[2021] L'oréal, Parce qu'elle le vaut bien. [FT Kae Obara]

Bon, comment je me suis retrouvé dans cette situation. C’est la question la plus importante que l’on peut se poser quand on se promène dans l’étage du dortoir où sont normalement domiciliées les filles alors qu’on possède un membre masculin entre les jambes. En soi, rien de bien grave, nous sommes en 2021 et il n’y a rien de grave pour un garçon à chercher la chambre d’une fille totalement inconnue. Il n’y a non plus rien de suspect s’il se promène avec une trousse de toilette et de produit de beauté. J’avais horreur des rumeurs et c’était propice à en propager énormément. Mais bon, je ne peux rien refuser à une jeune fille adorable, qui n’ose pas confronter les gens et qui du coup s’en remet à son grand frère.

Voilà donc ce qui s’était passé. Rentrant de ma journée de cours après avoir succès, comme d’habitude, fini mes exercices en avance, j’ai rencontré devant la porte donnant l’accès au dortoir des garçons, une fille aux yeux vairons, légèrement paniqué, tenant entre ses petits bras tout frêles une trousse de soin contenant des produits de qualité professionnel, supérieur diront nous-mêmes. Une chose était sûre, ce n’était pas la sienne. Ce n’était pas du tout le genre de Kiara de posséder des produits aussi chers. Contrairement à moi, c’était une personne économe et proche de son argent, de plus les produits en question servait visiblement à cacher masquer la peau, hors ma sœur se promenait toujours emmitoufler dans un pull beaucoup trop grand pour elle ne laissant voir aucune parcelle de sa jolie peau couleur pêche. En grande partie à cause de ses cicatrices plus ou moins profondes. Mais dans ce cas-là, à qui pouvait bien appartenir cette trousse de soin…

La réponse fut apportée une fois dans ma chambre. Libérer de sa capuche, et de sa masse de vêtement vu qu’aucun de mes colocataires n’était présent, elle commença son histoire. Un problème tout simple. Lors de sa séance de sport quotidienne, et à cause de son passé, la jeune demoiselle avait accès à des vestiaires séparés afin de ne pas dévoiler son corps à des personnes indésirables. Et c’est dans ce vestiaire qu’elle a trouvé, hors d’un casier et donc à l’abandon cette trousse de soin rempli de produit d’origine japonais et plutôt cher. Quelle coïncidence, une Japonaise. Maintenant problème. Elle a juste décrit de souvenir toutes les personnes qu’elle a vu quitté le vestiaire, heureusement, l’individuelle n’est pas forcément très peuplée, mais elle est bien trop timide pour aller demander à la direction, ou même à d'élève de lui donner un nom par rapport à une description. Et c’est donc là qu’interviens Grand frère.

C’est donc avec une petite enquête que j’ai fini par trouver la propriétaire de la trousse. Kae Obara, élève du programme Forge. Suite à cette information j’étais bien content d’avoir pris l’affaire en charge. Et maintenant j’étais en train d’errer dans les couloirs ~ grâce à la carte de Kiara ~ à la recherche de sa chambre en espérant que cette histoire ne dérape pas …



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Bon suivant mes informations, sa chambre devait être dans le coin. Et il fallait que je la trouve vite, ma joue commençait à être sacrément rouge suite au gifle sans somation que j'avais reçu pour ma présence à l'étage des filles. Je ne suis pas vraiment sensible à la douleur donc ce n'est pas un problème mais ça ne fait pas très sérieux, et je ne compte sincèrement pas me mettre à dos absolument toutes les filles d'indare. Après tout je suis encore célibataire et je ne veux pas le rester jusqu'à la fin de ma scolarité, faut pas déconner non plus.

Je vous jure que j'ai l'impression d'être une proie sans troupeau et sans aucune protection dans une jungle remplie de lionne, chaque regard me transperce me demandant sincèrement ce que je fous là et surtout comment je suis rentré. Merci ma chère petite sœur de m'avoir donné cette mission suicide. Enfin, elle me le revaudra sûrement à sa façon. Cependant, le temps commençait à se faire long, et toujours aucun signe de la propriétaire de la trousse de toilette. Hé bien, visiblement, j'avais juste besoin de me plaindre mentalement. Parce qu'on venait de me crier de façon plutôt violente dessus.

- Eh toi là ! Qu’est-ce que tu fous devant ma chambre ?” Hum, ton de voix pas très sympa, je me prépare donc mentalement à une autre gifle, on sait jamais avec les femmes. Je me tourne doucement vers l'intéressé, au moins une chose est sûre, c'est elle que je cherche vu qu'elle a bien précisé “ MA” chambre, ça va donc me faire gagner du temps, ce n'est pas juste une furie de plus qui veut me défoncer le crâne, car je squatte l'étage. Longue inspiration. Le chevalier servant s'apprête à affronter le dragon. Des longs cheveux noirs la dissimulent pas mal, cependant ses traits sont similaires à ceux de ma sœur. C'est donc un dragon hybride Caucasien-asiatique. Elle est habillée de façon à cacher entièrement son corps. En soi, si on enlève son ton agressif, elle a pas mal de similarité avec Kiara, il y avait donc une chance que je puisse me lier d'amitié avec le dragon. Bref, dégainons notre épée pour l'affronter. Euh, non, ce n'est pas ce que je veux dire ! Je parle des paroles, du langage ! Première étape, désamorcer la mine sur laquelle j'ai marché en étant présent ici et éclaircir les faits.

- Bien le bonsoir Drago... Mademoiselle ! Alors pour m'expliquer rapidement de ce que je fais devant cette chambre. Vois-tu, j'ai une adorable sœur, c'est vraiment l'être le plus adorable de cette planète, un ange, que dis-je, une déesse parmi les déesses. Cependant, suite à quelques problèmes elle ne se change pas avec tout le monde, et dans le vestiaire elle est tombé sur une trousse de toilette, et de son œil expert de riche jeune fille, elle a remarqué que les produits n'étaient pas des produits peu cher si l'on peut dire. Mais étant effrayé par les interactions sociales et les humains en général. Elle a chargé son grand frère adoré de se charger de retrouver la propriétaire et de lui retourner son bien.”

Okay Aaron, écoute-toi, t'a l'air vachement snobe là, on dirait presque que tu te fous de sa gueule, faut faire gaffe, c'est une forge quand même, et on ne sait pas de quoi sont capables ces psychopathes. Autant, elle a volé une courgette, autant elle a tenté de tuer l'empereur japonais. Bon après, doit-on vraiment être effrayé par un petit dragonnet de 20 centimètres de moins. La réponse est probablement oui, après tous les dragons ça crache du feu.

- Bref, je suis Aaron enchanté, si jamais des choses sont manquantes dans la trousse, je t'aiderais à les remplacer ! ”

Espérons qu'elle ne prenne pas mal ma compassion, et qu'elle ne confonde pas ça avec de la pitié. Car après tout, je suis juste un bon gars. Même si je traîne dans un endroit où je ne devrais absolument pas être. Faisons vite pour éviter les rumeurs maintenant, car je suis devant sa chambre depuis un sacré bout de temps.

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Mes yeux notifièrent l’agacement de la personne me faisant face de façon assez évidente. Ses mains s’étaient crispées sur son sac. Ses yeux s’étaient faits sombres. Et elle avait avancé de façon agressive en faisant des « grands » pas pour le rejoindre. Visiblement, mon discours n’avait pas eu l’effet escompté malheureusement. Elle s’était plantée devant moi, le regard noir, je pouvais sentir son envie de m’ouvrir le ventre façon Harakiri puis de me pendre avec mes intestins. Tout ceci me m’était légèrement mal à l’aise, visiblement, ce petit spectacle avait attiré l’attention de quelques spectateurs indésirables et je n’avais vraiment pas envie de faire l’objet de rumeur incongru.

Enfin, de toute façon, vu de loin, je ne suis pas vraiment quelqu’un d’intéressant, en général, on n’en veut qu’à mon argent ou à mon intellect. Et peut-être maintenant à mon corps aussi, mais bon, personne ne s’approche de moi par simple sympathie. Les ragots ne sont jamais bons, peu importe sur qui ça tombe, ça peut facilement ruiner des vies. Donc utilise ton intellect Aaron, tu n’es pas débile après tout, c’est même tout le contraire. Donc résout ce problème sans causer plus de vague.

Puis elle commença à m’engueuler, enfonçant encore plus le clou. « C’est une plaisanterie n’est-ce pas ? Qu’est-ce qu’un siscon comme toi fiche ici ? C’était un défi ? Tu voulais voir à quoi ressemble la chambre d’une Forge ? Félicitations Aaron tu as réussi. Tu veux un autographe aussi pour prouver à tes potes de l’ISS que t’es venu jusqu’ici ? » Pourquoi cette pauvre demoiselle était-elle autant sur la défensive ? C’était intrigant. Enfin, je suppose que lorsque l’on est en forge, on considère tout le monde comme un ennemi, car le monde doit nous regarder la peste. Je ne connais que trop bien le fait de ne pas se fondre dans la société. Et mon ton un peu trop noble donnait largement l’impression que je me foutais de sa gueule. Logique qu’elle le prenne mal. Un long soupir s’échappa de mes lèvres. Arrête de penser à donner une bonne image et sois toi-même Aaron. Tu n’es pas un héritier. Tu n’es pas un Gifted. Tu es un humain et elle l’est tout autant que toi.

« Alors je ne suis pas un siscon, mais bon, c’est la seule personne qui a jamais été proche de moi, logique que je l’adore ! Enfin bref, je ne suis pas ici pour ça. Et je n’ai pas besoin d’autographe. Je n’ai pas d’amis. Et puis bon, je ne mérite pas vraiment d’autographe d’une modèle. »

Ma main attrapa doucement la sienne, pour y déposer tout doucement la trousse de toilette, un léger sourire aux lèvres. Je sais bien à quel point on a tous des choses à cacher, et à quel point ça peut être dur de ne pas pouvoir le faire.

« Je sais que ce n’est pas facile de vivre sous le regard lourd des autres, ma sœur aussi à des choses à cacher, personnellement, j’ai de la chance que mes cicatrices ne soient qu’internes. Bref, désolé sincèrement si je t’ai dérangé, cependant, plutôt le côté Forge que tout le monde voit, et qui est ce qu’on voit à l’extérieur, et malgré le premier aperçu que tu as eu de moi, si jamais, j’aimerais bien connaître, ce qui se cache sous ce regard glacial. »

Bon, visiblement, prendre sa main était une erreur de débutant, j’étais encore plus devenu le centre d’attention, je n’en pouvais plus de supporter tous ce regard inquisiteur. « Hum, ça te dérange si on rentre dans ta chambre pour discuter de cette affaire plus en détails . » Ah, merde, mal formuler, les regards se font encore plus intenses. « Je ne sais pas si ma sœur à utiliser certain produit ou non pour cacher ses cicatrices, je veux juste faire le point avec toi afin qu’il y ait aucun problème. »

Mon regard se porta sur le couloir ou plusieurs têtes dépassées des portes « Quoi ! On a plus le droit de discuter avec quelqu’un sans que ce soit suspect maintenant. Où est-ce que c’est si exceptionnel qu’un ISS discute avec une IRS ? Peu-importe nos crimes ou nos cicatrices, on reste tous humains ! »

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“Pourquoi ? Pourquoi veux-tu me connaître ?”

La question était plutôt pertinente. Pourquoi je voulais apprendre à la connaître, après tout à la base, je ne devais que lui rendre sa trousse de toilette, alors pourquoi Aaron ? Parce que je culpabilise de tout le bordel que j'ai créé, parce que je compatis avec sa situation. Parce qu'on a tous les deux des choses à cacher. Parce qu'elle est marquée comme la seule famille que j'ai. Je ne sais pas vraiment, mais c'est l'instinct, une envie particulière qui me dit que cette personne a plus à m'offrir qu'une simple " bagarre" d'incompréhension au milieu d'un couloir. J'étais intrigué. Pourquoi avait-elle été agressive sans vraiment me laisser le temps de m'expliquer pour d'être concis. Bon ça, c'est peut-être parce que j'étais partie dans des explications incompréhensibles pour le commun des mortels donnant clairement l'impression que je me moquais d'elle.

Le temps me paraissait une éternité en attendant sa réponse, tandis que mon cerveau lui essayait intensément de trouver une réponse logique et valable à sa question. En soi, c'est simple. Je pourrais répondre simplement que je suis intéressé, enfin intrigué, pour encore éviter toute ambiguïté. Je me demande vraiment pourquoi elle a l'air si méfiante du monde qui l'entoure. Quel lourd secret caches-tu Kae Obara.

Les sons de sa voix me firent sortir de mes songes. " Ok, ne bouge pas. Je vais voir si mes colocataires sont là, je ne veux pas les déranger." Je suppose donc qu'elle a en partie accepté la proposition, moyennant bien évidemment que ses colocataires ne soient pas là. Sinon ça serait tout simplement gênant de ramener un garçon dans la chambre. Et encore une fois, je préfère éviter les mauvaises rumeurs, je suis un homme encore pur et innocent, et j'ai carrément du mal à me déclarer à une fille, donc de là à lui rendre une visite romantique en plein milieu de son dortoir...

Alors que j'étais en train de m'énerver contre ces abruties bien trop curieuses, quelque chose me tira par la manche rapidement dans la pièce, et alors que la porte se fermait derrière, je pouvais entendre quelques sifflements dans les couloirs, m'arrachant un soupir. Kae s'était dirigé vers un coin de la chambre, sans un mot, comme si je n'étais pas là. Puis elle me fit un petit signe de la tête m'invitant à la suivre, admirant la décoration d'une chambre féminine. Venant m'installer assis sur une chaise au niveau du bureau. Mon regard parcourant ce décor que je pourrais tout simplement désigner avec le mot propre. Tout était bien rangé et bien organisé. Sur le bureau trônait un appareil photo et dans un coin une grosse valise avec plusieurs étiquettes de voyage, dont de nombreuses indiquant le Japon.

Les murs encore simples étaient décorés de photo, aussi belle les unes que les autres, sûrement son loisir, je suppose. Comment une personne ayant l'air aussi calme et organisée à l'extérieur avec une passion aussi douce que la photo avait pu finir en forge. J'étais de plus en plus intrigué. Elle était de son côté en train de vérifier que tous ces produits étaient bien là. Je n'avais aucune idée de ce qu'avait fait Kiara avec la trousse, mais en soi si j'avais dû rembourser certaines choses ce n'aurait pas été un problème. Mon regard se porta sur la fille me faisant face, en train de compter ses produits de façon si minutieuse. M'arrachant un petit sourire. - Finalement ce n'est pas un dragon - me retenant de rire intérieurement.

"Ta sœur n’a pas ses propres produits. Pourquoi aurait-elle utilisé les miens ? On n'a probablement même pas la même carnation, ni les mêmes besoins d’ailleurs."

“Huum, Kiara ne met pas de produit en général, elle est juste en pull H 24, cependant, je la connais, elle aime bien s'amuser avec du maquillage, pour paraître un peu plus mature. ET puis ça aurait pu là tenter de cacher ses cicatrices pour enlever son pull au moins une fois dans l'année. Après, je ne m'y connais pas assez, j'ai juste supposé. ”

Je n'avais absolument aucune idée de comment on pouvait cacher des cicatrices, ni quels types. Comment pouvait-être celle de Kae ? J'étais un peu curieux de connaître son histoire pour en arriver au point de s'énerver voire même de paniquer de ne pas retrouver sa trousse de soin. Un long soupir s'échappa de mes lèvres, quand elle m'interpella, mon regard plongé dans le sien, elle me demanda simplement de me retourner pour qu'elle puisse appliquer ses crèmes pour cacher ses cicatrices. Surement, que certaines étaient situées à des endroits assez sensibles que tout le monde n'était pas autorisé à voir.

“Bien évidemment” Me retournant tout doucement vers le reste de la chambre. Surtout, Aaron, ne jette pas de coup d'œil comme un mauvais voyeur, même si tu es ultra curieux d'en savoir plus sur elle et ses cicatrices, c'est une très mauvaise idée. Tu as bien vu comment elle a réagi quand elle a eu l'impression que tu te foutais de sa gueule, alors imaginons un instant qu'elle te voie zieuter comme un mauvais pervers. L'idée de sa fureur me fit déglutir. Bon, il faut que je me sorte cette mauvaise idée de la tête trouve un sujet de conversation pour oublier ça...

“ D'ailleurs, j'ai dit que j'avais que des cicatrices internes, mais c'est faux ! Mais elles ne sont pas visibles de base. Quand j'étais gosse, je me suis fait renverser par un camion parce que j'étais dans la lune pour certaines raisons, du coup, j'ai une belle cicatrice, qui part de mes côtes et qui va dans mon dos, ainsi qu'une sur le genou. Après, j'en ai quelqu'une au niveau du visage, mais ça, c'est juste parce que j'ai une famille de cons !” Je laissais échapper un soupiré en repensant à cette fameuse famille. “ Ma sœur, a failli mourir aussi à cause d'eux, car ils n'ont jamais écouté ses appels de détresse, et maintenant, elle est obligée de vivre dans la peur du regard des autres parce que son corps est marqué.”

Mon corps se tourna rapidement, instinctivement pour parler à mon interlocutrice, avant de me rappeler de la demande, mon œil ne capta qu'une petite image de ce qu'elle était en train de faire avant de se retourner rapidement dans le sens inverse. Une sueur froide en idée des représailles se faisant sentir dans mon cou.

“ Et toi Obara-san, tu fais ça pour ton propre bonheur . Ou pour te cacher du regard lourd des autres et de la société qui pense que les gens comme nous, qui avons eu des problèmes, n'a pas leur place en ce monde. Je pense que même une personne avec des blessures est magnifique, et les gens qui nous regardent mal mérite de croupir en enfer.”

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« Je ne sais pas comment est ta sœur alors je ne parlerai pas pour elle mais sache qu’il n’y a rien de magnifique à être… comme ça. Lâcha-t-elle, un mélange de dégout et de tristesse à peine perceptible dans la voix. Je n’étais pas une personne à problèmes avant, j’ai juste été un dégât collatéral. »

Ma curiosité était au plus haut sur l’Aaronomètre après son commentaire, cependant sur ce sujet, nos deux avis étaient différents, très différents. Après tout, pour moi, chaque chose dans le monde avait sa propre façon de briller, les complexes, les particularités, les cicatrices, tout ça étant des choses nous rendant uniques. Bien évidemment, peu de monde doit penser comme moi, dont elle-même et il est presque naturel d’en venir à détester son corps quand on subit des brimades en permanence à cause de ce dernier. En tout cas, une chose était ressortie de la conversation, c’était dû à un traumatisme que Kae était maintenant possédée d’une colère probablement vaste comme l’océan.
Alors que-puis-je faire, ce n’est pas de la pitié, juste de la compréhension, de la compassion à la rigueur, mais je souhaite faire en sorte qu’elle n’ait pas à avoir l’impression que rien ne lui ira dans sa vie. Une des choses pour lesquelles je suis le plus doué étant soutenir les gens dans leur malheur. Et l’élément le plus important pour ça, était d’avoir une épaule sur qui s’appuyer dans les moments compliqués.
Mon esprit était tellement calme que je pouvais entendre le frottement du coton sur la peau, appliquant sûrement de quoi caché des probables marques qui ne s’en iraient jamais. Gravé au fer rouge dans la peau, pour rappeler que la vie est tout simplement un amas de douleurs et de blessures.

« Japonais hein ?  Enfin américano-japonais à en croire ton accent. Tu peux laisser tomber les -san tu sais, je sais pas combien de temps tu y es resté mais on est plus là-bas. Appelle-moi simplement Kae. »

Changement de sujet, je vois visiblement elle ne voulait pas en dévoiler plus sur sa vie avant délinquance, en soi c’est plutôt logique, ne suis-je pas simplement venue lui rendre une trousse de toilette ? Elle ne me connaît ni d’Adam no D’Ève et je n’ai aucune formation de psychologue. Uniquement un pauvre étudiant en informatique, qui est accessoirement futur PDG d’une grosse entreprise, mais c’est qu’un détail et un sujet qui actuellement ne nous intéressent pas le moins du monde. Encore une fois, mon corps se tourna vers elle, pour parler de façon plus simple, et probablement plus ouverte. Ma vie n’étant qu’une succession de malchance, je n’avais aucun tabou à en parler vu que ma jeunesse de merde était loin derrière moi à présent. Regardant la forge appliquer ses produits un à un sur une peau qui paraissait tout à fait normale grâce à tout le maquillage qu’elle était en train d’appliquer, légèrement fasciner par le processus. Je devrais peut-être acheter ce genre de truc à Kiara pour cacher les deux profondes cicatrices sur ses poignets. Sachant que je doute que ce soit très bien d’appliquer ça sur des blessures fraîches.

« Comment vous êtes-vous retrouvés ici ta sœur et toi ? A Indarë je veux dire. »

Si je voulais en savoir plus il était naturel de se découvrir un peu, après tout, c’est moi qui ai dit vouloir apprendre à la connaître un peu. Ce premier aperçu de fille violente démarrant au quart de tour, tandis qu’elle a l’air aussi douce qu’un agneau en appliquant avec soin la poudre magique permettant de couvrir les blessures de son passé. Comment je suis arrivé ici, en soit c’est une histoire assez longue, mais bon je suis bloqué ici pour un petit moment, certaine fille de l’étage essayant sûrement d’écouter au porte pour satisfaire leur curiosité maladive sur un garçon invité dans la chambre d’une fille de façon un peu pressante.

 « Hum, en soi, ce n’est pas quelque chose de vraiment intéressant, pour ma part, je me suis inscrit à l’institution pour essayer d’échapper un peu au poids que m’incombe ma famille et pouvoir enfin respirer un peu et vivre une vie d’adolescent à peu près normal. La société de ma famille fonctionne sur un principe d’héritage familial depuis sa création. Je suis son seul fils, Kiara et ma demi-sœur et il la hait comme si c’était la peste. J’avais le choix entre retourner en Amérique et subir tout le poids de riche héritier avec un père aussi froid que la glace, ou rester au Japon avec un grand-père coincé avec un balai dans le cul, violent et à cheval sur des traditions de l’ancien temps. Fort heureusement, la personne qui s’occupe de moi a trouvé Indarë et avec mes notes, on n’a eu aucun problème à m’y faire entrer. Du coup, j’ai enfin un peu de liberté. Et pour ce qui est de ma sœur, la raison est simple, elle fait quasiment une tentative de suicide par mois, et donc j’espère que le programme potion l’aidera à se remettre sur pied. Et puis au moins elle est proche de moi et elle pourra possiblement se faire des amis vu qu’il doit y avoir d'autres personnes avec un passé aussi lourd que le sien ici et qui pourront donc la comprendre »

Je n’allais pas entrer plus dans les détails, après tout il faut bien garder un peu de mystère. L’appât du gain comme on dit, enfin ça en soit c’est uniquement si ce que je raconte intéresse un tant soit peu Kae. Après tout elle a peut-être posé cette question pour faire passer le temps pendant qu’elle se « maquille » avant de me virer par de la chambre par la peau des fesses sans aucune pitié. Je ne sais pas d’où me vient cette envie, cette curiosité d’en apprendre plus sur la vie des gens et ce sentiment de vouloir être le bon samaritain qui aide tout le monde à s’en remettre et à s’accepter. Mais bon qui sait, m’ouvrir à elle lui permettra peut-être de se détendre et de s’ouvrir à quelqu’un aussi. Et ça c’est le premier pas vers l’acceptation de soi.

 « Et toi du coup ? Qu’elle malheur on fait qu’une fille qui au final m’a l’air plutôt sympa se retrouve dans le programme pour les jeunes délinquants et criminels. Je veux dire, tu n’es pas du genre à mettre le feu à tes parents ou à arracher le cœur d’un bébé à main nue pour exagérer la chose … »