Lilia Evans

Eileena Smith et Cal Evans se sont rencontrés pour la première fois alors qu'ils assistaient au mariage d'un ami commun. À peine quelques minutes de conversation suffirent aux deux tourtereaux pour confirmer la solide alchimie qu'ils avaient l'un pour l'autre. Un an plus tard, ils convolèrent a leur tour, emménagèrent dans une petite maison en banlieue de Londres et eurent leur premier enfant. Un adorable petit garçon du nom de James. Un deuxième bambin, prénommé Allan, ne tarda pas à poindre le bout de son nez retroussé afin d'agrandir le foyer. Il fallut attendre trois fausses couches et une année entière supplémentaire avant de voir naître la petite Lilia, la cadette de la famille.

Les Evans étaient des gens simples et possiblement marginaux, préférant l'épanouissement de leur progéniture plutôt que la rigueur d'une éducation trop stricte. Il n'y avait pas vraiment de discipline, les enfants pouvaient aisément explorer les limites de leur imagination et aussi la patience de leur entourage. Lilia passait maître dans cet art. Suivant ses frères comme une ombre partout où ils allaient, n'hésitant pas à faire la course dans les ruelles en leur compagnie ou grimper aux arbres pour observer les nids d'oiseaux. Étonnement, James et Allan acceptaient sans rechigner sa présence malgré la différence d'âge. Tous les trois étaient inséparables, nouant une profonde fraternité les un pour les autres. La mère de Lilia ne voyait pas d'inconvénient à ce que sa fille préfère le vélo et la course à pied plutôt que la couture et le dessin. Au grand damne des autres mères du voisinage qui reprochaient a Mme. Evans sont trop grand laxisme vis-à-vis de son apprentissage. Au contraire, la force du lien qui unissait chacun de ses enfants enchantait Eileena et elle se contentait en général de sourire au lieu de leur répondre. Pour leur père, peu importait que la maison ne soit pas parfaitement rangée à son retour de travail, le bien-être de sa famille l'emportait plus que de raison.

Leur univers bascula un jour d'été 2015. La température était exceptionnellement chaude et les enfants profitèrent de la météo pour s'amuser à l'extérieur de leur quartier. Ensemble, ils rejoignirent d'autres gamins de leur voisinage afin de se retrouver à leur coin favori, un bosquet en retrait près de l'étang. Ils riaient et s'amusait sans méchanceté, s'amusant à se lancer des défis puéril a savoir qui pouvait grimper aux arbres le plus haut possible ou bien qui avait le cran de manger de l'herbe sans faire la recracher. Un garçon plus âgé demanda à Allan de sauter dans l'étang, narguant qu'il n'était qu'un bébé. Il refusa, expliquant qu'il ne savait pas nagé. Ne le croyant pas et prétendant a une piètre excuse, il le poussa quand même à l'eau. James commença à se disputer avec les autres gamins tandis que Lilia fixait l'étang. Allan ne remontait pas à la surface. En panique, elle avertit son aîné que quelque chose n'allait pas. Celui-ci plongea alors à son tour dans l'eau afin de lui porter secours. En larmes, Lilia criait et hurler leurs noms pour qu'ils sortent de l'eau et reviennent sur la berge. Sans succès. Tout ce que la jeune fille se souvient par la suite, c'est un brouillard confus alors qu'elle court à perdre haleine en direction de sa maison, appelant sa mère de façon hystérique. Mais il était déjà trop tard...

Après cet événement, sa mère ne fut plus jamais la même. Non seulement les proches et les voisins blâmèrent la jeune femme pour son manque de discipline, mais aussi l'accusèrent d'être responsable du décès de ses enfants. Incapable de surmonter sa culpabilité et son chagrin, Eileena sombra dans les médicaments et l'alcool jusqu'à devenir complètement déconnecté de ses émotions. Oubliant sa fille toujours vivante et son mari aimant. Pour son père, le choc fut totale et il préféra fuir sa famille en se surchargeant de travail. La peine était plus facile à gérer ainsi.

Lilia tomba dans une étrange torpeur, se retrouvant seule du jour au lendemain. Abandonnée par ses frères, mais aussi par ses parents qui fuyaient la douleur de leur fille. Elle resta marquée d'une terrible peur de l'eau. Les premiers mois, elle bénéficia de cette espèce de pitié qu'ont les gens face à une personne ayant perdu un être cher. À l'école, ses enseignants lui pardonnaient ses moments lunatiques ou d'absence de participation en classe sans hésitation. Mais plus les jours passaient et plus le détachement se faisait ressentir, inquiétant les intervenants. C'est eux qui firent découvrir le piano a Lilia, espérant incitée une joie de vivre à la pauvre gamine. Elle tomba sous le charme de cet instrument. Sa mélancolie et sa beauté. Il devint évident que la jeune fille avait beaucoup de talent, mais son manque de concentration dans le reste des matières demeuraient inquiétant. Lilia se rendait à l'école uniquement pour jouer du piano, ignorant les recommandations des adultes sur son avenir et ses notes. Ce n'est qu'à ses 15 ans – après plusieurs tentatives infructueuses d'améliorer son comportement via les ressources scolaires dites classiques - que finalement son père accepta d'envoyer sa fille a l'Institution Indare. A ce qu'il parait, dans cette école un programme acceptait les élèves ayant divers traumatismes semblable à celui de sa fille.