Et C'est Ainsi Que Le Sourire Tomba [Jesse]

Lorsqu'il sentit sa présence s'approcher de son dos, il ne le rejeta évidemment pas. C'était ce dont il avait besoins, même s'il ne l'exprimait pas très bien. Il ne savait pas trop comment il pouvait se gérer et face à une nouveauté telle quelle, il avait peur de merder de partout. Et ce n'est pas ce qu'il voulait. Il voulait bien faire les choses pour une fois et pas se dire que tout allait bien rouler seulement parce qu'il en avait envie. Depuis la disparition de Holly, il voulait prendre ses mesures et faire un peu plus attention. Car avec cette fille, ça n'aurait probablement pas tenu longtemps, il ne devait pas se voiler la face. Il ne prenait rien au sérieux.

Il resta alors ainsi, ne pouvant s'empêcher d'apprécier sa présence et sa chaleur réconfortante. C'était peut être ça aussi le sous texte. Il avait besoins d'être réconforté. Car lui aussi avec ses angoisses et n'était pas complètement rassuré par tout ça. Il n'aimait pas sa position, le fait d'être le potion, d'être le type instable. Et le fait que Jesse avait lui aussi des peurs le rassurait. Il faut dire qu'il l'avait vraiment vu comme un gars parfait qui avait tout pour lui. Will fit alors une petite moue et ferma à nouveau les yeux en sentant le visage du second venir dans le creux de son cou

Ses mots étaient agréables mais d'un côté, il avait peur que s'il se comporte vraiment normalement, avec ses moment de détresse, que Jesse s'en aille car n'assumerait pas vraiment tout ça. Et le fait que le danseur avait peur de s'attacher ne pouvait que jouer en sa défaveur non ? Il en avait bien peur.

-Mais... Je veux pas que ça te fasse t'éloigner de moi

La syntaxe de sa phrase n'était pas des plus jolie mais il n'était pas en mesure de faire de la poésie avec ses mots. Il continua alors de l'écouter et détourna le regard. Il aurait été probablement plus simple qu'il lui dise qu'il ne veut pas qu'il aille voir ailleurs car le faux albinos avait du mal à interpréter cette hésitation. Et il n'aimait pas trop ne pas comprendre. Il lâcha alors un léger soupire et marmonna;

- Je veux juste pas te blesser.


Cependant il eu un petit sourire quand il l'entendit dire qu'il ne voulait jute pas le lâcher. Il trouvait ça mignon. Il posa alors sa main sur celle qui entourait son corps qu'il caressa de ses doigts pendant plusieurs secondes. Difficile pour lui cependant d'accepter de se montrer mal en face de Jesse. Il craignait trop de choses, fondées ou non. Ce qui le laissait comprendre que cette relation n'allait pas être facile. Mais qu'importe, il tentait le coup.

Il vint alors doucement se retourner à nouveau face à lui et eu un petit sourire légèrement fatigué.

-Tu ne vas pas me supporter

Il eu un léger rire et glissa sa main sur sa joue avant de doucement poser ses lèvres contre les siennes. Cela faisait longtemps et bordel que c'était agréable d'avoir à nouveau ce genre de contact. Il recula alors son visage tout en le regardant un peu plus calmement que tout à l'heure. Il tenait à lui. C'était flippant presque.

- T'es si gentil

Bien sûr, en disant ça, il l'écartait le fait qu'il l'avait ghosté pendant un mois. Car ça, cela ne l'était pas vraiment.

Il hocha la tête quand la danseur lui affirma qu'il lui en parlerait avant qu'il ne le blesse. Cela la rassurait quelque peu, le garçon aux cheveux blancs souhaitait réellement bien faire les choses. Il n'était pas prêt encore à encaisser un autre abandon.

"Abandon", voilà bien un terme qu'il n'avait jamais trop pensé avant. Comme s'il venait de trouver un mot à mettre sur ce qu'il avait vécu. Comme si ce mot n'existait pas avant. Étrange.

-D'accord

Il eu un léger sourire, il avait l'impression d'agir comme ce qu'une personne plus saine ferait. Et c'était agréable de ne pas avoir l'impression d'être à côté de la plaque. Il fixa alors ses yeux. Il eu un sourire tendre et en profita pour déposer ses lèvres contre les siennes, geste qui lui avait plutôt manqué. Pouvoir avoir ce contact simple avec lui était divin. C'était un contact qu'ils avaient entretenus dès leur première rencontre dans cette bibliothèque, un geste devenu rapidement un moyen de communication en somme. Au départ signe d'un désir, à présent se rapprochant plus de la tendresse.

Il recula alors son visage et s'amusa du sien qui sembla être surpris. Enfin c'était ce qu'il pensait, il avait du mal à saisir l'émotion qu'il ressentait. Will glissa seulement une main dans sa chevelure tout en plongeant son regard dans le sien. Il sentit ses doigts glisser contre sa main et l'autre venir de ses cheveux à sa joue, ce qui détendait le garçon qui était, il y a bien dix minutes, bien plus crispés que ça. Il l'observa alors en tenant délicatement ses phalanges dans sa paume.

Il sourit à ses mots. Il le remerciait d'être venu et qu'ils aient pu parler. C'était con mais cette reconnaissance lui fit du bien Il avait fait ce qu'il fallait et il avait l'impression qu'il pouvait à présent se détendre enfin et penser simplement au petit bonheur qu'il ressentait. Une sorte de bulle dans laquelle il voulait à présent rester.

- Ouai... Je deviens mature, dit-il sur le ton de la blague

Mais peut-être que Will avait plus changé qu'il ne le croyait. Oui, il souffrait toujours mais son comportement avait différé. Difficile de dire si c'était en bien ou en mal cependant. Son bulletin était une catastrophe et cela alors qu'il ne faisait plus autant le clown qu'avant. Sagesse ou fatigue mental, difficile à dire.

Mais voilà que le faux albinos sentit lui même un baiser sur ses lèvres ! il sourit bêtement, content de cette attention. Il ferma les yeux pour en profiter et il le fit durer un peu plus longtemps que le précédent avant de le regarder dans les yeux. Il glissa sa main sur sa joue, puis dans ses cheveux à nouveau, lui faisait quelques papouilles. Il avait envie de rester avec lui. Et s'il voulait rester avec lui, il allait devoir faire des efforts pour ne pas péter un plomb quand il sera sortit d'Indare histoire qu'il ne finisse pas en hp.

Il avait pleins de questions à poser à Jesse, curieux sur ses phobies mais ils venaient de passer une belle discussion bien stressante et angoissante, le faux albinos avait envie de calmer le jeu et de souffler, tout en espérant que personne ne vienne jamais les interrompre.

- Va-t-il falloir que je finisse par m'enfuir par la fenêtre tel un voleur ?

En gros, il demandait s'il allait devoir partir un moment où un autre. Après tout il faisait nuit, Will avait envie de rester avec lui et rentrer maintenant à l'institut signifiait se faire engueuler. Il serait plus simple d'y retourner demain matin en même temps que les non-interne. Mais le faux albinos comprenez aussi que ça ne se faisait peut-être pas de s’incruster comme ça surtout s'il y avait la famille du dit danseur sous le toît.

Il n'avait aucune envie de s'en aller, il voulait passer sa nuit avec lui. Et cela sans forcément avoir une idée secondaire et mal placée en tête. Il voulait seulement profiter, pas besoins de plus pour le coup. Sa présence, ses bras, ses baisers et sa voix lui suffisait surtout après ce mois de silence et d'ignorance comme s'il n'avait jamais existé. Will avait seulement besoins de se rassurer qu'il ne comptait pas l'abandonner comme les autres et qu'il pouvait relâcher la pression et l'angoisse qui en résultait.

Cependant, le garçon risquait tout de même d'être un poil plus collant pendant quelques temps. Il aura probablement besoins d'être sûr de l’honnêteté de Jesse. Du fait qu'il comptait bien rester avec lui. Il ne savait pas s'il aurait la force de lui courir après une seconde fois. Car cela voudrait dire que rien n'empêchait qu'il doive dans le futur le refaire une troisième, une quatrième voir une cinquième fois. Et courir après quelqu'un était épuisant et loin d'être dans les habitudes du garçon qui avait toujours vu sa vie comme une sorte de fatalité sur laquelle il n'avait aucune emprise.

C'était à vrai dire la première fois qu'il décidait réellement de se battre. Et c'était encourageant de voir que ça portait ses fruits.

Il l'écouta alors lui expliquer que ses parents s'en allaient demain et qu'il pourra ainsi s'extirper en douce. Will aurait été partant pour assumer sa présence face aux adultes mais se cacher pouvait également être amusant.

- Je ne te voyais pas si... rebelle

Évidemment, ce mot était ringard et Will l'utilisait en connaissance de cause: Jesse donnait tout sauf cette image là. Il était le parfait petit gifted, avec la chance d'être apprécié, d'avoir eu un beau visage, un bon physique. Il donnait l'impression d'être un petit cadeau du ciel et le terme de rebelle semblait très loin d'être adapté à ce qu'il montrait de lui.

Avait-il déjà d'ailleurs exprimé à quel point il détestait le nom de cette section ? "Gifted" ? Pouvait-il y avoir encore pire terme pour mettre en avant un certain groupe et en réduire d'autres ?

Enfin bref, il caressa doucement ses mèches d'un air doux et calme. Ses yeux se plissaient visiblement de bien-être tandis qu'il se répétait à quel point cette ambiance l'avait manqué. Alors il était coincé avec lui ? Il ne s'en plaignait pas. Quand il était seul, dans sa chambre, dans l'ambiance glaçante qu'est un internat, il se sentait mal. Il était tenté par les conneries pour combler tout ça, toutes ses émotions. Ou plutôt ce manque d'émotion qu'il ne supportait pas. Mais avec Jesse, il ne se posait pas la question. Il avait quelqu'un sur qui se concentrer. Et ce quelqu'un cherchait à le réconforter quand il le sentait aller mal. Il était d'ailleurs plutôt bon pour percevoir les crispations, les grimaces ou les moments d’absence de Will.

- Ah merde, moi qui rêvait retourner dehors à -2 degrés pour aller me faire engueuler par des surveillants dans un internat moisit.

Il eu un petit rire et vint se coller un peu à lui, collant son front au sien dans une très grande douceur qui n'était peut-être pas ce qu'on imaginait du garçon aux premiers abords. Il lâcha alors un petit rire et ferma les yeux, glissant ses doigts à l'arrière de sa tête. Il avait parfois l'impression de parler encore comme un adolescent trouvant que tout était pourrit et que tout craignait. Il aurait fait un malheur s'il serait né durant la période émo-gothique. Mais un 2003 comme lui n'avait pas eu l'honneur d'y faire part.

- J'ai bien fais de redoubler visiblement ~

Car même s'ils avaient couché ensemble avant, il aurait été probablement plus délicat pour eux de se voir et Will était quasiment sûr que cette relation n'aurait jamais eu lieu.

- Sinon je n'aurais jamais pu fréquenter le grand Jesse, séducteur invétéré et danseur de talent

Il ricanna, entre l'ironie et l'honnêteté.

Il souriait tout en l'épiant de son regard taquin. Il aimait l'humour de ce garçon. Ces manies faussement prétentieuses ressemblant quasiment à de l'auto-dérision sans parler du fait qu'il n'était pas du genre à enfoncer Will... Le faux albinos aimait l'entendre parler et répondre à ses questions. Il appréciait juste être avec lui et profiter de sa chaleur et de sa présence.  Il l'observait alors, serrant doucement sa main dans la sienne d'un air enfin détendu. La crise était visiblement passée et après un mois à se demander s'il devait ou non agir sur son histoire, il était heureux d'avoir passer le pas.

- Je te pardonne, mais seulement car le palace ne s'occupe plus assez bien de sa majesté

Il sourit bêtement en l'observant, clairement charmé par ce gars. Et il ne pouvait définitivement pas le cacher. Il n'avait pas envie de le cacher de toute façon. A quoi bon ? Il baissait pourtant peut-être trop vite sa garde. Il ferait probablement mieux d'être plus méfiant envers ce garçon et son comportement. Mais, il voulait croire qu'il était capable de ne plus agir comme tel et qu'il aura le respect nécessaire pour ne pas le ghoster une nouvelle fois.

Will eu alors un long sourire. Pas si grand hein ? Il lâcha un petit rire amusé. Et pourtant, il continuait un peu de le jalouser. Malgré la connaissance de ses phobies, il représentait tellement de choses d'un point de vu très superficiel. Le but ultime de la plupart des lycéens dans les comédies pour adolescents. Cette pensée le fit juste doucement sourire.

- Il te manque juste d'être membre d'une équipe de football américaine et tu pourrais être le séducteur de ta propre série

Il sourit et glissa sa main sur sa joue pour la caresser

-Mais vu ton domaine de compétence, tu serais plutôt  pompom girl non ?

Il eu un regard moqueur sans être méchant. Il avait d'un coup l'image de Jesse en jupe courte, rouge avec des pompoms dans les mains. Ce serait drôle. Quoi que ce délire serait plus probablement réalisable par Will au vu de ses habitudes impertinentes.

Le front collé au sien, il ferma alors les yeux, se calant sur la respiration de son prochain. Il resta silencieux avant d'entendre la voix de son camarade qu'il le fit un peu plus sourire. Il partageait sa réflexion, le songe semblait signer la fin d'une bulle pour le momen. Et il suffisait de si peu pour la briser. Une porte qui s'ouvre, un téléphone, un quelconque événement demandant un minimum d'intérêt. Il entrouvrit alors les yeux pour observer son beau visage. Will n'avait d'ailleurs pas mit ses lentilles. Ses yeux avaient retrouvés une couleur sombre et plutôt ordinaire. Après tout, le choix de changer cette couleur n'était qu'un autre des symptômes de son état mental. Pas ses cheveux. Ses cheveux, bien que noirs à la base, étaient le résultat d'une dépigmentation qu'il avait subit jeune. Mais il n'en avait pas vraiment le souvenir. Difficile de dire si c'était une réaction chimique dû à une médication ou alors une réaction purement psychologique. Il n'était pas médecin. Et il n'avait qu'une vieille photo de lui enfant. La seule preuve en somme qui n'était pas un fana de teintures.

- Et bien ne dors pas

Sa réponse simple le fit sourire bêtement. Avec ses pieds, il retira ses chaussures qui tombèrent au sol. Il voulait juste mieux s'installer puisque pour le moment, ses jambes pendouillaient à moitié dans le vide.

-Viens là

Il s'enfonça alors un peu plus vers les coussins tout en attirant le garçon avec lui pour le poser directement sur son corps, l'enlaçant doucement tout en glissant une main dans sa chevelure, la caressant de ses longs doigts fins. Son autre main restait accrochée à celle de Jesse tandis qu'il humait son odeur avec sérénité.

- Après si tu veux pas dormir, on peut toujours s'arranger pour que je te secoue à chaque que tu commenceras à pioncer

Il eu un petit rire, conscient qu'il ne l'aidait pas en l'installant de cette façon. Mais c'était tellement confortable !

Le voir se déhancher en mini-short hein ? L'image n'était pas déplaisante, pas du tout même. Les hommes ont trop tendance à cacher leur jambe après tout. Le garçon eu alors un long sourire tandis que cette image se formait dans son esprit.

- Peut-être oui, ce serait...Très...miam

Il rigola, ayant donné un ton plus rauque à sa voix. Il faut dire que la féminité était loin d'être vu comme une insulte chez Will. Dire à Jesse qu'il serait plus telle une pompom girl n'était pas drôle à son esprit car un gars faisant "des trucs de filles". Disons que l'imaginer porter des tenus qu'il ne portait guère et faire des choses qu'il ne faisait pas était plus ce qu'il trouvait comique.

Il vint alors l'installer sur lui tandis qu'il s'enfonça un peu plus dans le lit. Il passa ses jambes autour des siennes, caressant doucement sa chevelure tandis qu'il, il faut l'avouer, frissonna un peu quand il sentit sa main se poser sous son pull. Mais le garçon sourit bêtement, visiblement dans un état de détende tandis qu'il ricana aux propos de son camarade. Il déposa alors un baiser sur son front.

-Au risque d'associer nos baisers à quelque chose d'aussi désagréable que le réveil ? Pas sûr d'avoir envie de prendre ce risque

Il sourit en appuyant très légèrement sa tête contre lui, fermant également les yeux. Il aimerait complètement fusionner, que cette chaleur soit quelque chose de permanente et d'inépuisable. Mais finalement, le bonheur n'existait-il pas car le malheur existait ?

Il cessa sa pensée philosophique quand il entendit le second. Il ouvrit les yeux, un poil surpris. A vrai dire, ça faisait longtemps qu'il mettait des lentilles. Difficile, même pour lui, d'expliquer pourquoi. A l'époque, il avait sortit quelque chose du genre:" si les gens me prennent pour un démon, alors autant y aller jusqu'au bout". Mais il n'était pas sûr que les gens le voyaient comme tel finalement. Il était un collégien et ce qu'il croyait être la vision des autres lui était faussée. Au final, il aurait mieux fait de mettre un nez rouge. Car c'était plus ainsi qu'on le percevait vraiment.

Et puis cet accessoire était resté, lui donnant un air peu sérieux, comme une barrière face à une vrai discussion. Finalement quand il retirait ses lentilles, c'était les moments où il brisait cette protection.

Will sourit doucement.

- Parfois j'oublis qu'ils sont noirs

Véridique. Et pourtant c'était lui qui devait les retirer et les mettre chaque soir et matin. Mais quand il se voyait sans lentilles, il voyait dans son regard toutes ses peurs et ses faiblesses. Mettre une couleur dessus était rassurant.

-On dit que les yeux sont une fenêtre ouverte sur l'âme...Peut-être que j'essaye de la fermer ainsi

Il sourit bêtement en le serrant un peu plus contre lui. Après quelques secondes, il eu un petit rire.

- Merde, c'était hyper poétiques, va falloir que j'écrive ça quelque part, ça va plaire à ma prof d'écriture.

Ses notes avaient d'ailleurs chutés sur cette matière. C'était dommage, il était plutôt bon. Mais cette année avait été compliquée. Et la présence de Jesse n'avait pas été assez pour sauver son bulletin déjà assez chaotique. Il réfléchit un peu et fixa le plafond quelques secondes.

- J'crois que j'avais les cheveux bruns aussi...Genre quand j'étais petit. Mais j'en ai pas des souvenirs de fou. Attends, je crois que j'ai pris en photo le polaroïd que j'avais trouvé.

C'était même sûr qu'il avait les cheveux bruns mais c'était si lointain qu'il se demandait par moment si le cliché mentait. Il chopa alors son téléphone, cessant de caresser la tête de son camarade en même temps. Il fouilla rapidement dans sa galerie et la trouva.

-Ah voilà

La photo était en couleur mais salie. La qualité était également un peu réduite à cause de prendre en photo une autre photo. Cependant, on distinguait Will petit. Il devait avoir 5 ans. Il était assit sur une chaise et regardait l'objectif d'un air un peu perdu. Comme s'il ne savait pas comment réagir face au gros objectif. Il avait les cheveux court, noir et les yeux de la même couleur. Ses habits n'était autre qu'un pull exagérément gros et un jean. Il tenait une peluche dans ses mains.

Il montra alors à Jesse en souriant

-J'en ai aucun souvenir par contre. Mais j'aimerais bien retrouver ce pull, il avait l'air très confortable.

Il avait encore du mal à utiliser son potentiel en écriture. Difficile d'expliquer pourquoi. Peut-être que ses préoccupations l'empêchaient de se pencher sur ce qui pourrait lui faire du bien ou alors...Il avait peut-être peur d'être déçu et de se rendre compte qu'il n'avait rien pour lui, même pas cela. Alors ouai, il traînait, il gardait des pages blanches pendant des jours et passaient son temps à abandonner et supprimer ce qu'il avançait. C'était con, il pourrait probablement faire des choses bien. Mais il avait peur, il ne voulait pas échouer dans la seule voie qui lui laçait de l'espoir et craignait de ne pas bien le supporter.

Il vint alors lui montrer une photo de lui petit. Ce qu'il ne faisait pas souvent d'ailleurs. Mais avec Jesse, il avait envie de partager sa vie, de parler avec lui et échanger sans forcément chercher à aller vers le sujet le plus absurde au possible, bien que ça lui arrivait encore. A sa réaction, il eu alors un petit sourire. Oui, il devait l'avouer, il était plutôt mignon. M'enfin, c'était dommage qu'il n'avait pas le contexte de la prise de cette photo: elle était dans la poche du petit garçon lorsqu'il avait été trouvé par sa famille adoptive à 10 ans.

-Ouai j'avoue, dit-il en élargissant son sourire mièvre.

Il l'observa alors mais il devait avouer qu'il ne ressentait pas grand chose à la vue de ce cliché. Si, peut-être un léger amusement. Mais il n'était pas nostalgique, heureux ou attendrit. Le fait que tout soit flou l'empêchait de faire ce transfère et d'imaginer comment cette époque était. Il en avait des flashs de temps à autre mais plus le temps avançait et plus les souvenirs se dissolvaient dans le magma qu'était le temps.

- Peut-être...Mais je ne suis pas très grand alors qui sait..ça me ferait peut-être un chouette croc-top, ricanna-t-il à sa remarque.

Il lâcha un long soupire en serrant un peu plus ses doigts dans les siens en même temps qu'il reçu un baiser sur sa joue. C'était terriblement agréable, il se sentait vraiment apprécié pour ce qu'il était et il n'avait pas à se demander inlassablement si tout était faux et malsain. Non, là, ça ne l'était pas. Malgré le début spécifiquement érotique, cette relation était pure et douce. Elle était précieuse bien que semblant fragile. Et c'était peut-être ça la peur du garçon.

A sa question, il fit une petite moue. Difficile à dire. Évidemment, on l'avait traîné au médecin lors de sa perte de couleur mais Will n'en avait qu'un vague souvenir. Peut-être que ses parents savaient mais que le faux albinos n'avait pas vraiment eu envie de poser la question. Et d'ailleurs, ils semblaient l'éviter. Tant qu'il n'avait rien de grave, était-ce finalement si important ?

- Je sais pas trop...C'est pas un changement de couleur, c'est plus...Disons...Une dépigmentation tu vois.

Il posa son téléphone sur le matelas et glissa à nouveau ses doigts dans les cheveux du second dont le gémissement émit précédemment lui avait fait comprendre qu'il désirait faire continuer ce massage.

- J'ai deux pistes mais j'suis pas docteur alors... J'dirais que c'est soit à cause de médicaments...soit c'est psychologique. Il parait que l'esprit peut beaucoup jouer sur le corps.

Mais il ne savait pas s'il avait envie d'approfondir plus. Avec Chris, ça lui avait suffit. Parler du passé, pourquoi pas. Replonger dedans et le fouiller, non.

Après ce n'était pas non plus rassurant que Will ne s'intéresse pas plus à quelque chose de potentiellement grave. La plupart des gens auraient paniqués. Mais le garçon partait du principe que s'il avait une maladie ou il ne sait quoi, ses parents le lui auraient probablement dis. Mais vu ce qu'il avait vécu, ça ne l'étonnerait pas qu'il choppe une telle merde un jour ou l'autre.

- Je pourrais même pas te donner un âge, Mr Barton m'a amené au toubib mais...Genre j'étais jeune, j'me souviens pas trop de ce qui a été dis

Il en parlait en tout cas avec légèreté, cela ne semblait pas trop le gêner d'aborder le sujet

Il ne savait pas trop, il était loin d'être médecin et il ne voyait pas d'autres possibles réponses qu'un traumatisme ou des médicaments. Quoi d'autre ? On lui faisait des teintures pendant son sommeil sans qu'il ne s'en rende compte ? Très peu probable bien que l'idée soit plutôt drôle. Il haussa alors ses épaules.

- Va savoir

Il n'avait pas la réponse et il préférait de loin l'excuse des médicaments. L'idée que rien ne soit de sa faute et qu'il ne puisse rien faire pour changer était...étrangement rassurant. Pourquoi serait-ce à lui de faire des efforts pour aller mieux alors que c'était d'autres qui lui avaient fait du mal ? Ce n'était pas juste. Il caressa alors doucement sa chevelure avec une grande délicatesse. A sa remarque, il eu un petit rire. Un cerveau bizarre hm ? Peut-être, après tout il n'était potion pour rien.

- C'est sûr qu'il faut avoir un cerveau bien étrange pour vouloir traîner comme ça avec moi

Et par "traîner comme ça", il comptait évidemment les bisous et les câlins. Il déposa ainsi un baiser sur son front, ayant bien du mal à comprendre ce que Jesse pouvait lui trouver. Mais il ne comptait pas faire la liste de tous ses défauts pour le dégoûter. Cette situation lui plaisait, il n'allait pas le faire fuir de lui même. Il entendit finalement la question sur son père. Il réfléchit un peu, c'était assez récent cette façon de parler de son tuteur légal. Peut-être un ou deux après être arrivé à Indare. Will c'était doucement éloigné de sa famille adoptive, ne rentrant même plus pendant les vacances pour les voir. Probablement que ça leur faisait de la peine mais... sans savoir pourquoi, il avait du mal à ressentir de l'empathie envers eux. Même envers son frère que Will avait traumatisé et qui l'avait conduit à être amené ici définitivement.

-J'ai rien contre lui en soit...J'sais pas, j'ai juste pas envie de les appeler "papa" ou "maman". Ce ne sont pas mes vrais parents et ils se sont débarrassés de moi en me foutant ici.

L'abandon, encore un sujet récurant que Will avait ressentit malgré le fait qu'il était resté très stoïque à l'annonce de son déménagement.

- Et c'est même pas "et si on mettait Will dans l'institut d'à côté". Non c'était "Non, on va foutre ce gosse le plus loin possible de son pays dans un endroit qu'il ne connaît pas comme ça on est sûr qu'il rentrera le moins possible".

On ne lui avait évidement pas dit ça comme ça. Personne n'avait dit ça. C'était ce qu'il s'imaginait. Il était américain...Qu'est-ce qu'il foutait là ? Au fond, il était en colère mais Will n'identifiait pas ce sentiment, il le détestait. Alors il préférait montrer de l'indifférence. C'était, dans son esprit du moins, plus sain que de hurler ses sentiments et frapper dans des meubles d'une façon dramatique. Il savait qu'il avait fait du mal à leur fils mais...Non, ce n'était pas de sa faute. Rien n'était de sa faute. Et cela même si c'était une pensée qu'il avait de plus en plus de mal à assumer.

Il réfléchit un peu plus à sa question, pour le coup ce n'était peut-être pas la faute de ses parents. Will faisait un peu le sourd.

- Et bien... Je ne sais pas s'ils savent. Mais s'ils le savent...Ouai on en parle pas. Mais je demande pas non plus. J'crois qu'ils essayent de me protéger

Il eu un petit rire

-Mais bon, je pense qu'ils partent du principe que j'ai oublié ce qui m'est arrivé avant d'être adopté. Alors que pas vraiment, j'avais 10 ans, ma mémoire est pas si mauvaise.

Ils ne voulaient pas qu'il se replonge dans la réalité mais Will y était déjà. Et son comportement entier était un rappel à ça. Il lâcha alors un petit sourire et le serra un peu plus contre lui, se rassurant par son odeur.

-J'ai pas de famille.

C'était dur à dire, surtout pour ses parents adoptif mais il digérait pas du tout ce qu'il appelait abandon et qu'importe si c'était ou non pour son bien. Par exemple, sa mère était venu au début des vacances, avaient fait tout le trajet et Will avait tout fait pour à peine la voir.

- J'aimais bien mon frère mais ils m'empêchent de le voir

Là encore il déformait mais c'était en partit vrai. Disons que ses parents mettaient de la distance entre eux et ne l'autorisait pas à être seul avec lui. S'il devait le voir, c'était sous surveillance de ses parents adoptifs depuis le dernier événement.