[Saint-Valentin 2021] Once upon a time, a letter

Londres était froide, en février. Pourtant, quand plusieurs de mes camarades s'étaient réfugiés à l'intérieur, j'avais choisi d'aller me promener en ville, quitte à supporter un peu de vent et les basses températures. Moufles, bonnet et gros manteau en place, j'étais partie en bus vers le sud de la ville, pour longer un peu le fleuve. Ça me rappelait un peu Maidstone, ma ville natale. Je marchais beaucoup en bordure de la Medway, à l'époque - quand je m'asseyais pas juste sur un banc pour laisser le temps s'écouler.

J'étais donc là, à marcher tranquillement au bord de l'eau quand quelqu'un que je n'avais jamais vu avant m'a bousculée en courant. Avant que j'ai pu faire quoi que ce soit, ni même réfléchir à savoir si je devais l'engueuler ou non, il avait disparu et je restai là, à cligner des yeux en fixant le vide. Jusqu'à ce que je sente quelque chose dans ma poche. Une enveloppe, une lettre. Ça ressemblait... un peu trop aux événements d'il y a deux ans mais je l'ouvris quand même. Peut-être que c'était important.

Mon amour,

Quand je vous vois sourire chaque matin, mon monde pétille de chaque couleur de l’arc-en-ciel.

Je vous écris cette lettre pour vous exprimer mes plus profonds sentiments.
J’espère qu’elle saura toucher une parcelle de votre sensibilité.

Notre idylle est probablement impossible, mais mon coeur n’arrive à se le résoudre.
Je me sens mal de ne plus pouvoir vous parler, c’est pourquoi j’ai pris la décision de coucher ces mots sur papier pour pouvoir vous dire ce que j’ai sur le coeur.

Il me tarde de vous retrouver, de contempler votre regard qui m’enchante et qui accentue le désir que j’éprouve pour vous.

Aujourd’hui nous sommes le 14 février, on m’a toujours fait comprendre qu’il était le jour des amants.

Quelle meilleure date peut-il y avoir pour vous exprimer combien je vous aime à en mourir ?

J’ai toujours beaucoup de difficulté à exprimer ce que je souhaite vous dire en vis à vis, car j’ai peur que ces lignes vous heurte, vous blesse en vous expliquant que notre amour ne peut briller si nous ne décidons pas d’atteindre les plus hautes étoiles.  
Mais si vous avez la même passion que la mienne

Alors je pense que nos chemins se croiseront de nouveau par les malices du destin.

Je vous aime, c’est indéniable et je sais que vous m’aimez également.
Nous en sommes persuadés l’un l’autre.
Il me tarde de vous revoir, de pouvoir taire nos secrets dans un baiser d’amour sincère.

A jamais Vôtre

Elle n'était clairement pas pour moi, ou alors j'avais raté un sérieux épisode de ma vie. Mes crises n'avaient jamais été accompagnées de pertes de mémoires, il n'y avait aucune raison que ça commence aujourd'hui. Je relus la lettre trois fois et finis par soupirer. Il fallait que je retrouve la personne qui me l'avait donnée, il s'était trompé de destinataire. Si ce n'est pas le même genre de piège qu'il y a deux ans, mais bon, il n'y a ni adresse ni lieu de rendez-vous donc ça me semblait peu probable. Je remis la lettre dans ma poche pour essayer de retrouver le gars qui me l'avait fait passer. Elle était destinée à quelqu'un et il fallait que cette personne l'obtienne, d'une manière ou d'une autre.

Codage par Libella sur Graphiorum

Au moins, il ne m'avait pas fait mal en me bousculant, ça aurait pu être pire. Mais quand même, cette lettre... est-ce que ça faisait partie d'un plan ? Cette idée commença à se faire un place dans ma tête juste au moment où un garçon s'approchait pour m'aider à me redresser. C'était... juste une coïncidence, n'est-ce pas ? Depuis l'ouragan, j'avais l'impression que toutes mes pensées pouvaient se retourner contre moi. On m'avait parlé du délire que j'avais eu pendant mon épisode maniaque, et j'avais peur de retomber dans ce genre d'idée fixe. J'inspirai pour me calmer. Ce n'était pas un complot, ce gars m'avait juste vu me faire bousculer, rien de plus.

"Ça va, j'ai rien." Je m'efforçai de ne pas serrer mon poing sur la feuille, de peur de l'abîmer. Si je devais la rendre à la personne à qui elle était destinée, mieux valait que je ne la froisse pas trop. Cependant, je fronçais les sourcils en entendant la suite de ses paroles. Comment savait-il ce qu'il y avait dans la lettre ? Je ne lui avais pas montrée et c'était impossible de la lire d'ici, à moins qu'il n'ait une vraiment bonne vision. Ou alors... ou alors ce n'était pas de la paranoïa et ils étaient vraiment de mèche. Mais pourquoi ? C'était le même genre de coup tordu que la dernière fois ? "Comment... comment tu sais ce qui est écrit dessus..?"

Je retirai ma main de la sienne avec une expression méfiante. Ça ne me plaisait pas trop, cette histoire. Surtout qu'il n'avait aucun moyen de savoir que cette lettre n'était pas juste de moi ! Même moi, je n'avais pas remarqué tout de suite que ce gars avait déposé une enveloppe dans mon manteau, alors un observateur extérieur ? C'était trop bizarre.

Codage par Libella sur Graphiorum

J'avais paniqué pour rien. Il fallait que je m'en convainque autant que possible car il avait vraiment l'air de ne pas savoir quoi que ce soit sur cette lettre. Son explication était crédible, ça tombait sous le sens, et ce n'était vraiment pas le moment de m'inventer des histoires. J'avais une mission : rendre cette lettre à son véritable destinataire, donc je ne pouvais pas me permettre de me laisser emporter par mon imagination. "Désolée, c'est juste qu'il m'est déjà arrivé un truc bizarre lié à une lettre de ce genre, alors je me méfie." En guise de truc bizarre, c'était surtout une histoire dangereuse qui aurait pu me coûter la vie, alors j'avais le droit d'avoir des doutes.

Je secouai doucement la tête à sa question suivante. Le mieux était de partir du principe qu'il n'était pas une menace, et si jamais il me prouvait le contraire... je pouvais toujours m'enfuir en courant. J'étais en ville, aux yeux de tout le monde. Tout allait bien. "C'est... C'est une lettre d'amour mais elle n'est pas pour moi. Enfin je crois pas. Ça veut dire que la personne s'est trompée..." Peut-être qu'il pourrait m'aider à retrouver le vrai destinataire ou, à la place, carrément la personne qui m'avait donné la lettre pour que je puisse lui expliquer qu'elle n'était pas pour moi.

Codage par Libella sur Graphiorum

Il semblait relativement digne de confiance, du moins j'avais envie de m'en persuader. Je me remis donc à sourire, même si j'étais encore perplexe par rapport à toute cette histoire. Peut-être que cette fois-ci, la lettre était inoffensive. Dans le meilleur des cas, nous retrouverions la personne à qui elle était destinée et je pourrai reprendre ma journée en ayant fait une bonne action. Dans le pire... "Oh, c'était un peu bizarre. Une nana folle et jalouse qui voulait que son mec, enfin le mec qu'elle aimait, cesse d'aimer une morte et s'intéresse à elle. Et lui voulait comprendre pourquoi celle qu'il aimait était morte, alors il a kidnappé des gens pour leur faire passer des épreuves et voir si l'amour était plus fort que tout. Enfin, quelque chose comme ça." Je ne me souvenais pas très bien des motivations de cette femme, plutôt des vidéos que j'avais vues et de tous les dossiers que j'avais découverts. Des expériences fascinantes avec une fin tragique, de quoi écrire une belle chanson, ou même un album. Je regrettai de ne pas avoir tout écrit sur le moment. Et j'avais conscience d'avoir très mal expliqué la chose, je notai donc dans un coin de ma tête de refouiller ma mémoire pour me rappeler de l'histoire et en faire des chansons. Mais d'abord, ma nouvelle lettre.

"Rien n'est impossible ! Avec un peu de volonté on trouvera bien des indices. Peut-être que c'est quelqu'un qui me ressemble." Avec ma couleur de cheveux, ça réduisait drastiquement les possibilités. Il y avait d'autres personnes aux cheveux verts à Londres, mais tout de même, on était moins nombreuses que les brunes ou les blondes. "Enchantée. Moi c'est Velvet, parolière et conteuse à mes heures." J'avais décidé de lui faire confiance, autant redevenir moi-même. "Prêt à partir en chasse ?"

Codage par Libella sur Graphiorum

J'avais oublié que cette histoire avait été médiatisée. Parfois, je vis tellement dans mon monde que ce genre de détails m'échappait... Ou peut-être était-ce simplement parce que je n'arrivais pas à assimiler la possibilité que quelque chose dans lequel je sois impliquée puisse se retrouver dans les magazines ou autres médias. Pourtant, j'avais moi-même écrit la chanson que Damen Irridval avait chanté sur l'estrade le jour du discours d'investiture de son père, cette même chanson qui avait fait le tour de Londres et probablement plus loin encore. Mais cette histoire de saint-valentin ne m'avait finalement pas choquée autant que d'autres, sans doute était-ce pour cela que je l'avais moins mal vécu. "Oh ça va, c'était pas si effrayant. Plutôt... triste. Mais j'étais toute seule, moi, j'ai réussi à trouver un autre chemin donc j'ai sûrement pas vécu la même chose que les autres." J'avais sûrement échappé à des épreuves d'un genre ou d'un autre. C'était bien ça le but de tout ça, non ? Soumettre les couples à des épreuves pour tester les composantes de l'amour. mais j'y avais échappé en partant de mon côté... et j'avais découvert tant de choses que j'aurais pu en faire une série.

Il y avait cependant plus urgent, à savoir notre plan pour trouver l'auteur de la lettre de cette année. L'avantage, c'est que s'il m'avait confondue avec quelqu'un, ça réduisait drastiquement la liste des suspects. Les cheveux verts n'étaient pas si répandus, surtout d'un vert aussi flash que les miens. J'avais croisé quelques personnes aux cheveux vert foncé dans l'école, mais vert pomme, beaucoup moins. Même si Londres était une cité réputée excentrique, on ne devait tout de même pas courir les rues. Je me dirigeai donc vers l'agent de sécurité qu'avait mentionné mon compagnon du jour.

"Oui ! Hm... Je sais pas si tu as vu le petit coup d'état du fils du maire, l'année dernière. Bon c'est passé un peu partout donc j'imagine que oui. bah la chanson qu'il a chantée sur scène, c'est moi qui l'ai écrite !" Était-ce une bonne chose de se vanter d'avoir participé à l'action de décrédibiliser le maire de la ville ? pourquoi pas, après tout ? nous n'étions pas encore dans une dictature et je n'avais fait qu'écrire des paroles, je n'étais pas responsable du reste. Ç'aurait été comme tenir un écrivain de polars responsable si un fan fou décidait de reproduire les crimes de ses livres.

Nous finîmes par atteindre le fameux agent de sécurité. "Bonjour ! Est-ce que vous avez vu quelqu'un qui me ressemble dans le coin ? On m'a donné quelque chose par erreur." C'était probablement une des mes entrées en scène les plus bizarres, mais je n'étais plus à ça près.

Codage par Libella sur Graphiorum

Event terminé. Tu peux ajouter ce trophée dans ta vitrine, section "souvenirs d'event".

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