À droite, l'école et ses élèves normaux, comme tout le monde.À gauche, le centre de redressement pour jeunes dangereux.Maintenant réunis, pour le pire.
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Elle pensait que je n’avais pas à abandonner une vie normale. Que tout le monde en avait le droit. Ce qu’elle ne savait pas, c’est qu’on m’avait retiré ce droit à la naissance. Et maintenant que j’avais acquis le droit à un petit aperçu de ce que c’était, j’avais du mal à la concilier avec le job que j’avais obligation de faire. Il passait même avant ma vie de lycéen. Comment pouvais-je continuer ainsi ? Pour moi, ce n’était pas possible. Totalement impossible… Ce que j’avais vécu, mes moments d’absence et le sang que j’avais sur les mains m’en empêchait. Que ce soit par la peur de ce que je pouvais faire sans même le vouloir ou par ressentiment envers moi-même.
Comme je ne répondis pas, ne serait-ce parce que c’était trop douloureux et que je n’avais aucune envie de montrer mes sentiments à ce moment-là, le silence nous tomba dessus. Cela ressemblait à un voile léger et doux, mais j’avais l’impression qu’il n’était qu’un poids de trop sur mes épaules. Epaules qui devenaient bien trop faibles pour tout porter. Je pensais qu’avec le retour des discussions, car elle n’allait pas me lâcher comme ça, sans aucun doute, ce serait moins lourd. Mais ce ne fut pas le cas. Au contraire, elle me parla de ce qu’elle avait vu lors de l’attaque de l’école. Elle me parla de ce qu’elle avait vécu avant de partager avec moi ce qu’elle avait pensé et pensait toujours. Pour elle, j’étais la personne qu’elle avait protégée et qu’elle voulait toujours voir en bonne santé, joyeuse… Comme je lui avais dit, elle ne me connaissait pas…
Je ne parvins pas à briser le nouveau silence avant plusieurs minutes. Des images, des souvenirs, douloureux me torturaient. Il en était de même pour la pensée que j’aurais dû participer à l’attaque. Pas pour protéger… mais pour tuer. Comment rester sain d’esprit dans ces conditions ? Pouvait-on me le dire ? Et quand je le fis, ce fut toujours en regardant dans le vide, à l’extérieur, cachant comme je le pouvais mes états d’âme :
- Il y a quelques mois, j’aurais dû participer à l’attaque en tant qu’agresseur. Si je ne l’ai pas fait, c’est parce que j’ai tenté de changer ma vie en espérant sans doute que je n’en sortirais pas vivant. Il aurait mieux valut que je meurs ce jour-là…
Je le pensais. Je ne pouvais pas penser autrement après ce que j’avais vécu. Mais comme elle allait sans doute aller à l’encontre de cette décision, je me tournai vers elle pour continuer, plus fermement pour qu’elle n’ait rien à redire sur ça :
- Mieux vaut mourir qu’être encore torturé. Physiquement et moralement. C’est mon quotidien quand je ne suis pas à l’école, et le peu que j’y suis, je suis entouré de personnes que je vais potentiellement devoir tuer parce que je suis un tant soit peu attaché à eux. J’ai cru pouvoir vivre une autre vie que celle d’un assassin. C’est la raison de ma présence ici. Ca ne fonctionne pas.
Puis, retournant à ma contemplation du vide, mais en regardant mon pied sur le rebord de la fenêtre cette fois, je demandai, dépité :
- Alors, Ellia, dis-moi, comment puis-je espérer pouvoir changer les choses ?
J’avais cherché des réponses. Je n’en avais pas trouvé. Cela me rappela d’ailleurs ce que j’avais dit à Asuka, la dernière fois que je l’avais vue. Avait-elle prit mes paroles au sérieux ? Pour elle, sa vie était horrible. Mais qu’aurait-elle pensé de la mienne si je m’étais confié comme maintenant ? Je pouvais, n’est-ce pas ? Après tout, elle avait sa vie entre mes mains maintenant… J’allais devoir la tuer…
Le silence n'était pas aussi pesant qu'elle l'aurait craint au début, mais une part d'elle appréhendait la réponse. Les mots de l'enflure qui avait essayé de lui casser le bras n'avaient pas totalement disparu de sa mémoire. "Un type qui travaille avec les connards qui ont tiré sur nous." Il lui avait répété plusieurs fois qu'il était dangereux. Il lui avait dit plusieurs fois qu'il était un tueur. Même si elle ne l'avait pas vu ce jour-là, elle n'était pas certaine que cette histoire était fausse. Que ce lien était faux. Et il lui confirma qu'il était vrai.
Elle ne sut pas trop quoi en penser. Il n'était pas là, ce jour-là. Pas parce qu'il l'avait choisi, mais parce que la situation l'y avait forcé – même si, au fond d'elle, elle préférait parier qu'il n'y serait pas allé de son plein gré. Elle s'assit sur une table en ramenant ses jambes contre elle pour l'écouter parler, plus ou moins repliée sur elle-même sans avoir l'air spécialement effrayée. L'entendre souhaiter la mort lui fendait toujours le cœur. Elle ignorait ce qu'il avait tenté. Elle ignorait comment il avait voulu changer. Mais elle était partagée entre la part d'elle qui était contente qu'il n'ait pas réussi à se tuer, et celle qui se sentait mal à l'idée qu'il ait pu rester piégé dans une vie qui lui faisait autant de mal. Elle se sentait presque coupable de l'avoir forcé à survivre. Presque. Parce qu'elle restait persuadée qu'elle pouvait le sauver.
Ellia écouta la suite de sa confession et déglutit, les poings serrés, les bras crispés autour de ses jambes. C'était douloureux à écouter, elle n'osait imaginer à quel point ça devait être douloureux à vivre. Elle sentit sa main trembler légèrement. Portée par une colère qui s'y cantonnait alors qu'elle se sentait capable d'exploser. Torture. Manipulation. Emprisonnement. Qui que soit la personne à l'autre bout de cette laisse qu'il mentionnait, elle aurait donné n'importe quoi pour l'avoir en face d'elle, pour lui plaquer un couteau sous la gorge ou un flingue sur la tempe. Seule l'agitation de sa main témoignait de cette rage intérieure, l'esprit vengeur des Ballentine qui pulsait dans ses veines. Elle ne voulait voir personne mourir, mais elle se sentait prête à tuer.
À sa dernière phrase, elle releva la tête. Posa les pieds par terre. Elle n'était pas sûre d'avoir la réponse à cette question. À vrai dire, elle n'avait probablement la réponse à aucune de ses questions. Mais elle était prête à essayer tout ce qui était en son pouvoir pour le sortir de là. Elle se leva pour marcher doucement vers lui, s'arrêtant à moins d'un mètre de la fenêtre où il s'était installé. Elle prit une grande inspiration. "Tu as raison. Tant qu'ils te tiendront près d'eux, les choses ne changeront pas." Elle lutta intérieurement pour se calmer, desserrer son poing qui tremblait encore. "Tu n'as pas tant de solutions que ça pour changer les choses, mais ça reste possible." Elle déglutit, incertaine, assez peu sûre d'elle. "Tu as essayé la première option, ça n'a pas marché. Tu pourrais réessayer jusqu'à ce que tu y arrives. Jusqu'à ce que tu meures pour de bon." Ellia ferma les yeux, avant de tendre la main dans sa direction. "Ou tu peux suivre ton propre conseil : t'éloigner. Le plus loin possible. Je peux t'aider à disparaître. À fuir. Pour de bon." Avec sa famille, elle pouvait masquer une disparition. Combien de temps, elle n'en savait trop rien, mais elle faisait une confiance aveugle à son père dans ce domaine. La manipulation d'informations et la dissimulation faisaient partie de ses spécialités.
Nick parle en #F5634A et en #BD171C (anglais) Ellia parle en #A98BA0 et en #A73A94 (anglais)
Je faisais que très peu attention à ce que faisait Ellia près de moi. Je n’y arrivais pas. Même si j’avais voulu, je ne pouvais pas. Trop de révélations. Trop de douleurs. Trop de souvenirs. Trop de remords… Je n’avais pas les épaules nécessaires pour rester encore stoïque. C'était limite si je voulais me lâcher totalement, montrer mes sentiments et faire ce que je m’étais empêché depuis qu’on m’avait nommé Faucheur : pleurer. Mais je ne le faisais pas. Pas devant elle, ni sans une personne qui puisse me comprendre totalement. Je ne pouvais pas assumer seul mes blessures tant je voulais mourir, tant je voulais disparaître de cette vie de douleur. Sans moi, personne ne souffrirait plus autant, j’en étais persuadé.
Cette inattention de ma part ne me permit pas de la voir se lever pour se rapprocher de moi. Je ne voulus même pas analyser les bruits que j’entendais. Seul le son de sa voix qui se rapprochait de moi me fit prendre conscience qu’elle avait bougé. Mais ce n’est de toute façon pas ce qui retint le plus mon attention. Ce fut ce qu’elle me dit. Petit à petit, j’ouvris un peu plus les yeux. Elle… comprenait ? Sérieusement ? C’était possible ? Non… Quand même pas. Je n’osais y croire par crainte de me bercer de douces illusions qui me feraient tomber de haut. Pourtant, elle était en train de me dire que je pouvais avoir le droit de mourir avant de me proposer une autre solution.
Une possibilité de fuite s’offrant à moi tout en restant vie, je tournai la tête vers elle pour la regarder. Je semblais lui demander si c’était vrai. Si c’était réel. Elle voulait m’offrir une vie. Une véritable vie. Mais je ne pouvais m'empêcher de penser que même si je la souhaitais, je ne la méritais pas. J’avais ôté tant de futurs que je n’avais pas le droit d’envisager le bonheur. Impossible. On ne me le pardonnerait sans doute jamais.
Le temps d’une seconde, il la regarda. S’il écoutait l’ordre de Mao, il ne souffrirait pas. Pas réellement. Mais que se passerait-il s’il venait à avoir une vie sans ordre ? Ce n'était pas si déplaisant à penser. Pourtant même lui avait peur de désobéir.
En prenant conscience que je venais d’avoir un nouveau moment d’absence, je détournai le regard en posant une main sur mon œil blessé de façon involontaire. Commençant à paniquer, je fis un non de la tête avant de lui répondre :
-Trop risqué. L’idée est alléchante mais…
Le temps de quelques secondes, je serrai les dents. Elle avait eu beaucoup de chance d’être encore en vie, mais j’avais déjà trop d’absences. A un moment j’allais retrouver un cadavre à mes pieds si cela continuait. Je ne le voulais pas. J’en avais assez.
-Je ne pourrais considérer la question qu’à deux conditions : que mon chef ne puisse jamais me retrouver ou toucher à un de tes proches, et que tu puisses me promettre que je ne tuerais jamais quelqu’un, que ce soit consciemment ou pas. Prouves-moi que c’est possible et je pourrais reconsidérer la question.
Réellement ? Non… Sans doute que non. Je savais que j’allais essayer de me trouver d’autres raisons. Et ça, par peur panique de Mao. Il m’avait torturé, me menaçait. Il me terrorisait. Je ne pouvais pas le gérer. J’en étais conscient alors que je regardais toujours mes pieds sans lâcher mon visage que je commençais à griffer alors que mon autre main serrait plus fort encore l’ordre qui m’avait été donné.
Ellia n'avait plus la sérénité qu'elle affichait au début de leur conversation – sérénité relative. Entre la colère qu'elle avait tant bien que mal calmé envers les personnes qui le faisaient souffrir, l'inquiétude qui ne la quittait pas et l'espoir qui essayait lentement mais sûrement de se distiller dans ses veines, elle était un trop plein d'émotions pour avoir l'air ne serait-ce qu'un peu calme.
Elle avait tant envie de le convaincre. Besoin de le convaincre, presque. C'était une tentative désespérée, comme un dernier espoir. Elle le regardait presque avec de la supplication dans le regard, mêlée à sa détermination. Mais elle voyait sur son visage qu'il n'allait pas accepter. Elle lut le refus dans son œil avant qu'il détourne le regard, avant qu'il n'ouvre la bouche. Quand il secoua la tête, elle baissa la sienne, laissant retomber sa main. Trop risqué, hm ? Avait-elle la force de le faire changer d'avis ? Elle en avait la volonté, sans aucun doute. Elle doutait d'en avoir les capacités, mais elle ne renoncerait pas.
Elle s'appuya sur une table proche en écoutant son... son quoi ? Son explication ? Sa demande ? Elle n'arrivait même pas à déterminer ce dont il s'agissait. Ellia releva la tête quand il eut terminé, les mains appuyées sur la table. "Vraiment ?" Elle chercha à sonder son regard comme si elle pouvait y lire autre chose que la peur et le désespoir. Une vraie certitude que ce qu'il venait de lui dire étaient de véritables conditions pour qu'il accepte de la suivre. Elle n'eut pas de confirmation, mais elle prit le parti de le croire. De prendre ça comme un pas dans la bonne direction. "Mon père est un hacker professionnel. Il peut prendre le contrôle des caméras de la ville, changer des informations, rendre ta disparition aussi invisible qu'elle peut l'être. Personne ne te trouvera." Ça, au moins, elle en était sûre. Elle connaissait son père, surtout sa capacité à manipuler les données. C'était, après tout, ce qui l'avait envoyé en prison quand il avait dix-huit ans – souvenir qu'il mentionnait assez peu en leur présence, évidemment. Donc affirmer qu'il saurait faire disparaître quelqu'un n'était pas un mensonge en soi. C'était l'autre partie qui lui semblait... étrange. Comment ça, consciemment ou non ? De quoi parlait-il ?
Elle fronça les sourcils en se redressant prenant quelques secondes pour réfléchir, mais elle n'avait pas assez d'éléments pour faire cette promesse. "Consciemment ou pas ? Qu'est-ce que tu veux dire par là ?" Y avait-il... autre chose, derrière toute cette histoire ? Plus que toutes les choses horribles qu'il avait mentionnées ? À quel point souffrait-il, ici ? Dans cette ville, dans ce pays ? Trop... trop pour qu'elle accepte de l'y laisser. Mais elle avait besoin de savoir avant de faire des promesses. Besoin de réponses pour que ses mots soient vraiment sincères, pour qu'elle n'ait aucune doute dans le cœur et dans la voix quand elle lui demanderait de la suivre. Encore une fois.
Nick parle en #F5634A et en #BD171C (anglais) Ellia parle en #A98BA0 et en #A73A94 (anglais)
Je ne savais pas si j'allais réellement accepter sa proposition malgré ses promesses. Je ne savais pas comment ça se passerait, si Mao s'en rendrait compte. Rien que là, il était possible qu'il se doute de quelque chose. Et si c'était vraiment le cas, je ne pouvais pas garantir que Ellia et moi ne soyons pas mis dans une situation que je redoutais depuis toujours. Je ne voulais pas tuer… Je ne voulais pas torturer. On m'obligerait à faire les deux !
Je pensais que la discussion s'arrêterait là. Peut-être même qu'elle allait envisager le fait de partir sans moi. Que nenni… Au lieu de me laisser, elle me fit part d'une preuve qu'elle pouvait me faire disparaître. Pas dans le sens mourir, mais dans celui de faire croire que j'étais toujours en ville sans que ce soit vrai. Cela ne durerait pas longtemps puisque Mao était à l'école. A moins que je quitte les lieux un jour de réunion au QG de la mafia, ce n'était pas possible. Et encore, avec la chance que j'avais, j'allais sans doute trouver un membre de la mafia qui me connaissait et qui allait faire de ma vie un enfer pire que celui que je vivais en racontant tout à mon chef. J'avais du mal à l'accepter, je devais bien l'avouer… Surtout que la demoiselle n’en sortirait pas indemne non plus. Retour à la case départ.
Je ne répondis pas à la première preuve que je lui avais demandée. J'attendis dans le silence en me cherchant encore et toujours des excuses dans les pires scénarios qui pouvaient se produire. Tant et si bien que je ne compris pas tout de suite ses questions. De quoi parlait-elle ? Je ne me rappelai de mes paroles qu'une fois reconcentré sur la conversation. Et vint alors un moment de doute. Je ne savais pas vraiment ce qui se passait quand j'avais des moments d'absence. Je finis cependant par soupirer avant de lui répondre en essayant de la regarder sans trop y parvenir :
-Il m'arrive d'avoir des moments d'absence. La plupart du temps c'est pendant que je me fais torturer ou que je dois faire du mal à quelqu'un. En ce moment, c'est devenu plus souvent. … Pendant ces moments d'absence je ne sais pas ce que je fais mais… mais à chaque fois je me retrouve avec un cadavre de plus sur les bras…
Mieux valait être honnête. Mieux valait qu'elle sache. Peut-être que de cette façon elle comprendrait mieux en quoi j'étais réellement dangereux. Peut-être reconsidèrerait-elle l'urgence de me fuir ?... Je ne voulais pas être seul, mais je savais que c'était nécessaire. Pourquoi étais-je vivant ? J'aurais dû mourir plusieurs mois plus tôt, lors de ma vendetta. Ou dans cette ruelle sombre quand ma blessure s'était rouverte. Ou même quand on avait tenté de me tuer. Ou même… lors du duel avec mon père qui m'avait coûté mon œil droit que je tenais toujours. La douleur était tenue mais présente et désagréable, me laissant un goût amer de la vie que je vivais.
Ellia attendit ses explications. Il semblait ne pas savoir par où commencer pour lui répondre, mais elle était patiente, et elle avait tout son temps. Il soupira avant de parler, et elle ne chercha pas à croiser son regard – il avait l'air de l'éviter, ou de ne pas réussir à vraiment la regarder. Elle n'insista pas, préférant essayer de comprendre le sens de ses paroles plutôt que de forcer un contact visuel qu'il ne semblait pas vouloir. L'évocation de ses tortures lui tira un nouveau frisson de colère. Rien que l'idée l'enrageait. Que l'on ose faire autant de mal à quelqu'un, gratuitement et sans raison... Ça la mettait hors d'elle.
Elle essaya de vraiment définir à quoi il faisait allusion. Des absences qui lui faisaient oublier ce qu'il avait fait... Elle n'était pas assez calée en psychologie pour mettre un nom là-dessus, mais elle pouvait faire des recherches. Ça ne devait pas être un sujet si rare... Absences et amnésie... elle nota l'information dans un coin de sa tête. Cela dit, malgré sa décision définitive de l'emmener avec elle, maintenant que l'idée lui était venue, elle était parfaitement consciente qu'il ne la suivrait pas avant qu'elle ait, au minimum, trouvé un moyen de remplir les deux conditions qu'il lui avait exposées. S'assurer de son départ discret et dans l'ombre, et trouver un moyen de contrôler ces absences auxquelles il manquait encore une véritable explication.
"Je trouverai un moyen... Une explication, et une solution. Mais je ne te laisserai pas blesser d'autres personnes, encore moins si ça te ronge." Elle ne voulait plus voir personne être blessé, plus voir personne souffrir, encore moins voir ou imaginer quelqu'un mourir. Malgré tout ce qu'elle venait de dire, son refus de partir, elle pensa un instant à son entourage. Il fallait qu'elle en parle à Nick. Il fallait qu'il éloigne Rihei et Anko. Elle était peut-être prête à risquer sa vie, mais certainement pas celle d'un enfant innocent ou de la mère dudit enfant. Quant à Nick... il était assez grand pour y réfléchir lui-même. "Je te sortirai de là. Je ne partirai pas sans toi."
Combien de fois l'avait-elle répété ? Probablement pas assez. Elle estimerait l'avoir assez dit dès lors qu'il serait convaincu et qu'il aurait accepté de la suivre. Ce n'était pas gagné mais... mais elle ne renoncerait pas. Ce n'était pas du tout son genre. Elle attendit un moment avant de se diriger vers la porte, posant une main sur l'encadrure de la porte et se retournant une dernière fois avant de sortir. "Tu as toujours mon numéro. C'est toujours valable : si tu as besoin d'aide, appelle-moi." Elle soupira pour elle-même avant de franchir la porte du bâtiment abandonné. Toute cette histoire allait lui donner du fil à retordre, mais elle n'était pas de ceux qui renoncent au premier défi ou à la première difficulté. Elle lui prouverait qu'il avait droit au bonheur. Elle lui prouverait qu'on pouvait laisser le passé derrière soi. Comme ses parents l'avaient fait.
Nick parle en #F5634A et en #BD171C (anglais) Ellia parle en #A98BA0 et en #A73A94 (anglais)
A quoi est-ce que je m’attendais ? A ce que cette fille parvienne à me trouver une solution pour me sortir de là ? Elle venait de me redonner espoir, un sentiment terriblement douloureux. Je n’en montrai rien, mais espoir et réalité se battait en moi, comme sur un champ de bataille. Pourtant, je savais qu’il n’y avait aucune solution. Je savais que ma seule libération serait la mort. Je l’avais abandonné en me rendant compte que personne ne me laisserait faire. Que ce soit des inconnus, les mafieux ou ceux qui se disaient proches de moi, personne ne me donnerait une chance de m’en aller tranquillement. Les uns pour ne pas avoir sur la conscience, les mafieux pour garder leur Faucheur, sachant que je n’avais aucun héritier -ce qui n’était pas plus mal soit dit en passant !- et la dernière catégorie car ils me voulaient à leur côté. J’avais donc arrêté de lutter et je me laissais juste mener dans la barque des autres tant qu’on ne me faisait pas faire d’actes qui me feraient subir à nouveau les éducations de Mao. Pourtant, Ellia venait de tout foutre en l’air en ranimant en moi une flamme d’espoir. Cela faisait d’elle une lumière dans ce monde obscur. Une douceur attirante dans la douleur perpétuelle. Je n’avais pas le droit de l’approcher, moi qui n’était rien d’autre qu’un faible, un être fait pour souffrir…
Les paroles qu’elle prononça en réponse à ce que je lui avais dit me conforta dans l’idée qu’il n’y avait rien qu’on puisse faire pour moi. Rien. A part me laisser mourir comme je l’avais tant demandé. Elle voulait changer les choses pour moi, m’empêcher de souffrir, s’en aller avec moi. Pourtant, j’avais pour ordre de la tuer… Je devais mettre un terme à sa vie… Cela me donnait envie de vomir tant j’étais en détresse, tant je souffrais. Mais je restai neutre le temps qu’elle était là.
Sans la retenir, je la laissai partir. Le la regardai même faire en me promettant de ne jamais appeler son numéro. Si je venais à le faire, nous allions avoir encore plus de problèmes. Sans parler que moi aussi je risquais d’en avoir. D’un autre genre, mais tout de même. Et ses proches, si elle en avait… Ouais… Mieux valait que je la laisse s’éloigner de moi le plus possible. J’espérais vraiment qu’elle baisserait les bras avant qu’il ne soit trop tard. J’espérais que je n’aurais pas à la faucher… Je l’espérais encore plus en la voyant s’éloigner par la fenêtre.
Ce n’est que lorsqu’elle eut disparut que je laissai enfin mes sentiments sortir. Elle devait avoir trouvé la clé de mon coeur puisqu’elle les avait libérés. L’espoir se battait contre mon désespoir, ma douleur insupportable et mes remords. Tant et si bien que je me mis à pleurer sans pouvoir m’arrêter, toujours assis sur le rebord de ma fenêtre. Qui pouvait réellement me comprendre ? Qui était capable de me soutenir alors que mes envies étaient vouées à l’échec jusqu’à ce que la Grande Faucheuse vienne enfin me chercher...
The Wiesel Den 
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