Jhanae Lockhart

Jhanae avait toujours aimé les histoires. Toute jeune, elle avait aimé chérir ces petits moments où sa mère posait son petit derrière sur son lit pour lui lire les contes d’enfant, avant qu’elle n’aille dormir. Elle l’écoutait, elle et sa voix cristalline, ses lèvres toujours fendues en un sourire. Son père, lui était moins doué. Alors, elle le laissait tout de même faire, mais préférait quand même la lecture de sa mère. Elle, elle était douée, parvenait à faire vivre les personnages que le livre avait pourtant créé, se les accaparant comme si elle était l’auteure qui les avait mis sur papier. Jhanae admira sa mère pour son talent et le temps qu’elle lui accordait malgré sa lourde carrière. Elle lui donna alors l’envie d’apprendre à lire par elle-même et c’est prématurément qu’elle parvint à son but.

Cependant, bouquiner n’était pas pareil. Le talent de sa mère, elle n’en avait pas hérité. C’est du moins ce qu’elle s’était mise à penser. Alors, elle apprécia moins la littérature, exaspérée par ses propres difficultés à se satisfaire. Mais, finalement, Jhanae se remit à lire intensément lorsque les premiers membres de sa fratrie pointèrent le bout de leur nez. Elle avait envie de leur transmettre l’amour pour la lecture et se mit alors à lire pour eux et avait constaté chez eux, avec satisfaction, ce même intérêt que sa mère lui avait insufflé au point que sa chambre regorgeât plus de bouquins d’enfants, que les devoirs infligés par son établissement. Il allait de soi que la demoiselle se préoccupait plus de la lecture que de sa scolarité, quand bien même irréprochable, ne s’attirant pas autant de tendresse de la part de la demoiselle.

Jhanae n’était que peu intéressée par ses études qu’elle trouvait bien trop éparpillée et au fur des années, elle en avait témoigné en se permettant quelquefois de ne pas trop s’y attarder, ce qui lui valait des notations moins bonne, un doublement et la torpeur de ses parents, craignant que leur absence en raison de leur métier, dès lors où ils eurent tous deux une élévation, respectif y joue-là un rôle important. En réalité, Jhanae se sentait coincée et bernée par son existence qui lui assurait une liberté faussée puisqu’elle était contrainte d’étudier des choses qu’elle estimait porteuses d’une fadeur incontestée. Elle avait préféré observer ses camarades s’intéresser à la vie de l’autre et constatait en silence, les plaisirs et les maux du monde. Une occupation qui ne lui avait rien apporté jusqu’au collège, lorsque l’on lui demanda de rédiger une nouvelle. Un devoir qui lui fit crisser des dents. Certes, elle avait toujours aimé lire, mais écrire, c’était une toute autre histoire. La rédaction, elle y était désintéressée, à contrario de son père qui aimait écrire, mais plutôt que de réciter. Autant dire qu’elle n’avait été que très peu enchantée, encore plus lorsqu’on lui donna une date que trop limitée pour le remettre.

Alors, elle avait décidé de lires ces quelques nouvelles, tantôt anglaises, tantôt françaises puis quelques contes pour en soutirer l’essence qui leur donnait cette même chose commune que les gens ne cessaient de féliciter : la sublimité. Une multitude de brouillons fut alors jetés dans la poubelle virtuelle et les heures de sommeils en furent elles aussi affectée. Ce n’est qu’à la date limite qu’elle rendit le devoir, qu’elle pensait pourtant raté. Mais surprise, les yeux de sa professeure d’anglais brillèrent d’une félicité nouvelle. « Perfect ». Ce mot résonna quelquefois dans ses oreilles alors qu’elle avait admiré la notation maximale sur la page d’introduction. Le mot était même un peu trop faible avait tenu à dire la professeure, aux parents, avant de lui conseiller de rejoindre un club de littérature qu’il y avait dans l’établissement. Une proposition qu’elle accepta et qui lui donna une raison de plus pour se lancer dans l’écriture. Ainsi, ses soirées, à cogiter devinrent des soirées à s’exercer, partageant ses moments en famille et entre amis de la façon la plus équitable qu’elle pouvait. Lisant davantage, même ces ouvrages qu’elle appréciait que trop peu, enchaînant ceux d’Oscar Wilde, de Doyle, Christie ou encore Poe. Elle avait commencé à tenir un blog où elle partageait quelques de ses débauches, toujours meilleures toujours plus travaillées, sauf lorsqu’elle n’avait envie que d’y inscrire des points de suspension.

En fin de Primary School, Jhanae s’enquit à participer à un concours d’écriture junior qui lui valut la première place et un joli prix de 100 £, ce qui l’avait ravi. On était tous d’accord : elle était douée, même bien plus que cela. Elle avait une facilité de retranscrire les sentiments, les émotions, décrire les décors et faire preuve d’un sarcasme sans nom. Alors, avec le temps, on s'enquit à lui proposer de soumettre à d'autres concours, sa participation. Tantôt satisfaisante, tantôt décevante, Jhanae eut le temps de passer par de nombreux sentiments auxquels qu'elle aurait préféré ne jamais se confronter. Pour autant, elle prit conscience de l'importance de l'enseignement et c'est à force de se renseigner que l'on prit connaissance de l'Indarë School dans la famille, et qu'on proposa à la demoiselle d'y entrer. Si Jhanae accepta, elle préféra terminer le collège et qui plus est, dans son établissement pour lequel elle éprouvait un certain attachement. Ses amis, ses enseignants. Tous lui manqueraient sûrement. De plus, elle avait jugé qu'elle n'avait certainement pas encore acquis la maturité requise. Pour en assurer le foyer, elle montra du doigt sa constante nervosité à l'idée de se coltiner un échec brûlant.

Alors, on accepta et on lui laissa le temps de finir son enseignement du collège avant de l'inscrire dans l'institution qui avait tout d'impressionnant.