PNJs - lycéens

Elie est née dans une petite ville et a toujours voulu se détacher de la masse, ne ressembler à personne. Depuis ses 11 ans, elle alterne d'une couleur de cheveux à une autre bien que ça fasse grincer des dents ses parents. Elle a démontré très jeune un grand talent pour l'écriture et les reportages, créant même un petit journal quand elle était en primaire, et c'est ce qui a convaincu ses parents de la laisser poursuivre dans cette voie quand elle a annoncé vouloir devenir reporter.

Elie est entrée dans le programme Gifted section journalisme en 2018, et elle a bien l'intention d'y briller. Elle a rencontré Any Wiesel dans ses premiers jours à l'école, quand elle a vu dans la fin des études de cette dernière une opportunité de "stage". Elle est allée voir la fouine aussitôt pour lui demander de la prendre comme apprentie, et les deux filles traquent les rumeurs ensemble depuis ce jour, et Elie a pris la suite en septembre 2019.

Charlie est née 10 mois après Jesse. Les deux enfants ont toujours été très proches, pris pour des jumeaux jusqu'à ce que Charlie commence à avoir les cheveux noirs. Leur petite soeur est née trois ans après elle.

Sa relation avec Jesse a souffert de ce qui est arrivé au garçon. Quand elle avait huit ans, c'est elle qui a compris qu'il était arrivé quelque chose à son frère et qui en a parlé à leurs parents. Jesse lui en a voulu énormément de l'avoir fait contre son gré et, même s'il ne s'en souvient plus trop, le léger froid entre eux est resté. Le procès eut lieu deux semaines plus tard, et elle a insisté pour témoigner tandis que son frère restait à la maison. Puis, à la fin de l'année scolaire, l'agresseur en prison, ils quittèrent le Canada.

Charlie ne s'est jamais vraiment remise des événements de son enfance. Même si elle n'a pas été directement victime, elle a développé une peur panique des contacts dont elle se remet à peine - et lentement - et elle s'est plongée à corps perdu dans l'école pour ne pas avoir à devenir sociable.

Le harcèlement dont elle a été victime lors de sa dernière année de collège a changé sa perspective et elle s'est orientée vers la branche populaire en entrant à Indarë, travaillant en secret la nuit et jouant les "bonnes élèves chanceuses" le jour. Pour l'instant, son jeu de fille à la mode tient la route, mais ce n'est pas forcément un rythme facile à tenir.

Son prénom parut bizarre pour tous ses camarades de classe et certains de ses professeurs, qui finissaient par l'appeler Jude ou Judy et elle eut beaucoup de mal à l'accepter. Mais soit, en primaire, Jodie devint Judy. Petite peste de l'école, du moins pour tous ceux qui n'avaient pas son âge, elle récolta les meilleures notes possibles tout en faisant vivre l'enfer aux adultes dans la cour de récré, entre les fugues, les cachettes et les farces vaseuses. Mais son enfance n'est pas finalement pas la période la plus marquante de sa vie. En vérité, à part quelques événements isolés, elle ne se souvient de rien.

Au collège, elle a calmé le jeu. Moins insupportable, moins "rebelle". Disons qu'elle s'est un peu rangée, qu'elle a essayé de se construire une vie sociale à peu près potable, qu'elle s'est fait des amis. Elle commença à fumer à 14 ans, sortit avec deux personnes dans les deux années suivantes, entra au lycée, embrassa plusieurs filles dans un jeu à une soirée et but au point de presque coucher avec l'une d'elles. Bref, pas forcément une vie banale, mais au moins elle avait cessé de se battre avec tout le monde et d'emmerder ses profs.
Au lycée, elle a rencontré Adam Cluster, un camarade d'origine américaine qui marqua aussitôt pour elle un intérêt prononcé. C'était un élève tout droit débarqué de New York, qui faisait baver toutes les filles du lycée. Sauf qu'il ne s'intéressait pas à elles : il s'intéressait à Jodie. L'attirance n'était pas réciproque, cela dit, mais il sembla bien le prendre. Il devint son ami, même s'il continua de temps en temps de retenter une déclaration, à laquelle elle retournait toujours la même réponse. Tout se passa bien pendant la première année de leur amitié et ils finirent par créer un lien solide, une fois qu'Adam laissa de côté son insistance.

Elle n'est pas trop sûre du moment où les choses ont dérapé. Quand elle y repense, maintenant, elle est persuadée que c'était le cas dès le premier jour mais qu'elle s'est juste voilée la face. De jour en jour, Adam s'est montré plus possessif, plus protecteur, gardant un œil sévère sur ceux qui l'approchaient de trop près, que ce soit des amis ou des personnes souhaitant plus. Elle n'y a pas prêté attention, au début ; elle-même a toujours eu tendance à être assez possessive avec ses amis, elle considérait juste qu'il l'exprimait plus qu'elle, et elle n'oubliait pas que les sentiments qu'il réprimait pesaient dans la balance. Avec le temps, les choses n'ont fait qu'empirer. Il éloignait ses amis et elle commença à entrer dans son jeu, éloignant d'elle-même les personnes les plus susceptibles de provoquer sa colère ou sa jalousie, s'enfermant dans un cercle qui tournait autour de lui, une amitié fermée, une manipulation sordide dans laquelle elle plongea la tête la première sans même s'en apercevoir. Si elle n'était pas seule, elle eut rapidement de moins en moins de personnes pour la soutenir. Il y avait Adam, qui lui envoyait des messages toutes les cinq minutes, qui la harcelait si elle ne lui envoyait pas au moins un par heure, qui l'appelait tous les matins et tous les soirs, qui tournait autour d'elle à chaque pause déjeuner, chaque moment d'attente. Et puis quelque chose a craqué, lui, qui a fini par laisser tomber le masque de la fausse amitié. Elle le repoussa une fois, deux fois, l'empêcha plusieurs fois de l'embrasser, de la toucher... il n'essayait plus de jouer le rôle d'ami, mais elle était déjà prisonnière de sa spirale, culpabilisant à chaque rejet qu'elle lui infligeait, incapable de trouver du soutien où que ce soit tant elle avait éloigné son entourage.
Il était la seule personne proche d'elle, elle ne pouvait pas arrêter de le repousser, mais elle ne pouvait pas le faire disparaître totalement. Il s'installa un climat de tension, une angoisse sourde qui la contrôlait à chaque instant, une ombre autour d'elle avec une question, un seule, qui tournait en boucle : "je fais quoi, s'il essaye encore de me toucher ?" Et à chaque fois, elle le repoussait. À chaque fois, il s'énervait et la peur s'insinuait, de plus en plus forte mais pas assez pour contrer son angoisse de la solitude. Elle a fait le choix de rester dans ce status quo, entre les caresses qu'elle repoussait avec de moins en moins de force, frappée par la répétition des assauts, et l'abandon total qu'elle s'était infligée.
Un piège, qu'elle n'avait vu que trop tard et dont elle ne pouvait plus sortir.

Et puis il y a eu le moment de trop. Le moment où elle s'est sentie céder, épuisée à l'usure, où elle a compris qu'elle n'aurait plus la force de le repousser la fois suivante et qu'il finirait par avoir ce qu'il voulait. Elle a repensé aux nausées qui al saisissaient à chaque contact, à l'envie de s'arracher la peau pour effacer toute trace du passage de ses mains, et la question a changé. "Dans quel état je serai, s'il va plus loin ?". Entrevoir la réponse lui a fourni la force d'affronter la solitude et, du jour au lendemain, elle a cessé de lui parler, avec un simple message, une explication brève et simple, quatre mots : tu me fais peur. Puis elle s'est éloignée.
Dire qu'il n'a pas cherché à la revoir serait le mensonge le plus improbable du monde. Tandis qu'elle subissait la solitude, les restes de son piège, lui commençait à la suivre. Il garda précieusement toutes les photos qu'il avait d'elle, toutes les photos qu'il avait d'eux, puis il commença à surveiller le moindre de ses pas, à la suivre jusqu'à chez elle chaque soir pour l'observer et la photographier à travers la fenêtre de sa chambre. Il devint son ombre, à nouveau, menaçante plutôt que doucereuse, tout aussi terrifiante.

Très vite, elle commença à avoir peur, peur de cette ombre qui était partout présente sur sa vie et emprisonnait sa liberté. Ce manège dura trois mois. Trois mois durant lesquels elle ne put allez nulle part sans être sûre qu'il serait là, quelque part, prêt à surgir à n'importe quel moment, trois mois de paranoïa et de panique, où elle était incapable de laisser le moindre rideau, le moindre volet ne serait-ce qu'entrouvert, de laisser la moindre petite webcam allumée. Elle le voyait partout, et elle savait qu'il l'était vraiment. Trois mois pendant lesquels elle s'arracha des cheveux déjà abîmés par ses angoisses précédentes, pendant lesquels manger était une pénitence, tant elle avait la gorge serrée par la peur.

Adam était devenu son cauchemar du monde réel, sa phobie la plus exacerbée. Elle n'eut jamais le courage de le dire à ses parents ou d'appeler la police, elle se cloîtra dans la peur et la solitude. Jusqu'au jour où il entra chez elle par une porte que ses parents n'avaient pas fermée, par négligence, avant de sortir. Il la trouva assise dans le salon, en train de lire un livre, et elle ne l'entendit approcher qu'à la dernière seconde. Recul, panique, elle se précipita dans la cuisine pour l'éloigner en le menaçant d'un long couteau pioché à la va-vite. Il s'approcha, la regardant rétracter ses bras contre sa poitrine sans avoir le courage de le blesser. Elle essaya de se détourner quand il l'embrassa, se crispa au contact de ses mains sur ses cuisses. Puis quand ses gestes se firent trop insistants, le couteau partit tout seul, transperçant sa gorge de part en part dans une gerbe de sang. L'histoire se termina là quand, laissant tomber l'arme au sol, elle s'écroula par terre, en larmes, incapable de retenir les sanglots de terreur contenus depuis trop longtemps.

Jugée sur cas de légitime défense, elle fut quand même envoyée à Indarë, en Potion, pour se remettre du traumatisme psychologique. Si elle se rendit bien aux séances sensées remettre en état son esprit, elle n'y prêta pas la moindre attention. C'était déjà trop tard à ses yeux pour qu'on la rattrape avant qu'elle ne plonge au fond du gouffre. Elle avait peur, peur que ça recommence, peur qu'une autre personne s'intéresse à elle, peur de cette beauté dont elle ne voulait plus. Elle ne voulait pas de ce corps bien proportionné, de ces formes, de cet attrait qu'elle avait sur les garçons de son entourage. Elle ne voulait plus être belle... Un mois après l'incident, Jodie cessa de manger. Si elle maigrissait, elle perdrait ses formes, elle perdrait ce qui la rendait belle aux yeux des autres. Si d'autres voulaient mincir pour être belle, elle le voulait pour ne plus l'être. Sa dépression tourna en anorexie. Elle contrôlait ses envies de suicide derrière sa faim grandissante. Plus jamais elle ne laisserait qui que ce soit l'approcher, la complimenter, l'aimer... La paranoïa envahit son univers, persuadée d'être surveillée, suivie, espionnée en permanence, elle refusait de faire deux pas hors de chez elle seule, fermait systématiquement toutes les portes à clef, toutes les fenêtres, bloquait les portes avec des chaises, couvrait les fenêtres sans rideau de ruban adhésif noir. Elle s'est calmée depuis le début de 2020, mais elle reste encore très fragile et effrayée par les contacts humains.

Tianna est entrée en Gifted en Septembre 2017. Passionnée de danse, elle est sortie d'une école de ballet avec l'objectif de se diversifier pour s'orienter vers la danse moderne. Au contact de certains de ses camarades, elle a découvert d'autres styles, notamment la danse acrobatique à laquelle elle s'est essayée dans le club de danse, mais elle reste majoritairement adepte de danse moderne et contemporaine.

Depuis Septembre 2018, elle a été associée à Jesse MacPherson pour les projets de danse qu'ils doivent rendre pour leur cours de spécialité. Elle ne le voit cependant pas tant que ça en dehors des cours, à part au club qu'elle a rejoint pour s'essayer aux styles qu'elle n'apprend pas en cours, comme la danse acrobatique ou l'electro-swing. Elle aide aussi ceux qui le souhaitent à apprendre des mouvements de ballet et de danse classique.

Tianna a une petite sœur, Ilona, dans le programme Potion. Elle passe la majeure partie de son temps avec elle et a donc un peu plus de contact avec l'IRS que l'ISS, même si elle s'entend bien avec la majorité de ses camarades de classe. Elle-même a été plutôt épargnée par la vie, mais la schizophrénie de sa sœur, découverte en 2016, l'a rendue plutôt ouverte d'esprit et proche des gens qui souffrent.

Je m’appelle Lova Lindberg. Ou plus connue sous le nom de Lova. Beaucoup, en Suède, connaissent mon nom, et de plus en plus dans le monde. Je suis un célèbre mannequin qui commence à se faire une place dans le monde de la télé, avec quelques séries dans lesquelles mes apparitions sont remarquées et plutôt appréciées. Mais avant d’être ce que je suis actuellement, j’étais plutôt simple et ne vivais que par la musique. C’est d’ailleurs toujours le cas. La musique a toujours était mon premier choix, mon premier amour. Mais les circonstances m’ont éloignée de cette passion première et de ma nature calme et posée.

J’ai eu une enfance heureuse, baignée dans la musique. Mon père m’a appris la guitare très jeune, vers 4 ans. C’est mon instrument de prédilection. J’y joue constamment. Ma première guitare m’a été offerte à mes 5 ans. C’était le plus beau jour de ma vie. Vous auriez vous les petites étoiles dans mes yeux ! Mais je ne me suis pas arrêtée à la guitare. J’ai commencé le piano à l’âge de 6 ans, puis le violon à 8 ans, la flûte traversière à 9 ans et la basse, l’année de mes 11 ans. Aujourd’hui, j’ai un plutôt bon niveau pour la plupart, même si j’ai encore beaucoup de choses à apprendre et découvrir pour les trois derniers.

Quand j’étais à l’école primaire, vers 11 ans, j’ai créé mon tout premier groupe de musique avec mes amis. Il n’avait pas de nom, c’était simplement un groupe de musique pour faire de la musique, sans aucun projet d’avenir. Les gens allait et venait dans le groupe. C’était pas très sérieux, quoi. Enfin, j’étais la seule qui restais et étais sérieuse à son sujet. L’année d’après, je me suis fait de vrais amis qui ont commencé à voir le groupe plus sérieusement. C’était vraiment cool ! Je m’amusais enfin ! Je chantais et étais à la guitare, bien sûr, mes deux potes mecs étaient à la basse et la batterie. Ma meilleure amie était au piano. Ma relation avec elle était très forte. Elle s’appelait Evy. On était constamment ensemble. Quand on est rentrés au collège. On a commencé à faire des petits concerts pour les camarades de classe pendant des fêtes, comme des anniversaires ou à la fête de l’école. C’était le début de la fin concernant la musique. Mais ça, je le savais pas encore. Un jour, un producteur a contacté mes parents pour discuter à propos d’une suggestion.

- Monsieur et madame Lindberg ? Bonjour, monsieur Karlsson à l’appareil. Je suis agent pour l’agence de mannequinat Elite Model. J’ai eu la chance de voir votre fille pendant son concert à la fête de son collège et je voulais parler avec vous de l’éventualité qu’elle intègre notre agence. C’est une très jolie fille et nous recherchons justement des gens de son âge pour un projet. Voulez vous que l’on se rencontre pour en parler plus précisément ?

Vous imaginez mon excitation quand j’ai appris ça ! C’était parfait pour faire connaître notre groupe ! Et à ce moment là, c’est tout ce qui m’importait. Alors j’ai supplié mes parents d’accepter. On a rencontré ce monsieur Karlsson tous ensemble pour qu’il nous explique un peu plus en détails et accepter sa proposition. C’est donc à l’âge de 13 ans que je suis devenue mannequin et que je me suis découverte un vrai talent pour cela. Ce que je ne savais pas, c’est que ça allait me demander beaucoup plus de temps que je ne l’aurais voulu. J’ai rapidement du louper les cours, et mes parents m’ont trouvé un tuteur pour que je continue mes études sur mon temps libre. Et concernant mes amis, j’ai dû abandonner le groupe un peu plus tard… ce qui a été la décision la plus difficile de ma vie. J’aurais voulu arrêter le mannequinat, mais les nombreux contrats et les responsabilités que j’avais m’en ont empêchés. Evy me manquait énormément et plus le temps passait, plus mes agents étaient exigeants. Perte de poids constante, work out en salle pour rester en forme, régimes pas forcément utiles mais obligatoires. Tout ça pour petit à petit m’éloigner de mon rêve de musique. Puis les petits contrats pour des séries sont arrivés et je n’avais pas le droit de refuser.

« Ce n’est que le début Love ! Si tu veux te faire reconnaître, tu ne peux pas négliger la moindre offre que l’on te donne. »

Je pensais toujours à mes amis et surtout à ma meilleure amie. Et plus ça allait, plus mes pensées la concernant dérivaient. Je me suis rendue compte qu’elle était beaucoup plus pour moi qu’une amie. Beaucoup plus. Il m’arrivait de les contacter quand j’avais du temps mais ça finissait rapidement de la même manière. Les garçons commençaient à perdre espoir que je reviendrais. Et Evy, je n’osais plus l’appeler. Mon cœur battait tellement fort que j’en avais la nausée dés que mes doigts commençaient à taper son numéro. Assez rapidement, j’ai abandonné. Et quand j’avais 14 ans, ils m’ont contactés pour me dire de laisser tomber le groupe, qu’ils voyaient bien que je mettais plus d’importance à mon boulot qu’à la musique et mon amitié avec eux a pris fin ce jour là.

C’est là que je me suis rendue compte que mes sentiments pour Evy étaient vrais. Que depuis tout ce temps, j’étais amoureuse d’elle et que maintenant c’était trop tard. Ils avaient trouvé une nouvelle chanteuse et guitariste pour continuer la musique de leur côté et moi, je n’avais plus qu’un métier qui ne me plaisait pas de base et encore moins depuis que je savais en quoi ça consistait. Mais je n’avais plus que ça, alors j’ai continué. J’ai joué un rôle pendant longtemps, en plus des petits rôles que l’on me donnait dans des séries télés. Des rôles qui m’ont fait me rendre compte que moi et les garçons, c’était tout simplement pas possible.

- Maman… Je ne veux plus avoir de rôles dans lesquels je dois embrasser des garçons.

- Tu es mal à l’aise ? Tu vas t’habituer ma chérie, ne t’inquiète pas. C’est parce que tu n’as encore jamais eu de petit ami que tu as du mal.

- Maman. Je ne veux pas embrasser des garçons. Je n’aime pas ça.

- Tu…comment ça ? Tu n’aimes pas ça mais…c’est parce que tu n’as pas de sentiments pour eux, non ?

- Non… Ça me dégoute. Je…je crois que j’aime les filles…

Ma mère avait été choquée pendant quelques minutes. Elle a hoché la tête en silence, acquiesçant. Je l’ai ensuite regardée partir de la pièce. Alors ça fait ça…de faire son coming out… quelques heures plus tard, elle est revenue avec mon père.

- Love. Tu…tu es sérieuse quand tu dis que tu aimes les filles ?

- Oui. J’étais amoureuse d’Evy.

- Je vois…euh…eh bien, on en a parlé avec ta mère et on pense qu’il faut que tu le caches. Tu imagines la polémique que ça ferait si les médias le découvraient ?

Je poussai un long soupire. Ou autrement dit, fais comme si tu étais hétéro et continue de rouler des pelles à l’écran à des mecs dégueu… Super. J’ai hoché la tête. Au moins, ils ne me foutaient pas à la porte, ce qui était une petite victoire en soi. Mais ce que je ne pensais pas c’est que cette décision aurait un immense impact sur ma santé. Petit à petit, ne plus faire de musique, me refouler publiquement pour le bien d’autres que je ne connais pas, et le style de vie de mannequin m’ont fait sombrer dans la dépression. Je me suis créée une obsession pour mon corps qui devenait beaucoup trop important qu’il ne le fût vraiment. Je perdais du poids, encore et encore, et dés que je mangeais, le besoin urgent de me faire vomir était là, présent, jusqu’à ce que je passe à l’action. C’était plus fort que moi. Dés que j’ingurgitais quelque chose, j’avais l’impression que mon corps se déformait pour devenir énorme. Je ne supportais plus me regarder dans le miroir. Je voyais les photos des shoots qui m’amincissaient encore plus avec des logiciels et cela me rendait folle.

Plus le temps passait, plus mes parents se rendaient compte de mon état et s’inquiétaient, comme des parents normaux devraient faire. Ils en ont parlés à mon manager et ensemble, ils ont décidé de me faire prendre un pause dans mon métier, pour que ma santé s’améliore et que je me ressource. C’est là que ma mère à eut l’idée de m’envoyer à Indarë. J’allais pouvoir me faire des amis, reprendre mes études et en même temps me faire suivre. Le plan parfait. Ils m’ont donc inscrite rapidement pour que j’y entre le plus tôt possible.