Vendredi 8 mars
Après avoir eut quelques difficultés à ranger ses bouquins dans son nouveau bureau, Neil resta un instant sans rien dire, encore prit dans ses réflexions les plus intimes.
Contrairement à ce que l'on pourrait croire, il est du genre à être très préoccupé. Que cela soit sa dernière lecture, la dernière émission ou série qu'il à vu, il remet tout en question, se posant des millier de questions à tout les sujets abordés. C'était un peu sa manière de vivre, dans une sorte d'éternelle insatisfaction dû au manque de connaissances réelles du monde qui l'entoure.
Il pouvait résumer la vie de certaines personnes comme le ferait le journal du 20h, avec des gros titres et des questions à peine traitée mais, généralement, tout restait horriblement vide de contenu. Monsieur x s'est fait renversé par madame z. Elle risque telle peine. Mais pourquoi a-t-elle appuyé sur l'accélérateur ? Pourquoi n'a-t-elle pas changé de direction ? Pourquoi monsieur x n'a pas regardé avant de traverser? Toujours trop de questions, jamais de réponses. Et ce stupide exemple dénonçait selon lui un réel problème : Donner une boîte vide bien emballé suffit à faire croire à un cadeau. Ou tout du moins, ça marchait plus d'une fois sur deux. Et beaucoup de personnes utilisaient le coup de la boite emballée et ça avait le don de l'emmerder. Mais hors de question que cela lui arrive durant ses rendez-vous. Pour la première fois, pourquoi pas, mais pour la seconde il ne sera sans doute plus aussi silencieux.
De même que, étant tout juste arrivé dans cet établissement, il devait d'abord rencontrer un bon nombre d'élèves avant d'enfin avoir un contenu suffisant pour être utile. Il espérait parfois avoir affaire à des personnes réfléchies, capable de pousser leurs réflexions plus loin que la simplicité même. Il voulait aussi se retrouver face à du complexe, du méthodique voir même de l'improbable, même si cela allait le pousser à parler de sa vision des choses qui pouvait en troubler plus d'un. Après tout, c'était la raison même de sa venue : rencontrer des personnes différentes pour en apprendre d'eux, de leur vie et de les aider à avancer. Quoi de mieux que de vraies réflexions, qu'un vrais travail? Au moins il avait quitté ce sentiment d'inutilité au profit de quelque chose de stimulant.
Il avait eut le choix de lire les dossiers des élèves, de s'imprégner d'eux avant même de les rencontrer et, pourtant, il n'en fit rien. Il n'aimait pas du tout le sentiment d' "avoir de l'avance". Il voulait les connaitre petit à petit, avec leur accord, leurs mots, leurs gestes. Il ne voulait que du concret, que de la pure sincérité avec eux. Après tout, moins il y avait d'à priori, moins il risquait de faire du forcing ou de mettre mal à l'aise certains d'entre eux. Il n'était juste pas venu ici dans le but d'étaler sa science, mais bien de se concentrer et de travailler sur ce qu'on voulait bien lui donner, même si paradoxalement son envie de les faire parler tenait toujours.
Il voulait juste bien faire, en somme.
Alors il resta là, assit à son bureau, ayant opté cette fois-ci pour mettre une affiche sur sa porte où il était écrit : « Si vous avez rendez-vous, vous pouvez entrer sans frapper. ».