13/09/20, 15:37. Campus de l'IRS.

Une jeune adolescente au comportement suffisant et arrogant émergea au milieu des autres adolescents tandis que le pauvre Haku tentait maladroitement de récupérer de son précieux dû, et que les larmes avaient envahi ses yeux. Un sourire mauvais et sadique ourlait ses lèvres. Elle aimait ce qui se déroulait sous ses yeux. Lui ne la connaissait pas, mais elle, elle l'avait vu. Dès que les filles avaient commencé à parler de lui. Dès que les conversations avaient mentionné un nouveau étrange mais mignon, un peu efféminé mais charmant, elle n'avait pas aimé ça. Son narcissisme surdéveloppé et tordu avait vu en lui une menace, et l'avait aussitôt pris pour cible. Il n'était pas comme les autres, certaines filles parlaient un peu de lui, alors il allait souffrir pour ça !
- Pourquoi tu pleures, le nouveau ? C'est ton violon que tu veux ? Lui demanda -t-elle d'une voix détestable après s'être accoudée telle une succube sur le torse de l'un de ses gardes du corps. Je suis désolée, mais je ne crois pas que nous allons pouvoir te le rendre... A moins que...

Elle fit alors planer un silence calculé en jaugeant sa victime, espérant qu'il tomberait dans le panneau, avant de reprendre:
- A moins que tu ne t'agenouilles devant moi, et me baise le pied ! Ajouta -t-elle d'une voix méprisante tandis que ses amis autour d'elle ricannaient avec un plaisir non dissimulé. Si tu refuses... Je crains fort que tu ne doives t'acheter un autre violon... N'est ce pas, Olaf ? Lança -t-elle au grand blond qui avait confisqué l'instrument.
- Tout à fait ! confirma celui ci en repoussant Haku de la main sans ménagement.

C'est alors qu'un grand bruit dans le dos du groupe attira l'attention de tout le monde, qui se retourna aussitôt. Celui d'entre eux qui était le plus à l'écart, le plus en arrière, était désormais terrassé au sol, le visage en sang. A ses côtés se tenait un type, brun, les cheveux mi longs. Il avait un petit cocard à l'oeil, datant visiblement de quelques jours. Rien de bien grave, cependant. Il tenait une batte, qu'il avait posé sur son épaule, et sur ses lèvres était ourlé un étrange sourire mauvais. Il était facile de comprendre que le lycéen qui était à terre venait d'être mis KO à l'aide de la batte de baseball qu'il tenait. D'un seul coup...
- Encore toi ?! Marmonna aussitôt Summers entre ses dents serrées dès qu'elle reconnut Chris.
- Salut Summers ! Je viens jouer un p'tit match retour ! Je suis sûr que tu n'y verras pas d'inconvénients... Répondit l'assassin d'une voix étrange, à la fois chaleureuse et teintée d'une menace palpable.

Un des adolescents accompagnant la petite reine partout s'avança vers le Corbeau, visiblement sûr de lui. Il ne l'avait encore jamais rencontré.
- Alors, c'est toi le fameux Raven ?! Parfait... Ajouta -t-il avec un sourire sadique en frappant son poing droit dans sa main gauche.
Chris commença à s'avancer à son tour, d'un pas lent et calculé, en fixant Summers comme si l'autre type n'existait même pas, en l'ignorant totalement. Le prenant pour une insulte, le lycéen s'agaça immédiatement:
- Espèce de... J'vais te détruire ! Lança -t-il avant de charger sur le brun.
Erreur fatale. Celui ci esquiva la charge et terrassa le type d'un seul coup de batte placé en plein dans la nuque. Le jeune homme s'écroula au sol avec une violence inouïe, et le brun reprit sa marche lente en direction de Summers. D'une façon ou d'une autre, s'ils voulaient s'en sortir, ils allaient devoir laisser Haku tranquille...

Lorsque le second lycéen du groupe s'effondra aussi vite qu'il était arrivé aux pieds du Corbeau, une lueur de peur envahît le regard des autres. De toute évidence, ce type, quel qu'il soit, savait manier la batte. Et la rancune qui l'avait attiré ici auprès de Summers semblait tenace.
- Mais putain, qu'est ce que vous attendez ?! Démolissez le ! Vous êtes trois ! Et il est tout seul ! Vous attendez quoi ?! Qu'il vous défonce un par un ?! Hurla la reine du groupe d'une voix de plus en plus aigüe, visiblement paniquée.
Le trio de garçons se retourna alors vers Chris, qui s'ourla d'un sourire étrangement confiant et narquois, face à eux. C'est à cet instant que le jeune Ogawa tenta sa chance, et déroba son violon avec succès, ce qui déplut fortement à Olaf, qui ne tarda pas à lui faire payer ce geste au prix fort. Profitant du fait qu'Haku était encore sonné, le grand type s'approcha, saisît le pauvre Haku par le col, et lui murmura alors d'une voix mauvaise:
- Toi, tu bouges pas de là ! On n'en a pas encore terminé avec toi ! Tu pourras te casser quand on te le dira, pas avant !
Là dessus, il le laissa tomber sèchement au sol, et lui arracha violemment son instrument des mains, avant de le lancer à la jeune Summers:
- Tiens, cadeau ! Garde le pendant que je m'occupe de notre invité surprise...

Là dessus, il rejoignit ses deux acolytes et tous trois avancèrent vers Chris à pas prudents. Olaf au centre, ses deux amis se déportant chacun d'un côté, ils tentaient de l'encercler, sous l'oeil des trois jeunes filles qui patientaient nerveusement en silence. Pourtant, Chris ne bougea pas, la batte à nouveau posée sur son épaule. Agacé, Olaf s'immobilisa à quelques mètres de lui, puis le pointa du doigt:
- Toi, t'es le genre de type que je supporte pas ! T'es beaucoup trop sûr de toi... Apprête toi à souffrir ! Le prévint -t-il alors d'une voix menaçante.
Le sourire étrange ourlant les lèvres du Corbeau s'élargît légèrement à ces mots, ce qui eût le don d'énerver encore plus la brute se trouvant en face de lui.
- Ca te fait rire, enculé ?! L'insulta -t-il aussitôt.
L'assassin ne prit pas la peine de lui répondre, trop concentrer à surveiller la distance qui le séparait des deux autres, qui l'approchaient par les côtés.

Et puis soudain, comme si un signal invisible avait été donné, le garçon de droite chargea sur Chris qui sut immédiatement qu'il n'aurait ni le temps ni la portée pour armer un coup de batte sur son assaillant. Et avec les autres qui allaient arriver sur lui à leur tour...
Il lança la batte dans les airs, et fit volte face vers la droite, avant d'envoyer au sol son assaillant à l'aide d'un direct du gauche d'une puissance inouïe. Le pauvre lycéen fut terrassé sans comprendre ce qui lui arrivait. Il se tourna ensuite vers la gauche, et asséna une droite en plein visage sur son assaillant de gauche qui s'effondra à son tour sans la moindre résistance. Et lorsque ce fut au tour d'Olaf d'arriver à portée, le Corbeau leva le bras et se saisit de la batte qui retomba directement entre ses doigts. Un geste à la fois propre, précis, calculé, et terrifiant. Malgré sa grande gueule et ses grands airs, le dénommé Olaf ne put s'empêcher de faire un pas en arrière, d'hésiter...
Mais Chris, lui, n'hésita pas. Pas une seule seconde ! Il chargea sur son adversaire et lui asséna un coup en pleine tête, et le lycéen fut terrassé en un éclair. Un silence de mort régnait alors que Chris leva les yeux vers les filles toujours présentes, qui n'osaient plus dire un mot. Il tendit la batte vers elle, puis:
- C'est entre Summers, et moi ! Partez, ou payez ! Choisissez !

Le choix fut vite fait. Les soit disant amies de Summers prirent leurs jambes à leur cou sous le regard narquois de Chris, qui ne dissimulait pas son plaisir d'isoler ainsi la reine du bal. De lui montrer à quel point il était simple de renverser la vapeur. De passer en une poignée de minutes de "reine du bal", à "seule, isolée et tapie contre un mur". Tenant le violon contre elle sans même sans apercevoir, l'adolescente avait reculé contre le mur du fond alors que son regard fixait Chris, en attendant sa sentence.
Ce dernier s'approcha d'elle d'un pas lent et calculé. Il s'immobilisa devant elle, et soupira longuement.
- Je croyais que nous avions un accord, toi et moi... Mais visiblement, tu n'apprends pas vite, Summers... Dommage pour toi...
A ces mots, il l'attrapa par les cheveux, et la conduisit en direction des arbres. La jeune adolescente se mit à crier, à appeler à l'aide. Mais en dehors du jeune Haku qui voulait récupérer son instrument et n'avait rien à voir dans tout ça, personne ne viendrait...

Ils marchèrent ainsi une bonne centaine de mètres jusqu'à arriver au bord de l'étang qui se situait derrière le campus. Summers lâcha le violon à ce moment là, en approchant de l'eau. Chris la précipita à terre, puis fouilla sa poche, malgré les protestations de la jeune fille, et en retira son téléphone portable. Il lui montra, avant de le balancer dans l'eau, au loin.
- Mais qu'est ce que tu fous ?! Tu sais combien ça m'a couté ce...
Il ne la laissa pas terminer sa phrase. Il l'attrapa à nouveau par les cheveux, et lui mit la tête dans l'eau, en la prenant complètement par surprise. Il la laissa sous l'eau quelques secondes, alors qu'elle gigotait pour essayer de sortir, puis la laissa respirer:
- Mais t'es dingue ou quoi ?! Hurla -t-elle alors, après avoir repris sa respiration.
C'est alors qu'elle croisa son regard. Ce regard... qui démontrait que ce n'était pas un accident. Qu'il savait ce qu'il faisait. Et aussitôt, l'expression du visage de Summers se transforma. En un claquement de doigts, elle comprit. Elle se sentit menacée, réellement en danger, et sut qu'elle aurait dû le traiter beaucoup plus tôt avec le respect qu'il méritait véritablement.
- Tu ne m'as pas écouté la première fois... Mais peut être que cette fois, tu comprendras... se contenta -t-il de répondre d'une voix glaciale et robotique avant de la replonger sous l'eau.

Le Corbeau était quelqu'un de calme, et de patient par nature. Dans une certaine mesure, il avait mis en garde Summers et lui avait fait comprendre que si elle laissait la jeune Cullen tranquille, tout le monde ne s'en porterait que mieux. Près d'un an s'était écoulé depuis leur dernière rencontre, et il avait cru cette histoire réglée. Terminée. Mais pas elle, pas Summers. Elle avait organisé une embuscade dans le but de lui faire du mal, et Chris s'était retrouvé à l'infirmerie. Il n'avait eu que peu de dégâts grâce à l'intervention inoppinée et involontaire de Nia Calaway. Mais ce faisant, Summers avait commis une terrible erreur. Elle avait éveillé le démon sommeillant en lui, et il avait pris cette attaque comme une déclaration de guerre. Un défi à son autorité, aussi discrète soit elle.
Depuis les ombres, il lui avait ordonné de laisser Lily en paix. Et ce n'était pas le genre de demande qu'on pouvait discuter. Ce n'était pas négociable ! En l'attaquant de cette façon, elle brisait ainsi l'accord qu'il pensait avoir passé avec elle, et jouait à un jeu particulièrement dangereux. Un jeu auquel il ne fallait jamais jouer avec Chris. Jamais !

Après plusieurs secondes, le brun permit à nouveau à la jeune adolescente de respirer. Celle ci inspira profondément, de plus en plus paniquée, des larmes coulant de ses yeux désormais paniqués. Le Corbeau le vit, mais son visage demeura de marbre:
- Regarde autour de toi, Summers. Ressens au plus profond de toi l'inutilité de ta condition de Reine du bal ! Lui dit il d'une voix glaciale. Ressens la peur, qui te dévore les entrailles ! Personne ne viendra te sauver, parce que personne n'est prêt à prendre de risques pour toi ! C'est sur ces bases pourries que les fondements de votre petit groupe sont basés ! L'égoïsme, l'égocentrisme, la jalousie, l'intéressement... Personne ne viendra parce que personne ne tient réellement à toi ! C'est aussi simple que ça. Mais moi, je tiens réellement à Lily. Et si je dois te tuer pour qu'elle puisse vivre en paix, je le ferai sans hésiter. Tu comprends ce que je suis en train de te dire ? Si je dois te noyer ici et maintenant dans ce but, je le ferai sans hésiter, parce que j'ai décidé il y a déjà longtemps de la protéger des gens comme toi. Et tu aurais tort de ne pas me croire quand je te dis que j'en suis capable...
A ces mots, et avant qu'elle n'ait eu l'occasion de répondre quoi que ce soit, il la plongea à nouveau sous l'eau.

Il se tourna alors en direction du jeune étranger qui les avait suivis jusqu'ici. Il ne l'avait pas vu jusque là. Sa colère l'avait peut être aveuglé, qui sait ? Encore une erreur qu'il n'aurait jamais dû comettre en tant que professionnel, en tout cas. Il en avait trop vu...
Il le jaugea durant quelques instants. Il lorgnait sur le violon qui se trouvait non loin de là avec envie. Chris se remémora alors la scène de son arrivée, et fit le lien sans difficulté. Il était là pour son instrument. C'était une victime de tout ceci. Peut être n'aurait il pas à le maltraiter, en fin de compte ?
- Donnes moi quelques minutes, et nous nous occuperons de ton cas, lui dit il d'une voix un peu moins froide.

Il se tourna à nouveau vers le lac, et permit à Summers de respirer une nouvelle fois:
- J't'en supplie ! Arrête ! Marmonna -t-elle entre deux inspirations.
La grande reine du bal se mettait à supplier. Elle était mûre pour la suite. Chris la ramena sur la berge, et la jeta dans l'eau, là où il n'y avait que quelques centimètres de profondeur. Il posa un genou à côté d'elle, et pointa un index à quelques millimètres du visages de la jeune fille, toute dégoulinante d'eau:
- Maintenant, écoute moi bien parce que c'est important: Lily est hors d'atteinte, pour toi comme pour tes amis ! Et évite de tenter quoi que ce soit sur moi à nouveau, sinon tu pourrais le regretter... Si nous devons avoir une autre conversation, je n'aurai d'autre choix que de me montrer violent avec toi. Et tu n'en ressortiras pas indemne. Tu m'as bien compris ?
Devant l'absence de réaction de sa victime, Chris insista d'une voix plus forte, plus puissante:
- Réponds !
- Oui ! Oui, j'ai compris ! Bredouilla -t-elle aussitôt en se recroquevillant sur elle même pour se protéger, visiblement terrifiée.
- Bon... Dans ce cas, je présume que nous n'aurons plus d'autre conversation toi et moi, n'est ce pas Summers ?
La jeune fille dévoila légèrement son visage, simplement pour acquiescer doucement, en tremblant.
- Bon, c'est bien. Allez, casse toi ! Et n'oublie pas: cet arrangement demeure un secret entre nous, ce qui signifie que tout ça n'a jamais eu lieu...

Le brun se redressa et fixa la reine du bal alors qu'elle s'éloignait en direction de l'établissement d'une marche un peu gauche, l'oeil hagard. Après quoi, il se tourna vers le jeune Ogawa. Il sortit lentement de l'eau, et ramassa le violon avant de l'inspecter lentement.
- C'est un joli violon que t'as là... Commenta -t-il d'une voix redevenue soudainement plus amicale. Tu sais en jouer ?
Il ne lui rendrait pas son instrument. En tout cas, pas de tout de suite. C'était un moyen de pression pour s'assurer qu'il ne s'enfuie pas pour raconter à n'importe qui ce qu'il venait de voir, ce qui n'arrangerait pas les affaires de Chris.
- Je ne crois pas t'avoir déjà vu à Indarë... Tu es nouveau ?
L'universitaire resta à distance du jeune garçon, afin de ne pas l'effrayer. De plus, au fur et à mesure des secondes, les traits de son visage semblaient se détendre un peu plus.
- Je ne te veux pas de mal. Je suis désolé pour ce que tu as vu. Je sais que j'ai pu paraître... disons violent... Mais Summers et moi avons... des comptes en suspens. Et elle ne comprend pas autrement...

Dès les premiers instants de son échange avec le jeune garçon, Chris jaugea son interlocuteur avec attention. Il fallait qu’il sache s’il serait du genre à tout raconter ailleurs, ou non. Qu’il fasse son profil. De manière générale, le brun pouvait difficilement s’en empêcher. C’était une chose qu’on lui avait apprise dès son enfance afin de cerner les gens, et une habitude qu’il conservait encore à ce jour.
- 14 ans, hein ? whaou ! Tu dois être devenu un vrai crac depuis le temps ! Répondit il avec bonne humeur. J’imagine que c'est même une passion, vu le mal que tu t’es donné pour essayer de le récupérer tout à l’heure.
Ce garçon était plus jeune que lui, et pourtant, nul doute qu'il le ridiculiserait dans un "duel" de musique.  Car de son côté, le Corbeau était encore un nouveau dans le domaine.
- Je suis en Classics, à l’université, répondit Chris avec un clin d’oeil amical en tendant enfin son instrument tant convoité au pauvre Haku. Je suis en option musique, et figure toi que je joue un peu de violon, moi aussi ! Même si mon instrument principal reste le piano, précisa t’il cependant. Mais j’ai démarré cette année, alors je m’y connais encore moins que toi.

Après ces quelques mots, Chris s’éloigna de la berge, et ôta son tshirt, qu’il essora rapidement avec l’espoir de le faire sécher plus vite. Il le mit à sécher sur une branche non loin, puis se posa dans l’herbe, à côté. Le reste de ses vêtements étaient trempés aussi, mais il ne poussa pas le vice jusqu’à enlever le reste…
- Je suis désolé. Je sais que j’ai été un peu violent. Mais parfois, à Indarë… Disons simplement que pour que les autres te respectent, il faut un peu montrer les crocs, sans ça… Tu deviendras rapidement la victime préférée des autres. Surtout parmi les potions, ajouta t’il en tirant son paquet de cigarettes de la poche de son jean.
Il grimaça alors, retourna lentement le paquet, et un mince filet d’eau commença à couler du paquet. Résigné, il soupira, et ses doigts se resserrèrent autour des clopes devenues inutilisables avant qu’il ne les jette plus loin.