[2017] Meilleurs Ennemis

Parfois le destin s'acharne.. Pour moi, le destin est l'éternelle épée de Damoclès qui surplombe ma tête au quotidien, un courant auquel je ne peux me soustraire malgré toutes mes tentatives.. J'en ai assez de nager à contre courant.. Les jours passent et rien ne change.. Du moins rien ne change en bien... Les jours se succèdent inlassablement sans qu'un rayon de soleil nouveau ne vienne percer les ténèbres de mon cœur. Sans que rien ne vienne apaiser le trou béant qui remplace aujourd'hui l'espérance que je vouais d'un jour de vêtir une quelconque importance dans le regard de ma colocataire. Seuls les larmes refoulés ont pris place en moi. Peut-être même qu j'espère pouvoir fuir tout cela, abréger cette attente éternelle, rompre ma promesse et me laisser submerger par la corruption, la souffrance et le désespoir qui s'immiscent un peu plus chaque jour dans mes quelques souvenirs heureux... Y'en avait-il vraiment? Je ne serais le dire. Me laisser submerger? C'est peut-être dans cet optique que je suis ici en cet instant? Y'a t-il réellement une raison à tout ça? Je crains que non.

Je soupire en regardant vaguement autour de moi, des écouteurs aux oreilles, un air mélancholique du nom de "Final Words" inondant mon esprit d'une infinie lassitude. La cours de l'IRS est calme pour mon plus grand plaisir. Je n'ai pas le cœur à discuter. Je n'ai plus de cœur. La culpabilité et mes pensées moroses l'ont fait couler dans les eaux troubles et profondes de l'oubli, là où personne ne pourra jamais repêcher ce dernier. Au fond, j'aimerais être un oiseau pour pouvoir m'écraser dans ce même lac et disparaître. Je ferme les yeux pour chasser cette pensée et cette détresse,m'appuyant un peu plus mon dos contre le dossier en bois du banc sur lequel je siège en silence tandis qu'un événement vient perturber mon introspection. En effet, un jeune homme d'un âge semblable au mien et d'une taille supérieure à la mienne vint se poser à mes côtés. Je détournais aussitôt le regard pour le faire disparaître de mon champ de vision.
La suite cependant, m'empêcha d'occulter la présence de ce fauteur de troubles.

-"Alors ma belle qu'est-ce qu'on fait seule ici ? Ton copain t'a jeté ou ça se passe comment ?"

Je soupirais à en fendre l'âme, consciente qu'il me serrait totalement impossible d'échapper à la suite des événement, premièrement car l'importun se permettait de poser ses sales pattes sur mes cheveux mais aussi car je savais pertinemment qu'il venait de toucher une corde sensible.

Quelques jours auparavant, je venais de voir mes rêves balayés par la franchise bienvenue de ma colocataire et c'était la raison principal de mon état. Je savais que la nuit qui m'avait été accordé ne reviendrait jamais de part les caprices du temps, je savais que mon cœur ne pourrait plus jamais appartenir ou se confier à quiconque. Je savais aussi que le souvenir de ses lèvres sur les miennes continueraient à s'estomper jusqu'à ne plus parvenir à me replonger dans ce minuscule instant heureux. Finalement, je me voyais enlever le peu qui avait animer ma vie, le peu qui avait su compter à mon être. Si cette raison de vivre m'était enlevé, que me restait-il dont? Quel était donc ma raison d'être née? Souffrir et voir cette souffrance m'être rappelé à chaque seconde.

Je reculais la tête pour échapper à son étreinte avant de me décaler, légèrement agacée. Le destin continuait une nouvelle fois de venir perturber ma quiétude. Non seulement, j'étais un rouage de ce dernier mais je me devais d'être moquée des Dieux, si tant est qu'il puisse exister.

-"J'attends mon petit-ami alors pourriez-vous me laisser tranquille?" 

Un mensonge. Un mensonge simple et efficace mais plausible. Il ne restait plus qu'à espérer que le destin puisse aussi résonner cet idiot.