Et C'est Ainsi Que Le Sourire Tomba [Jesse]

Will se sentit flatter. C'était agréable à entendre même s'il s'était plus rabaissé sur le ton de l'humour que sérieusement. Bien qu'il y ai toujours une part de vérité derrière de l'auto-dérision. Il détourna alors le regard, un tout petit peu gêné de soudains compliments bien qu'il ne pu s'empêcher de sourire. C'était toujours agréable, on ne parlait pas souvent de lui de cette façon. Et Will n'allait pas se victimiser, il savait qu'il l'avait un peu cherché.

-Une par jour ? C'est ambitieux tu sais

Il eu un petit rire charmé et glissa sa main dans son dos pour le caresser tendrement. "Écrivain et photographe talentueux"...Il ne se voyait pas du tout de cet oeil là. Il avait plutôt du mal à juger son niveau en fait, il faisait tellement ces choses là depuis longtemps sans chercher spécifiquement à s’améliorer ou à se professionnaliser qu'il n'y avait jamais trop réfléchit. C'était plus..Un défouloir.

Il ferma alors les yeux, lui expliquant pourquoi il n'avait pas envie d'appeler ses parents papa ou maman et au fond, il fut satisfait qu'il ne cherche pas à lui faire changer d'avis. La plupart des gens cherchaient à rationaliser le comportement de ses parents comme quoi ils avaient peut-être cherché le meilleur établissement ou autre mais...Will n'y croyait pas. Il ne doutait pas que ses parents l'aimaient mais ils avaient probablement peur de lui. Et ça, ça lui faisait mal. Il planta son nez dans son chevelure, se détendant tandis qu'il réfléchissait.

Les parents de Jesse hm ? ...Il ne comprenait pas pourquoi son camarade ne voulait pas connaître ses souvenirs. Peut-être pour la même raison que Will: ne pas avoir à y faire face. Comme si fermer les yeux les faisaient disparaître.

Peut-être que les parents de Jesse ferait mieux de l'emmener voir un psychologue. Mais bon, ce n'était pas Will qui pouvait faire la morale là dessus.

- Grave...

Il réfléchit à ce mot. Était-ce grave ce qu'il avait vécu ? Il n'en savait rien. Ses parents trouvaient que oui mais les souvenir de Will était un peu biaisé.

-J'sais pas trop...

Il arrêta un instant les caresses, plongé dans sa réflexion avant de penser à son frère et d'exprimer sa pensée. Il eu un petit sourire, il ne savait pas trop s'il voulait lui dire. En soit, Will n'avait pas fait de mal à son frère mais il l'avait quand même traumatisé en s'ouvrant les veines sur lui tout en l'empêchant de partir. Et dire ça... C'était difficile. C'était peut-être la plus grosse crise qu'il ai eu et il était loin d'en être fier bien qu'il avait tendance à renier sa faute. Le dire à Jesse...Et si ça lui faisait peur ? Et s'il s'éloignait de lui ? Il enfonça sa tête dans le creux de son épaule inconsciemment.

- Parce que...

Il avait quand même envie d'en parler, de vider un peu son sac. Alors encore une fois, il cherchait une façon de bien tourner la chose.

- Tu vois mes marques, les coupures sur mon corps, tu te doutes...Qu'elles sont pas arrivés comme ça toute seules. Et bien un jour..J'ai eu une grosse crise et je l'ai fais...Devant mon frère que j'ai obligé à regarder....

Rien que par le ton de sa voix, on pouvait deviner qu'il n'en était pas fier et qu'il en était conscient. Son frère était jeune qui est.

-Je sais pas pourquoi, je pourrais pas expliquer. J'ai jamais refait ça après mais j'étais vraiment au fond du trou ce jour là. Mon frère a hurlé, les parents sont arrivés et le lendemain, ils parlaient déjà de m'envoyer ici. Et... mon frère il reste quand même gentil avec moi comme si de rien n'était et quand je peux luis parler, Mr Barton il est toujours là à m'observer, comme si j'étais un criminel qui avait son jour de visite.

Jamais, plus jamais il ne refera ça, on voyait dans son regard qu'il était honteux mais il trouvait ça injuste aussi qu'on ne lui laisse pas de seconde chance. Il passa ses bras autour de Jesse et ferma les yeux un instant, demandant du réconfort. C'était toujours difficile d'en parler mais ce n'était pas une tristesse mauvaise qu'il ressentait actuellement. Plus celle qui soulageait et qui était nécessaire à l'évolution d'une personne.

- Quand j'aurais finis Indare, à tous les coups, ils vont me lâcher dans la nature et me laisser me démerder seul.

Ouai, il culpabilisait et cela même s'il avait tendance à ne pas se croire complètement responsable de ce qu'il avait fait. Il était conscient du mal que ça avait pu causer mais ne pouvait s'empêcher d'être en colère qu'on l'ai rejeté ainsi. Ils avaient adoptés un gamin qui n'avait jamais eu aucune base familiale saine avec un lourd passif, ils s'attendaient à quoi ? Ils leur reprochaient beaucoup d'avoir voulu jouer les héros, les gentils sauveurs d'enfants sans avoir pu assumer par la suite. Et en Amérique, remettre en adoption un gosse déjà accueillit était malheureusement monnaie courante. C'était en Europe qu'il avait plus ou moins comprit que ça ne se faisait pas et que ce n'était pas normal.

Il hocha la tête et soupira d'aise lorsqu'il se sentit un peu plus serré contre lui. C'était rassurant, c'était un peu le contraire de la crainte qu'il avait eu en le lui disant: qu'il s'éloigne, qu'il prenne peur. Non, au contraire, il venait de resserrer son étreinte, lui faisant ainsi chaud au coeur

-Ouai, enfin, c'est dans longtemps, il est en 4 eme

Sous entendu que Will l'avait traumatisé assez jeune quand même. Il ferma alors les yeux, remarquant que ça ne l'étonnerait pas que ses parents le laissent se démerder seul après le lycée. Il sentit un baiser contre son cou et la réponse de Jesse lui laissa un étrange sentiment de chaleur. Une chaleur qui le fit presque tressaillir. Ce qu'il venait de lui dire...C'était beaucoup pour lui. C'était idiot mais il le voyait probablement et surtout inconsciemment comme une forme d'adoption. Soit le contraire d'un abandon. Et c'était tout ce que Will cherchait, stopper cette instabilité, cette peur du lendemain, ce sentiment de n'appartenir à rien ni à personne.

Et là, Jesse venait de lui dire qu'il prendrait soin de lui. L'avait-il dit sérieusement ou n'était-ce qu'une taquinerie comme ils pouvaient s'en échanger de temps à autre ? Il espérait qu'il le pensait...

Will se savait charmé par ce garçon mais il était cependant trop tôt pour qu'il en sache plus ou pour qu'il puisse mettre d'autres termes sur ses sentiments. 6 mois semblaient être assez mais tous deux avaient une situation assez particulière pour que cela prenne plus de temps. Mais à ce moment précis, à la seconde où il entendit sa phrase, il eu envie de le serrer contre lui tout en lui disant qu'il l'aimait. Et cela sans vraiment savoir si c'était vrai ou non. C'était sur le coup de l'émotion et c'est pour ça qu'il se retint d'ouvrir la bouche pour ne pas sortir quelque chose qu'il risquait de regretter. Mais ouai, son coeur venait d'accélerer.

-Merde...T'es trop adorable

Il releva doucement son visage pour aller voler ses lèvres, autre façon d'exprimer la vague qui venait de l'emporter. Et ce baiser là, il le fit durer en y mettant toute l’intensité de ses émotions, répétant ce geste plusieurs fois sur sa bouche avant de se calmer et de le libérer. Il récupéra doucement son souffle et eu un long sourire.

-Tout ça...ça me rassure un peu

Il n'avait pas envie de dire qu'est-ce qui le rassurait, qui le rassurait ou pourquoi. C'était pas toujours évident de l'exprimer. Mais oui, actuellement il se sentait bien. Bien et comprit.

Il déposa un baiser sur son front avant de humer son odeur une nouvelle fois.

- Dis...Tu sais ou tu vas aller après cette année ?

Loin ? Il s'en fout, il trouvera un moyen de le suivre. Will n'avait aucun but pour la suite alors il pouvait bien se le permettre.

Il y avait mit toute son âme dans ce baiser, il fallait l'avouer. Mais il valait très probablement mieux qu'il exprime ce surplus d'émotion ainsi qu'en le disant à haute voix. Le second n'était peut-être même pas conscient de la portée de ses mots alors la dernière chose que Will voulait était de dire quelque d'incertain même pour lui au point d'installer un malaise entre eux.

Alors, dans cette continuité de ne pas avoir envie de lâcher de si tôt, il lui demanda ce qu'il comptait faire après le lycée. Sa réponse le fit doucement sourire, ça ne l'étonnait pas. Il avait trouvé sa voix, c'était à la fois beau et stressant pour lui qui pataugeait dans la semoule. A vrai dire, il n'avait même pas vu Jesse danser tant que ça, il aurait pu faire l'effort de venir parfois et ses cours mais ça ne lui était pas passé par l'esprit. Et il se disait qu'il le gênerait peut-être. Il valait mieux que ce soit le châtain qu'il le demande plutôt que le faux albinos qui s'impose.

Will réfléchit alors un peu avant de croiser son regard et de l'entendre subitement lui proposer d'y aller car il y avait "des chambres doubles". Très clairement une proposition pour habiter ensemble. Proposition qui le surpris d'ailleurs. ll voulait...Habiter avec lui ? Le voir tous les soirs, partager son intimité malgré tout ce que Will avait pu démontré sur santé mentale fragile ?

Enfin, quand Jesse se rattrapa par la suite, il se demanda du coup s'il lui proposait ça parce qu'il voulait être avec lui ou simplement car il avait pitié de sa situation. Ce qui changeait un peu ce qu'il était censé ressentir face à ses mots. Le faux albinos posa alors sa main contre l'arrière de son crâne, le caressant délicatement en le sentant se cacher contre lui. Il essayait actuellement de déterminer si Jesse avait véritablement envie de sa présence ou s'il l'avait dit pour chercher à l'aider. S'il ne voulait pas de lui, il n'aurait pas proposé une chambre double non ? Il devrait peut-être laisser son défaitisme de coté. Il déposa alors un baiser contre son crane tandis que son silence réfléchit commençait à se faire long. Finalement Will sourit.

- Tu penses pouvoir me supporter ?

Il ricana un peu. Il n'y avait que ce garçon pour lui proposer une telle chose en ignorant complètement les petits soucis que Will avait. Et ça avait de bons côtés en soit. Comme le fait qu'il se sentait humain et apprécié pour ce qu'il était en dépit de ses difficultés. Mais ça avait ses désavantages: Jesse semblait tant mettre côté ses soucis qu'il ne les prenait pas en compte dans ce qu'il pouvait dire ou agir. Par exemple, ghoster Will en avait été une preuve concrète.

- ça va être difficile d'aller à l'université... Ils risquent de rapidement me virer si j'agis comme à Indare

Il remonta ses doigts dans sa chevelure

-Tu me diras, j'ai qu'à me retenir de faire des conneries mais... j'sais pas, j'en ai besoins.

Will râla alors en laissant complètement tomber son crâne contre les coussins

-Je crois que je vais pas avoir le choix que de prendre ma thérapie au sérieux si je veux ne pas finir en H.P

Sinon ça ne fonctionnera probablement pas pour lui en exterieur. S'il ne se défoulait pas sur l'université, il allait faire ses bêtises ailleurs. Il allait fumer, boire et tomber dans ses travers. Il commençait à croire que le psy était peut-être la seule option pour espérer continuer à évoluer.

- Les chambres doubles, ce sont genre nos piaules ici ou y a un lit double ?

Le garçon eu un sourire taquin, un poil provoquant et plutôt joueur. Visiblement l'idée ne le déplaisait pas.

Avoir la volonté d'aller mieux...ça ne lui était jamais arrivé. Et au fond c'était probablement con que ce soit plus motivé par sa relation avec Jesse que par sa propre santé et son propre bonheur. Mais c'était déjà un pas. Rencontrer une personne qui croit en lui et n'utilise pas ses soucis comme source de divertissement était précieux. Jesse pour lui était précieux et il voulait faire des efforts pour pouvoir le garder à ses côtés un petit moment. Il pouvait y arriver non ? Il l'espérait.

-Ouai c'est vrai qu'il y a un suivit...Mais à quel point ? Vu que techniquement on est majeur, je sais pas si ça change quelque chose en terme de tolérance

Il sentit un léger baiser sur ses lèvres et eu un petit rire tout en glissant sa main dans ses mèches. Ouai, clairement, l’hôpital ou "l'asile" comme il l'appelait, l'effrayait. Et pourtant cela avait été une perspective d'avenir qu'il avait déjà envisagé sérieusement. Car finalement, ça lui faisait tout aussi de se retrouver seul dans ce monde d'adultes sérieux et équilibrés. Will se mit à caresser délicatement sa joue, l'observant d'une certaine tendresse.

- T'en fais pas, j'ai aucune envie d'y aller.

C'était probablement sa plus belle année en terme de changement. Après des années de passivité, il cherchait enfin à sortir la tête de l'eau. C'était encore fragile oui, si Jesse coupait les ponts, tout partirait probablement à néant. Mais au moins...il essayait et c'était déjà un début.

Le faux albinos eu un petit rire et le regarda malicieusement quant à sa remarque sur les lits.

-Ouai ça marche très bien même

Il adorait sentir la chaleur de son corps contre le sien, la tendresse et son souffle reposé par la nuit proche de son visage. Il se sentait juste bien et désirait si possible pouvoir partager plus régulièrement ses nuits.

-L'université hein...

Il ferma un peu les yeux, tout ça semblait si flou et pourtant si proche. Il n'arrivait jamais à s'imaginer dans le futur. Seulement dans un présent existant dans lequel il pouvait au moins s'accrocher. Tout ce qui était après était trop incertain, étrange... et il avait toujours tout fait pour en détourner le regard. Mais plus maintenant, on l'encourageait gentiment à y penser, à ne pas le renier et il pouvait tenter.

- Après faut faire gaffe, coloc à l'université, faudrait pas que les voisins se plaignent qu'il y ai trop de bruit

Remarque un peu beauf de sa part mais Will n'était pas non plus connu pour son côté prude. Et puis après autant de discussions difficiles, angoissantes et lourdes, il avait besoins de faire sa petite blague bête pour un peu mieux détendre l'atmosphère. Et puis il allait pas se mentir, il adorait coucher avec son partenaire alors rien d'étonnant à de telles remarques.

Il déposa ses lèvres sur son front quelques instant et laissa sa tête retomber sur le coussin. Il sourit un peu et plissa les yeux, l'air détendu. Au moins il souriait pour de vrai.

Il caressait sa tête, réfléchissant à ce que ça pourrait donner lui-même en étude supérieur à habiter avec Jesse. Après tout il aurait pu avoir peur de vivre avec quelqu'un mais ça faisait trois ans maintenant qu'il était obligé à vivre avec d'autres garçons, allons bon. Et puis il appréciait trop son camarade pour jouer le blasé à cette idée là.

Son coeur battait lentement, il se sentait bien et plutôt en paix. Pourtant ça n'avait pas été gagné, que ce soit en venant ici sans prévenir dans cette chambre ou simplement dans la vie de Jesse. Il s'était approché d'un gars à la réputation délicate concernant les relations alors que le faux albinos était très sensible à l'abandon. C'était presque évident que ça allait faire ne serait-ce qu'un peu de drama. Mais le fait qu'ils arrivaient à surpasser ça le remplissait de fierté. Comme s'il avait accomplit quelque chose de bien pour une fois. Pas une folie débile mais quelque chose de sain et de plutôt normal voir mature. Il ne comptait pourtant pas se qualifier lui même de personne responsable mais...Il en avait juste une vague impression. Comme si pour une fois il marchait sur le bon chemin.

Il rigola alors à ses mots. Ben voyons, lui non plus ne voulait pas arrêter. Sa chaleur et son corps était une forme de drogue qui, pour une fois, ne lui portait pas préjudice. Aucun sentiment de solitude à la fin de l'acte puisqu'il était encore là, à le prendre dans ses bras pour dormir à ses côtés.

-Tu me rassures alors, le contraire m'aurait attristé

Will était bien le dernier à se préoccuper que les voisins puissent les entendre

-Et puis ta voix quand t'es au septième ciel est bien trop...appétissante pour qu'elle cesse

Il adorait cette vulnérabilité, loin de son côté malicieux et sûr de lui. Bon, Jesse n'était plus aussi perdu que lors du bal mais Will arrivait encore à lui faire découvrir deux trois petites choses de temps à autre.

Malgré la discussion salace, il restait apaisé et calme. Dans d'autres circonstances, cela aurait pu être une excuse pour lui sauter dessus mais...Après cette peur d'être laissé et cette discussion difficile, il avait seulement envie de tendresse. Et puis y'avait la famille à côté, il valait définitivement mieux éviter.

Jesse lui notifia alors qu'il ferait peut-être en sorte de faire plus de bruit si les voisins se plaignaient. Cela fit rigola Will, évidemment.

-Hâte de voir comment tu comptes t'y prendre héhé

Il continuait ses tendresses dans sa chevelure et eu un sourire. Il hésita à repartir sur une blague graveleuse mais se retint. Après tout, il ne fallait pas aller jusqu’à l'overdose. Il déposa un baiser sur sa tempe.

- Et pourtant c'est pas comme si j'ai souvent fait ça avant

Avant Jesse, il parlait. Enfin, pendant les nuits à deux oui mais Will n'offrait pas cette tendresse à une personne rencontré une fois dans un bar. Même avec Holly finalement il n'avait pas eu tant l'occasion que ça.

Il passa alors doucement ses bras autour des épaules du plus grand. C'était peut-être glauque mais il aimerait se fondre en lui. Complètement fusionner avec ce corps et ressentir cette plénitude encore et encore et encore à jamais. Il lâcha alors un long soupire d'aise du nez en fermant les yeux.

-Je t'apprécie beaucoup tu sais...

Un équivalent à "je t'aime beaucoup" qui lui semblait moins flippant et moins formel à dire. C'était trop tôt pour Will de s'aventurer plus loin. Il ne savait pas encore si Jesse allait tenir parole et...Si tout ça était assez solide pour ne pas se péter la gueule.

Apprécier ? Aimer ? Amour ? Y-Avait-t-il vraiment autant de différences entre ses termes ? Il n'en était pas sûr. Certains lui semblaient juste plus précipités que d'autres. Que ce soit pour le second ou pour lui même. Il était charmé...Il le trouvait beau, gentil. Il ne le prenait pas pour un con et le sentait plutôt sincère. Mais tout ça était terrifiant. Une peur de voir demain Jesse lui dire qu'il ne peut pas, qu'il le laisse, qu'il ne veut plus de lui. Will avait envie qu'il le rassure, qu'il lui dise encore et encore que ce n'était pas ce qui allait se passer. Mais il savait que son partenaire  ne pouvait pas le lui promettre. Et Will lui même allait devoir faire face à un défi de taille: ne pas aller voir ailleurs.

Qu'on soit clair, il n'en avait pas envie mais ces crises ne voulaient pas forcément la même chose. Ces moments de désespoir, un mélange d'angoisse et de dépression intense le mettant au fond du trou. Et cette voix lui criait de tout faire pour ressentir quoi que ce soit, de s’anesthésier rapidement. "Si y'a pas d'alcool, fume un joins, prend de la coke, fais-toi défoncer par le premier mec de 40 ans dégueulasse qui viendra te parler au bar". Voilà le genre de message qu'il pouvait recevoir.

Et même s'ils n'étaient pas officiellement ensemble, qu'ils n'avaient pas parlés de tout ça...Will savait qu'il le blesserait probablement. Alors il allait devoir trouver un moyen de contenir tout ça.

Mais voilà, le silence qui venait de s'installer suite à ses mots commença à doucement créer un creux dans sa poitrine. Une petite pointe de douleur. Pourtant ce n'était pas une déclaration. Enfin, ça en été une mais pas dans ce genre là. S'il se faisait rejeter à ce stade là de l'appréciation, il ne saurait quoi dire. Il ouvrit alors les yeux pour les poser sur sa chevelure que sa main avait mainte et mainte fois exploré. Pourquoi ne pouvait-il tout simplement pas répondre ? Le conforter ? Lui dire qu'il n'était pas le seul con à aimer être dans ses bras, à l'entendre à parler, à sentir sa chaleur....

Et finalement sa réponse lui tira un soupire soulagement, comme s'il pouvait enfin reprendre son souffle après l'avoir trop longtemps retenu. Il eu un sourire quelque peu idiot, visiblement satisfait, content et chuchota alors sans trop tarder:

-Moi aussi

Il releva très légèrement son menton pour déposer un  baiser chaste sur ses lèvres avant de l'étreindre un peu plus contre lui.

Et finalement, par cette relation, cette sensation de chaleur, de tendresse, le bruit de sa respiration, l'odeur de son corps, il finit par s'endormir sans trop le vouloir. Il était juste bien contre lui et ne voudrait changer ça pour rien au monde.

Will avait l'impression d'aller dans le bon sens pour une fois. Peut-être une genre de lumière dans son esprit embrumé. Enfin, Jesse n'était pas sans défaut et avait lui-même ses propres craintes mais au moins, il avait quelqu'un qu'il appréciait, à qui il pouvait parler et ça lui faisait du bien.

Il espérait que les choses continuent de prendre cette direction, il ne savait pas comment il pourrait supporter un autre abandon. Car ouai, c'était le risque. Un gros risque en connaissant le second. Mais peut-être ils allaient réussir à agir en adulte et s'aider à avancer mutuellement ? Enfin, c'était trop tôt encore pour y penser. Pour le moment, il voulait seulement profiter de cette affection qui semblait être sans limite.

Une vraie petite source de bonheur.