Lorsque le rouge rencontre le bleu. [Pv Nia]

Je venais de passer une semaine que l'on peut qualifier de archi pourrie. J'avais reçu certains appels désagréables en fin de journée. Des journalistes qui voulaient en savoir plus sur la progéniture de Lizbeth, une mannequin reconnue pour son travail. Et chaque fois, ils obtenaient la même réponse de ma part. Un silence total. Juste le son de l'appel raccroché. C'était ma façon à moi de leur dire d'aller se faire foutre. Je me fichais de la réputation qu'elle aurait. Ou que j'aurais. Une adolescente malpolie qui fait clairement comprendre qu'elle ne veut pas entendre parler de sa pseudo mère. Je me fichais même de ce qu'elle pourrait raconter aux journalistes me concernant. Elle pouvait bien dire que j'étais une peste caractérielle ou que j'étais seulement dans ma crise d'adolescence, je m'en moquais éperdument.

Quand ce n'était pas des appels qui m'emmerdaient, c'était simplement la vie d'étudiante en général. Être une gosse de riche ne voulait pas dire que je ne pouvais pas avoir des préoccupations banales. Comme tous les adolescents. La fin de la semaine fut donc bienvenue. C'était samedi. Je m'étais rendue en ville pour fire quelques achats divers. Ca me permettait de penser à autre chose. Contrairement à ce que l'on pouvait croire, mes achats n'étaient pas des vêtements. Du moins pas autant que les fan de shopping. Mes achats à moi étaient essentiellement des objets électroniques, mécaniques ou utiles pour pour le dessin.

Plusieurs heures passèrent, le soir tomba mais je continuai malgré tout ma promenade. C'est le week-end, autant en profiter avant le couvre-feu. J'arrivai dans une ruelle et croisai la route d'un jeune homme. Vu l'heure, cela pouvait être dangereux mais je m'en fiche. Je ne connaissais certes pas de techniques d'auto-défense mais si il m'attaquait, il aurait aussi mal.

- Salut. Tu sais ce qu'il s'est passé ici ? Y a une ambiance de champ de bataille. Je ne sais pas si c'est cette ruelle qui en donne l'impression ou non mais en tout cas, c'est limite glauque.

Et le type était louche en plus. Un sourire aussi sournois dans un coin qui donne une sensation de baston, ça collait totalement à l'ambiance.

Je faisais une drôle de rencontre après mon petit après-midi shopping. Sacs en main, je m'étais rendue dans une ruelle et j'y avais croisé un type qui était posté là. Il ne bougeait pas. C'était comme s'il s'était mis dans la ruelle pour attendre que quelque chose se passe ou quelqu'un. Dans tous les cas, c'était louche de sa part. Bien que ce soit sûrement risqué de ma part, je m'étais approchée de lui et l'avais salué....à ma manière. Je n'avais pas pu m'empêcher de lui faire part de mon impression. J'avais la sensation d'être entrée sur un champ de bataille. Il me le confirmait en plus et il trouvait dommage d'être arrivé trop tard. De plus en plus louche ce type. J'aimais bien l'action mais j'avais tout de même des limites.

Ensuite, il parut complètement différent, perdu. Comme s'il venait d'arriver dans cette ruelle. Soit il me prenait pour une conne et dans ce cas, il allait connaître mes pensées à ce sujet. Soit il ne savait réellement pas ce qu'il fichait ici et il avait une espèce de mémoire à très court terme. D'autres théories germaient dans ma tête mais il valait mieux que je les contienne. Au moins le temps d'en savoir un peu plus sur l'énergumène en face de moi.

- Je me promenais un peu avant de rentrer en fait. Et je m'appelle Nia.

Ouais. J'allais juste me contenter du prénom. Il l'avait fait lui-même alors pourquoi ne le ferais-je pas moi aussi ? Et puis je n'avais pas envie qu'on m'interroge encore sur ma mère. S'il voulait avoir des infos sur elle, il n'aura qu'à chercher sur le net. Enfin... Tant que je ne lui disais pas mon nom de famille, je suppose que je pouvais être tranquille sur ce point.

Finalement, il me demanda pour bouger ailleurs. Ma foi, je n'y voyais aucun inconvénient à bouger. J'aime l'action, j'aime la baston de temps à autre mais je ne suis pas assez maso pour foncer dans le tas contre sept mecs. Contre un, sans problème. Contre sept, il me manque de la carrure et de l'entraînement en auto-défense.

- Ca me va ! J'aime l'action mais pas au point d'y participer contre autant de monde.

Je pris donc le chemin opposé au groupe et sortis de la ruelle tout en continuant de discuter avec Sébastien.

- Et toi ? Qu'est-ce que tu faisais dans cette ruelle alors qu'apparemment il y a eu de la baston ici ? Tu voulais vraiment voir la bagarre ?

J'étais vraiment curieuse. D'abord il disait que c'était dommage d'avoir loupé la bagarre et ensuite il faisait tout pour s'en éloigner. C'était comme si je passai du jour à la nuit. Il serait atteint de TDI ? Ou alors il se foutait réellement de ma gueule. C'était vraiment difficile de le savoir.

Nous nous éloignions de la ruelle, esquivant ainsi le groupe de sept jeunes idiots qui s'approchait dangereusement de nous. Pendant que nous marchions, j'en profitai pour assouvir un peu plus ma curiosité au sujet du type louche. Venir dans ce coin avec l'espoir d'assister à une bagarre, ce n'était pas très net. Lorsqu'il me raconta la raison de sa présence, c'était tout de suite plus clair. Et je le prenais moins pour un mec bizarre par la même occasion. Venir parce qu'il avait entendu des bruits, ça passait mieux. C'était moins glauque. Tout le monde était curieux tôt ou tard, peu importe la raison.

- C'est con pour ta voiture du coup. On ferait mieux de ne pas trop s'éloigner alors. Comme ça, le détour ne sera pas trop grand lorsque tu voudras t'y rendre.

Je marchais à ses côtés en faisant bien attention à ne pas prendre de chemin au hasard. Si je le faisais, il y avait trop de risques pour qu'on s'éloigne de son véhicule. Je suivais donc les routes qui ne nous éloignaient pas trop, évitant ainsi à Sébastien de faire un détour géant. Je savais à quel point ça pouvait être désagréable de devoir passer par beaucoup de chemins pour rejoindre une destination. Ca rendait le voyage long, pénible, fatigant et par extension, notre humeur en pâtissait.

Lorsqu'il me fit la remarque sur mon amour pour les défis, mon regard devint plus étincelant. C'était comme si l'on me mettait une gourmandise à la fraise sous les yeux. En dehors de certains aliments, les défis étaient mes pêchés mignons. Ma drogue à consommer aussi avec modération.

- Ouais j'adore les défis, peu importe leur nature ! Enfin y en a certains que je refuserai quand même parce que c'est une question de bon sens et de respect mais pour ceux-ci, la liste est relativement courte. Tant que je m'amuse, je m'en fiche d'obtenir la victoire ou non.

Peu après, il sembla s'inquiéter de l'heure. Avait-il un rendez-vous ou une heure de rentrée ? Un couvre-feu peut-être ?

- Tu ne serais pas à l'institution Indarë par hasard ?

Si c'était le cas, alors je comprenais mieux la raison pour laquelle il se souciait de l'heure. Je devais le faire moi aussi. Sachant qu'il n'était que vingt heures vingt-cinq, j'avais encore assez de temps avant de rentrer. Cependant ce n'était peut-être pas son cas à lui. S'il était bel et bien à l'institution, je n'avais aucun indice pour savoir s'il était à l'IRS ou l'ISS. Honnêtement, s'il était à l'institution, je pencherais pour l'IRS vu qu'il réagissait comme s'il était possédé par moment.

Des voix me firent sortir de mes réflexions. Elle s'élevèrent derrière nous et à entendre leurs paroles, ce n'était pas bon signe. Je me tournai à peine et continuai ma route en les ignorant visuellement.

- Vous devez être aveugles, je ne vois aucun couple ici. Ensuite personne ne me passe à qui que ce soit. Maintenant foutez-nous la paix et allez emmerder quelqu'un d'autre.

Le ton employé était calme, posé mais avec une légère hostilité à leur encontre. J'espérais leur faire comprendre que je ne voulais pas avoir d'ennuis et qu'ils devaient dégager. Malheureusement, ils brisèrent mon espoir. Ils ne semblaient pas décidés à nous foutre la paix. Quelle poisse ! Ils insistaient, croyant sans doute que leur personnalité de racaille allait nous intimider. Je soupirai et me stoppai pour les regarder en face. Puisque les ignorer ne leur faisait aucun effet, autant y aller franco.

- Les gars vous êtes lourds franchement... Vous n'avez rien de mieux à faire ? J'sais pas, par exemple aller au cinéma, bouffer un truc, rejoindre votre groupe, etc... Bref, n'importe quoi mais loin, très loin de nous.

Je leur disais franchement ce que je pensais d'eux. Ils m'agaçaient. Peu importe leurs intentions, je n'étais pas intéressée. De plus, avec la tête qu'ils faisaient et leur comportement ainsi que leurs dires,
leurs intentions étaient très certainement malsaines. Raison de plus pour moi de ne pas être intéressée.

Les deux crétins ne voulaient pas nous lâcher. Même ma franchise ne leur faisait pas fuir alors qu'en général, les emmerdeurs insistent un peu avant de se tirer. Ceux-ci insistaient au point de nous menacer. Sébastien empêcha le type au couteau d'aller plus loin et de mettre ses mauvaises intentions à exécution. Il parvint même à l'immobiliser quelques minutes, le temps de menacer les deux abrutis. Ceux-ci s'éloignèrent lentement tout en gardant un oeil sur Sébastien et finalement, ils retournèrent rejoindre leur groupe. Néanmoins, Sébastien avait raison, il valait mieux que l'on ne reste pas trop longtemps dans les parages.

- Merci de ton aide.

J'avais raison, il était bel et bien à l'institution indarë. Il avait donc bien un couvre-feu. Je n'étais toutefois pas plus avancée pour savoir l'heure à laquelle il devait être rentré. Il se fichait de l'heure en plus. Il dormirait apparement dans sa voiture dans le pire des cas. Ce n'était pas vraiment la meilleure des idées. En été ça passait encore mais plus maintenant. Le temps devenait de plus en plus froid. Ce n'était plus le moment de dormir dans une voiture.

- Il faudra me ramener avant mon couvre-feu alors car je n'ai pas vraiment envie de me les geler dans une voiture.

Au pire je pouvais rentrer chez moi mais ça ne me tentait pas trop de redire bonjour à mes pseudos parents. Enfin...encore fallait-il qu'ils soient à la maison et je doute que ce soit le cas. Cependant je n'avais pas envie d'aller le vérifier. Pour le moment, il me prenait plutôt par les sentiments. Me parler de défi était le meilleur moyen de capter toute mon attention. Je pourrais presque dire que c'était mieux qu'une déclaration d'amour mais...je n'en avais jamais eu. Je ne pouvais donc pas comparer.

- D'accord pour le défi. Le dernier arrivé paie un verre à l'autre.

Autant rajouter une petite motivation pour cette course. Dès que tous les détails furent réglés, la course commença. Je courrus avec lui en direction du parking près du restaurant. Je le dépassais au début mais ce fut ensuite à son tour de me devancer. La course était serrée. Nous avions à peu près la même vitesse. J'arrivai finalement au parking en première mais ce ne fut pas aussi simple que je ne l'aurais cru. Il était rapide le bougre. J'avais eu la victoire mais de peu. Je m'approchai d'une voiture, la seule stationnée et là, ce fut le coup de foudre. Une Dodge Charger de 1969. C'était le genre de voiture qui valait la peau du cul à l'heure actuelle. Je m'approchai du véhicule et la regardai sous tous les angles. Je ressemblais à une fan devant son idole, à la seule différence que l'idole en question ici était une voiture.

- J'arrive pas y croire, t'as une Dodge Charger ?! Ca coûte une blinde normalement ! Surtout ce modèle-là, c'est presque un véhicule de collection !

Le défi étant accepté, le gage aussi, nous pûmes commencer la petite course. C'était une façon comme une autre de nous éloigner du danger tout en s'amusant. La course avait été serrée car il était rapide. Durant tout le chemin, impossible de savoir qui allait vraiment gagner. Ce ne fut qu'à la fin, lorsque nous arrivâmes au parking, que nous eûmes la réponse. J'avais gagné mais de peu. Si Sébastien n'avait pas eu un souci avec ses lacets, on serait peut-être arrivés en même temps. Ou je me serais faite battre.

En arrivant, je m'attendais à voir une voiture vu qu'il m'avait prévenue et que c'était le but mais j'étais très loin de me douter que je tomberais sur un véhicule qui datait. Lorsqu'on a des finances assez hautes, le prix de son véhicule c'est juste un grain de sable. Pour moi c'était aussi le cas indirectement mais j'étais tout de même consciente que pour avoir une Dodge comme la sienne, il fallait avoir un compte en banque bien rempli. Ou alors avoir gagné au loto.

Sébastien me fit une brève explication sur le pourquoi il possédait cette voiture et d'où elle venait. Il pouvait être reconnaissant envers son grand-père. Le vieux lui avait non seulement donné le véhicule, mais il lui avait aussi appris à la retaper. Et surtout, il lui laissait le choix de ses activités. Sébastien n'avait pas besoin de contenir sa passion juste pour faire plaisir à ses parents.

- J'adore ce qui touche à l'automobile. Dès que j'en ai l'occasion, je vais toujours dans un coin où je peux trifouiller des trucs mécaniques.

Je m'installai sur le siège passager dès que je le pus et écoutai la suite. Un petit sourire se dessina sur mes lèvres pendant qu'il me donnait les raisons pour le verre non payé ce soir. Avec nos couvre-feux, c'était difficile de veiller tard à l'extérieur de l'institution. Je n'étais donc pas vexée par le fait qu'il fallait attendre pour ma récompense de victoire.

- T'en fais pas, je comprends. Et puis, je n'ai jamais précisé quand il faudrait payer le verre. Quant au numéro de téléphone, on se l'échange quand on sera arrivé à l'institution.

On pouvait aussi le faire tout de suite mais bon pour ce que ça changeait... Dès qu'il mit le moteur en route, je fus rapidement conquise. Ce genre de voiture ronronne et on pourrait presque s'endormir dedans s'il ne fallait pas rester concentré sur la route et les alentours.

- Tu bricoles souvent ta voiture ?

Puisqu'il l'avait héritée, cela ne me donnait pas d'indice sur sa fortune. Bien que l'assurance et l'essence coûtaient déjà une blinde pour ce modèle, rien ne me disait qu'il ne se ruinait pas à chaque fois. Ou peut-être que c'était son grand-père qui se chargeait de ces frais. C'était l'avantage d'être un étudiant. Personne ne savait si on se payait les choses avec notre argent de poche ou si c'était les parents qui payaient tout.

Parlez-moi d'amour, je ne comprendrai rien et je serai aussi impassible qu'un gardien de prison. Je n'y pige que dalle à ce truc. Parlez-moi de voiture et en particulier de leur moteur et me voilà en extase. Une fois que nous fûmes tous deux installés dans le véhicule, Sébastien démarra le moteur et celui-ci était un doux son aux oreilles. Et aussi un excellent système de massage.

- Ouais, compte sur moi si tu dois la bricoler ! Je ne suis pas une experte mais depuis le temps que je m'informe partout où je peux avoir mes réponses, et que je trifouille des objets ou même des moteurs à la casse pour avoir de la pratique, ça devrait le faire !

Nous étions ensuite sortis de la place de parking et en route pour l'institution. Nous roulions gentiment, à une vitesse qui faisait plus penser à une balade qu'à deux personnes qui avaient un couvre-feu à respecter. Certes, nous avions encore assez de temps pour rentrer donc inutile de nous stresser plus que ça. Finalement, le véhicule fut stoppé pendant un instant, le temps que le feu était rouge.

- Contente d'y être montée. Et pour me la confier, il faudra attendre que j'aie passé le permis car même si je m'en sortirais pour la conduite, s'il y a un contrôle, j'aurais des problèmes mais toi aussi.

Je ne pense pas qu'il serait content de devoir payer une amende juste parce qu'il m'aurait laissée conduire sa voiture, et que je me serais faite avoir à un contrôle de flic.

- Pour le verre, non je n'ai pas de lieu de préférence. J'vais y réfléchir et j'te ferai signe dès que j'aurai une idée.

Dès que le feux passa au vert, il appuya sur les gaz. Un démarrage aussi fort exerça une pression sur nous au point de nous enfoncer un peu dans les sièges. Honnêtement, c'était sympa. Ce n'était pas la chose à faire trop souvent, surtout en ville, mais ça ne faisait pas de mal au moteur d'être un peu poussé. C'était un bon moyen de le décrasser.

- Y a pas de mal. J'avoue qu'avec ce genre de voiture, on a vite envie de bien faire ronronner le moteur et de rouler à toute vitesse sur des kilomètres. C'est dommage qu'on soit en ville. On ne peut pas rouler vite trop longtemps avant d'attirer les flics.

Je regardais un peu le paysage pendant la route jusqu'à ce qu'on arrive à l'institution. Durant le chemin, j'interrogeais un peu mon chauffeur du soir.

- T'es en quelle année ?

J'étais intriguée. Je ne le voyais déjà pas dans les bâtiments de l'ISS donc soit j'avais le don de le louper, soit il était à l'IRS. J'écoutais sa réponse tout en observant la route. Lorsque nous arrivâmes à l'institution et qu'il gara la voiture, je sortis mon téléphone portable et fixai Sébastien.

- Donne-moi ton numéro. Je t'enverrai un message pour le verre. Ou alors j'te donne aussi le mien comme ça tu me dis directement quand tu seras dispo.

L'un ou l'autre peu importe, je prendrais son numéro. Si je lui donnais le mien sans enregistrer le sien et qu'il appelait, il y avait trop de risques que je ne réponde pas. J'avais tendance à ignorer les appels et les messages provenant de numéros inconnus.

La petite accélération me fit plaisir. Entendre ronronner ce monstre – parce que oui, une Dodge comme celle-ci, c'est un monstre qu'elle cache sous le capot – faisait du bien aux oreilles. Malheureusement nous ne pouvions pas faire les zouaves très longtemps. Nous dûmes donc retrouver une vitesse plus calme pour éviter d'attirer les flics. Déjà que sa proposition était passible d'avoir une belle amende bien salée si je me faisais choper au volant de son véhicule alors que je n'avais pas le permis. Si en plus il se prenait un pv pour excès de vitesse et tapage nocturne à cause du son du moteur, son porte-monnaie allait avoir mal.

Lui aussi jouait sur le fait d'être raisonnable. Il avouait lui-même qu'il ne voulait pas trop avoir affaire à la police. Néanmoins, il songeait à aller sur une piste un jour pour réellement bien faire tourner le moteur. Tout ce qu'il lui manquait, c'était de savoir comment s'y rendre.

- Ouais il me semble qu'il y en a un près de Londre. Sauf que je ne sais pas où exactement.

J'étais Londonienne et pourtant je ne connaissais pas cette info. En même temps, je ne m'étais jamais intéressée aux dragsters. Mon truc à moi, c'était la mécanique, les moteurs, les châssis, etc. Pas les courses. Même si j'avoue que c'était là que les véhicules nous montraient ce qu'ils avaient vraiment sous le capot.

Je le questionnai ensuite pour savoir en quelle année il était. Je ne l'avais pas vu dans ma classe, ni même dans le bâtiment de l'ISS mais après tout, il n'était pas impossible que je l'aie croisé sans le voir. Après sa réponse, je comprenais mieux pourquoi je ne l'avais jamais vu. Il était une année au-dessus de moi et du côté de l'IRS de surcroît.

- Troisième année du côté de l'ISS.

Je me demandais pourquoi il était à l'IRS mais je ne lui posais aucune question. Ce n'était pas quelque chose qui me regardait. Surtout après une seule rencontre. Même moi je ne parlerais pas de mes plus gros soucis à un parfait inconnu.

Lorsque nous arrivâmes à l'institution, Sébastien avait garé la voiture et mon téléphone fut sorti, prêt à devoir enregistrer le numéro du garçon. Je notais les chiffres au fur et à mesure qu'il me les disait puis je l'enregistrais sous le nom qu'il m'avait donné. Je mis le nom complet pour savoir lequel c'était. Sait-on jamais s'il y avait un autre Sébastien dans cette institution.

J'eus toutefois une petite grimace lorsqu'il me demanda mon nom complet. Très légère mais visible si on y prêtait vraiment attention. Je n'aimais pas mon nom de famille. Il permettait de faire un vilain jeu de mot et une insulte par la même occasion. Il me rappelait aussi à quelle famille j'appartenais. C'était ce que je détestais le plus. Je n'aimais pas savoir qui étaient mes parents. Pour le coup, j'aurais préféré être amnésique et avoir oublié qui était mes parents. Ou alors, être adoptée par d'autres personnes. Ma pseudo mère m'aimait seulement devant les caméras et les appareils photos. Mon père, seulement lorsqu'il voulait faire bonne figure auprès de personnes importantes. Dès que je leur étais utile au niveau professionnel, étrangement là ils étaient très attentionnés avec moi. Bref je n'étais que leur outil.

- Le mien c'est Nia Alaput. Si tu dois me chercher, tu me trouveras plus facilement dans la cour ou en ville. Cependant, comme tu es à l'IRS et moi à l'ISS, ça va quand même être du pur hasard si on arrive à se croiser dans la cour. Enfin au pire tu pourras m'appeler ou m'envoyer un message.

Je fis volontairement un appel en absence pour que mon numéro s'affiche sur son téléphone et qu'il puisse l'enregistrer. Un petit sourire apparut sur mes lèvres avant que je ne reprenne la parole.

- Voilà comme ça tu as aussi mon numéro ! Pour le verre t'as une préférence pour le jour ? Personnellement je n'ai pas trop de préférence mais je pensais voir ça pour un week-end aussi. Ca nous laisserait assez de temps pour discuter tout en buvant notre verre.

Je sortis finalement du véhicule en le remerciant pour m'avoir ramenée, et en même temps pour la petite balade qu'il m'avait offert indirectement. Je me penchai ensuite à la fenêtre et regardai mon chauffeur de la soirée.

- Je tâcherai de faire mon permis rapidement. Comme ça je trouverai une bonne voiture et on pourra s'amuser à se faire une petite course un jour. Ca te tenterait ?