[Tournage de Film] L'épouse parfaite (PV Naomi)

27 février
2018

L'épouse parfaite

Cassy Andrews

À défaut de lui sauver la vie, parce que dans leur situation ce n'était pas gagné, Erin avait au moins sauvé les pieds de la jeune fille. Combien d'autres pièges y avait-il dans ces ruelles ? Finalement, elle était d'accord avec Crystal : mieux valait tenter une autre rues. Une chute là-dessus leur ouvrirait à coup sûr beaucoup trop de plaies entre les mains et leurs jambes nues, et elles risquaient de choper des maladies avant même de se faire écorcher. Bon, elle exagérait un peu, mais l'idée était là. Traverser cette rue, même si elle menait techniquement à une zone plus sécurisée, c'était prendre un risque inconsidéré. La rue que lui montrait sa camarade sur leur plan de fortune serait peut-être une meilleure option... À supposer qu'il n'y ait pas d'autres pièges du genre – un bien maigre espoir, à ses yeux.

Erin hocha donc la tête à sa proposition et se mit à marcher à ses côtés. La rue était pour l'instant sûre, mais elle avançait à pas prudents, son regard portant du sol au ciel pour à nouveau au sol, à l’affût d'un fil tendu, d'un trou par terre, de n'importe quel piège de ce genre qui aurait pu les bloquer ou les immobiliser. Pour l'instant, rien. Mais elle restait attentive. À chaque pas, elle tâtait le sol ; à chaque fenêtre, elle essayait de discerner quelque chose entre les planches. Elle avait la désagréable sensation d'être suivie. Elle se figea.

- Il y a quelqu'un, souffla-t-elle.

Elle ne savait pas où, mais elle avait entendu un bruit. Un allié ? Peu probable. Probablement leur psychopathe qui s'assurait qu'elles ne parvenaient pas à échapper à son piège. Était-il déçu qu'elles n'en soient pas venues à s'entretuer ? Peut-être, sauf s'il comptait les étriper lui même. Erin réalisa qu'elles n'avaient aucune arme. S'il décidait de s'en prendre à elles, elles n'auraient rien d'autre pour se défendre que de dérisoires chaussures à talons...
Une arme efficace quand on visait les yeux, mais sans plus.

- On peut s'enfuir... Ou on peut frapper...

Une murmure, avant qu'elle ne désigne leurs chaussures d'un signe de tête. S'enfuir était beaucoup plus sûr, beaucoup plus tentant... sauf quand on prenait en compte le fait que les rues étaient probablement piégées.

27 février
2018

L'épouse parfaite

Cassy Andrews

Courir n'était donc pas une bonne idée. D'un côté, Erin était d'accord avec elle : avec la probabilité de se faire prendre dans un piège, ce n'était pas un très bon projet d'avenir, ou en tout cas difficilement viable. La bouteille qui roula à ses pieds ne fit que l'inquiéter davantage à ce sujet. Non, il était trop près. Courir permettrait effectivement de s'échapper, mais au moindre piège, vu la proximité probable de leur ennemi, ce serait comme se jeter dans la gueule du loup.

Était-ce une meilleure idée de se séparer ? Peut-être. Effectivement, le raisonnement se tenait : l'une d'elle pourrait, au pire, appeler à l'aide si elle parvenait à s'échapper mais... est-ce que ça ne serait pas trop tard pour l'autre ? Trouver un point de rendez-vous était envisageable, mais il restait un risque : si le gars était assez proche, il aurait entendu leur plan. Certes, Crystal avait eu la présence d'esprit de murmurer, mais les rues étaient silencieuses, et Erin n'arrivait pas à déterminer à quel point le son pouvait se réverbérer dans les ruelles.
Mais ça pouvait tenir la route. À vrai dire, c'était surtout le seul plan qui avait un semblant de chances de réussir.

- Ça peut marcher.... mais il faudrait trouver un moyen de se donner un point de rendez-vous sans qu'il ait un semblant de chance de savoir où, histoire qu'il ne nous attende pas sur place.

C'était le seul risque. Qu'il les laisse courir chacune de leur côté simplement pour les retrouver là où elles devaient se réunir. Mais elle n'avait pas mieux. L'idée de le frapper lui restait en tête, et nul doute qu'elle la mettrait en pratique si le tueur décidait de courir après elle – un coup de talon dans l’œil résoudrait leurs problèmes de façon nettement plus radicale.
De façon qu'elle espérait discrète, Erin indiqua un point sur sa carte improvisée où elles pourraient se réunir.
Tout ce qui restait à faire maintenant était de se séparer... et de prier pour que ça se passe bien.

27 février
2018

L'épouse parfaite

Cassy Andrews

Séparées... Maintenant qu'elle y pensait, l'idée lui semblait tellement... dangereuse. Se retrouver seule dans les rues vides lui laissait une sensation d'angoisse étouffante. Erin avançait doucement, posant chaque pas avec une attention accrue. Elle avait peur de marcher dans un piège et de se blesser gravement. Tellement peur qu'elle éita chaque petit caillou, chaque objet abandonné au sol, quitte à faire des détours.
Tellement peur, aussi, qu'à force de se focaliser sur ses pieds, elle ne vit pas la silhouette qui surgissait de dernière un mur avant qu'un bras se resserre autour de sa gorge.

Non.
Elle commença à se débattre. Essaya de mordre, mais le bras était hors de portée. Très vite, des tâches noires se mirent à apparaître dans son champ de vision et elle sentit ses jambes s'affaiblir. Elle ne voulait pas mourir comme ça. Mais ses yeux se fermèrent contre son gré, elle sentit le corps collé contre son dos, puis ce fut le noir complet.
Ouvrir... les yeux. Elle cligna plusieurs fois des yeux. Respirer... Elle pouvait respirer ? Alors elle était en vie. Et on l'avait lâchée. Elle réussit enfin à voir plus que des tâches blanches dans son champ de vision. Voulut lever le bras. Seul un bruit de ferraille lui répondit.

Quand elle baissa la tête, ce fut pour voir que sa main gauche était menottée à un lit beaucoup trop blanc et beaucoup trop propre par rapport à l'imagerie glauque qui s'installait dans son esprit. la chambre, autour, ressemblait beaucoup trop à celle d'un couple.
Est-ce que Crystal était morte ? Est-ce qu'elle avait "gagné" le jeu morbide qui l'opposait à la jeune femme ?

- Non... non, il m'a capturée dans la ruelle, Crystal est forcément toujours en vie. Elle appellera les secours, elle viendra me sauver...

Erin tenta de tirer sur la chaîne, mais son poignet refusa désespérément de bouger de plus de quelques centimètres. Elle poussa un soupir avant de laisser retomber son bras. Il lui fallait une autre solution. Elle parcourut la pièce du regard à la recherche d'une clef, d'un objet lourd à porter. L'endroit sentait les pétales de roses, c'était à donner la nausée. Elle se crispa en entendant une porte s'ouvrir, encore plus en voyant une silhouette masculine apparaître.

- Tu as bien dormi, ma douce ?

Elle secoua la tête, autant dans un geste de déni que pour se convaincre que tout ça n'était pas réel. Elle frissonna quand il s'approcha d'elle pour glisser ses doigts le long de son bras, avant de s'asseoir à ses côtés.

- Tu ne devrais pas essayer de partir comme ça... Je m'inquiète, quand tu t'absentes.

Elle resta silencieuse, affichant un visage fermé, mais il ne perdit pas son air sur de lui pour autant. Il posa une main sur son épaule, faisant glisser la bretelle de sa robe, et elle dut lutter pour ne pas se dégager violemment en fermant les yeux. Elle avait trop peur de ce qu'il pourrait faire s'il voulait la "calmer". Elle sentait son souffle tandis qu'il l'aidait à se redresser et approchait son visage du sien, la regardant dans les yeux, leur nez se touchant presque.
Après un moment interminable où elle crut qu'il allait l'agresser, il finit par s'écarter d'un mouvement presque trop brusque.

- Je dois d'abord aller faire un tour en ville. Il serait dommage que ta rivale vienne gâcher le mariage, non ?

Il quitta la pièce sur ses mots, et Erin se rallongea, posant la tête sur les oreillers en sentant la tension quitter lentement ses muscles. Puis elle croisa les doigts. Crystal était encore en vie. Elle viendrait la sauver.

27 février
2018

L'épouse parfaite

Cassy Andrews

Le départ du ravisseur avait plongé sa parodie de chambre dans le silence, en dehors du bruit d'une voiture qui s'éloignait. La tête contre les oreillers à défaut de pouvoir faire quoi que ce soit d'autre, Erin fixait le plafond sans le voir, tirant à intervalles plus ou moins régulier sur la chaîne à son poignet, sans plus de résultats d'une fois sur l'autre. Elle n'aperçut l'eau qui aveuglait son regard que quand elle crut voir un mouvement au-dessus d'elle, rendu flou. De sa main libre, elle essuya les larmes dans ses yeux – usure à force de les garder ouverts, peur, désespoir ? - au moment où quelque chose atterrissait sur sa joue. un... élastique ? Elle cligna des yeux plusieurs fois afin de rendre sa vision claire avant de chercher le mouvement qu'elle avait perçu un peu plus tôt. Crystal... Erin voulut se redresser, fut retenue par la menotte, poussa un juron étouffé.

- Il te cherche, indiqua-t-elle dans un chuchotement. S'il te trouve ici on... on n'aura plus aucun moyen d'appeler à l'aide.

Ensuite de quoi sa camarade d'infortune lui fit par de son... projet – plan était un bien grand mot. L'idée de l'occuper tira à Erin un frisson et une expression à mi-chemin entre la peur et l’écœurement. Après ce qu'il avait cru subir un peu plus tôt... Qui sait s'il n'allait pas vouloir reprendre où il s'était arrêté ?

- Fais vite, souffla-t-elle d'un ton suppliant qui l'aurait dégoûtée elle-même quelques heures plus tôt.

Quand elle était une étudiante comme les autres – ou un peu au-dessus – persuadée d'être victime du blague, et pas une fille en train d'essayer de sauver sa vie, et son corps, des mains d'un psychopathe. Violent remise en perspective.
Crystal ne resta pas. Sans doute partie à la recherche d'une clef providentielle, d'un téléphone, d'une manière quelconque de sortir toutes les deux d'ici en vie. En tout cas elle l'espérait. Elle reprit son observation silencieuse du plafond avec cette fois-ci, dans le regard, l'espoir de voir la jeune fille apparaître à nouveau. Au point qu'elle n'entendit pas tout de suite la voiture qui revenait et sursauta au son d'une porte qui s'ouvrait.

- Non... murmura-t-elle en sentant les larmes revenir.

Pas déjà, pas aussi vite...

Elle l'ignorait mais dans la pièce voisine, l'entrée, l'homme était furieux. Il lança une montre au bracelet cassé contre le mur dans un mouvement rageur, qui fit sursauter Erin de l'autre côté. La frustration et la tension du kidnappeur était perceptible : il marmonnait et faisait les cent pas dans la pièce. De son côté, la jeune fille se recroquevilla. Toujours en rage, il mit un moment à se calmer, reprendre ses esprits et son air doucereux, son sourire d'une tendresse paradoxale. Puis il entra.

- Tu dormais ? Pardon, je t'ai réveillée... Un contre-temps mineur, lui souffla-t-il en s'installant près d'elle.

Erin ne répondit pas, tétanisée, repliée sur le matelas. Cela tira une grimace agacée à l'homme, qui la saisit par les cheveux.

- Ne m'ignore pas, cracha-t-il. Ne fais pas semblant de dormir, je sais que tu es réveillée !

Elle poussa un cri en attrapant la main qu'il serrait dans ses cheveux, et il sembla se reprendre.

- Pardon, pardon, dit-il en essuyant les larmes de douleur qui avaient perlé dans les yeux de la jeune fille. Je ne voulais pas te faire mal. Tu ne m'en veux pas ? Non, bien sûr.

Il sourit et Erin trouva elle ne savait où la force de lui rendre son sourire, les doigts croisés sous la couverture et les yeux tournés vers le plafond. Enter dans son jeu... L'occuper pour survivre le temps que Crystal revienne...

27 février
2018

L'épouse parfaite

Cassy Andrews

L'attente était terrifiante. Douloureuse et terrifiante. Le haut de son crâne l'élançait à cause de la pression dans ses cheveux, et elle craignait plus que tout le prochain mouvement de son ravisseur. S'il la touchait... s'il la touchait, elle ne savait pas trop ce qu'elle ferait.
Elle ignorait où était Crystal. Peut-être avait-elle trouvé un moyen de les sortir mais, si c'était le cas ça prendrait sûrement encore un peu de temps. Il fallait qu'elle prenne son mal en patience, aussi terrifiant que ce soit. La présence de l'homme à ses côtés lui glaçait le sang, à tel point qu'elle eut un frisson qu'elle tenta tant bien que mal de cacher en le sentant s'approcher un peu d'elle. Quand il passa un bras autour d'elle, elle se crispa mais se força à rester immobile malgré la nausée qui lui serrait l'estomac. Il semblait se prendre à son jeu. Croire qu'ils dormaient ensemble dans leur lit conjugal.
Tant qu'ils ne faisaient que dormir, elle pourrait vivre avec les cauchemars associés.

Un bruit soudain fit sursauter l'homme près d'elle et il se redressa d'un coup, la lâchant à son grand soulagement.

- Il y a quelqu'un, lâche-t-il d'un voix froide avant de quitter la pièce à pas rapides.

Dès qu'il fut sorti, Erin put enfin respirer correctement. Elle sentit le poids sur sa poitrine se relâcher et, peu de temps après, aperçut à nouveau le visage de Crystal au-dessus d'elle. Alors elle avait réussi à appeler à l'aide. La jeune fille se sentit subitement soulagée, même son son regard allait régulièrement du conduit au plafond à la porte. Elle était toujours attachée, toujours vulnérable, et malgré l'arme dans la main de sa camarade, elle craignait plus que tout le retour de leur agresseur. Le plafond restait haut, elles étaient dans un entrepôt désaffecté. Les risques que Crystal se blesse en essayant de l'aider n'étaient pas négligeables...

Après un moment d'attente angoissée, la porte se rouvrit discrètement, sans un grincement. Assez silencieusement mais assez vite pour que le visage de Crystal entre un instant dans son champ de vision. Assez pour qu'il sache qu'elle était là. Il serra les dents en entrant dans la pièce et Erin sursauta avant de se recroqueviller en apercevant une arme à feu dans sa main. Il la pointa sur une des deux filles, tira.
Atteignit sa cible à la jambe.
Le sang s'écoula de la blessure.

Était-elle encore vivante ? Étaient-elles encore vivantes ? Erin rouvrit les yeux, le son de la balle encore sifflant dans ses oreilles. Pas assez pour qu'elle n'entende pas un bruit de moteur, la porte principale s'ouvrir. La police ? Étaient-ils arrivés grâce à l'appel de Crystal ? Grâce au bruit de la balle ? Grâce au cri de celle qui s'était fait toucher ?
La menotte lui brûlait toujours le poignet.
Le type était toujours vivant, face à elle, avec une arme à feu pointée dans leur direction.
La porte s'ouvrit, Erin ferma les yeux.
Elle ne se sentirait en sécurité qu'une fois que les secours l'aurait sortie d'ici.

27 février
2018

L'épouse parfaite

Cassy Andrews

Une douleur cuisante à la cuisse lui tira un hurlement, et elle ne baissa la tête que pour voir du sang tacher sa robe, le sentir couler le long de sa jambe. Elle serra les dents mais sa vision se brouilla, vira vers le flou et le noir. Elle ferma les yeux. Laissa les larmes couler sur ses joues sans chercher à les retenir. Elle avait mal. Atrocement mal. Elle se recroquevilla sur le lit en essayant de lutter contre la douleur. Ce qui se passait autour d'elle ? Elle n'y faisait pas attention. Elle ne réalisa que des choses étaient en train de se produire qu'au moment où elle sentit la menotte se détacher.
Elle se roula davantage en boule. Si c'était lui qui...

- Ça va ? Il t'a fait du mal ?

Erin leva un regard désabusé vers sa camarade. Sérieusement ? Elle n'avait pas moins évident, comme question ? Erin ne prit même pas la peine de répondre – ou peut-être n'en avait-elle simplement pas la force – palpant sa jambe tandis que Crystal interrogeait les policiers. Elle ne comprenait pas ce qui se disait. Elle grimaça en voyant le sang imprégner ses doigts. Pas étonnant, qu'elle ait mal. Elle ne se sentait pas capable de ne serait-ce que poser le pied par terre.
Le monde tournait beaucoup trop autour d'elle. Sa vision ne ressemblait plus qu'à un amas de forme et d'obscurité. Elle ferma les yeux. Sentit son énergie l'abandonner, remarqua à peine qu'on la soulevait, qu'on la transportait.
Son esprit était trop flou pour songer à un hôpital. Elle avait mal. Elle avait mal et c'était insupportable.
Puis la douleur disparut. Et la lumière avec.

Les journalistes furent tenus à distance tandis qu'on aidait Crystal à monter dans l'ambulance où on installa rapidement le brancard sur lequel reposait Erin, toujours inconsciente.
Le véhicule s'éloigna dans les rues de la ville, escorté par les policiers qui ne transportaient pas le tueur jusqu'au commissariat. Il disparu dans un fondu au noir, signalant la fin du film.