[L'Ouragan] Dans la salle commune Rainfall

Une journée de cours comme les autres aujourd'hui. À la fin de ceux-ci, je me suis rendue dans la résidence universitaire pour poser mes affaires et étudier un peu. Ouais, une nouvelle rentrée, un nouveau lieu d'étude mais les bonnes vieilles habitudes ont suivi. Extravertie mais incapable de passer réellement du temps avec les gens après mes cours parce que mes études passent avant. Et là ça aurait encore été le cas un moment si le temps n'avait pas décidé de changer subitement pour nous foutre une tempête. En vérité, si ça avait été une simple tempête je me serais contentée de regarder par la fenêtre un instant avant de me replonger dans les révisions. Sauf que quand une branche brise la vitre de la chambre et atterrit sur le bureau en détruisant le pc au passage, c'est un peu plus compliqué de faire comme s'il ne se passait rien.

Je me suis dépêchée de me lever et de prendre mon portable, me préparant à sortir de ma chambre. Je ne sais pas où se trouve ma colocataire mais je ne pense pas avoir besoin de lui courir après pour lui parler du temps. C'est assez voyant. Je suis ensuite sortie de la chambre et me suis mise à errer dans les couloirs dans l'intention de quitter le bâtiment. En chemin je croise la route d'un employé de l'Institution. C'est l'un des surveillants. Il est venu chercher les étudiants qui se trouvent dans la résidence. Celui-ci m'ordonne de me rendre dans la salle commune, question de simple sécurité. Mouais. Si le plafond nous tombe sur la tronche, on n'aura pas été plus en sécurité. Enfin j'imagine qu'ils savent quand même ce qu'ils font. Y a plutôt intérêt en fait.

Lorsque j'arrive dans la salle commune, quelques élèves ont déjà été réunis et d'autres font encore leur arrivée après moi. Je m'installe finalement dans un coin et patiente sur la suite des événements. Pendant que certains employés manquent à l'appel parce qu'ils sont encore en train de réunir les étudiants, les employés présents s'occupent de rassurer le reste. C'est presque marrant de les entendre répéter que tout va bien se passer alors qu'ils n'en savent pas plus que nous. Après tout, la tempête n'était pas annoncée et pourtant elle est bien là. Qui sait ce qu'il peut encore se passer après ? Tout. Il suffit de voir l'état de ma fenêtre ou de regarder le chaos dehors pour savoir que cet ouragan est encore loin de nous avoir montré ce dont il est encore capable. Aux alentours de 16h50, tout le monde est finalement réuni mais les employés n'ont pas changé de disque.

- Vous êtes sûrs qu'on est vraiment en sécurité ici ?

Ce n'est pas que je m'inquiète mais rester enfermée ce n'est pas vraiment ce que je préfère. Je n'ai pas oublié les voyages en bus durant lesquelles j'ai réussi tant bien que mal à rester calme. Je n'ai non plus pas oublié ce putain de voyage en avion où il a fallu tenir deux longues heures dans un truc étroit sans péter un câble. Alors certes la salle commune est moins étroite lorsque il y a peu de monde, mais ce n'est pas le cas lorsqu'on est une une quinzaine ou une vingtaine de personnes entassées dedans. Sans compter ceux qui paniquent à cause de la tempête à l'extérieur. Je n'ai peut-être pas attendu une heure ou plus dans ce lieu mais j'espère aussi ne pas avoir à attendre très longtemps avant de changer de lieu. Au pire je m'en irai de moi-même. Je vais attendre de voir ce qu'il va se passer et j'aviserai ensuite.

Ouais tout va bien se passer. Changez de disque. Ca fait la millième fois qu'ils nous le répètent et le plus drôle dans tout ça, c'est qu'au final la lumière a carrément dire merde. Il y a eu quelques grésillements puis pouf, plus rien. Plus de lumière. Je crois que c'était aux alentours de 16h50 justement. Pile quand je demandais s'ils étaient certains que tout irait bien. Mouais. Là, j'ai étrangement du mal à y croire. Un violent coup de tonnerre me provoque un sursaut. J'ai à peine le temps de jeter un oeil dehors qu'un éclair fend l'air, proche de la fenêtre. Okay... Je suis de moins en moins convaincue que tout se passera bien.

Plus je reste dans ce lieu à observer la tempête qui fait rage à l'extérieur, plus je commence à me faire du souci pour mes proches. Non, pas mes parents. Eux, je me fiche de leur sort. Je pense surtout à Amélia même si je n'ai pas eu l'occasion de beaucoup lui parler. Ou Alastair. Et surtout Nick. En quelques semaines, il s'est passé bien plus de trucs entre lui et moi que ce que j'ai vécu avec les autres en plusieurs mois. Il est donc celui qui occupe le plus mes préoccupations en ce moment. J'espère qu'il va bien. Tout comme son fils d'ailleurs.

Je jette un regard sur mon téléphone afin de voir l'heure. 17h. Le temps passe trop lentement. J'en ai marre de rester inactive. Je m'approche l'air de rien vers la porte et tente de l'ouvrir. Fermée. C'est du foutage de gueule, c'est ça ? Je repasse encore ma carte magnétique pour la déverrouiller mais rien à faire. C'est quoi ce bordel ?! Elle fonctionnait encore il y a dix minutes ! Non, non, non il est hors de question que je reste enfermée dans cette salle ! Je ferai sauter cette porte s'il le faut mais je l'ouvrirai. Il reste juste à savoir qui aurait de quoi faire une mini bombe pour faire péter cette porte... Etant donné que certains sont régulièrement fouillés et que nous avons dû nous réunir ici en vitesse, je ne pense pas que l'on ait de quoi faire ce genre de truc. On peut peut-être trifouiller le système pour déverrouiller. C'est aussi moins dangereux à bien y réfléchir.

17h20, je me suis à nouveau mêlée aux autres. Dix minutes ont suffi pour que j'oublie mes idées d'explosion et de piratage. Ca ne me sert à rien d'essayer de forcer l'ouverture de la porte. Et même si j'ai une peur bleue d'être dans les lieux clos, je parviens tant bien que mal à occuper mon esprit sur autre chose. Regarder les élèves flipper et un ouragan à l'extérieur ça aide pas mal. M'inquiéter pour mes proches aussi. Ca ne m'empêche pas de faire les cents pas dans la salle mais au moins, je ne pars pas en crise de panique. Au final je me suis juste mise à suivre un peu le mouvement. Je ne peux pas faire grand-chose de plus de toute façon.