[2018] Viens on va faire des courses

Allez, haut les coeurs ! Je n'aimais pas trop faire des achats en temps normal sauf quand cela me permettait de m'adonner à mes passions. Cependant aujourd'hui ce n'était pas le cas. Je devais juste refaire un peu ma garde-robe. Certains de mes vêtements étaient devenus trop petits, et d'autres étaient simplement fichus entre les taches de peinture ou de cambouis quand je rôde dans les décharges automobiles. Il me fallait donc de nouveaux habits si je voulais éviter d'aller en cours avec des vêtements en piteux états.

J'errais donc en ville en zieutant les diverses vitrines à la recherche de mon bonheur. Mon exploration cessa lorsque j'entendis la voix d'une fille qui ne semblait pas être de bonne humeur. Trop curieuse par le ton que j'avais entendu, je me rendis dans la direction d'où il provenait. J'y découvris une étudiante dans la merde face à un abruti mécontent. Sans trop réfléchir, je rejoignis la jeune demoiselle et m'interposai entre elle et l'autre idiot.

- Avant de ronchonner, apprends à articuler crétin ! Apprends aussi à t'excuser lorsque tu bouscules une personne !

Je me fichais bien de qui j'avais face à moi. Mon assurance ne baissait pas d'un pouce même lorsqu'il commençait à hausser le ton. Il me prit les poignets pour me bloquer, prêt à m'en coller une. Je me défendis en utilisant la technique la plus simple face à ce genre de type lourdingue. Un bon coup de pied dans les parties intimes. Il lâcha prise et se courba de douleur. De mon côté j'en profitai pour prendre la main de la demoiselle et l'entraînai ailleurs pour la mettre en sécurité. Une fois cela fait, je la regardai en lui lâchant la main, un peu inquiète pour elle.

- Ça va, tu n'as rien ?

Je l'écoutais tout en jetant un oeil si le lourdeau ne nous aurait pas suivies. Rien à l'horizon. Soit il se tenait encore les castagnettes, soit il n'avait même pas essayé de nous retrouver. Tant mieux. Qu'il reste loin de nous, ça nous ferait des vacances. On n'avait pas besoin de crétins pas fichus d'articuler.

Ma journée shopping s'avérait plus animée que je ne l'aurais cru. Un type cherchait des embrouilles à une jeune fille qui se trouvait être en plus ma colocataire de chambre. Je vins donc l'aider à se débarrasser du gros lourd, de façon quelques peu brutale je l'admets. Je la pris ensuite par la main pour l'éloigner du potentiel danger. Je ne voulais pas que le type essaie de se venger sur elle pour un truc que j'avais fait. Lorsque je fus sûre qu'on était à l'abri, je relâchai ma colocataire et pris de ses nouvelles pour savoir comment elle allait. Elle me remercia même si elle avouait que ça l'énervait de ne pas avoir pu se débrouiller toute seule. C'était compréhensible. Dépendre des autres pour quelques trucs n'avait rien de très dérangeant mais si c'était pour presque tout, ça pouvait vite devenir agaçant. Moi-même je ne supporterais pas de devoir me faire aider pour certaines choses.

- Je comprends. Cependant si ça peut te rassurer, face à ce genre de type il vaut mieux pouvoir être aidé car on ne sait jamais ce dont il est capable.

Et puis je me souvenais qu'elle n'était déjà pas rassurée par les hommes. Mes paroles risquaient donc d'accentuer cette crainte.

- Ah mais ils ne sont évidemment pas tous comme le lourdingue qu'on a croisé hein ! Certains sont même plutôt cool.

Il suffisait de voir à l'institution. Il y en avait plusieurs qui étaient sympas même si certains avaient aussi un passé douteux.

- Tu as quelque chose de prévu pour cet aprè'm ou pas ?

Je comptais l'inviter à passer l'après-midi avec moi mais avant ça, il fallait que je sache si elle avait déjà prévu autre chose ou non. Et puis dans le cas où elle pourrait m'accompagner, je me disais que ça lui ferait peut-être du bien de passer du temps avec une fille. Ca la rassurerait sans doute pour errer parmi les hommes si elle était accompagnée par une fille. Même si elle voulait pouvoir se démerder seule, rien ne lui interdisait de commencer par le faire petit à petit et de compter sur les autres au début. Enfin c'est ce que je me disais mais je pouvais très bien me tromper. Après tout, j'avais toujours compté que sur moi durant toute ma vie. La gouvernante n'était là que pour m'empêcher de faire certaines bêtises. De ce fait, je ne pouvais pas réellement savoir comment une personne qui dépendait des autres, devait faire pour apprendre à se débrouiller seule.

Voilà une chose à laquelle je ne m'attendais pas. Morgane m'enviait. Habituellement c'était plutôt moi qui enviais les autres même si je ne le montrais jamais. Pour une fois c'était l'inverse.

- Ca doit venir du fait que j'ai toujours dû me démerder seule depuis que je sais marcher, parler, etc.

J'eux finalement un petit rire en pensant à une autre hypothèse tout aussi crédible que la première.

- Ou alors j'suis juste inconsciente !

À vrai dire, c'était même sûrement les deux. Je ne m'étalai pas sur le sujet et changeai plutôt la conversation en lui posant une question toute bête. Qu'avait-elle de prévu cet après-midi ? Les raisons étaient différentes mais l'activité était la même que moi. Shopping afin de refaire un peu la garde-robe.

- Je ne pense pas que ça empêche vraiment de mettre une robe mais bon, faut pas te forcer non plus si tu n'es pas à l'aise. Tant que tu es à l'aise dans tes habits, c'est lep lus important.

Un complexe n'était pas simple à faire partir et même si je trouvais qu'elle serait toute mignonne dans des robes, pas question de la forcer. Il fallait qu'elle choisisse les vêtements en fonction de ses envies et non de celles d'une tierce personne. La suite de ses paroles me fit rire. Pas de moquerie mais d'amusement. Elle m'avait grillée. Même si je n'étais pas la plus douée pour le mensonge, je ne pensais quand même pas qu'elle lirait en moi aussi facilement.

- Mince, grillée ! Tu lis dans mes pensées, avoue !

Je la taquinais mais en même temps, je pouvais réellement le croire. Ma question avait été innocente et pourtant, ça n'avait pas empêché Morgane de deviner mes intentions.

- Ca tombe bien que tu doives acheter des habits. J'dois en faire de même alors j'me suis dit qu'une petite virée shopping ensemble t'intéresserait. Je suis contente de voir que c'est le cas. Ca rendra l'activité plus amusante.

Je repris donc la route, cette fois en compagnie de ma colocataire. La marche dura quelques minutes, le temps de nous rendre jusqu'au centre commercial. Nous entrâmes dans le bâtiment et continuions notre route jusqu'à arriver à destination. Une fois à l'intérieur de la boutique de vêtements, mon cauchemar commença. Rôder dans ce genre de lieu était une torture pour moi même si je n'ai encore jamais compris ce qui me gênait tant dans le shopping vestimentaire.

- Bon commençons pas toi ma p'tite Morgane. Quels genres de fringues tu cherches ? Tenues estivales, de tout, des sous-vêtements, autre chose ?

Savoir qu'elle cherchait des vêtements en particulier ne m'aidait pas trop. C'était vague. Il y avait tellement de styles. Je pouvais évidemment me fier aux tenues qu'elle portait déjà habituellement pour m'aiguiller mais peut-être qu'elle avait envie de changer. Tout en écoutant sa réponse, je zieutai déjà les alentours, faisant un peu de repérage. Je commençais par chercher des vêtements qui étaient dans son style. Puis en fonction de ce qu'elle me disait, je pouvais mieux cibler les tenues.

J'écoutais Morgane m'expliquer pourquoi elle ne souhaitait pas acheter une robe. Elle n'était pas à l'aise dans ce genre de tenue à moins qu'elles soient longues. Je n'avais jamais su la réelle raison avant ça mais elle venait de me mettre la puce à l'oreille. J'imagine que c'était à cause de ses brûlures. Ca pouvait vite devenir un complexe pour certains. Morgane devait faire partie de ces personnes. C'est dommage, elle serait mignonne en robe mais personne n'avait le droit de la forcer à en porter si elle ne voulait pas.

Elle me parla aussi de ce qu'elle cherchait à la base. Des jeans, des sous-vêtements et des t-shirt. Les jupes aussi mais je me doutais bien que ce serait aussi des longues. En gros, elle devait refaire un peu sa garde-robe, tout comme moi. Finalement cette journée shopping allait s'avérer moins pénible que prévue.

- On va te trouver tout ça alors. Vu le nombre de boutiques et les choix qu'ils proposent, on doit bien pouvoir te trouver quelque chose qui te plaira.

Ce serait même un comble si l'on ne trouvait vraiment rien. La plupart des magasins proposaient plusieurs styles, on trouverait bien son bonheur. Le mien aussi évidemment mais je n'étais pas spécialement difficile pour les choix de mes habits. Les recherches commencèrent pour elle. Autant commencer par ce qui serait le plus dur à trouver. Si ça prenait trop de temps, ce n'était pas grave je retournerais un autre jour pour faire mes achats.

- Euh avant que je ne réponde à ta question, par « couleur acide » tu parles de quel genre de couleur ?

Oui je suivais des cours de peinture mais ça ne voulait rien dire. J'avais appris couleurs chaudes et couleurs froides. Pour les couleurs dites « acides » c'était la première fois que j'en entendais parler. Et sans savoir ce que c'était, je pouvais difficilement bien la conseiller. Je trouvais déjà que ce ne l'était pas de base. Je n'étais pas du genre à savoir quelle couleur, quelle tenue irait bien à telle ou telle personne. Bien que ma mère était mannequin, je n'étais pas une grande connaisseuse de la mode.

- Ce sont des couleurs flashy ?

Si c'était bien ça, ce n'était pas étonnant que ce soit considéré comme acide. Les couleurs flashy étaient souvent une agression pour les yeux. Il était clair que je ne lui conseillerais jamais ce genre de truc qui arrachait la rétine.

Avec ses explications, je pouvais mieux voir quelles couleurs je devais éviter. Et oui, je pouvais comprendre les raisons. Du moins, je commençais à m’en douter. Elle venait de me donner indirectement des indices concernant ses brûlures. J’avais désormais une petite idée de comment c’était arrivé et je ne voulais pas lui raviver de mauvais souvenirs. J’allais donc devoir faire très attention au choix des couleurs.

♀ Je comprends. On te trouvera alors des couleurs qui te plaisent.

Si je me fiais aux couleurs principales qu’elle voulait éviter, nous allions devoir chercher dans les couleurs claires ou dans les tons bleutés, noir, blanc, etc. Je me mis donc à chercher des vêtements dans ces tons-là avec Morgane jusqu’à ce qu’une vendeuse vienne ramener sa fraise. Son commentaire était très déplacé en plus. Au lieu d’encourager ma colocataire à accepter ses brûlures, les remarques faites par la vendeuse aurait complexé n’importe qui. Même moi j’aurais difficilement avalé la pilule si j’avais eu des marques corporelles et qu’un vendeur se permettait des remarques de ce genre.

Un sourire apparut sur mon visage tandis que Morgane remettait la vendeuse à sa place. Elle restait calme mais les paroles étaient aussi sèches que si elle s’était énervée. C’était bien joué de la part de Morgane. Elle ne s’était pas laissée abattre ou influencer par le commentaire de la vendeuse et avait bien répondu. Quant à moi je pris deux t-shirts et deux pulls légers. Etant dans une période chaude, je préférais éviter de lui prendre des pulls chauds. Ce serait illogique. L’un des t-shirts était bleu ciel tandis que l’autre était blanc et tous les deux avaient un petit imprimé dessus. Quant aux pulls, ils étaient de couleur unie. Un blanc et un noir. Je jetai un bref regard à la vendeuse, l’air indifférente alors qu’au fond je n’avais que du mépris pour ce genre de personne.

♀ Si vous souhaitez un conseil mademoiselle, évitez ce genre de commentaire face aux personnes qui ont une différence physique. C’est non seulement un bon moyen pour complexer la personne mais surtout très déplacé de votre part.

Et je dus retenir le dernier commentaire que j’allais faire sinon on m’aurait sans doute fichue à la porte. Et puis il valait mieux que je me stoppe à ce stade de toute façon. Ca aurait pu partir loin et mon objectif aujourd’hui n’était pas de me disputer avec une idiote. Juste de faire quelques achats et de filer rapidement. Après ce commentaire rempli de reproches, je partis vers la cabine avec Morgane et lui passai les vêtements que j’avais pris. Elle pourrait les essayer si ça lui plaisait et voir si ça lui convenait.

Pendant ses essayages je m’occupais à l’extérieur en cherchant d’autres habits qui pourraient intéresser ma colocataire. Dès que j’en trouvais, je les ramenais à elle afin qu’elle puisse voir si ça lui plaisait et essayer ceux qu’elle voulait. Je faisais exprès de prendre un peu de tout. Pantalons, t-shirts, pulls légers, jupes. Pour les sous-vêtements, je préférais la laisser choisir par elle-même car je ne pouvais pas vraiment voir son style. Certes nous étions colocataires mais je n’avais pas pour habitude de la mater pendant qu’elle se changeait. Je n’avais donc pas fait attention au type de sous-vêtements qu’elle mettait régulièrement.