A jeune coeur, tout n'est qu'un jeu.
Fin des cours. Fin de la journée. Fin du repas. Je me dirige à grands pas, si ce n'est en courant, vers ma chambre, impatient que les lumières s'éteignent, que les couloirs se vident et que le silence règne en maître dans tout le bahut. Je profite du temps qu'il me reste pour me préparer, c'est-à-dire prendre une douche, me laver les dents et "m'habiller".
Aussi improbable que cela puisse paraître, étant donné l'escapade nocturne qui est prévue, je ne suis muni que de mon pyjama. Enfin, d'un t-shirt blanc à courtes manches ainsi que d'un short très court de pareille couleur, décoré d'un petit nœud bleu pastel et de koalas imprimés suivant cette même palette de tons.
Après m'être entièrement apprêté, mais faisant surtout mine à mes colocataires que cette nuit se déroulera sagement comme les autres, je me glisse sous mes draps et patiente désormais sagement que tous ferment les yeux, s'endorment... ne risquant pas de cramer mon absence ou de s'éveiller au moment où je quitte ma chambre.
Via nos téléphones portables, Austin et moi communiquons par textos, nous envoyant des petits messages mignons, mais échangeant surtout sur l'avancée de la situation. Cela fait quelques jours que nous prévoyons cela, que nous préparons cette mise en scène. Il serait dommage que tout finisse par s'écrouler simplement à cause de notre impatience.
Nous prenons des risques, nous le savons, mais nous sommes bien trop aveuglés par l'adrénaline et par l'excitation d'enfreindre le règlement, sans pousser le vice à son maximum et ce de manière un tantinet exagéré, que nous ne parvenons pas à nous dégonfler pour si peu. Après tout, on ne fait rien de mal ! Nous avons simplement décidé de transgresser quelques règles, et précisément celle du couvre-feu, afin de nous retrouver en tête-à-tête, de profiter de la vie et de profiter de l'un de l'autre.
L'heure tourne et nous approchons bientôt d'une heure du matin. Je me redresse doucement, le téléphone portable contre la poitrine et murmure les prénoms des deux garçons qui partagent la même chambre que moi. Aucune réponse... PARFAIT. Délicatement, je sors de mon lit, attrape mes chaussons à deux doigts tout en veillant à ne faire aucun bruit susceptible de perturber leur sommeil. A pas retenus, je m'avance presque dans le noir, mais tout de même aidé de la faible lumière qu'émet mon portable, jusqu'à atteindre la porte de la chambre. Aussi discrètement que possible, je l'ouvre, vérifie bien qu'aucun d'entre eux ne s'est levé, mais aussi qu'aucun surveillant ne rôde dans les couloirs. Une fois le check ok, je referme tout en douceur, derrière moi, la porte pour me retrouver seul, ou du moins je l'espère, dans le couloir.
La première étape accomplie, je contacte Austin par messages, lui expliquant que de mon côté, c'est réussi tout en attendant des nouvelles de sa part. Espérons que de son côté, le chemin ne soit pas semé d'embûches où cela risquerait de compliquer la chose !
Je m'écarte de la porte d'entrée de ma chambre et essaye de trouver un endroit plus isolé afin que tous risques inutiles soient évités le plus possible. Dans l'attente de réponses de la part de celui qui fait battre mon cœur, je m'assieds quelque part dans le couloir, proche des escaliers nous menant aux étages inférieurs. Bien que la zone ne soit pas sans risques, c'est toujours plus pratique qu'en plein milieu du couloir. Ici, si un bruit de pas suspects est entendu, je peux toujours rapidement me réfugier en bas et ainsi ne pas prendre le risque d'être pris la main dans le sac. Du moins... dans l'optique où je suis rapide et discret.