

▬ Tu n’imagines pas la chance que t’as d’être un homme. T’échappe à bien des choses.

Il ne sait pas quoi répondre à ça… Alors il se contente de serrer sa main et de l’apporter à ses lèvres. Oui… Parfois il se dit la même chose. Et les femmes méritent tellement plus de reconnaissance qu’elles n’en reçoivent au quotidien. Après ça, il la chérira, et fera attention à elle… car là, tout de suite, elle est une super-héroïne pour lui, et il ne peut pas s’empêcher d’imaginer sa mère à sa place, bien des années plus tôt, loin de sa famille…
L’infirmière arrive pour un nouvel examen et c’est le moment. Son cœur manque un battement avant de pulser beaucoup plus vite. Il est impatient, impatient de rencontrer son enfant pour la première fois, impatient que ça se termine pour voir de nouveau le visage apaisé de son italienne. Ils l’emmènent en salle d’accouchement et après avoir enfilé toutes les protections, la blouse, la charlotte pour les cheveux ainsi que les protections pour les chaussures, Ian se déplace avec eux, sans lâcher sa main, ayant abandonné les fraises dans la chambre. Il faut qu’il se détende… Il le lui doit. Il ne veut pas que son émotion fasse un effet miroir sur elle, elle doit se détendre… Même si c’est évident plus facile à dire qu’à faire.

Quand ils lui proposent la péridurale, elle refuse, et il n’est pas étonné. Mais il ne veut pas la voir souffrir plus longtemps, il s’est renseigné, il n’y a pas de danger pour elle, ça l’aiderait même beaucoup pour expulser l’enfant. Alors il sert sa main, et la supplie silencieusement d’accepter. En voyant son visage, elle semble finalement accepter, et le psychologue soupire de soulagement. Il lui sourit tendrement et embrasse délicatement ses doigts.

▬ Merci…

Quelques minutes plus tard, l’anesthésiste arrive avec son matériel, et en voyant la taille de l’aiguille, Ian déglutit. Ok… Il comprend mieux pourquoi elle ne voulait pas, n’importe qui aurait des réserves en voyant ça… Mais c’est pour le mieux ! N’empêche, c’est fou comme une simple image sur internet ne montre pas la réalité de la taille des choses…
Elle arrondit son dos et le spécialiste effectue son travail, tout en la guidant. De son côté, Ian détourne le regard de la piqûre et se concentre sur son visage. Quand le produit fait effet, il remarque le corps de Cordelia se détendre légèrement, et il fait de même, rassuré.

▬ Vivement que j’puisse l’expulser de moi. J’regrette pas d’être enceinte mais je ne suis quand même pas contre le fait de ne plus avoir de ballon à la place du ventre.

Elle rit, et Ian sourit plus largement. Il préfère ça, il préfère cette ambiance. Il aimerait que tout se passe de cette manière, mais quand le moment sera venu, il ne sait pas s’il réussira à plaisanter. Maintenant, il ne reste plus qu’à attendre qu’elle se dilate. Il ne lâche pas sa main, restant bien auprès d’elle pendant que les médecins s’affairent autour d’elle.

▬ Tu es belle même avec un ballon à la place du ventre. Mais je comprends. J’ai hâte de rencontrer notre bébé…

Il se penche vers elle, et embrasse tendrement sa joue, avant de prendre des nouvelles.

▬ Comment tu te sens ? La péridurale fait effet ?

Ⓒ  By Halloween sur Apple Spring

Silence ça pousse !

C’est un peu étrange comme sensation. J’ai super mal, j’ai peur, je suis stressée et pourtant tout ce qui m’importe à l’heure actuelle, c’est Ian. Je vois bien qu’il s’inquiète autant que moi, voire peut-être plus. Et mon premier réflexe est d’essayer de le rassurer. De plaisanter pour le voir sourire. Même après avoir été amenée en salle d’accouchement, je ne peux m’empêcher d’agir selon les réactions de mon petit-ami. Le voir faire la gueule ne me plaît pas au point que ça m’a fait accepter une péridurale alors que je n’en voulais pas. Au moins après une trentaine de minutes je suis devenue un peu plus détendue. Les contractions me font toujours mal mais ce n’est plus insupportable. Je sors ensuite évidemment une autre raillerie et je suis bien contente de voir que cette fois, Ian sourit plus naturellement.

- Ca va, j’suis juste épuisée avant même de commencer. Y a toujours des douleurs mais c’est moins violent que tout à l’heure. D’ailleurs j’veux des massages en échange de cette merde…

Des massages contre une péridurale, ça me semble être un bon compromis. Et puis je le mérite non ? Je vais mettre au monde un enfant alors que je suis déjà crevée, que j’ai très mal dormi et après avoir supporté diverses souffrances causées par la grossesse. Je mérite bien une mini récompense. Et puis ce n’est pas comme si je demandais la lune.

Les médecins s’affairent encore autour de nous et honnêtement, ils me tapent un peu sur les nerfs. Ce ne sont pas les hormones qui me provoquent ça, non. C’est ma personnalité au naturel. Je déteste voir les gens s’agiter dans tous les sens autour de moi. Ca a tendance à m’agacer, me rendre nerveuse et parfois à me faire péter les plombs. Enfin là, je pense que je vais juste être agacée, nerveuse et insulter du monde parce que putain de merde ça recommence ! Les contractions sont vraiment très proches et j’ai l’impression qu’elles durent une éternité.

- Là j’suis en train de rêver d’un bon massage dès que j’pourrai avoir une position plus confortable...

Encore un peu de patience. Vraiment très peu. Voilà qu’on m’annonce que c’est le moment de devenir plus active. Tout a été plus rapidement que prévu. Il faut croire que le bébé est pressé de découvrir le monde. C’est donc partie pour pousser. Des moments d’effort qui ne m’empêchent pas de lancer quelques insultes dans ma langue natale. C’est automatique. Ma main serre fortement celle du psychologue à chaque fois qu’il me faut pousser. Les petits moments de répits me permettent seulement de reprendre mon souffle.

Près d’une heure de travail. C’est le temps qu’il m’a fallu pour réussir à expulser le bébé hors de mon corps. Presque une heure pour qu’il se décide enfin à naître. Quoique si je compte le moment depuis la perte des eaux, ça fait bien plus longtemps...

Les médecins le prennent et proposent même au papa de couper le cordon. Puis ils s’occupent de nettoyer le bambin et de vérifier que tout aille bien. Pendant ce temps, je profite surtout de souffler. Ca fait du bien quand ça s’arrête. Je regarde ensuite les médecins revenir avec l’enfant, tout sourire.

- Félicitation, c’est une petite fille !

La sage-femme me donne le bébé pour me laisser l’admirer quelques minutes. Je regarde ensuite Ian avec un petit sourire.

- Tu veux la porter ?

Ian avec un bébé. J’avoue que j’ai toujours été curieuse de voir ce que ça donnerait un lover avec un bambin dans les bras.

- Vous avez déjà choisi un prénom ?

Codage par Libella sur Graphiorum

Quel stress… Il n’est pas sûr que vouloir revivre ce genre d’événement de sitôt… Savoir qu’elle souffre l’attriste, même s’il s’agit de son enfant. Il est perdu. Il n’arrive pas à savoir s’il est heureux ou inquiet pour sa petite amie. Mais elle continue ses plaisanteries, montre toujours sa bonne humeur contagieuse, et le psychologue ne peut pas s’empêcher de sourire à son tour, avant de prendre des nouvelles. Il aimerait partager sa douleur, la diviser en deux pour qu’ils le fassent ensemble, mais c’est impossible. Alors il se contente de garder sa main au creux des siennes, comme si ce simple contact pouvait atténuer sa douleur.

▬ Ça va, j’suis juste épuisée avant même de commencer. Y a toujours des douleurs mais c’est moins violent que tout à l’heure. D’ailleurs j’veux des massages en échange de cette merde…

Il est rassuré de savoir que les douleurs sont moins fortes qu’avant, c’est que l’anesthésiant fait effet. C’est tout ce qu’il voulait… Surtout pour une première fois. Tendrement, il embrasse chacun de ses doigts en souriant.

▬ Autant que tu veux. Tout ce que tu voudras.

Les médecins s’affairent, et Ian inspire profondément pour essayer de ne pas se mettre à paniquer à cause de tout le mouvement. Il doit se concentrer sur elle… elle… elle seule. Ils ne sont que deux dans la pièce, enfin… trois. Elle, lui et l’enfant qui arrive bientôt.
Mais il voit bien que ça gêne aussi Cordelia. Elle les regarde s’agiter et son expression le lui fait bien comprendre. Alors, sa main vient se glisser le long de sa joue et il attire son visage au sien, plantant son regard dans le sien, front contre front.

▬ Regarde-moi. Juste moi. Il n’y a que nous ok ?

▬ Là j’suis en train de rêver d’un bon massage dès que j’pourrai avoir une position plus confortable...

Il sourit plus largement à sa phrase et hoche la tête.

▬ Oui. Un bon massage avec de l’huile de coco… Je serais aux petits soins… Ton serviteur pour une semaine entière. Ça te va ?

Soudainement, les médecins leur annoncent que c’est le moment, et le cœur du métisse manque un battement. Bordel de merde… ! Il ne sait pas quoi faire. Il ne peut être que là et ça le tue. Il garde la main de Cordelia dans les siennes, grimaçant quand elle serre si fort ça main qu’elle pourrait la lui briser. Mais il ne dit rien, ce n’est rien comparé à ce qu’elle doit vivre actuellement. La gardant dans une main, l’autre vient caresser ses cheveux, les dégageant de son front humide de sueur.
Quand elle reprend son souffle, il fait de même, l’imitant sans vraiment s’en rendre compte. Et le temps passe si lentement… que l’heure semble être une éternité. Il ne peut pas dire qu’il est plus fatigué qu’elle, c’est tout simplement impossible, cependant, il sent un fatigue psychologique s’installer. Le stress, l’impatience, l’inquiétude, voir la douleur, la fatigue et l’effort sur son visage, c’est trop pour lui…

Puis le bébé vient au monde.

Et Ian est partagé. Entre l’envie de le voir, de le prendre dans ses bras, et de rester auprès de son italienne qui a été tout simplement incroyable. Il ne peut pas la laisser. Il veut rester près d’elle. Mais rapidement, le médecin approche l’enfant de lui, lui proposant de couper le cordon ombilical, et Ian se redresse lentement, hésitant, attrapant les sortes de ciseaux, pour le couper en tremblant. C’est… tout simplement incroyable…
Mais rapidement, il se tourne de nouveau vers Cordelia, pour s’assurer qu’elle va bien et il la voit, reprendre sa respiration. Tendrement, il approche son visage du sien pour poser son front contre le sien, ému.

▬ Merci… T’es une super-héroïne.

▬ Félicitations, c’est une petite fille !

Une fille ? Il se redresse pour regarder l’infirmière déposer la petite puce sur la poitrine de sa mère et c’est à ce moment qu’Ian la regarde vraiment. Une petite bouille, qui crie sa venue au monde, montrant au monde entier qu’elle est là, et c’est trop pour lui… Les larmes d’émotions envahissent ses yeux alors que quelque chose au fond de lui se délie. Une révélation. Il les protégera toute sa vie.

▬ Tu veux la porter ?

Ses yeux se rivent dans le bleu des siens alors qu’elle lui sourit et il déglutit avant de délicatement prendre la petite dans ses bras. C’est si étrange… Elle est si petite… si fragile… Si bruyante… Mais soudainement, comme si c’était tout à fait naturel, il se met doucement à la bercer et les pleurs s’apaisent… progressivement.

▬ Hey… Tout va bien… on est là… près de toi. Bienvenue p’tite 大和撫子 (jolie jeune fille).

▬ Vous avez déjà choisi un prénom ?

Euh… Ian redresse la tête pour regarder l’infirmière, puis Cordelia.

▬ Euh non… On va réfléchir ensemble… J’aimerais trouver un prénom qui pourrait être à la fois italien, anglais… et qui puisse être facilement prononcé par ma mère… T’en penses quoi ?

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Silence ça pousse !

La péridurale me permet de me détendre un peu. Les douleurs sont moins fortes, Ian semble légèrement moins inquiet et forcément, ça s’en ressent sur mon état. Les railleries sont ma technique pour essayer de déstresser Ian. Je me dis que s’il me voit plaisanter, il va comprendre que je vais bien malgré ce qu’il se passe et qu’il se détendra à son tour. Mon royaume pour un sourire d’Ian et un massage. Mes railleries ont l’air de fonctionner. Enfin jusqu’à ce que les médecins se mettent à s‘agiter dans tous les sens. C’est stressant, agaçant et ça me donne envie de les insulter. Je ne le fais pas, me contentant de regarder Ian et de lui parler.

- Une semaine entière ? Tu vas me transformer en femme pourrie gâtée.

Comment j’arrive encore à plaisanter alors que les contractions se font de plus en plus présentes et douloureuses ? Mystère. Enfin pas tant que ça. Ca a toujours été mon moyen de défense lorsque ça ne va pas après tout. Puis le moment de se mettre au travail arrive. En ne comptant que le temps d’efforts qu’il m’a fallu pour faire naître l’enfant, ça a été une bonne heure d’insultes italiennes et de serrage de main. Une heure de travail acharné pour obliger un môme de découvrir le monde. Ca demande tant d’efforts que lorsque c’est enfin terminé, j’ai l’impression d’avoir fait du sport intensif tant mon corps est humide de transpiration. Je suis complètement épuisée mais le bébé est né. Enfin.

Le nouveau papa s’occupe de couper le cordon et je dois dire que la scène est touchante. Qui aurait cru qu’Ian serait un jour dans cette situation ? Même nous on ne l’avait jamais imaginé avant d’apprendre pour ma grossesse.

- Une héroïne qui n’aurait rien pu faire sans toi.

La présence d’Ian a beaucoup fait mine de rien. Il m’a rassurée, apaisée, donnée de la force. Il a été le soutien dont j’avais bien besoin même s’il m’a obligée de rester à la maternité jusqu’à l’accouchement et qu’il m’a aussi obligée de faire une péridurale. Qu’est-ce qu’on ferait pas par amour ?!

Une fille. Rip Ian, tu vas devoir la supporter lorsqu’elle sera adolescente et qu’elle aura ses règles. Remarque...il me supporte déjà depuis notre adolescence alors si notre fille est pareille, il est déjà rôdé. Je prends l’enfant dans mes bras lorsque le médecin nous l’apporter. Je l’admire un peu avec sa bouille encore fripée puis propose à Ian de la prendre. Je crois que c’est la première fois que je vois Ian avec des larmes aux yeux. C’est de la joie mais c’est quand même surprenant. Il la prend, lui parle et l’apaise. Il a un don pour ça.

- Pas bête. On peut voir pour un prénom court, j’imagine que ce sont les plus simples à prononcer même pour les japonais, non ?

Lui qui est à demi japonais, il pourra m’aiguiller sur les prononciations qui sont les plus simples dans leur langue. Déjà, il m’a semblé avoir entendu une lettre qui n’est pas prononcé pareil entre le japonais, l’anglais et l’italien. Le R. Je pense donc qu’on peut oublier un prénom avec cette lettre. J’ai bien entendu ce que ça donne quand sa mère essaie de dire mon prénom donc on va éviter d’en rajouter une couche – même si sa façon de dire mon nom est marrante –.

- J’ai bien des noms en tête mais je ne crois pas qu’ils soient aussi anglais. Et je ne sais pas s’ils sont facilement prononçable pour une personnes japonaise.

Giulia, Lucia, Livia...Non, ça n’a rien d’anglais. Zut. Quoique j’ai peut-être une autre idée. Et ça donnerai peut-être une piste ou une idée à Ian qui est de deux nationalités.

- Maya ? Ou quelque chose qui y ressemble ?

Codage par Libella sur Graphiorum