Freja Kristeva

Mon histoire est peut-être un peu particulière et « dure » en quelque sorte pour les gens, mais je ne m'en suis jamais plainte.
Tout d'abord, je suis née malvoyante. Pourtant, je n'ai pas eu de soucis d'apprentissage en général. Au contraire, malgré mon handicap, j'étais très éveillée pour mon âge. Mes parents étant des musiciens assez réputés, j'ai vite attrapé le virus de la musique, ou l'amour de la musique, comme vous préférez. Et quelques années plus tard, le jour de mes quatre ans, me voici avec un violon dans les mains. Certes, c’est tôt, mais j'avais besoin de comprendre pourquoi mes parents étaient si passionnés par la musique. Mon père était pianiste, ma mère violoniste soliste et j'ai décidé de la suivre dans sa voie.
Très vite, j’ai pris des cours avec un professeur de renom. J'avais des cours par correspondance pour travailler au mieux mon instrument. Le début a été très dur à cause de mon handicap puis, avec le temps, il s'est avéré être un véritable atout. Lorsqu'on ne voit pas, les autres sens prennent le relais et mon toucher exacerbé m'a permis de mieux dompter les cordes. Mes parents étaient fiers de moi car j'avançais comme il le fallait et mes cours par correspondance se passaient bien également, même si je devais tout apprendre en braille. Je ne peux pas dire que ma vie a été facile à cause de ma malvoyance mais je me suis efforcée de faire mon maximum chaque jour, malgré la fatigue parfois. Généralement, lorsque c'était le cas, mes parents et mes professeurs me laissaient souffler un peu, j'avais de la chance !
Les années sont passées et je me suis perfectionnée au violon. Une future virtuose, comme ils m’appelaient, ce qui me faisait très plaisir au passage. Néanmoins, mes cours « normaux » n'étaient pas à la hauteur de mes succès en musique. Toutefois, cela ne nous inquiétait pas plus que ça. Enfin... Pas moi en tout cas. J'aimais bien plus jouer que travailler mes cours d'école et puis, je n'étais pas un cancre non plus, j'étais une élève dans la norme, je suppose ?
Au fil des années, grâce à mes parents et mon professeur particulier, je me suis davantage améliorée, à tel point que mon niveau m’a permis de participer à de nombreux concours plus prestigieux les uns que les autres. A dix-huit ans, j’ai été acceptée à l'école de musique Reine Sophie. J'en suis sortie quatre ans plus tard pour enfin faire ma carrière de violoniste soliste.