[2020] [Novembre 2018] Une balade en forêt

Viktor était satisfait. Maintenant qu’il avait 15 ans, son père l’avait enfin laissé sortir tout seul sans faire de difficultés. C’était satisfaisant. Non pas que Viktor ne serait pas sortit si son père avait refusé. Mais les choses étaient tellement plus facile quand Arthur se montait coopératif…
Les yeux de l’adolescent étincelèrent brusquement de rage. Ne sors pas seul, ce n’est pas sûr… Le problème aurait été réglé si l’un de vous s’était proposé pour m’accompagner ! Je n’aurais pas été seul ! Pourquoi vous n’y avez pas pensé ?! On se soucie si peu de moi dans cette famille que personne ne veut passer du temps avec moi ? Tant pis pour eux ! Moi non plus je n’ai pas envie de passer du temps avec eux de toute façon !

Instinctivement, il décida de se rendre à Notting Hill pour pouvoir se promener dans la sombre forêt. Mu par quelque chose de paradoxale dans le cerveau humain qui fait que, quand on se sent seul au point d’en souffrir, on cherche à s’isoler. En fait, il ne s’imaginait pas marcher dans les rues et voir les gens marcher en compagnie d’autres gens. Voir des personnes avoir des l’attention. Voir des familles fonctionnelles. Bref, voir des gens avoir ce qu’il n’avait pas.  Dans la forêt, il n’aurait pas à ce soucier de ce que les autres avaient. Il pourrait juste apprécier sa promenade l’esprit tranquille.
Un jour, je partirais. Ils ne remarqueront même pas mon absence de toute façon. Je partirais, et je ne reviendrais plus jamais. Je me ferais une nouvelle vie, dans laquelle j’obtiendrais l’attention des gens cette fois-ci ! Fulmina-t-il intérieurement en piétinant les feuilles mortes à chaque foulée. Le bois était plutôt silencieux. En cette période de l’année, les arbres n’étaient pas pleins à craquer d’oiseaux qui piaillaient à tue-tête pour se faire la cour. Ceux qui ne migraient pas avaient d’autres choses à se soucier.

Soudain, Viktor entendit les aboiements d’un chien. Sûrement quelqu’un qui se promenait avec son animal de compagnie. Il grimaça. Il aurait préféré être complètement seul. Un animal de compagnie… Ça doit être chouette d’avoir un animal de compagnie. Ils savent que vous les nourrissez et les logez. Tant que vous continuez, eux continueront à vous donner de l’attention, à vous, et spécialement à vous. Personne d’autre n’aura autant d’importance à leurs yeux que vous.
Les jappements du chien se changèrent en gémissement, arrachant l’adolescent de ses pensés. Il continua de marcher au milieu des arbres sans vraiment s’en soucier. Le propriétaire devait être dans les parages, il allait sûrement vérifier lui-même ce qui se passait. Il sentait le froid s’immiscer dans ses vêtements, mais cela ne le dérangeait pas. Au contraire, cette température était l’une des raisons pour laquelle si peu de gens était partants pour se promener sous les arbres. Ils devaient préférer boire une boisson chaude dans un bar.

Crac ! Il posa son pied sur une branche qui céda sous la pression. A quelques pas, une inconnue se redressa vivement, comme alertée par le bruit. Viktor s’arrêta un instant pour la fixer, avant de baisser les yeux sur son chien qui présentait quelques entailles au visage. Il nota aussi des épines de hérisson fraîchement retirées.

« Vous ferez mieux de faire attention, les plaies pourraient s’infecter.

Lança-t-il brusquement tout en affichant une mine renfrognée. Qu’est ce que tu fais dans la forêt ? Il fait froid, et sombre, tu ne devrais pas te promener ailleurs, avec les autres ? Je suis sûr que des gens attendent de pouvoir t’accorder leur attention. J’étais venu pour être seul moi. Songea-t-il.

- Vous ne voudriez pas perdre son attention.»

Ajouta-t-il sur le même ton ni bienveillant ni tout à fait agressif.

L’inconnue répondit qu’il avait raison mais qu’elle ne savait pas où trouver un bon vétérinaire, apparemment  elle n’était pas ici depuis longtemps. Viktor haussa les épaules. Si un jour il avait un animal, il aurait sûrement besoin d’en trouver un. Pour l’heure, ce n’était pas le genre d’information qu’il détenait :

« Je ne sais pas où vous pouvez en trouver, je n’ai pas d’animal.

Sous le regard curieux de l’adolescent, le chien gambada vers lui avant de se mettre à rouler dans les feuilles. Viktor haussa un sourcil, dubitatif. Tu viens de te faire piquer par un hérisson, pourquoi tu n’es pas plus méfiant… Songea-t-il. La propriétaire du chien le laissa plus confus encore en affirmant que l’animal l’aimait bien avant de se présenter. Comment le chien pouvait l’apprécier sans le connaître ?

- C’est stupide d’apprécier un inconnu comme ça. C’est dangereux.

Répondit-il. Pourtant, ce n’était pas désagréable. Au contraire. C’était même plutôt plaisant. Être apprécié… Il se pencha sur Freddy pour le caresser pendant que Cassy envoyait un sms.

- Je m’appelle Viktor. Avec un K.

Sa famille l’appelait Vik’. Mais il n’aimait pas qu’on l’appelle Vik’. Justement parce que c’était le surnom que lui donnait sa famille. Quand la propriétaire du chien eu finit d’envoyer son message, elle lui demanda s’il voulait bien faire connaissance. Apparemment ses parents l’avaient forcé à sortir pour qu’elle arrête de regarder la télé, et elle ne pouvait pas rentrer sur le champ. Un sourire amer étira les lèvres de l’adolescent.

- La famille, hein...

Il se redressa. Il voulait être seul à l’origine mais… Pour une fois qu’il avait de l’attention de quelqu’un, ce serait stupide de refuser la demande. En fait, tout bien réfléchit c’était même une perspective plus plaisante que de marcher tout seul. :

- Ca me va. Je ne peux pas rentrer tout de suite non plus de toute façon. Enfin, si, je pourrais. Mais j’ai pas envie pour l’instant.

Il fronça les sourcils en piétinant le sol sur place. Comment on est censé faire connaissance au juste ?  Il devait probablement poser des questions ? Quel genre de questions ? Comment ses frères et sœur font pour faire la conversation avec une nouvelle personne ? Qui s’en soucis ? Je doute qu’ils soient des exemples à suivre de toute façon.

- Alors comme ça tu n’es pas d’ici ?

Sa question semblait presque désintéressée, et il fronçait les sourcils d’un air peu convaincu, comme s’il se demandait quelle meilleur question il aurait put poser à la place. L’adolescent tapa du pied dans les feuilles, frustré. Faire connaissance, tu parles. Je suis clairement pas la bonne personne pour ça.

Elle venait de France. Cette réponse laissa Viktor songeur un instant alors qu’il observait les multiples teintes rouges, oranges et jaunes des feuilles qui couvraient le sol. Il finit par répondre :

« Ca doit changer. Je veux dire. Le fonctionnement des cours ne doit pas être exactement le même. Si ? Je suppose qu’il y a des différences. Et même en dehors des cours… il fronça les sourcils, Est-ce que ça apporte quelque chose ? Est-ce que ça peut s’avérer utile ?

Il réfléchissait. D’un côté, il était certain qu’avoir grandit dans un pays et aller vivre dans un autre devait avoir son utilité, ne serait-ce que pour une question de connaissances. Mais il avait du mal à trouver des exemples concrets. Cassy lui demanda alors ce qu’il faisait dehors, notant qu’il n’avait pas l’air ravi. Viktor haussa les épaules :

- Je ne dirais pas que je ne suis pas ravi d’être dehors. C’est moi qui ai décidé de sortir après tout… Mais je suppose que ce serait une exagération de dire que je suis ravi. J’aurais juste préféré… Je ne sais pas. Ne pas être seul je suppose ? J’aurais préféré que mon père me force à sortir. Au moins ça voudrait dire qu’il fait attention à moi.

Répondit-il amèrement. Mais il n’eut pas l’occasion de se laisser porter par sa colère, le chien couru vers lui avec un bâton dans la gueule. Viktor le fixa avec surprise. Pourquoi le ramenait-il à lui, et pas à sa propriétaire ? Ca ne faisait aucun sens… Il écouta les explications de Cassy sur le fonctionnement des chiens en se penchant pour prendre la branche afin de la relancer.

– Ca n’a aucun sens. La confiance. Ca n’a aucun sens. C’est juste une façon de déterminer l’utilité qu’une personne à pour nous. Je ne suis pas utile à ce chien. Pourquoi m’apprécierait-il ?

Il secoua la tête. Cette personne faisait erreur sur toute la ligne. Mieux valait le lui dire plutôt que de la laisser continuer indéfiniment dans l’erreur. :

- Ce n’est pas votre chien qui se trompe. C’est vous qui lui attribuez un comportement erroné. Vous ne devrez pas vous fier au comportement de votre chien pour juger de la… confiance que vous pouvez accorder aux gens.

Puis, après tout ce discours, il se sentit obligé d’ajouter, comme si ce n’était pas déjà évident :

- Je ne suis pas doué non plus pour les relations sociales. »

Etudier à la maison avec un précepteur… Viktor lança un drôle de regard à Cassy. Un mélange de surpris et… d’envie peut-être ? Ses parents devaient lui porter beaucoup d’attention pour lui payer un précepteur… Il grimaça. Jamais son père ne lui aurait payé un précepteur… Pas au fils de trop dans une famille de six enfants. L’adolescente expliqua ensuite que son voyage lui avait permit d’être plus bilingue. Ça faisait sens. Même si Viktor avait la sensation qu’il y avait d’autres connaissances inédites dont elle devait disposer.
Des connaissances inédites… Est-ce que si elle lui en partageait, il pourrait impressionner son père avec ? Lui montrer que lui aussi était brillant, studieux, et avide de connaissances ? Comme son plus jeune frère, qui semblait avoir l’exclusivité de l’attention de leur père ?
Puis, Cassy le dérouta en lui confiant que l’un de ses parents ne se souciait pas vraiment d’elle non plus. Bon, apparemment précepteur n’était pas signe d’attention…
Il écouta silencieusement l’adolescente expliquer qu’elle avait fait confiance à quelqu’un, mais qu’elle avait fait une bêtise, avant de conclure que son chien sera toujours là contrairement aux gens. Viktor baissa les yeux sur l’animal :

« Oui. Ils savent qui les nourri et les loge. Ils savent à qui donner de l’attention pour recevoir ce dont ils ont besoin. On peut donc compter sur eux pour toujours avoir leur attention…

Quand Cassy nota que Viktor ne devait pas avoir beaucoup d’amis, celui-ci grimaça. Était-ce si évident ? Il resta debout, fixant le tapis de feuilles qu’il piétinait inlassablement, mal à l’aise. Elle se satisfaisait d’avoir peu d’amis… L’adolescent détestait ça. Il voudrait avoir plein de gens autour de lui. Il voudrait se sentir exister à leurs yeux. Savoir que, s’il lui arrivait quelque chose, il ne serait pas oublié.

– Mes amis se compte sur les doigts d’un manchot. Et pas un manchot a qui il resterait encore une main.

Grogna-t-il amèrement.

- Moi et les gens… Ça ne marche pas. On me trouve bizarre. Ou je dérange. J’en sais rien. Quand j’essaie de parler à des gens, ça ne marche jamais comme les autres. Je ne sais pas ce que je fais de mal.

Il frappa les feuilles du pied, comme si elles étaient responsables de ses malheurs.

- Je ne peux même pas compter sur mes frères et sœurs. Les seules fois où on se rappelle que j’existe, c’est pour me faire la morale. C’est ça, je dérange en fait.

Bon, ce n’était pas tout à fait vrai. William se souvenait fréquemment qu’il existait. Mais il détestait William.

Rabat-joie ? Viktor dévisagea Cassy sans comprendre. Pas avec colère, ni d’un air blessé. Juste l’air perdu. Comment ça rabat-joie ? Il n’avait fait qu’exprimer des faits… Bon, il s’était aussi un peu lamenté aussi… Était-ce pour ça qu’il avait du mal à sociabiliser ? Parce qu’on le trouvait rabat-joie ?

« Qu’est-ce que tu veux dire par « rabat-joie » ?

Il écouta l’adolescente lui raconter sa relation avec sa mère, songeur. D’un côté, ça le frustrait de se dire que ça ne servait à rien d’essayer d’impressionner son père. Theophile avait toujours son attention ! Pourquoi lui n’y aurait pas droit en travaillant tout aussi dur ?! De l’autre, il y avait quelque chose de jouissif à imaginer montrer plus tard à son père ce qu’il avait manqué. Il se voyait, triomphant, devant son père ; Regarde, c’est à moi que tu aurais dut donner ton attention, j’ai réussi, je suis quelqu’un d’important à présent !

- Tu as peut-être raison. Un jour, il comprendra son erreur…

En attendant, le manque d’attention était dur à supporter. Comme une fleur qui essaierait désespérément de fleurir en l’absence de soleil.  Son regard commençait à s’assombrir quand Cassy le prit de nouveau de cours en proposant de « se coller à un de ses doigts » pour qu’il la compte comme une de ses connaissances, puis, de l’accompagner chez le vétérinaire. Pendant un instant, il resta sans répondre, se contentant de la dévisager, bouche-bée. J’ai l’attention de quelqu’un ? Ça y est ? Qu’est-ce que j’ai fait de différent ? Il faut que je sache pour recommencer la prochaine fois ! Il cligna des yeux. Pour une fois qu’il avait de l’attention, il refusait de la perdre. C’était hors de question ! Il ferait tout pour la conserver ! Viktor hocha donc vivement la tête en répondant :

- Bien sûr que je viens !

Et pour une fois, il semblait sincèrement enjoué.

Trop terre à terre... L’explication sembla laisser Viktor plus confus encore. Il était juste réaliste non ? Il se concentrait sur comment étaient les choses, et sur leurs utilités. Ca lui semblait… normal. Il ne pouvait pas concevoir les choses autrement. C’était ainsi qu’était le monde après tout, comment était il suppose le voir différemment ? C’était impossible…
Une fois sortis de la forêt, Viktor nota quelque chose d’étrange. Les gens se retournaient sur eux. Pour quelqu’un qui avait l’habitude d’avoir la sensation d’être oublié et négligé, c’était assez inhabituel pour qu’il ne note. C’était vraiment bizarre. Trop bizarre pour qu’il se dise que, ça y est, les gens lui accordaient de l’attention. Il devait y avoir quelque chose d’autre. D’ailleurs, Cassy avait soudain jeté sa capuche sur sa tête avant de lui confier qu’elle avait quelque chose à lui dire. L’adolescent observa les passants en haussant un sourcil :

« Je crois, oui.

Il n’y avait aucune animosité dans sa voix. C’était juste une constatation. Viktor écouta silencieusement les révélations de « l’adolescente ». Aucune colère ne sembla l’animer. Bon, il ne comprenait pas vraiment pourquoi elle avait mentit, même après ses explications, mais il s’en foutait. Ca ne changeait rien pour lui. L’important à ses yeux, c’était qu’il s’agissait d’une personne qui lui accordait de l’attention. Il se fichait pas mal de qui elle pouvait être.

- D’accord. Je comprends mieux pourquoi les gens nous regardent comme ça…

En parlant de ça… Il demeura songeur un instant. Il rêvait ou elle avait l’attention de totaux inconnus ? Une pointe d’envie perça son cœur. La chance ! Pourquoi essayait-elle de s’en cacher !? S’il pouvait avoir toute cette attention…

- C’est parce que tu es actrice que tu as toute cette attention ?

Souffla-t-il avec envie avant de repenser aux derniers mots de Cassy. Il fronça les sourcils avant de secouer la tête :

- Ce n’est pas ton statut qui t’empêche de te faire des amis sincères. C’est juste parce que ça n’existe pas. Les relations ne fonctionnent que par logique d’intérêt. Les gens se côtoient parce qu’ils peuvent s’apporter quelque chose. C’est juste une histoire de calcul de rentabilité entre ce qu’on donne et ce qu’on gagne. Je suppose que les gens ne doivent pas avoir grand-chose à t’apporter, toi qui est actrice… »

Mais pourquoi elle avait un chien du coup ? Déjà sous les feux des projecteurs, elle ne devait pas avoir besoin de l’attention de l’animal pour combler un manque. Elle devait déjà avoir ce qu’il lui fallait… Viktor dévisagea l’animal avec incrédulité. Il ne devait même pas servir de chien de garde…

- Mais du coup... Quel est le rôle de Freddy?

Toucher son monde… Viktor ferma les yeux un instant, s’imaginant à sa place. Les visages des passants se tournant sur lui. Des fans se réunissant autour de lui rien que pour pouvoir se vanter de l’avoir rencontré. Être le centre de toutes les attentions. Ne jamais être oublié… Un frisson le parcouru. S’il avait l’occasion de toucher son monde, il ne se contenterait pas de ça, il s’y accrocherait jusqu’à pouvoir s’y glisser et en profiter à son tour !
Il rouvrit les yeux pour écouter Cassy lui parler. Il ne put réprimer un étrange sourire en coin. Des gens comme lui sincère en amitié ? Il en doutait. Il ne faisait pas partit de ces naïfs qui croyaient en l’amitié.

« Je n’appellerais pas ça être rabat-joie, je dirais réaliste, il inspira à fond avant de regarder le ciel d’un air songeur et de reprendre, Mais si ça te rassure, ça m’arrive de me laisser aller à rêver.

Comme par exemple, là, maintenant, tout de suite. Alors qu’il se demandait si, en restant en contact avec Cassy, il pourrait éventuellement réussir à s’ouvrir une voie dans son monde et enfin obtenir l’attention dont il avait tant soif.
Il aurait put en avoir un fou rire. Dire qu’elle venait de lui dire qu’il était sincère en amitié…
Quand Cassy lui demanda s’il avait déjà passé une journée de merde avec des gens idiots, son visage s’assombrit et il partit d’un rire amer. C’était une parfaite description de son quotidien avec sa famille. Ils rentrèrent dans le cabinet du vétérinaire, et l’odeur ambiante sembla immédiatement faire réagir l’animal car il ne voulut plus rentrer. Après avoir  déposé son chien, Cassy revint s’installer à côté de Viktor en notant que sa vie avait l’air compliqué. L’adolescent observa le sol, réfléchissant un instant avant de répondre :

« Je ne sais pas. Je ne dirais pas qu’on m’oppose de réelles difficultés. C’est juste que ce n’est pas facile de vivre dans une famille qui n’a aucun intérêt pour toi, qui te faire te sentir de trop. Mon père n’a d’yeux que pour le benjamin de la famille. Mon aîné ne se rappelle de moi que pour me faire des reproches. Et je n’arrive pas non plus à sociabiliser, j’ai l’impression que les gens se détournent de moi. Qu’il y a quelque chose en moi qui fait qu’ils ne m’apprécient pas.

Il tirait nerveusement sur ses manches pour passer sa frustration en parlant.

- J’en ai assez d’avoir la sensation d’être invisible. Que s’il m’arrive quelque chose, personne ne s’en rendra jamais compte, et qu’on m’oubliera de toute façon. Je veux que les gens sachent que j’existe.

Plus il parlait, plus sa voix se faisait grondante et ses yeux s’emplissait de fureur.

- Qu’ils sachent que j’existe, et ne m’oublient jamais. »