[Event Saint-Valentin] Scénario Lana-Tess

Je n'en pouvais vraiment plus. Trop de pression, trop de peur, trop d'emmerdes, trop de trop. J'en avais marre alors au bout d'un moment, j'avais fini par proposer d'abandonner. Qu'est-ce qu'on risquait à part perdre la partie et sortir enfin de ce merdier ? C'est tout ce que je voulais. Sortir. Gagner ou perdre, je m'en moquais éperdument.

- Oui. De toute façon si tu n'avais pas été avec moi, j'aurais déjà abandonné dès le départ.

Une trouillarde irrécupérable. Voilà ce que j'étais. Tess me proposait de continuer encore cinq minutes mais je refusais gentiment. Je n'avais tout simplement plus la volonté de faire quoi que ce soit de plus. Je n'étais pas assez aventurière pour tenir plus longtemps. Le courage et la confiance en moi me faisaient défaut. Maintenant je n'attendais plus qu'une chose. Que l'ombre étrange nous retrouve, qu'un tableau fasse des siennes pour nous emmener dans les ténèbres ou qu'un autre truc à la con nous attrape et mette ainsi fin à la partie.

J'attendais avec Tess mais il fallait croire qu'il aimaient vraiment jouer avec nos nerfs. Lorsque nous voulions être en paix pour souffler, ils nous en empêchaient en nous attaquant. Dès que nous voulions mettre fin à tout ça, qu'on abandonnait, là par contre ils prenaient bien leur temps pour réagir. Ou alors nous étions réellement dans un lieu plutôt tranquille. Dans ce cas, il fallait bouger.

- On devrait quitter ce couloir. Qu'on abandonne ou pas ils nous retrouveront de toute façon alors on peut bien se permettre de marcher un peu.

Ce que je fis. Je me mis gentiment en route en prenant une direction au hasard. Je profitais d'avoir enfin le répit tant attendu pour souffler un bon coup.

- Ils ne sont pas logique j'trouve. On veut cinq minutes de pause pour souffler, ils ne nous les laissent pas et dès qu'on veut se faire attraper pour en finir avec tout ça, ils nous foutent la paix...

Si on revenait vers les lieux qu'on avait fui, ils tenteraient peut-être quelque chose. C'est en tout cas l'espoir que je nourrissais pendant que nous marchions. Si nous y retournions, ils s'activeraient peut-être encore une fois. Plus j'y réfléchissais, plus je me demandais ce qu'il se passerait réellement si les tableaux nous touchaient. Au final je ne savais plus de quoi j'avais le plus peur. Des lieux, des tableaux vivants et des bruits tous plus effrayants les uns que les autres, ou de ce qu'il se passerait si nous nous faisions choper.

Pour moi cette animation était bien finie. Enfin presque. Il ne manquait plus qu'à ressortir et là ce serait réellement terminé. Je lui avouais toutefois que si je n'avais pas déjà abandonné, c'était grâce à elle. Comme elle le disait si bien, elle m'avait donné un peu de courage jusqu'à maintenant. On restait un peu sur place, profitant au passage de récupérer notre souffle avant de nous remettre à marcher dans les couloirs. J'étais toutefois déçue d'une chose. Maintenant qu'on abandonnait, ils ne semblaient plus aussi pressés de nous retrouver. Je détestais ce jour, ce lieu, ce moment, tout.

- Peut-être. Toute façon maintenant ils peuvent nous sauter dessus, je m'en fiche. J'attends justement qu'ils le fassent...

Ce serait effectivement une bonne méthode de nous épuiser avant de lancer leur véritable attaque. Et c'était peut-être ce qu'ils faisaient actuellement. Dans tous les cas, c'était fini pour nous. On laissait tomber. Puis Tess posa une bonne question. Qui se ferait attraper ? Elle ou moi ? J'y réfléchissais un peu et finalement, la meilleure solution restait que ce soit elle. Je craignais beaucoup ce qu'il pourrait arriver si c'était moi la victime. La panique enclencherait sûrement une crise hallucinatoire chez moi. Ce qui me faisait le plus peur n'était pas cette potentielle crise mais plutôt les conséquences de celle-ci. Devenir violente, risquer de m'en prendre à mon amie, ne réussir à me calmer qu'après de longues minutes ou des heures selon le temps qu'il aurait fallu pour faire venir mon frère ou mon père,.... Je ne voulais pas que tout ça arrive.

- Je pense que ce serait moins risqué si c'est toi qui te fais attraper... Désolée, je t'en demande peut-être beaucoup.

Plus je pensais à ce que je lui demandais, plus je trouvais que je lui en demandais peut-être trop. Cette situation ne me plaisait vraiment pas. J'avais l'impression d'être trop protégée, de demander les choses comme une enfant pourrie gâtée et de croire que je pourrais encore obtenir tout ce que je voulais en un claquement de doigts. Cette sensation était désagréable. Elle l'était autant que de m'en prendre à une personne.

C'était fini. Enfin presque. Nous attendions encore que les....choses viennent nous attraper et mettre fin à la partie. Cependant ils ne semblaient pas décidés à intervenir. Ils aimaient vraiment jouer avec nos nerfs. Tess utilisa même une technique simple pour essayer de les attirer. Faire comprendre qu'on était encore là, dans la partie. Faire entendre sa voix. De mon côté, je me confondais plutôt en excuses. Je m'en voulais terriblement de lui demander d'être la cible. Certes elle me l'avait proposé mais c'était comme si je me servais d'elle et dieu sait à quel point je détestais cette sensation.

Je la regardais alors qu'elle se mit à sautiller vers les tableaux. Il restait plus qu'à espérer que l'un d'eux se mette à bouger et mette fin à notre calvaire. Elle m'adressa encore la parole mais rien de très rassurant. C'était même plutôt glauque. Non je n'étais clairement pas prête à mourir d'une crise cardiaque ou d'amour ! Je n'étais pas prête à mourir tout court. Il me fallut un petit temps pour réellement comprendre la blague. C'était juste une manière détournée de rappeler le thème de l'événement et ce qui serait arrivé si ces monstres avaient réellement existé.

- Euh bah...je suppose que je le suis oui.

Je n'avais plus assez d'énergie pour avoir l'air sûre de moi. Je ne l'étais pas du tout de base de toute façon alors au point où j'en étais, autant ne pas tenter d'être ce que je n'étais pas. Je n'étais pas douée pour le mensonge et encore moins pour jouer la comédie. Et finalement, l'un des tableaux se décida enfin à réagir. Tess fut prise en otage par celui-ci. Contrairement à la première fois où elle s'était défendue, cette fois elle n'en fit rien.

Une sonnerie me ramena un peu à la réalité. Même deux sonneries. Elles provenaient de nos deux téléphones portables. Je regardai le mien sur lequel j'avais reçu un message. Celui-ci annonçait notre défaite. Peu après, des personnes – sûrement les organisateurs – vinrent nous chercher et nous ramenèrent à l'extérieur. Nous revoyions enfin la lumière du jour, respirions à nouveau l'air frais, étions enfin libres. Nous avions perdu certes mais nous étions enfin tranquilles. Nous allions pouvoir reprendre le cours de notre vie comme avant. Bien que de mon côté je risquais de faire des cauchemars pendant des semaines...

- Tu...euh... Merci d'avoir mis fin à cet enfer. Tu vas faire quoi maintenant ? Rentrer ?

Je n'osais pas trop la regarder en face tant j'avais honte de tout ce que je lui avais demandé de faire à la fin. Elle perdait parce que j'avais été incapable d'avoir du courage. J'avais eu trop peur et elle avait tout stoppé pour moi alors qu'elle aurait sûrement pu gagner avec quelqu'un d'autre.

C'était enfin fini. Je ne savais pas combien de temps on avait réellement passé dans ce machin et je m'en fichais. Pour moi ça restait une éternité, c'était trop long. Cependant Tess avait accepté de mettre fin à ce calvaire même si ça voulait dire du coup qu'elle perdait aussi la partie. Je m'en voulais de lui imposer une défaite juste parce que j'étais trop couarde. Ce qui me rassurait, c'est qu'elle ne semblait pas m'en vouloir. C'était déjà un bon point, ça me permettait de culpabiliser un petit peu moins. L'enfer était derrière nous maintenant. Je ne savais pas trop quoi faire, je pensais même rentrer pour me reposer. Je demandai toutefois à Tess ce qu'elle comptait maintenant que nous étions enfin dehors. Rôder ou rentrer ? Si elle rentrait, on pourrait faire le chemin ensemble. Si ce n'était pas le cas, je ne savais pas puisque je ne savais toujours pas quoi faire réellement.

- Ah ! Euh et bien j'avoue que je ne savais pas trop quoi faire, j'étais en pleine hésitation justement. Mais si ça peut nous permettre d'oublier ces dernières minutes....ou dernières heures...pourquoi pas ?

Je suivis donc Tess jusqu'à un café où nous pûmes nous remettre de nos émotions. Pour mon plus grand bonheur, je n'eus aucune hallucination. J'en fus assez surprise puisque habituellement j'en avais toujours après un épisode qui m'avait effrayée. Ca pouvait encore arriver d'ici à ce que je me couche mais j'avais pu être tranquille pendant que je buvais un verre avec Tess.  Nous discutâmes de choses diverses pendant que nous étions assises à table. Puis il fallut rentrer. Du moins pour moi. Nous avions encore le temps avant le couvre-feu mais même dans ces conditions et si je n'avais pas été prise d'hallucinations, je préférais rentrer assez tôt. Je ne savais pas trop si Tess voulait rentrer avec moi ou rôder encore un moment en ville. Ce n'était que l'après-midi en plus. Elle avait peut-être prévu autre chose.

Au moment de nous séparer, que ce soit déjà en ville ou à l'institution, je la remerciai pour le sauvetage mental qu'elle m'avait fait et évidemment pour le verre que nous avions pris ensemble. Je me rendis ensuite dans ma résidence surveillée où je pus poser mes petites affaires et surtout, me détendre sous la douche. Cela me fit du bien même si j'avais vu et entendu quelques petits trucs étranges. Rien de trop alarmant heureusement. Après m'être détendue sous le jet d'eau, je vaquai ensuite à mes occupations durant les heures qui suivirent.