[2017] Plongeon incontrôlé..

Un soupir. Encore un. Décidément cette pénitence que d'aucuns nomment cours étaient sans fin. Cours après cours. Je suivais très sérieusement d'accoutumée mais je commençais à perdre patience. Patience après deux longues années. Deux longues années dans un mutisme quasi symptomatique. Beaucoup seraient devenus fous à force mais ce n'était pas mon cas. Beaucoup m'avaient fui de part ma malédiction ou m'avait quitté mais jamais je n'avais été aussi seul qu'ici. Attention, je ne m'en plaignais pas. Je n'étais pas là à quémander l'amitié. Au contraire, j'avais tendance à n'adresser la parole à personne. Par choix mais aussi nécessité de toute manière, je ne donnais pas forcément envie d'aller vers moi mais bon..

Ce n'est pas vraiment le manque de relations qui me tourmentaient. Je m'étais toujours contentée de peu de liens pour ne pas perdre plus que je ne pourrais supporter. Cependant.. je n'avais jamais prévu cet isolement. Oui certains cours étaient des plus agréables mais certaines comme aujourd'hui je ressentais le besoin d'exister. De pouvoir interagir avec quelqu'un. De me changer les idées. Je tournais mon regard vers l'extérieur, admirant le parc de Indare. J'aurais aimé pouvoir marcher dans ce dernier en compagnie de Claire et Victoria. Voilà ce qui me manquait. Je grognais faiblement dans mon coin de part le doigt que je venais de mettre sur un point douloureux. Je ne voulais pas me lier à d'autre gens. Je voulais voir Claire, voir à quel point elle avait grandi, savoir si elle pardonnait l’égoïsme de son grand frère. Je voulais l'entendre de sa propre bouche. Les mots jetés sur le papier se devait de me rassurer sur la question cependant je n'arrivais guère à me faire une idée précise de ce qu'elle pouvait ressentir loin de son unique famille. Enfin elle avait toujours Victoria. Victoria.. Je me demandais quelle magnifique jeune femme elle devenait. M’attendait-elle comme nous l'avions promis l'un à l'autre? Je ne pouvais penser qu'elle ne tiendrait pas sa promesse.

La cloche retentit alors, signant la fin du cours, je me levais, tapant légèrement du poing sur la table de rage. Oui j'étais frustré. Frustré que mon attitude irréprochable ne me permette pas de les voir. Ne serait-ce qu'un peu.. Une heure ou deux.. Je ne comprenais vraiment pas. Je n'avais rien fait à l'une ni à l'autre et mon assistante sociale continuait de dédaigner la chose à chacune de mes demandes. " Monsieur Sventbury cela peut bien attendre aussi bien pour vous que pour ces deux jeunes filles". Je rangeais mes affaires, irrité, tandis que la moitié des gens de ma classe me regardaient, peu habitué à ce type de comportement chez moi. J'allais aller jusqu'à la direction pour réclamer à Madame Martel, une visite. Si j'étais en prison, j'y aurais droit après tout. Ma demande n'était guère excessive après tout. Madame Martel n'était pas indifférente à ce genre de choses. Elle comprendrait.

Je descendais les marches en réfléchissant à ce que j'allais dire quand soudain je sentis quelque chose me heurtait le dos. Je restais un instant sans rien dire, immobile avant de tourner la tête pour inspecter la cause de cette collision.

Je me retourne alors lentement, ou plutôt je pivote la tête pour comprendre la cause de cette impact avant de voir une jeune fille , les fesses sur le sol, une trousse dans les mains et des myriades de stylos et d'autres affaires jonchant le sol autour d'elle. Je soupirais à en fendre l'âme devant ce désolant spectacle pour diverses raisons. La première était que cette trousse m'était familière , en effet il s'agissait de la mienne : je devais l'avoir oublié, je n'avais donc pas besoin de demander à cette fille la raison d'un tel empressement. La mauvaise humeur qui m'animait m'aurait de plus empêcher d'être très courtois. La seconde raison était que j'avais identifié cette fille comme de ma classe, une dénommée Louise, si ma mémoire était bonne. Oui il ne pouvait s'agir que d'elle. Cheveux blancs, yeux verts, un nœud noir dans les cheveux. Aucun doute à avoir.

J'hésitais un instant à juste récupérer mes affaires, remercier la jeune fille en l'aidant à se relever puis filer pour me confronter à Martel pour exiger mon dû mais mon côté gentleman ne pouvait décemment s'y résoudre, d'autant plus qu'elle avait dû se faire mal. Et puis elle me faisait légèrement penser à ma jeune sœur, maladroite mais fière.

"Haa!Je suis désolé! J'ai vus que tu avais oublié ta trousse d'école et je me suis dit qu'il fallait vite te la rendre! Je suis désolé de t'avoir bousculé... Lucas c'est ça?"

Un léger sourire se dessina sur mes lèvres, chassant un léger moment les récriminations que j'avais envers l'administration mais aussi la tristesse qui m'avait envahie devant une telle injustice. Je me penchais légèrement sans un mot, plongeant mes yeux d'un bleu éclatant dans ceux de la jeune femme tout en lui prenant la main doucement pour l'aider à se relever . J'avais un peu l'impression d'agir comme un grand frère de nouveau. D'avoir un contact normal dans cette prison lassante dont on cache le véritable nom sous la mention "Institution". Je finis par l'aider à se relever et à ramasser les diverses fournitures sur le sol avant de lui laisser entendre le son de ma voix.

-"Luke mais qu'importe, tu ne t'ai pas blessée?"

J'inspectais du regard la jeune femme pour m'assurer de son intégrité physique, la retrouvant dans un état normal avant de lui demander sur un coup de tête si elle désirait se joindre à moi dans ma quête de justice.

-"Tu m'accompagnes jusqu'au bureau de Ed'Ruecus?"