Shizuka Mizuno - Fille d'un membre de la pègre japonaise
Alors confrontée à la dure et sombre réalité depuis son plus jeune âge, progéniture unique d'un patriote particulièrement conservateur, l'absence de sa mère se fit rapidement sentir au domicile familial puisqu'elle du rapidement grandir et adopter ce rôle manquant au sein du foyer. Qu'il est difficile de se forger une enfance agréable lorsque l'on doit s'occuper des taches ménagères en plus de son géniteur qui revenait presque tous les soirs avec du sang sur les mains, un mort sur la conscience ou une histoire macabre à raconter.
Cependant ne tombons pas dans les clichés de série Z, même si cet univers n'avait rien d'indiquer pour éduquer une enfant cela ne l'empêcha nullement d'être aimée et traitée comme une véritable princesse. Lorsque quelques associés de son père venaient partager informations et récits, ce n'était jamais les mains vides et d'aucun n'oubliaient la présence de la jeune femme, un peu comme s'ils étaient des membres d'une même famille.
Sans aucun doute que le statut de son paternel, au sein de cette famille de yakuzas, devait être assez important quand on y pense... surtout que ce genre de relation vous mettait dans les petits papiers de beaucoup de monde. Néanmoins elle n'eut pas besoin que ce dernier ne graisse la patte de quiconque, ou n'use d'intimidation, pour devenir une étudiante brillante et pour attirer le regard de ses comparses masculins ce qui n'était pas sans poser quelques problèmes à ces derniers. En effet, sa vie sociale fut assez limitée ce qui n'arrangea pas son penchant naturel introverti et légèrement glacial envers autrui.
Ayant vu certaines de ses connaissances disparaître sans laisser de traces, il n'y avait nulle place pour l'attachement dans sa jeune existence, si bien que cela a forcément du jouer quant à sa quête identitaire en plus de manquer d'une figure maternelle. Du moins ce n'était pas les jeunes femmes qu'elle retrouvait parfois aux côtés de son père qui pourraient combler ce manque, mais toujours est-il que cette atmosphère avait quelque chose d'oppressant. En plus des préceptes japonais mais surtout de l'éducation induite par son père, sa seule façon de s'émanciper de ce statut de femme fut de s'adonner à l'apprentissage de quelques arts martiaux et tout particulièrement celui du kendo.
Fier du talent de sa fille en ce domaine, car il n'y avait pas vraiment d'autres mots pour qualifier une telle aisance dans sa gestuelle, cela représentait pour elle l'aube d'un jour nouveau. Toujours aussi rigoureuse et disciplinée que son père l'avait faite, elle ne tarda pas à percer dans le milieu au point de participer à plusieurs championnats nationaux en quelques années consécutives. Comment vous dire que sa réputation la précéda rapidement, si bien que cela finit par attirer problèmes et convoitises en des proportions toujours plus grandissantes au sein même de son propre entourage visiblement.
Alors que cette grande famille l'avait vu grandir et devenir une jeune fille remarquable, son père leur fit obstacle quand une perspective d'avenir lui fut offerte quant à la chair de sa chair. Nullement désireux de la voir devenir une des leurs, c'est durant une nuit sans lune d'hiver qu'il décida de lui faire quitter le pays, accompagnée de son plus fidèle ami et loyal associé. Après un dernier regard en direction de son père, ce fut la dernière image qu'elle garderait de lui puisqu'elle ne le revit jamais depuis son départ pour l'Angleterre.
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Shizuka Mizuno - Étrangère au beau milieu de l'Occident
Est-il nécessaire de dire que le choc des cultures et la barrière de la langue furent particulièrement difficiles à affronter dans un premier temps ? Par chance les activités de son père lui permirent de facilement faire le lien entre sa langue maternelle et la langue internationale. Sans pour autant devenir bilingue, surtout quand un accent demeure présent malgré toutes ces années encore aujourd'hui, il fut assez surprenant de la voir évoluer avec facilité en cette terre bien loin du soleil levant, de l'autre côté du globe.
Prédisposée à intégrer l'ISS, ce qu'elle fit lors de la rentrée occidentale de l'année 2013, elle fut rapidement invitée à parfaire ses compétences martiales dans ce qu'ils appelait à l'époque le programme "Exchange" alors prévu pour les jeunes talents et surdoués. Malgré des débuts difficiles, elle réussit tout de même à se mêler et à se faire accepter par quelques adolescents de son âge en premier lieu. Puis vint l'admiration de certains d'entre eux, croissant au fil du temps, particulièrement en provenance du cursus classique.
Ce ne serait pas mentir que de dire que les quelques années suivantes furent sans doute les plus belles et surtout les plus normales de sa vie. Elle qui avait été couvé pendant tout ce temps se retrouvait aujourd'hui libre de faire ce qu'elle voulait, puisque son chaperon était d'ailleurs retourné au pays, en plus d'avoir pu se créer un cercle d'amis provenant de tous les horizons, au sein de cet établissement des plus atypiques et pourtant si paradisiaque. Du moins jusqu'à l'incendie et le transfert de l'Institution en l'an 2015.
Alors mêlée à des individus plus ou moins différents de la norme, c'est à partir de cette époque que tout commença à basculer aussi bien en sa vie qu'en son esprit. Quand bien même son quotidien demeurait presque identique au précédent, la population de cet IRS était si particulière que cela en devenait inconvenant. Comment pouvait-elle faire confiance à ses semblables lorsque ces derniers pouvaient tout aussi bien être blancs comme neige que suspectés de meurtre, être un lycéen sans histoire ou un artiste torturé qui prenait son corps pour une toile et des lames de rasoir pour des pinceaux ?
Outrepassant les diverses insultes, passages à tabac, sifflements indécents et comportements dérangeants du mieux qu'elle le pouvait, est-ce que ces gens étaient simplement conscients d'être ainsi, étaient-ils heureux de cette vie ? Ce ne fut qu'après mûres réflexions qu'elle se surprit à les considérer comme des personnes en souffrance, brisant cette barrière qu'elle avait dressé avec eux, allant jusqu'à tisser quelques contacts et amitiés avec certains. Cependant cette tolérance finit un jour par lui causer quelques soucis, à moins que nous puissions parler de révélations par la même occasion.
Cette soirée restera à jamais gravée dans sa mémoire comme celle où elle pu enfin comprendre ce qui l'animait, quel était la véritable nature de son talent et de sa condition humaine. Alors que le petit groupe d'étudiants, IRS et ISS confondus, avait profité de ce temps de quartier libre pour faire un tour en ville, la situation dérapa en un claquement de doigts lors d'une mauvaise rencontre avec quelques petites frappes au détour d'une rue. Devant les langues bien pendues de certains et les tentatives de provocation d'autres, il devenait de plus en plus difficile d'imaginer un dénouement calme et pacifique.
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Shizuka Mizuno - Curiosité dévorante et pulsions destructrices
Comment vous parler de la situation précédente sans vous dire qu'elle avait encore plus dégénérée qu'on ne l'aurait pensé ? Des cris belliqueux et des hurlements de terreur, des rires immotivés et des pleurs de douleur, du sang éclaboussé et des os brisés... Malgré l'horreur de la scène, impliquant à la fois les forces de l'ordre et quelques ambulances, elle n'avait jamais autant pris de plaisir qu'en se jetant dans la mêlée avec certains de ses pairs et en mettant son premier assaillant à terre, avec fracas, prise par la situation.
Encore plus, toujours plus ! Cette expérience grisante lui avait ouvert les yeux sur une toute autre définition des termes plaisir et distraction. Alors que ces principes d'honneur et d'adversité prirent de nouveaux sens, à quoi lui aurait servi cette force, cette maîtrise, si elle ne pouvait pas être utilisée, canalisée ou même relâchée ? Ce sentiment de supériorité et d'accomplissement à chaque nouvel impact, la beauté de ce rouge écarlate s'écoulant et tombant sur le sol, l'adrénaline sillonnant ses veines et cette extase devant la souffrance d'autrui... tout était si parfait, si stimulant et également si nostalgique.
Ayant alors parlé de légitime défense quant à son propre cas, cela fut recueilli et accueilli pour cette fois-ci mais malheureusement pas pour les suivantes. Devant ces sensations enivrantes, elle ne put s'arrêter là et décida de réitérer la chose comme pour se sentir véritablement vivante à nouveau. Allant parfois jusqu'à provoquer ces altercations dans les endroits malfamés et autres lieux sordides, les coïncidences ne furent plus acceptées et la sentence tomba lors d'une énième agression, allant jusqu'à la fomenter au sein même de l'Institution, envers un autre pensionnaire de l'IRS qui n'avait sans doute rien demandé.
Tandis que les plaintes et autres chefs d'accusations continuaient de pleuvoir à son encontre, elle semblait toujours aussi imperturbable qu'à l'accoutumé. Voyant alors ce si beau rouge devenir bleu, agrémenté d'un tout nouvel ornement, cette transition pour le moins anormale eut lieu durant l'été 2017, avant de se voir intégrer au programme "Forge" à la grande surprise de certains de ses camarades jusqu'alors dans l'ignorance totale de ses actions. Hier simple automate dans une élite, celle de la connaissance et de la compétence, aujourd'hui elle se trouvait on ne peut plus vivante, au sein de cette étrange section qu'elle qualifierait volontiers d'élite de l'essence et de la délivrance.