Do I Wanna Know how this concert will end ? [PV Ailis Neil]

Le mouvement de foule avait plutôt bonne effet sur Ailis. Mélangé à la boisson, elle se détendait doucement et se prenait au jeu. La musique était bonne, elle avait une agréable compagnie. Elle se sentait bien, elle devait se le dire. Et plus les chansons avançaient et plus sa peur disparaissait, s'aidant parfois de la bouteille que lui tendait Mathieu finissant par devenir un peu saoul vu que c'était quand même la première fois qu'elle buvait. Malgré le fait qu'elle ne pouvait pas faire entendre sa voix, elle s'amusait et c'était certainement le principal. La rouquine continuait alors de sa liberté présente, oubliant son protecteur, oubliant les cours, sa chasse aux bonnes notes dans l'espace d'une seule soirée. Elle allait se faire engueuler en rentrant mais qu'importe, elle se sentait juste...Bien.

Mais alors que le temps passait et que les gens se bousculaient de plus en plus, lorsqu'elle tourna la tête...Mathieu avait disparu. Attendez...Quoi ? Où était-il ? Son amusement baissa d'un coup avant de se rendre compte qu'elle n'était plus qu'une muette dans la foule bruyante. Tant qu'il était là, elle se sentait rassurée. Mais là, toute seule, elle avait juste envie de fuir. Elle était seule. Totalement seule. Livrée à elle-même. Panique. Elle ne s'amusait plus du tout maintenant. Elle avait peur et son état l'empêchait de relativiser. Elle voulait crier son nom mais elle n'y arrivait pas, comme si elle oubliait qu'elle ne pouvait tout simplement plus le faire. Il fallait qu'elle soit accompagnée, si elle restait seule là, elle allait tout simplement se cacher quelque part. Sa respiration augmenta rapidement. Pourquoi serait-il partit sans la prévenir ? Il aurait vu quelqu'un ? Il est allé aux toilettes ? Mais il lui aurait dit quand même...Où alors elle n'avait pas entendu. Mais quand même, il aurait fait en sorte que oui non ? La rouquine regarda s'il ne s'était pas avancé sans s'en rendre compte, si quelqu'un s'était mit entre eux...Non elle ne le voyait plus du tout.

La demoiselle essaya un peu de se déplacer mais avec le monde, elle n'osait pas les pousser. Surtout que quelqu'un venait de lui écraser violemment le pied, la faisant assez vite renoncer. Fais chier ! Elle sortit son téléphone et essaya de trouver le contact du jeune homme d'un air paniqué. Et bien sûr elle n'avait pas réseau... Comme si ça ne suffisait pas d'être pressé au milieu de tout ce monde... Mathieu pouvait peut-être s'amuser tout seul mais Ailis avait besoins de quelqu'un. Là, elle se sentait seulement oppressée. Ok, elle allait attendre.

Une minute...Deux minutes...Rha ! Elle n'y arrivait pas, elle avait des vertiges par la musique qui était devenue d'un coup trop forte pour elle et le monde qui semblait faire exprès de se coller à elle. Une seule possibilité de fuite: les gradins. Il avait dit qu'il ne semblait plus y avoir de place mais il y aurait bien une petite marche où elle pourra s'asseoir en attendant d'être sauvée. La demoiselle commença à alors marcher à contre-courant, ayant beaucoup de mal à se faire voir dans la foule, c'est comme si elle n'existait pas. Mais elle voyait l'endroit s'approcher petit à petit alors que son visage marquait un profond sentiment de malaise.

Finalement ! Elle se trouva au bord. Elle monta quelques marches, les gens étaient levés de leur siège. Malgré le fait que c'était certainement interdit, elle se posa sur le bord des marches pour retrouver son souffle.

Une fois n’est pas coutume, dans le chaos de corps sautant n’importe comment, Mathieu tenta de se frayer un chemin vers l’extérieur du cercle. Mission difficile lorsque des spectateurs shootés à l’adrénaline de l’instant venaient se percuter violemment, comme deux bœufs qui s’entrechoqueraient. Les British avaient décidément une autre conception de l’amusement, se dit-il.

Pourtant, bientôt, un sentiment de panique l’envahit. Pas d’avoir perdu Ailis. Enfin si, mais pour l’instant, il espérait surtout conserver sa santé physique, et tous ses os en un seul morceau. Il lui fallait absolument sortir de cet enfer suintant la sueur, les vapeurs d’alcool, et la testostérone de personnes dépassant Mathieu de la tête et des épaules. Et il ne pouvait pas espérer jouer des coudes pour s’en sortir.

Après un énième choc qui le sonna, Mathieu se retrouva à terre, à quatre pattes. Il se décida, légèrement ivre et sonné par le coup reçu, à lâcher sa bouteille qui l’encombrait plus qu’autre chose. Il se mit alors à zigzaguer lentement entre les acteurs de ce spectacle improbable, évitant les coups d’épaule, mais pas les talons des gens. A 2 reprises, il reçu un méchant coup sur les doigts. AÏE ! Mais l’alcool l’avait un peu anesthésié, et il souhaitait seulement sortir de la foule. Le reste, il verrait après.

Enfin, après qu’une énième chaussure eût frôlé sa main, Mathieu parvint à se faufiler hors du cercle infernal à quatre pattes, non sans avoir pris au passage une tape sur le dos par une jeune femme qui pensait qu’il agissait comme un voyeur de culottes. Mais le jeune homme préférait ça au pogo.

Une fois relevé, il tourna la tête. Il ne savait plus où il était. En essayant de se rappeler à peu près où il avait perdu sa jeune amie en se repérant grâce à la scène, il l’appela en criant de tous ses poumons, paniqué à l’idée de se perdre à moitié éméché dans une foule inconnue :

« AILIIIIIIIS ! HEY, T’ES OÙÙÙ AILIIIIIS ?! »

Il abandonna cependant rapidement l’idée de continuer à crier. Sa voix ne portait pas, par rapport à tous les sons environnants. Un grain dans une tempête de sable sonore, à quoi bon… Et puis, elle ne pouvait même pas lui répondre. « Les planètes s’alignent pour me faire chier ou quoi ? » pensa-t-il.

Pourtant, il lui fallait se calmer. Il n’allait arriver à rien s’il continuait à paniquer. Il fallait reprendre son souffle, et rassembler ensemble les trois ou quatre idées cohérentes qui fusaient dans son esprit déboussolé. Mathieu prit quelques profondes inspirations. Bien. Il imaginait la rouquine aussi paniquée que lui, peut-être même plus puisqu’elle ne pouvait que difficilement se faire comprendre. Elle avait forcément dû se rendre compte qu’il avait disparu.

« Putain… Si j’étais Ailis, qu’est ce que je ferais ? » se dit-il à voix haute.

Il sortit alors son portable de sa poche, dans l’espoir de la contacter. Pas de réseau. Merde. En plein cœur de Londres, c’était bien sa chance. Mathieu se dit alors qu’il lui fallait prendre de la hauteur. Il devrait pouvoir apercevoir les cheveux roux de la jeune fille de là-haut. Même en Angleterre, une chevelure de cette couleur était assez rare, et les flashs lumineux des projecteurs permettaient d’entrevoir régulièrement la foule dans la lumière.

Le jeune homme se dirigea alors prudemment vers les gradins, d’où il espérait pouvoir se frayer un chemin afin de repérer sa camarade. En prenant bien soin de faire un détour pour éviter le cercle vicieux qui l’avait happé.

Après quelques minutes à s’être frayé un chemin en essayant de se faire remarquer le moins possible, son mollet frotta contre une surface en pierre. La première marche d’un escalier. Yes, il venait de trouver le début des gradins ! Mathieu leva alors la tête, en essayant de trouver un coin où se positionner pour pouvoir scruter la salle, tout en continuant à grimper. Au bout de quelques marches, son mollet heurta à nouveau un obstacle, beaucoup moins dur que la pierre cependant. Lorsqu’il baissa les yeux, le jeune homme resta bouche bée, les yeux pétillants, en reconnaissant l’obstacle : un coude, qui appartenait à une crinière rousse qui lui était familière.

« A… Ailis ?!! Oh putain ça fait du bien de te revoir ! »

Elle ne l’avait peut-être pas entendu. Elle avait l’air essoufflée, et plongée dans ses pensées. Mais Mathieu, pour qui le stress redescendait soudain d’un seul coup, s’assit brusquement à côté d’elle, mis son bras droit par dessus l’épaule de la jeune fille, et la serra (un peu?) fort contre lui, soulagé de ne plus être seul au milieu du tumulte général. L’adrénaline redescendant aussi brutalement qu’elle était montée, il sentit un léger filet de sang couler de sa main droite, contusionnée par les talons de pogoteurs.

Mais c’était le cadet de ses soucis.

La fuite avait été l'option la plus saine pour elle. Rester au milieu de la foule n'aurait été que source de stress supplémentaire. Elle regardait alors en face d'elle, assise sur les marches, elle devait faire quoi maintenant ? Attendre ici sans rien faire ? Tenter de le retrouver une nouvelle fois ? Son état de légère ivresse avait du mal à commander normalement son cerveau. Elle ferait quoi normalement ? Sans avoir été influencé par l'alcool ? Finalement, certainement la même chose de maintenant. Elle n'avait pas le courage de retourner au centre seule. Surtout que son euphorie était tombée en flèche en se rendant compte de sa solitude. Combien de temps durait un concert exactement ? Et si elle ne le voyait pas avant la fin de celui-ci ? Elle se pinça le bout du nez, essayant de rester un minimum lucide et de ne pas trop paniquer pour rien.

D'un coup, elle sentit quelqu'un s'asseoir à côté d'elle. Pendant un instant elle eu peur que ce soit un pervers ou un mec tordu en général. Mais ce fut le visage de Mathieu qui se présenta en face d'elle. Elle sursauta et le regarda alors qu'il venait de passer son bras au niveau de ses épaules pour la serrer contre lui. La demoiselle eu du mal à comprendre ce qu'il se passait vraiment sur le coup. Donc elle venait de le retrouver c'est ça ? Un puissant soulagement prit ses entrailles. Elle se relaxe d'un coup tout en continuant de l'observer. Elle finit par prendre son téléphone et nota sur la partie bloc-note:

"Tu étais où ? J'ai tourné la tête tu avais disparu."

Elle évita bien évidement de parler de toute la peur qu'elle avait ressentit suite à cela. Montrant le message, c'était bien plus pratique de faire comme ça que de gueuler dans l'oreille pour se faire comprendre. La demoiselle soupira en souriant doucement, quand même contente de l'avoir retrouvé. Ailis remarqua cependant sa main qui saignait. Elle fit une grimace emphatique. La jeune femme attrapa ses doigts pour regarder la coupure et lui lança un regard un peu inquiet. Qu'est-ce qu'il s'était passé dans le foule ? Ailis chercha alors dans sa poche et sortit un paquet de mouchoir. Elle en prit un et retira le sang qui coulait avant de tapoter doucement sur le blessure, espérant ne pas lui faire mal. Finalement elle pressa le bout de papier blanc sur la source sanglante et l'incita du regard à garder le mouchoir contre histoire d'éviter de mettre du sang de partout.

La foule était vraiment terrifiante. Si c'était elle qui se serait retrouvé à sa place, elle aurait clairement piqué une crise de nerf. Toute seule à se faire bousculer comme cela...La rouquine regarda un peu le groupe de musique en face d'elle qui continuait de jouer. Elle se demandait comment elle avait fait pour aller toute à l'heure de la foule comme ça et oublier qu'il y avait autant de monde.

« Tu étais où ? J’ai tourné la tête et tu avais disparu. »

A la lecture de ces mots sur le téléphone d’Ailis, Mathieu étouffa un rire nerveux. Il aurait pu lui poser la même question. Mais il préféra lui répondre normalement. Pourtant, alors qu’il prenait une inspiration, il bloqua. Où avait-il été exactement ? Il n’aurait su le dire.

« Je… Je ne sais pas… Un gars m’a attrapé pour me faire rentrer dans le cercle de gens fous là-bas, et je n’ai même pas eu le temps de te prévenir. »

En même temps qu’il prononçait ses mots, il désigna de son doigt le pogo que l’on apercevait mieux avec un peu de hauteur. Lorsqu’il tourna à nouveau la tête vers la jeune fille, il vit son regard s’échapper de son visage pour se poser sur sa main, d’où de légères gouttes rouges perlaient. Instinctivement, comme une mère qui soigne une égratignure à un enfant, elle tapota avec un mouchoir sur la petite plaie, et lui fit signe de le garder. D’un signe de tête reconnaissant, Mathieu la remercia et retira son bras de l’épaule de la jeune fille pour pouvoir tenir le bout de tissu. Le regard interrogateur d’Ailis fit comprendre au jeune homme qu’elle attendait des explications.

« Disons que j’ai eu un peu de mal à sortir de la foule… C’est rien de grave, mais merci ! »

Pourtant, il sentait que l’excitation de la jeune femme était redescendue soudainement. Elle avait dû être aussi paniquée que lui sur le moment. Mathieu regarda l’heure sur son portable. Il commençait déjà à se faire tard, le concert n’allait certainement pas durer plus d’une demi-heure. Il devait faire nuit dehors, mais ça, il n’en savait rien. Le groupe attaquait son final, ses chansons les plus connues, celles qui allaient électriser encore plus un public déjà bouillant et survolté. « Pas question que je retourne là dedans, se dit-il, et Ailis ne voudra pas non plus, tant mieux. »

Après une rapide inspection de la plaie, qui ne coulait déjà quasiment plus, Mathieu regarda le visage de la rouquine, perdu dans la marée humaine devant eux. Elle semblait pensive, et l’assurance qu’il avait vu en elle semblait évanouie. Il s’en voulait : elle qui avait l’air de s’amuser, la voici maintenant perdue dans ses pensées, quasiment aussi frêle que le jour où il lui avait parlé à la piscine. Mathieu souhaitait pourtant finir cette soirée sur une bonne note, à la fois pour elle, et pour lui-même.

Après avoir réfléchi de longues secondes à une idée pour remotiver les troupes, le jeune homme enfouit sa tête dans entre ses bras, les coudes posés sur ses genoux. Mince, il fallait profiter des dernières chansons ! Des idées saugrenues lui venaient en tête, toutes plus improbables les unes que les autres. Porter Ailis pour lui faire faire du crowd surfing ? Risqué, cela voudrait dire qu’ils allaient se re-perdre de vue… Traverser la foule pour essayer de monter sur scène ? Déjà plus facile, mais les vigiles allaient certainement les en empêcher, et Mathieu ne se sentait pas assez courageux pour ne serait-ce que le tenter… Enfin, une idée espiègle vint germer dans ses pensées embrumées par une légère ivresse. Et si, dans l’excitation générale, ils se faufilaient discrètement, au nez et à la barbe de la sécurité, jusque dans les loges, pour rencontrer ses idoles à la fin du concert ?

Un sourire malicieux se dessina alors sur ses lèvres, à mesure que l’excitation montait. Il jeta un regard enjoué à Ailis, en tapotant son coude contre le sien pour qu’elle le remarque.

« Hey ! Ça te dit d’aller les voir dans les loges ? »

Après tout, les anecdotes les plus intéressantes proviennent toujours au départ d’un grain de folie, arrosé de décisions stupides.

Elle se sentait beaucoup mieux rien que parce qu'elle l'avait retrouvé. La salle était pour elle un milieu hostile, dangereux alors qu'elle n'avait aucun moyen de se faire entendre par les autres s'il lui arrivait une merde. Son ami retira alors son bras de son épaule pour garder le mouchoir sur sa main, faisant doucement sourire Ailis satisfaite qu'il écoute ce qu'elle dit. La demoiselle se sentait encore bien saoul mais avec la différence que la folie qui la faisait danser venait de disparaître. Certainement à cause de la peur radicale qu'elle avait ressentit pendant quelques secondes. D'ailleurs comme souvent, elle avait fuit une situation indésirable. Peut-être serait-il temps un jour qu'elle regarde le danger avec un peu de courage ?

Mathieu ne lui demanda pas de retourner à nouveau dans la fosse. Tant mieux. Était-ce parce qu'il sentait qu'elle n'en avait plus la force ou parce que sa bousculade lui avait un peu gâché l'envie ? Dans tous les cas, ça la rassurait, elle ne savait pas si elle était encore capable d'aller à nouveau se noyer dans la foule. D'un coup, elle le sentit bousculer un peu son coude et au vu du regard malicieux qu'il lui lançait: il avait une idée en tête. La phrase qui suivit l'étonna. Aller dans les loges du chanteur ? Pour de vrai ? Il lui semblait que ce n'était pas possible ou à la limite, ils devaient avoir des sorte de pass. Donc il lui demandait de faire quelque chose de totalement improbable, pouvant lui attirer encore plus d'ennuis...

Mais Ailis était saoul. Et là où elle aurait certainement refuser, elle eu un léger sourire avant d'écrire sur son téléphone:

"Tu crois que c'est possible ?"

Il devait y avoir des vigiles. Ils n'étaient certainement pas les deux premiers fan à vouloir s'introduire dans une zone normalement interdite. Ils devaient savoir quoi faire. Et eux, ils étaient saoul, et donc pas les plus brillants à ce moment précis. S'il arrivait à trouver un plan dans cet état qui marche, il serait définitivement un génie !

La rouquine se redressa doucement en se tenant à la barrière pour regarder où ils devaient aller. Ce qui était sûr, c'est qu'en s'avançant, elle n'allait pas lâcher ne serait-ce qu'une seconde, le bras de Mathieu. Avoir été toute seule une fois l'avait largement suffit pour le reste de l'année. C'est plutôt pas mal le fait d'avoir de la compagnie finalement ! La demoiselle lui lança un nouveau regard. Même si ça paraissait totalement impossible et surtout stupide, l'alcool et sa recherche de nouvelles sensations lui criaient de le faire de tous côtés. Pour s'amuser. Ils n'allaient pas aller en prison pour ça tout de même. La jeune femme prit alors de nouveau son téléphone et nota:

"Faisons-le !"

Mathieu savait jouer au mieux de ce genre de mimiques que l’on a que lorsque l’on a bu. Il déformait sa bouche, ses pommettes, le tout afin d’avoir l’air le plus crédible possible dans ses idées souvent… peu académiques. Il en avait fait usage à l’instant même, et il semblait à Mathieu qu’Ailis avait parue un peu hésitante au début.

« Tu crois que c’est possible ? »

Qu’en savait-il ? Absolument rien.

« Mais oui, t’inquiète ! Suffit de trouver comment accéder aux backstages... »

La deuxième partie de sa phrase le fit réfléchir. Il n’avait foutrement aucune idée de comment réaliser cet exploit. Passer au nez et à la barbe des vigiles pouvait s’avérer bien trop dangereux, surtout pour deux jeunes adultes éméchés. Perdu dans ses pensées, Mathieu ne remarqua que sa camarade s’était levée que quand elle lui présenta son portable sous le nez. Il s’éloigna un peu de l’écran, son regard étant toujours vaporeux :

« Faisons-le ! »

Clair, net, précis. Cela redonna un coup de boost à Mathieu. Mais son esprit perturbé ne parvenait pourtant pas à faire la part des choses. Il leva alors la tête pour regarder la rouquine, qui scrutait la salle. Elle avait l’air de garder difficilement l’équilibre, ce qui fit se lever le jeune homme, qui manqua une fois encore de trébucher en prenant appui sur la marche. Erf, effectivement, ça allait s’annoncer compliqué de s’infiltrer dans ces conditions…

« Bon, on va commencer par trouver un plan… Erm… »

Il posa alors son index sur ses lèvres, son pouce sur son menton, tandis qu’Ailis regardait ailleurs. Non, décidément, rien ne lui venait à l’esprit. Une belle idée qui n’allait pas aboutir ? Mathieu allait se résigner, quand, pensif, il se mit à suivre le regard de sa camarade. Comme elle, il observait lentement la structure, oubliant presque les décibels crachés par les enceintes et les cordes vocales des spectateurs.

A force d’observer avec un regard vide la salle, Mathieu aperçut soudain un panneau, qu’il avait ignoré jusqu’alors. Une croix rouge, sur fond blanc. A priori pas de quoi les aider. Mais, traversant les vapeurs d’alcool qui peuplaient le cerveau du jeune homme, une idée fusa et parvint jusqu’à sa conscience.

« AH MAIS OUI ! » cria-t-il, bien que sa voix fut couverte par le bruit ambiant.

Il se tourna immédiatement vers Ailis, lui attrapant le bras, et colla ses lèvres contre son oreille pour qu’elle l’entende :

« L’un d’entre nous va se faire passer pour un malade ! Alcool, chaleur, malaise, tout ce que tu veux, mais on pourra passer les vigiles ! Après *il réprima un rot qui aurait nuit à sa crédibilité*, on n’aura plus qu’à s’enfuir de l’infirmerie, et à trouver les loges ! »

C’est fou comme tout paraît si facile avec un peu d’alcool dans le sang. Pourtant, Mathieu sentait au  plus profond de lui que ça pouvait fonctionner… mais aussi lamentablement échouer, n’importe quand.

« Euh… En fait c’est peut-être pas une si bonne idée que ça… Enfin on peut essayer, mais c’est hyper risqué… Et puis faut qu’un de nous deux sache simuler la maladie… T’as trouvé, toi ? »

Arriver à rentrer dans les loges. Cela lui paraissait totalement stupide et en même temps tellement excitant. Aller dans les loges. Dans les loges. Les loges ! Ce devait certainement être l'alcool qui lui disait que c'était une idée géniale. Mélangez à cela le fait qu'elle fasse une sorte de crise d'adolescence qui défit l'autorité...Il y avait là le combo parfait ! La demoiselle dans son état aurait pu certainement écouter et suivre toutes les idées saugrenues que Mathieu, elle aussi avait envie de terminer cette soirée sur une note positive qui lui donnerait envie de pourquoi pas, retourner un jour à un autre concert. Ce serait dommage que celui-ci la dégoutte de ce genre de festivité après tout. La jeune homme lui dit alors alors que c'était tout à fait possible. Et alors qu'elle se levait, il se mit à crier, ce qui la fit se retourner d'un coup vers lui. Vu la tête et l'expression qui faisait, il avait certainement eu une idée. Tant mieux, elle, elle n'en avait pas du tout à moins de foncer comme des cons sur les vigiles pour passer (ce qui serait revenu à se prendre intentionnellement un mur).

Il lui parla de l'idée de faire semblant d'être malade pour aller à l'infirmerie pour finalement s'enfuir comme les fourbes qu'ils pouvaient être. La demoiselle réfléchit à cette proposition avec toutes ses neurones encore disponible. Elle n'y connaissait pas grande chose mais dans son esprit en embrumé ça pouvait  marcher ! Mais ce fut Mathieu qui sembla commencer à se dérober, avouant que ce n'était peut-être pas la meilleure idée et qu'il fallait que quelqu'un sache simuler la maladie. Ailis resta septique, pour elle c'était le meilleur moyen de rentrer à moins de savoir se téléporter. Et puis, elle pouvait faire semblant d'être malade, elle en était totalement capable. Pas ses histoires de nausées ou d'alcool mais peut-être montrer des crises de panique. Elle était muette, ça passait encore mieux. La petite fille qui ne peut pas parlé, qui a été traîné à un concert et qui s'est retrouvé au milieu de la foule sans pouvoir rien dire.

La rouquine était bonne menteuse, elle n'en était pas spécialement fière mais à force de vouloir être d'accord avec tout le monde, on pouvait facilement jouer la comédie. Elle en était capable, elle le savait. La jeune femme prit alors son téléphone et nota avant de montrer à Mathieu:

"Je pense que c'est la meilleur idée. Je peux simuler une crise de panique... J'ai déjà du faire ça une fois je crois"

C'était pour faire paniquer un groupe qui l'embêtait. C'était le meilleur moyen. Elle effaça puis continua, écrivant au fil de sa pensée:

" Hyperventilation, larmes et en plus le fait que je suis muette est un super alibis: la pauvre petite fille qui ne peut pas parler, amenée dans un lieu hostile, qui vient de se faire bousculer et qui se met à paniquer car elle ne peut pas crier à l'aide..."

C'était la première fois qu'elle proposait de s'amuser de son handicap. Habituellement ce genre de chose ne la faisait pas trop rire mais elle se sentait détendue et moins coincée que d'habitude. Peut-être l'alcool, peut-être le contexte, peut-être la musique ou Mathieu. C'était certainement grâce à toutes ses choses combinées. La demoiselle nota alors à nouveau:

"Par contre je suis convaincante, faut pas que tu paniques pour de vrai" finit-elle dans un sourire presque malin voir taquin.

Étrangement, Ailis parût extrêmement attentive à l’idée du jeune homme. Elle sembla encore plus emballée que Mathieu par le plan qu’il avait concocté. Enfin, concocté, c’était un bien grand mot… Disons qu’il avait les grandes lignes. Mais en aucun cas il ne pensait à la mise en pratique… D’ailleurs, il regrettait presque d’en avoir parlé à la jeune fille. Il avait fait des conneries qu’il avait regretté plus tard, en soirée, et il savait que ses idées étaient loin d’être brillantes, passée une certaine heure. Mais celle-ci pouvait lui valoir des ennuis avec la justice. Et en tant qu’étranger, il n’était absolument pas rassuré par son sort si jamais ils se faisaient attrapés.

Pourtant, le garçon ne resta pas borné bien longtemps. A la lecture du portable d’Ailis, tous ses doutes furent balayés d’un revers de la main. Il avait trouvé une complice. Un sourire en coin marqua son visage. Une crise de panique ? Il n’y avait pas pensé, mais l’idée était excellente. Mais il allait falloir qu’elle soit convaincante… Les armoires à glace qui attendent devant l’entrée des coulisses doivent être rodés, et pas aussi faciles à berner que les semi morts-vivants sans âme qui s’occupaient des fouilles.

Pourtant, à mesure que la jeune rouquine détaillait sur son écran ses capacités d’actrices, le sourire en coin se transforma en un quasi-rire nerveux. Il ne la voyait pas comme une menteuse aguerrie. Lui qui la voyait comme une écolière modèle, studieuse et appliquée, elle était désormais à moitié ivre, dans un concert de rock, à essayer de simuler une crise de panique pour tenter d’approcher illégalement des stars. En une soirée, le regard que Mathieu avait d’elle avait été complètement métamorphosé. Elle avait l’air de se prendre au jeu, et elle faisait oublier à Mathieu tous les potentiels obstacles à la réussite de ce plan.

Mais elle avait raison. Son mutisme ainsi que ses talents d’actrices ne seraient clairement pas de trop. Mathieu, lui, pourrait prendre le rôle de son grand frère, ou bien de rester dans celui d’un ami. En fixant Ailis, il se dit qu’il ne ferait croire à personne qu’ils ont un quelconque lien de parenté. Trop différents.

« Par contre je suis convaincante… Faut pas que tu paniques pour de vrai. »

Erf… Elle n’aurait pas dû lui dire, il aurait été plus convaincant en étant sincère. Mais si elle jouait aussi bien que ce qu’elle décrivait, Mathieu allait paniquer dans tous les cas.

« Ça marche, on fait comme ça. Essaie d’être le plus crédible possible. Enfin, tu sais ce que tu fais… Si tu me vois paniquer, c’est normal, je vais essayer de faire ce que je peux ! »

Il n’avait jamais fait de théâtre, et n’était pas spécialement un bon acteur. Mais Mathieu savait se glisser dans la peau d’un lui-même plus assuré, plus confiant. Alors, pourquoi pas dans celle d’un ami éploré, dépassé par les événements ?

« Mets ton bras sur mon épaule, il faut que je fasse semblant de t’aider à marcher… »

Si la jeune fille arrivait à pleurer sur commande, ce n’était pas le cas de Mathieu. Il lui fallait être le plus convaincant possible. Le plus dur était devant eux. Une fois la sécurité franchie, le graal les attendait. Mais pour l’instant, il marchait avec peine vers l’entrée des coulisses...

Le mensonge était loin d'être une vertue mais il était quand même assez pratique il fallait l'avouer. Elle avait eu tout le temps de s'expérimenter puisque sa présence même dans cette école était un mensonge. Et en général, la plupart de ses proches ne la connaissaient pas tant que ça puisque que dès que venait des questions plus personnelles, elle se détournait pour répondre autrement. Mentir en somme. Elle perdrait pas mal de connaissances si ça devait se savoir un jour. Mais pour l'instant elle n'en était pas là.

La rouquine semblait avoir redonner l'envie à Mathieu de continuer ce cocasse projet.

Pourquoi acceptait-elle de se mettre potentiellement dans la merde alors qu'elle a toujours voulu être la plus sage possible ? Allez savoir, elle avait juste envie de s'amuser, oublier un peu toutes les conneries qu'elle pouvait penser et ressentir un peu d'adrénaline. Juste arrêter de penser aux conséquences un moment en somme. Finalement ce fut son partenaire qui lui dit que le plan était accepté et que c'était totalement normal si elle le voyait paniquer. Il lui demanda de mettre son bras sur son épaule comme pour l'aider à marcher. La jeune femme hocha la tête et rangea son téléphone. Durant ce laps de temps, elle allait être dans l'incapacité de communiquer avec lui. C'était un peu frustrant mais c'était ce genre de chose habituelle et désagréable qu'elle avait finit par accepter après autant d'années de mutisme.

La demoiselle passa alors son bras sur son épaule et lui fit signe qu'il fallait commencer à s'avancer vers l'infirmerie. De toute façon, la foule allait l'aider à se mettre dans le bain. La jeune fille commença alors à traverser le monde, se concentrant sur ses émotions. Elle avait beau pourvoir être convaincante, ce n'était pas non plus la chose la plus évidente à simuler. Au fur et à mesure qu'ils avançaient, sa respiration commença  à s’accélérer doucement, comme si elle voulait convaincre son corps de son état d'hyperventilation. Elle se créait artificiellement des image paniquantes en imaginant la foule la piétiner ou la perdre loin de son camarade encore une fois. Pire ! Que Joshua se trouvait ici prête à la poursuivre. Son coeur battit un peu plus vite, elle était sur la bonne voix.

A force de respirer aussi rapidement, elle arriva à se mettre les larmes aux yeux et son poids se fit un peu plus important sur le corps de Mathieu au fur et à mesure qu'ils avançaient. Une larme coula le long de sa joue, bien, elle y était presque. Sa peau devenait rouge à cause de la pression et voilà: une Ailis, respirant très très rapidement, perdant l'équilibre comme si elle pouvait tomber à chaque instant, des yeux extrêmement rouges, un air paniqué au visage, une vision trouble, ce devait être assez convainquant.

Ils étaient bientôt face à l'infirmerie et la rouquine avait terminé sa phase de transformation. Elle jeta un œil à son ami pouvoir son expression, maintenant c'était à lui de jouer la panique comme jamais !

Le temps commençait à presser. S’ils ne se dépêchaient pas, le concert serait terminé, et ils seraient tous les deux poussés vers la sortie par la marée humaine qui les entourait. Mais pour l’heure, Mathieu et Ailis tentaient tant bien que mal de se frayer un chemin, une fois de plus, à travers une forêt de têtes et d’épaules. Le jeune homme pesta intérieurement contre toutes les personnes plus grandes et plus imposantes que lui, et qui gênaient leur progression. Complètement envoûtés par les performances scéniques des musiciens, peu de gens leur prêtaient attention, hormis une grande blonde d’une trentaine d’année, certainement droguée, qui déversa une bordée d’injures à leur encontre après que Mathieu l’eut à peine effleurée.  

Absorbé par le chemin jusqu’à l’infirmerie, il ne s’aperçut pas tout de suite du changement de comportement de son amie. Ce n’est qu’après avoir ressenti un poids supplémentaire sur son épaule qu’il tourna la tête pour la fixer. Ils n’avaient pas pu communiquer depuis qu’ils s’étaient engouffrés dans la foule, et la vision qu’il eut donna des sueurs froides au Français.

Le visage d’Ailis était complètement transformé : ses joues étaient rouges, et ses yeux remplis de larmes le devenaient aussi. Elle respirait rapidement, trop rapidement, la bouche ouverte, et son expression générale laissait penser qu’elle allait sombrer dans l’inconscience d’un moment à l’autre.
Le premier réflexe de Mathieu, qui titubait d’autant plus avec la pression sur son épaule, ne fut pas de féliciter la rouquine pour son brillant jeu d’acteur. Au contraire. Il n’avait pas écouté ses conseils. Il commençait à paniquer. Et si elle ne faisait pas semblant ? Et si sa prestation s’était transformée en véritable crise à l’approche d’une situation dangereuse ? Comment pourrait-elle le lui dire ?

Rapidement, une goutte de sueur vint perler sur le front de Mathieu, au fur et à mesure qu’ils s’approchaient de l’infirmerie. Un vigile, qui gardait une petite porte, fut bientôt en vue. La mâchoire avancée, un visage préhistorique, simiesque, qui n’inspirait que la peur ou l’angoisse. Des bras énormes, boudinés dans un t-shirt qui menaçait d’exploser sous la pression des muscles de l’homme. Des lunettes de soleil noires vissées sur le nez. Aucun doute, personne ne pouvait passer cette porte s’il n’y avait pas d’abord été autorisé par cette… montagne humaine.

A sa vue, Mathieu déglutit. Il valait mieux ne pas s’attirer d’ennuis avec cet homme là. Or, absolument TOUT dans leur plan pouvait leur attirer assez de problèmes pour qu’il les décapite en un mouvement de bras. Si Ailis était plus que crédible, c’était désormais à son tour de postuler à l’oscar du meilleur acteur. 15 mètres… 10 mètres… 5 mètres… Le vigile les remarqua finalement. Enfin, c’est ce que Mathieu crut, d’après le léger mouvement de tête, quasiment robotique, qu’il fit dans leur direction. Il prit une dernière grande respiration avant d’arriver à la hauteur du gorille, puis se laissa aller au difficile exercice qu’est l’improvisation…

« M… Monsieur, s’il-vous-plaît ! J’ai besoin d’aide. Mon amie ne va pas bien du tout, elle ne peut plus parler et elle respire très vite. Son front est brûlant, je ne sais pas quoi faire je vous en supplie... »

L’interlocuteur de Mathieu resta de marbre, impassible. Il devait le fixer, du moins c’est ce qu’il imaginait, puisqu’il ne voyait pas ses pupilles à travers les épais verres de ses lunettes. Ailis poursuivait ses respirations saccadées et rapides, et des larmes continuaient de déborder de ses yeux. Mathieu, lui, tentait tant bien que mal d’avoir l’air le plus paniqué possible. Il n’avait pas essuyé la goutte de sueur de son front, il essayait de faire paraître Ailis la plus lourde possible sur son corps frêle, pour attiser la pitié chez le vigile. Toujours rien. Il fallait tenter le tout pour le tout. Quitte ou double. Mathieu agrippa alors la manche de l’homme, dans un geste quasi-suicidaire.

« Mais vous voyez bien qu’elle fait un malaise, aidez-nous ou il va lui arriver quelque chose de grave ! »

Il regretta quasiment immédiatement son geste. L’homme en face de lui dégagea d’un coup sec sa manche des doigts du jeune homme, avant de froncer les sourcils. Il dominait Mathieu de plusieurs têtes et de plusieurs épaules, et le face à face faisait plus penser à David contre Goliath qu’à ces duels de chevaliers magnifiques du Moyen-Age. Sauf qu’ici, David n’avait rien pour contrer Goliath. Pourtant, après quelques secondes durant lesquelles il crut voir sa courte vie bientôt réduite à néant par un revers de la main du gorille, ce dernier grommela quelque chose de quasiment inaudible. Quelque chose qui contenait le mot « droite ». Il devait indiquer l’infirmerie.

Après un rapide regard autour de lui, le vigile entrouvrit la porte et permit aux deux jeunes gens de passer dans les backstages de la salle. Une fois la porte refermée, le bruit étouffé du concert parut être un merveilleux silence, qui laissa Mathieu circonspect et haletant.

« J’crois qu’on a réussi… J’en reviens pas. »

Une fois cette réalisation faite, il prit Ailis dans ses bras, et la souleva en tournant de joie. Le plus dur était peut-être fait. Il ne manquait plus qu’à trouver leur graal…

Elle espérait que son jeu d'acteur fonctionne. Après tout, elle avait fait venir ce sentiment  artificiellement mais elle  sentait tous les effets. Comme si son corps pensait qu'il s'agissait d'une véritable crise de panique. C'était donc finalement assez désagréable de sentir son cœur battre trop fort, sa respiration s’accélérer pour rien et avoir d'un coup cette difficulté à marcher. Les deux arrivèrent alors devant le vigile qui les regarda d'un air impassible. Comment pouvait avoir l'air encore plus impassible que ça ?! Mathieu faisait visiblement de son mieux pour avoir l'air paniqué, ce qu'il faisait assez bien et Ailis était au top de son jeu. La rouquine se demanda vraiment s'ils allaient pouvoir passer. Mais comment pouvait-il rester ainsi sans bouger ?! Cet homme n'avait donc point de coeur ? Il restait insensible à une pauvre rousse muette au bord des larmes... Mais la jeune femme ne pouvait pas exagérer plus que ça son faux-état-critique, sinon le jeu se verrait beaucoup trop.

Finalement, Mathieu insista encore une fois, osant agripper la manche du gorille. Et vu la contraction de son bras, il sembla vite regretter ce geste impulsif et désespéré. Peut-être, au vu de l'hésitation, le vigile avait avait l'habitude de ce genre de farce dans l'optique de faire autres choses. Mais miracle, il marmonna quelque chose et il ouvra la porte. D'un coup, la rouquine se sentit soulagée. D'un côté, elle allait être totalement éloignée du bruit qui était assez pesant depuis que Mathieu avait disparu tout à l'heure.

Ils rentrèrent, il eu quelques secondes, puis d'un coup la jeune femme fut soulevée et tournée dans tous les sens, montrant toute la joie de Mathieu. Elle s’agrippa à son cou par reflex, ayant peur qu'il la lâche et quand elle fut posée, elle recula de quelques pas, lui faisant signe de lui laisser quelques secondes. La fausse crise de panique l'avait quand même retourné et il lui fallait un peu de temps avant de sortir de son rôle. Elle ferma les yeux, souffla un peu, faisant éventaille avec sa main avant de ressuyer les dernières larmes factices. Après un peu de récupération, elle se sentit déjà mieux et presque d'attaque. La demoiselle prit son téléphone, manqua de le faire tomber avec le reste de ses tremblements et nota sur le bloc note en souriant doucement:

"Tu as bien fait la panique. Bravo."

Au fond, elle culpabilisa un peu. Peut-être que c'était à cause de comportements comme le leur qu'après, les gens avec de vrais problèmes étaient pris en charge trop tardivement ? Enfin, elle n'avait pas envie de penser à ça. Elle se frotta les yeux puis nota à nouveau:

"On va directement aux loges ?"

Elle se laisserait guider par Mathieu maintenant, elle avait trop donné de sa personne pour réfléchir encore ou même rejouer la comédie. Du moins dans les prochaines minutes.

Quand Mathieu reposa sa camarade et s’arrêta de danser sur place de joie, il réalisa alors qu’il avait été plus chanceux que courageux. En agrippant le vigile, il aurait pu se faire expulser manu militari d’un coup de main, laissant Ailis toute seule dans une infirmerie, incapable de parler. Il déglutit, mais préféra garder tout cela pour lui. Elle avait déjà dû stresser en le voyant commettre sa quasi-tentative de suicide sur le gorille, cela ne servait à rien de la brusquer encore plus.

D’ailleurs, il la vit faire quelques pas en arrière, l’air encore fortement perturbée. Il la laissa récupérer ses esprits, tout en fronçant les sourcils de compassion. Son plan débile l’avait mis dans un état second, et s’il échouait si près du but, il s’en voudrait de lui avoir fait subir tout cela pour rien. Pour l’heure, il préférait encore une fois intérioriser. D’autant plus que les effets de l’adrénaline et de l’ivresse lui injectaient encore une énergie débordante, qui ne demandait qu’à être expulsée. Une fois à peu près remise, Ailis nota quelques mots sur son téléphone et le lui montra :

« Tu as bien fait la panique. Bravo. »

Un ricanement nerveux parcourut la gorge du garçon, qui émit un son presque enroué. En passant une main derrière sa tête d’un air gêné, il répondit :

« Je… J’ai vraiment paniqué… Au début pour toi, parce que j’ai vraiment cru qu’il t’arrivait quelque chose de grave, tu joues super bien. Et ensuite pour l’autre… J’pensais clairement qu’il allait me broyer avec ses muscles. »

Les aveux étaient faits, mais la rouquine semblait de nouveau parfaitement maîtresse de ses mouvements et de ses pensées, ce qui surprit Mathieu. Elle était plus solide qu’elle en avait l’air, ou alors elle mentait excessivement bien… Mais il n’avait pas le temps de lui demander.

« On va directement aux loges ? »

D’un hochement de tête, il approuva l’idée de son amie. Elle avait raison, il n’y avait pas de temps à perdre. Si quelqu’un passait et leur demandait ce qu’ils faisaient là, ils auraient bien du mal à passer  pour des membres du staff ou de l’équipe technique de la salle. De plus, la confiance affichée par Ailis le motivait aussi. L’idée de rencontrer ses idoles participait également à sa détermination croissante.

Seul hic : ils ne savaient absolument pas où se trouvaient les loges des artistes. Et hors de question de se balader pour aller demander son chemin à la première personne venue. Mathieu attrapa doucement l’avant bras d’Ailis, afin qu’ils ne se perdent pas de vue, et se mit à raser les murs à la recherche d’un indice. Il jetait quelques coups d’œils lorsqu’il arrivait à un carrefour, ne pouvant se fier aux sons à cause du bruit à l’intérieur de la salle de concert. Il tentait d’utiliser le matériel, dispersé ça et là en bazar dans les couloirs peu éclairés, afin de se camoufler, même si cela obligeait les deux adolescents à passer à travers des forêts de fils, sous des structures métalliques, sur des caisses de matériel.

Au détour d’un couloir, Mathieu se prit une petite barre en métal dans le coin du front, ce qui lui arracha un petit couinement de douleur peu viril, qu’il tenta d’étouffer aussitôt. Ailis allait certainement se moquer, elle avait dû tout voir. Vexé contre lui-même, il massa légèrement son front endolori avec ses doigts, et stoppa la marche quelques secondes, observant un peu à gauche et à droite, sans réellement porter attention.

Soudain, alors qu’il pestait intérieurement en fixant le morceau de ferraille qu’il avait heurté, le jeune homme repéra un plan d’évacuation, à côté d’un extincteur, qui semblait indiquer précisément les différentes parties de la salle, côté concert comme côté coulisses. Dans un coin de sa tête, Mathieu se dit que s’il existait un Dieu quelque part, alors il devait être dans ses petits papiers. Pourquoi ? Cela restait cependant un mystère…

« Oh putain regarde ! »

Il s’était exprimé en français, mais les étoiles dans ses yeux parlaient pour lui. Il sortit son téléphone de sa poche et examina le plan à la lumière de son fond d’écran, histoire de ne pas allumer la lampe torche et de ne pas trahir leur présence. Pendant une trentaine de secondes, silencieux, il parcourut le plan de son doigt, en se concentrant pour parvenir à lire les noms des différentes salles puisque sa vision était toujours altérée par l’alcool.  Finalement, il arrêta son doigt sur l’intitulé « artists’ dressing rooms », situées dans un renfoncement de couloir derrière la scène, à l’écart du bazar des équipes techniques. Il étudia le plan de tête, et prit une photo assez peu visible, du fait du faible éclairage. D’un regard, toujours en silence, il s’assura qu’Ailis avait bien retenu elle aussi le chemin à parcourir. Ils ne seraient pas trop de deux, dans leur état, à se guider mutuellement.

Mathieu reprit le bras d’Ailis, et prit un embranchement encore plus sombre que le précédent, en avançant presque à tâtons. Ils n’étaient plus très loin, et le bruit des acclamations de la foule laissaient entendre qu’il ne restait que peu de temps avant la fin du concert. S’ils ne se perdaient pas en chemin, les deux complices seraient devant les loges avant le retour des musiciens en coulisses...

Mathieu lui avoua qu'il avait vraiment paniqué au début. D'une part à cause du jeu de la petite muette et d'une autre part, avec son geste suicidaire sur le vigile. Alors que la rouquine se remettait doucement des fortes émotions qui l'avaient traversé, elle eu un léger sourire tendre à l'égard de Mathieu. C'était gentil qu'il se soit inquiété pour elle et c'était comme si son inconscient reliait ça à tous ces moments où elle s'était vraiment sentit mal. Alors que bon, c'était du jeu à la base. Mais qu'importe, elle se secoua un peu et replaça un peu ses cheveux pour être sûre d'avoir une bonne vision d'ensemble de tout ce qu'elle voyait. Ils avaient vraiment réussi et c'était le principal ! La jeune femme demanda alors s'ils devaient aller directement aux loges et son ami approuva l'idée d'un hochement de tête.

Il lui attrapa alors l'avant bras comme pour être sûr qu'elle n'allait pas se perdre. En tout cas, ce qui était sûr, c'était qu'elle n'allait pas le quitter d'une semelle. Ce retrouver seul dans cet endroit sans savoir où aller...Non merci. Là, pour elle, Mathieu était un guide et cela même s'il n'avait aucune idée d'où il allait. De toute façon, tant qu'il n'était pas très loin, la rouquine était plutôt rassurée rien par le fait qu'elle n'était pas seule. La demoiselle le suivit alors. Ils passèrent dans des forêts et plantations de câbles, d'instruments dont elle n'aurait même pas eu la capacité de donner un nom malgré le fait que son domaine de base était celui de la musique. Les couloirs sombrent passaient et le cœur d'Ailis s’accélérait au fur et à mesure que le temps passait. Les secondes étaient un horrible moyen de torture après tout. Chaque gong était une chance de se faire repérer.

D'un coup elle entendit Mathieu pousser un sorte de cri plaintif. Elle releva la tête, apparemment il venait de se prendre une sorte de barre métallique. Ailis un peu inquiète sur le coup essaya de regarder sa blessure alors même qu'il marchait. En fait, elle tentait juste de jeter un œil mais cela ne semblait pas vraiment grave puisqu'il se massait juste le crane. Et oui, finalement la rouquine se révélait être quelqu'un se souciant vite des gens quand il rencontrait un petit problème.

Mais alors que la marche reprenait juste, son ami s'exclama, disant une phrase qu'elle ne comprit pas. Une autre langue. Certainement du français vu que son prénom était de cet origine. Elle tourna la tête et vit un plan. La jeune femme sourit, passa un gros câble pour se rapprocher du panneau. Elle faillit d'ailleurs presque tomber avec l'alcool mais se retint au dernier moment sur le mur et se frotta les yeux, elle ne pensait pas que son adresse serait si altérée. En même temps elle découvrait tout juste les effets. La demoiselle observa alors le plan essayant de chercher aussi où pouvait se trouver le nom des loges. Ce fut son ami qui le trouva en premier, le montrant de son doigt puis le prenant en photo. La rouquine tenta alors de retenir ce qui était montré au cas où bien qu'elle n'était pas non plus la meilleur en orientation.

Finalement le jeune homme reprit son bras pour se diriger vers le trésors. Ils devaient avoir l'air fin tous les deux, saoul, à chercher l'entrée des loges des artistes. Et une fois là-bas, qu'est-ce qui allait se passer ? La demoiselle n'en savait strictement rien et s'en foutait totalement, elle commençait à grandement apprécier cette sensation d'adrénaline dans ses veines. Une sensation qu'elle voulait de plus en plus. Un fin sourire se marqua alors sur ses lèvres, trouvant la situation de plus en plus amusante. De toute façon, elle n'était consciente de rien. Mathieu ne savait même pas qu'elle avait volé de l'argent à son tuteur et avait fait le mur pour venir... A quoi bon lui dire de toute façon ?

Finalement, elle commença à prendre confiance et ne plus marcher derrière lui, se mettant à son niveau. Ils marchèrent un petit moment, tous les deux cherchant à trouver la bonne direction malgré leur état. Et finalement, ils tombèrent devant la porte. Ce fut un peu comme la fin d'un niveau de jeu vidéos. La rouquine secoua son bras doucement d'un air excité en regardant l'encadrement. Elle lui fit un grand sourire puis hésita. Elle posa sa main sur la poignée, curieuse de voir si c'était ouvert. La jeune femme baissa doucement la poignée, au point de pouvoir entendre chaque battement de son pauvre cœur malmené. Elle poussa doucement, elle s'ouvrit. Ailis lâcha la porte comme si elle était devenue d'un coup brûlante. Limite, ça aurait été mieux qu'elle soit fermée. Maintenant ils devenaient se décider s'ils devaient rentrer au non. La rouquine passa un peu la tête par la porte, personne. Elle prit son téléphone:

"On rentre ou pas ?"

La Ailis paniquée avait laissé place à une Ailis audacieuse et entreprenante. Elle dépassait presque Mathieu lorsqu’ils se dirigèrent vers les loges. Il était surpris de la voir si confiante, et ce changement lui arracha quelques sourires malgré la bosse qu’il sentait poindre sur son crâne. Ils n’étaient pas trop de deux pour se retrouver dans le dédale de matériel technique, mais ils parvinrent finalement dans le couloir où se situaient les pièces tant recherchées.

A sa grande surprise, il vit la jeune femme s’avancer d’elle-même et entrouvrir la porte. Il ne dit rien devant son audace, et il se rendit compte à ce moment là qu’ils allaient peut-être faire quelque chose d’illégal. Mais devant l’apparente confiance qu’affichait Ailis, il était prêt à la suivre jusqu’en garde à vue s’il le fallait. De toute façon, il était déjà trop tard…

Ils s’étaient éloignés de la scène, et Mathieu n’entendait plus le bruit étouffé du concert. Il n’avait aucune idée du temps qu’il faudrait aux musiciens pour rentrer dans leurs loges. Il ne fallait pas qu’ils les trouvent dedans, ou ils se feraient trucider par le service de sécurité qu’ils appelleraient forcément. Mais Ailis avait ouvert la boîte de Pandore, et la tentation était trop grande…

D’un signe de tête, Mathieu répondit positivement à la demande d’Ailis. La main tremblante, il attrapa à son tour la poignée, qu’il fit lentement descendre avant de risquer de passer sa tête dans la maigre ouverture de la porte. Toujours personne. Mais il voulait le voir par lui-même. Il s’engouffra alors dans la pièce, prenant soin de ne pas lâcher Ailis. De toute façon, il était inutile de laisser quelqu’un dehors à faire le guet. Si quelqu’un arrivait, ils étaient finis, point barre.

Il alluma avec fébrilité l’interrupteur, afin d’y voir clair. La salle s’avérait moins grande que ce qu’il avait imaginé. Certes, elle était très confortable, mais pour un concert de cette taille, il se serait attendu à plus grand. Sur les chaises étaient floqués les noms des différents membres du groupe, dont Mathieu connaissait bien l’histoire. Il imaginait déjà le chanteur, le guitariste,… tous ces artistes dont il était fan s’asseoir ici et refaire le monde entre deux rails de coke et un groupe de prostituées brésiliennes. Il avait une image très clichée de la vie de rock star, mais cette pensée le fit sourire.

Complètement fasciné, il inspecta chaque recoin de la pièce, à la recherche de quelque chose à ramener. Un médiator, un bijou, un vieux chewing-gum mâché,… Malheureusement pour lui, il ne trouva rien de probant. Ils avaient l’air de savoir ranger leurs affaires. Pas très rock star.

Pourtant, il tirait de temps en temps sur le bras de Ailis pour lui montrer du doigt certaines photos qu’il prenait avec son téléphone. Il voulait avoir au moins un souvenir d’eux à montrer à ses enfants plus tard. Ou plus simplement pour frimer en rentrant à l’ISS. Dans tous les cas, il ne faisait pas vraiment attention au temps qui passait. Ce fut un message de « batterie faible » de son portable qui le ramena à la réalité. Ils ne devaient pas se trouver dans les loges s'ils voulaient avoir un minimum de chances de pouvoir discuter avec eux…

Mathieu remit à peu près la pièce dans son état d’origine, à vue de nez alcoolisé, avant de se retourner vers la porte. Ils ne devraient plus trop tarder, et il fallait sortir. En croisant les doigts, ils pourraient peut-être avoir la chance de ne pas se faire jeter dehors à coups de pied aux fesses par les armoires à glace de la sécurité.

"Bon, on les attend devant la porte... Si on nous demande, on est frères et soeurs, et on est leurs plus grands fans."

Pourquoi frères et soeurs ? Il n'en avait aucune idée. Mais au moins, il pensait que le côté famille allait leur attirer la sympathie et la compréhension. Quitte ou double, une fois de plus.

D'autant plus qu'au loin, au bout du couloir, quelques bruits de voix se firent entendre.

Il avait hoché la tête ! Ils allaient rentrer dans les loges d'artistes connus ! Ce n'était pas quelque chose qu'elle aurait pensé faire un jour. Ou alors, pas de manière aussi illégal. Mathieu ne s'en rendait certainement pas compte mais pour Ailis, c'était un peu comme une renaissance. C'était un vent de liberté qui lui faisait un bien fou. Un vent qui avait beaucoup trop manqué ces dernières années. Le jeune homme avança alors le pas, suivit de la rouquine dont il s'était accroché. La jeune femme pénétra alors dans une pièce sombre qui s'éclaira doucement en plusieurs coups. Donc, ça ressemblait à ça des loges ? Un endroit clos où les artistes posaient leur affaire, avec quelques fauteuils, miroirs, chaises. C'était un bel endroit bien que ses fantasmes sur ce genre de lieu étaient un peu plus grands. Ailis imaginait déjà la fontaine à chocolat au milieu de la pièce, une statue de glace à effigie du groupe et des tonnes de costumes divers. Ce n'était pas certes une pièce de théâtre mais la demoiselle avait tendance à mélanger un peu tous les arts quand il s'agissait de représentations médiatiques.

Elle explora alors le lieu avec son ami, essayant de se faire le plus discrets possible. Il ne manquerait plus qu'ils cassent quelque chose. Parfois, Mathieu attirait son attention pour observer en détail certaines choses. La rouquine aussi était fascinée par ce qu'elle voyait. Peut-être était-ce le fait qu'ils y étaient illégalement mais tout cela lui paraissait exceptionnel. Comme si Adam et Eve avait ouvert la pièce "entré du personnels uniquement" du paradis. La jeune femme s'amusait donc à observer chaque détail, son cœur battant toujours trop vite par l'adrénaline.

Combien de temps passa ? C'était difficile à dire. Mais ce fut Mathieu qui prit l'initiative de dire qu'il fallait partir. Ailis elle aurait été beaucoup trop dans les vapes avec l'alcool pour le savoir. Le groupe serait rentré et il l'aurait vu endormit sur un des fauteuils.

Il l'attira donc vers la sortie après avoir rapidement rangé la salle et ferma la porte pour se poster devant.

"Bon, on les attend devant la porte... Si on nous demande, on est frères et soeurs, et on est leurs plus grands fans."

Frère et sœur ? Pourquoi pas. Même s'ils ne se ressemblaient pas vraiment. Mais le fait qu'Ailis soit muette pourrait peut-être attirer la pitié. Qui oserait taper sur une handicapé ? Bon ce n'était pas aussi fort que le "je suis en fauteuil roulant" mais ça fera peut-être l'affaire pour qu'ils ne soient pas trop durs. D'ailleurs la rouquine commença à entendre des bruits du fond du couloir. Sa main se serrait autour du bras de Mathieu, ressentant d'un coup un violent coup de stresse mélangé à l'adrénaline. Un mélange qui ne faisait pas de cadeaux. Et quand elle pu voir les silhouettes, cette sensation monta en elle en flèche. Quatre personnes qui discutaient tranquillement: le groupe s'approchait.

Pour Ailis, l'émotion venait seulement du fait que tout ceci était illégal. Après tout elle ne connaissait pas le groupe depuis longtemps. Mais pour Mathieu ce devait être autre chose vu qu'en théorie il était pas mal fan. D'ailleurs ils purent remarquer qu'un gorille les suivait de très près. Ouf, ce n'était pas le même que l'autre. Bonjour les ennuis sinon.

Un des membres fonça un peu les sourcils en voyant les deux adolescents plantés devant la porte. Ils s'approchèrent et le gardien passa même devant eux. Vite, il fallait faire comprendre qu'elle était muette. Il leur fallait de la pitié ! La rouquine se dépêcha de sortir son téléphone pour écrire quelque chose. Cependant, le gorille cru qu'elle voulait prendre une photo et d'une main habile, s'approcha et lui arrache l’appareil sous son regard surpris. Non non non. On a pas le droit de l'empêcher de communiquer, elle détestait ça ! Elle faillit se jeter sur l'homme pour reprendre le portable, Mathieu dû le sentir par l'impulsion au niveau de son bras, mais au dernier moment elle s'arrêta. Elle pouvait le faire comprendre d'une autre façon: avec la langue des signes. Même s'ils ne comprenaient pas, tout le monde pouvait reconnaître le langage.

La rouquine commença alors à agiter ses mains pour mimer:

"Rendez-le moi, j'en ai besoins"

Elle fit ça et d'autres phrases bateaux pour bien accentuer le fait qu'il lui fallait son téléphone. Elle comptait aussi  sur la percpicasité de Mathieu pour expliquer que sa "soeur" ne pouvait pas parler.