Do I Wanna Know how this concert will end ? [PV Ailis Neil]

Le cœur de Mathieu se stoppa et rata quelques battements quand il aperçut au loin, dans la pénombre éclairée par quelques signaux lumineux de sorties de secours, les quatre membres du groupe, en chair et en os. Là, devant lui. A dix, vingt mètres peut-être, tout au plus. Il n’en croyait pas ses yeux. Tout ce que les deux compères avaient fait jusqu’à présent, leur infiltration illégale dans les loges, la crise de panique d’Ailis, tout ça lui était sorti de sa tête. Il articula difficilement, dans un souffle :

« Woah... »

Il ne remarqua pas non plus la pression d’Ailis sur son bras, ni la présence de l’imposant vigile qui suivait les artistes et qui vint à leur rencontre. Mathieu était ailleurs, l’alcool venait de réaliser un pic dans son crâne, et rien de concret ne pouvait en sortir. Il était comme paralysé par un mélange d’excitation, de peur, et d’injections d’adrénaline dans son sang. Il ne revint à la réalité qu’une fois le gorille arrivé à leur hauteur, alors qu’Ailis semblait faire des gestes désordonnés.

En secouant la tête, il aperçut les mains du géant, qui arrivaient à hauteur de sa tête. Dedans, un portable qu’il ne connaissait que trop bien, celui d’Ailis. Il la sentit se crisper, avant d’entamer une série de mots en langue des signes. La bouche toujours grande ouverte sous le coup de l’émotion, Mathieu assista en spectateur au début de cette scène.

Cependant, devant le désarroi complet de son amie, Mathieu fixa le vigile, et tenta d’articuler quelques phrases correctes. Il devait passer pour un demeuré, mais tant pis. C’était son idée, il allait devoir en assumer les conséquences.

« Hey ! Rendez ça à ma sœur, elle est muette, elle en a besoin pour parler ! »

Puis, se rendant compte de la différence de gabarit entre les deux :

« S’il-vous-plaît monsieur… J-Je… On voulait juste un autographe… Ma p’tite sœur est fan, mais elle ne peut pas en demander, alors je suis venu avec elle… J’vous en supplie, vous feriez d’elle la plus heureuse de vos fans... »

Le ton de sa voix avait changé, et il regardait désormais le chanteur du groupe. Il ne cherchait pas la confrontation directe, mais la pitié. Après tout, si Ailis savait comment jouer parfaitement la crise de panique, lui avait appris à utiliser les émotions des gens pour aller dans son sens. Si cela pouvait permettre d’arriver à leurs fins, et de récupérer le portable de son amie en prime, il n’avait aucun scrupule à le faire. Il prit aussi son air de chien battu, pour attendrir la masse de muscles qui le séparait des stars de la musique.

Après quelques secondes de silence, le mastodonte tourna la tête vers les membres du groupe, comme pour attendre une confirmation. Dépités, ils se regardèrent alors entre eux, ne sachant pas vraiment comment réagir face à cette intrusion hors du commun. D’un côté, ils devaient les prendre pour des fans hystériques qui les harcèlent. De l’autre, ils devaient certainement trouver le cas d’Ailis touchant. Le visage toujours suintant de leur concert, le batteur s’approcha alors en les invitant à entrer dans la loge, l’air las et certainement fatigué, pressé d’en finir pour aller se reposer le plus rapidement possible.

« Allez, on vous fait ça… Mais dépêchez vous, on reprend la route dans une demi-heure. Et vous ne refaites plus jamais ça, les enfants. »

D’ordinaire, Mathieu aurait trouvé le terme « enfant » offensant, lui qui était tout fier d’avoir récemment atteint sa majorité. Mais les étoiles dans ses yeux avaient aussi contaminé ses oreilles, et ce qu’il entendait dépassait l’entendement. Alors ça y est ? Tout ce périple pour finalement arriver à leurs fins ? Bon, il avait imaginé un moment un peu plus intime, partager quelques moments avec eux, prendre des photos, boire une bière, parler de leur vie de bohèmes,… Mais au point où il en était, il n’était pas sûr que ses nerfs auraient résisté à une trop grande décharge émotionnelle.

Une fois rentré, Mathieu n’eut plus aucune notion du temps ni de l’espace. Il se laissa écrire sur le t-shirt avec des marqueurs indélébiles, la signature des quatre membres. Leur garde du corps, visiblement pressé de les voir partir, attendait devant la porte, l’air peu avenant. Il était aussi peut-être leur manager, et apparemment, ils allaient être en retard. Mathieu s’aperçut alors que les membres du groupe semblaient beaucoup plus chaleureux avec Ailis qu’avec lui. Visiblement, le fait que la jeune femme soit muette lui attirait une certaine sympathie. Ils prirent le temps d’échanger quelques mots avec elle, avant que le gorille ne les presse de sortir. Juste avant que les portes ne se referment, Mathieu entendit un dernier sifflement, accompagné d’un :

« Hey gamine… Cadeau ! »

Les deux baguettes du batteur roulèrent alors lentement jusqu’aux pieds des deux acolytes avant que le vigile ne referme d’un coup sec la porte, les laissant dans la pénombre et le silence. Silence uniquement rompu pour Mathieu par la pression sanguine qui tambourinait dans ses oreilles. Une fois encore, il laissa échapper un léger :

« Woah... »

Elle avait perdu Mathieu. Il venait de voir ses stars et il n'y avait plus que ça qui comptait. La jeune femme elle était surtout excitée par ce qui allait se passer. Mais quand elle comprit que le gorille avait prit son téléphone et que même avec ça, son ami restait bouche bée, se rendant à peine compte de ce qui se passait, elle commença à craindre. Autre que l'exploration de loge, elle avait vraiment besoins de son téléphone en fait. Et pour l'instant il ne l'aide pas trop. Bon il finit par demander au vigile de rendre l'outil à sa "soeur" qui en avait besoin pour parler. Ailis soupira un peu rassurée, étrangement, ce n'était pas toujours la chose la plus facile de faire croire à son handicap. Mathieu prit certainement peur puisqu'il rectifia, demandant, voir suppliant, qu'ils voulaient seulement un autographe et qu'il était venue avec Ailis car elle était fan d'eux et qu'elle ne pouvait pas demander d'autographes avec son problème. La demoiselle l'observa du coin de l'oeil et ce dit qu'il avait comprit où il fallait toucher pour faire mal. Le groupe se retrouvait dans une situation délicate maintenant. Comment refuser sans passer pour des sang-coeur ?

Un silence lourd. Puis la parole du batteur:

« Allez, on vous fait ça… Mais dépêchez vous, on reprend la route dans une demi-heure. Et vous ne refaites plus jamais ça, les enfants. »

Il avait gagné. Ils avaient réussi avec une idée de personnes ivres. Mathieu devait certainement être au paradis à ce moment précis. Ils rentrèrent dans la loge. Ailis se fit également signer son t-shirt. Elle aurait certainement culpabilisé habituellement de jouer avec les émotions pour avoir cela mais l'alcool l'empêchait de s'en tenir à ses idéaux. D'ailleurs les membres du groupe lui parlait un peu plus qu'à Mathieu et là encore, si elle n'était pas saoul, le fait qu'ils soient plus sympa à cause de handicap l'aurait certainement agacé. La gamine profitait donc de ce moment, regardant de temps à autre Mathieu qui avait des étoiles dans les yeux. Cela faisait plaisir à voir. Et finalement, quand les deux sortirent, elle entendit une voix l'appeler et vit deus baguettes rouler à ses pieds. Elle les ramassa. Il les lui donnait ? Où il voulait qu'elle lui rende ? Elle eu a peine le temps de le remercier d'un signe de tête que la porte se ferma, laissant un silence implacable dans les couloirs.

« Woah... »

Comme il le disait. Elle regarda les bouts de bois dans sa main. C'était un super cadeau. La jeune femme laissa passer le temps puis sautilla sur place d'un air totalement excité. Ailis ne pensait plus à tout ce qu'il l'empêchait de vivre. Elle était terriblement bien, saoul, ivre de bonheur et comblée. Elle regarda Mathieu et elle aurait rigolé si elle aurait pu. Elle avait besoins de bouger ! Son corps était remplit d'adrénaline, il fallait qu'elle cours dans tous les sens ! Comment faire autrement ?

Ses sautillements devinrent plus insistant et elle finit par attraper le bras de Mathieu pour l'entraîner avec elle dans sa course. Elle transmettait son excitation et courait comme une gamine qui venait de voir le père Noël. Ils passèrent par la porte où ils étaient rentraient tout à l'heure alors que la salle s'était pas mal vidée. Son excès d'énergie devait être vidé, il fallait qu'elle prenne de l'air frais. Une fois à l'extérieur elle continua encore un peu sa course de s'arrêter et regarder Mathieu. Apparemment elle ne savait plus où se mettre. Elle regarda tout autour d'elle, elle n'avait même pas envie d'écrire, elle n'avait même pas envie de signer. La jeune femme regarda les bouts de bois un instant puis prit les mains à Mathieu pour les lui donner. C'était lui le fan, il devait les avoir. Elle, c'était son vent de liberté qui la poussait à être aussi heureuse.

Et puis merde ! Quand il prit les baguettes, qu'importe qu'il veuille les lui rendre, elle le prit dans ses bras pour le serrer contre lui. Il ne pourra jamais savoir à quel point ça lui avait fait du bien tout ça. Elle avait besoins de tout, de bouger, de s'exclamer. C'était une des plus belles soirées de sa vie où plus rien n'avait compté autre que faire les cons. Son coeur battait toujours plus fort. L'alcool dans ses veines, sa liberté, elle aurait pu tomber au sol qu'elle ne s'en aurait même pas rendu compte !  Tout ce qu'elle aimerait dire à ce moment précis...Tout ce qu'elle aimerait crier, s'exclamer. Toute sa gratitude...

- Merci Mathieu...

Elle ne s'en rendit même pas compte. Sa voix avait résonné dans l'oreille de son ami, sa bouche très proche de celles-ci. Sa voix à elle. Cette voix qu'elle n'avait pas entendu depuis ses 9 ans. Cette voix là ! Cette voix qui  avait été assez faible, eu peu enrouée par le manque d'exercice. Un voix qu'on pouvait deviner très douce et féminine. Cette voix qu'elle ne connaissait pas venait de resurgir. Elle avait resurgi car elle avait oublié  pourquoi elle avait fait ce vœux de silence. Pourquoi elle avait accepté ce traumatisme. Elle avait eu besoins de ça, clairement. Elle se sentait juste bien, contre cette personne, à en oublier ce qu'elle venait juste de faire....Ou plutôt de dire.

Tandis que Mathieu restait encore quelques instants figés, incapable de croire ce qui venait de se passer devant ses yeux, une fine silhouette rousse sautait dans tous les sens dans sa vision périphérique. Il venait de vivre l’un des moments les plus intenses de sa vie, et ses poils étaient encore hérissés par le stress et la joie. Il était dans un autre monde, un monde où la logique n’avait plus de sens. Et qu’est-ce que cette sensation lui était grisante, presque anesthésiante…

Il fut tout à coup emporté par une tornade d’excitation et d’euphorie. Ailis, qui s’était cramponnée pendant si longtemps à ce même bras l’emportait maintenant avec elle dans sa course folle. Les jambes de Mathieu, elles, suivaient, dorénavant passées en pilote automatique puisque le jeune homme était toujours sous le choc. Il la suivait sans s’en rendre compte, et n’avait absolument aucune idée d’où elle l’emmenait. Ils coururent ainsi pendant un laps de temps inconnu pour lui, vers une destination qu’il n’envisageait même pas. Il traversa les longs couloirs dans lesquels ils avaient tant stressé, à guetter le moindre bruit de pas, à raser les murs. Maintenant, ils couraient en plein milieu, Ailis remorquant Mathieu sans la moindre difficulté.

Pourtant, une fois dehors, le changement d’atmosphère et l’air frais de la nuit Londonienne eurent l’effet d’une claque pour le jeune homme. Sa mémoire était passée directement des loges à l’extérieur de la salle. Quand il le réalisa, il cligna plusieurs fois des yeux et se les frotta avec ses paumes pour se remettre les idées en place. Après ce laps de temps, Ailis en avait profiter pour lui coller les baguettes dans les mains. Incrédule, il les fixa quelques secondes avant de se souvenir que ce n’était pas de vulgaire bouts de bois à ses yeux. Mais il était décidé à n’en emporter qu’une avec lui. C’était suffisant, et il pensait qu’Ailis avait largement mérité au moins la moitié du « butin ».

Cependant, avant même qu’il ne puisse dire quoi que ce soit ou qu’il lui rende l’une des deux baguettes, il sentit une présence chaude et rassurante qui l’enserrait. Avec une poigne qu’il n’aurait pas imaginé d’un gabarit comme elle. Il lui rendit son étreinte, ravi d’avoir pu partager cette expérience avec quelqu’un qu’il appréciait. Mine de rien, il ne la voyait plus comme la petite chose fragile qu’il pensait qu’elle était. Elle semblait beaucoup plus complexe que ce qu’il aurait pu imaginer, et il se sentait rassuré de pouvoir enfin considérer quelqu’un comme un amie. Une amie, en l’occurrence, mais il s’en fichait. Il posa légèrement sa tête contre son épaule, fatigué par les émotions, les courses, les pogos, les gorgées d’alcool bues, les simulations de panique, les…

« Merci Mathieu... »

Il ne releva pas, dans un premier temps. Il était tenté de lui rendre son remerciement, d’avoir grandement participé à l’un des plus beaux jours de sa vie. Il voulait lui rendre cette baguette qui hantait son esprit et dont il rêverait pendant des nuits entières, certainement. Il ne releva pas parce que son esprit pensait à tout sauf à l’éventualité où…

« Qu… Attends… Ailis ? C’était toi ? J’ai pas rêvé là, c’était toi ?! Tu as parlé ? Ne mens pas, j’ai entendu, tu as parlé ! »

Il était sorti de l’étreinte et tenait désormais Ailis au niveau des épaules, époustouflé par ce qu’il venait d’entendre. Comment est-ce que cela pouvait être possible ? Il s’en fichait royalement. Il était juste surpris, estomaqué par les deux mots qu’il était sûr d’avoir entendu. Ça ne pouvait pas être son esprit qui lui jouait des tours. Il les repassait en boucle dans sa tête pour retenir leur intonation. Chamboulé, il secoua légèrement Ailis :

« MAIS C’EST GÉNIAL, TU PARLES ! J’SUIS TROP CONTENT POUR TOI ! »

Il avait peut-être crié un peu fort, mais tant pis. Ce genre de moment n’arrive pas tous les jours. Ce fut ensuite son tour de lui attraper les bras et de tourner avec elle. Il ne savait pas pourquoi il tournait, mais tout était si irréel depuis quelques heures que c’était la première chose qui lui était venue à l’esprit. Il en profita pour lui glisser l’une des baguettes dans ses fines mains, lorsqu’il eut le tournis et arrêta cette « danse » improvisée.

« Tiens, tu la mérites largement. C’était pour toi de toute façon. C’est une baguette magique, elle fait parler les muettes on dirait, alors garde la. »

Content de sa blague, il ricana un peu. L’alcool faisait toujours effet on dirait.

« Merci pour tout, j’ai passé la meilleure soirée de ma vie ! On r’met ça quand tu veux ! »

Puis il regarda l’heure. Il était tard pour lui. Trop tard. Il allait certainement se faire allumer par les surveillants. Il haussa les épaules. Cette soirée valait bien toutes les heures de colles du monde, après tout. Mais il pouvait bien faire un dernier petit quelque chose pour Ailis… Et puis, il n'aimait pas trop qu’elle rentre seule en pleine nuit à moitié ivre. Lui était habitué, il pourrait retrouver son chemin, mais elle…

« Faut que je rentre par contre… Déjà que je vais me faire tuer en passant la porte d’Indarë… Mais bon, foutu pour foutu, j’suis plus à quelques minutes près... Tu veux que j’te raccompagne ? »

Il attendit la décision d’Ailis, sourire aux lèvres. Un sourire qu’on ne lui enlèverait pas de si tôt. Si elle acceptait, il l’accompagnerait jusqu’à chez elle en la gratifiant d’un sincère câlin d’amitié. Si elle refusait, elle aurait le droit au même tarif, et il se dépêcherait de rentrer. Dans tous les cas, avant de la quitter, en s’éloignant, il lança :

« Hey, lundi on s’met à côté hein ? Faut absolument qu’on débriefe tout ça ! »

Puis il s’élança dans la nuit, marchant rapidement vers une probable punition et une nuit pleine de rêves et d’étoiles.

« Qu… Attends… Ailis ? C’était toi ? J’ai pas rêvé là, c’était toi ?! Tu as parlé ? Ne mens pas, j’ai entendu, tu as parlé ! »

La demoiselle ne comprit pas vraiment. Son ami se mit à la tenir par les épaules. De quoi il parlait ? Elle avait parlé ? Son regard sembla surprit et surtout incrédule. L'alcool lui tournait dans le cerveau, elle avait du mal à vraiment se rendre compte de ce qu'elle venait de faire. Et si c'était une blague, elle n'était pas vraiment drôle. Pourtant il avait eu l'air tellement enthousiaste à cette idée. Elle avait vraiment dit quelque chose ? Elle tenta de se concentrer, elle voulait se rappeler. Sa gorge lui faisait un peu mal...

Elle l'avait remercié.

Mais pour elle, la rouquine l'avait juste pensé très fort. Mais si elle pouvait à nouveau parler, qu'est-ce qui allait se passer maintenant ? Et par rapport toutes les résolutions qu'elle avait prit ? Tout ce qu'elle pensait d'elle-même ? Qu'est-ce que ça remettait en jeu ? Elle avait vraiment envie de parler à nouveau ? Vraiment ? Ailis ne s'était jamais posée la question. Elle l'aurait accepté si elle aurait reprit confiance en elle, si elle avait tourné la page. Mais là, c'était artificiel. C'était trop tôt ?

« MAIS C’EST GÉNIAL, TU PARLES ! J’SUIS TROP CONTENT POUR TOI ! »

Elle  était entre l'excitation générale et le fait qu'elle se trouvait perdu. Elle n'osait même pas essayer à nouveau de parler. Comme si elle avait peur de quelque chose. Ailis était totalement perdue, ne sachant même pas ce qu'elle devait ressentir. Elle n'avait même pas entendu sa propre voix, c'était injuste. Et d'un coup, il l'attrapa et la fit à nouveau tourner contre lui, l'obligeant une fois de plus s'accrocher. Il semblait tellement content... La rouquine se dit alors qu'elle devait mettre de côté cet incident et seulement sourire. Elle se posera les questions plus tard. Elle ne devait pas gâcher cet instant. Elle y verrait plus clair demain. Quand il la reposa, il lui donna une des baguettes et Ailis lui lança un regard comme pour être sûr si c'est ce qu'il voulait vraiment. Finalement la demoiselle eu un large sourire.

Mathieu la remercia pour la soirée et lui proposa de la ramener. La demoiselle secoua la tête en signe de négation, elle préférait rentrer seule. La rouqine fit le signe "ok" avec ses doigts quand il parla de se mettre à côté lundi pour revivre encore et encore ce moment.

Sur le chemin du retour, elle ressentit un mélange assez étrange. Entre la joie, l'adrénaline, le stress, l'incompréhension. Le fait de parler n'était pas une bonne nouvelle comme si les maux étaient soignés. Non, ce n'était pas soigné. Elle n'avait pas le droit de parler à nouveau. Et que fera-t-elle en classe si sa voix s'était complètement débloquée ? Si elle discutait comme les autres, les mêmes événements allaient-ils se répéter ? La jeune femme regarda l'heure, elle allait se faire défoncer par Joshua... Elle soupira et envoya donc un SMS à ce dernier:

"Je reviens demain matin, je t'expliquerais tout"

Elle ne va rien lui expliquer, c'était seulement pour le rassurer. La jeune femme regarda l'argent qui lui restait et décida de trouver un hôtel un miteux pour passer la nuit. Une fois la chambre trouvée et payée, elle s'allongea et fixa la baguette. devait-elle essayer pour voir si elle pouvait encore parler ? Ailis se mordit la lèvre, hésitante. Elle prit une respiration et essaya à nouveau.

-...

Rien. Comment expliquer alors ce qu'elle avait dit à Mathieu ? Comment ce blocage marchait ? Ce qui était sûr, c'est qu'elle allait devoir continuer Lundi à écrire sur son tableau.

Ailis sourit. Elle était rassurée, elle pouvait rester dans sa zone de confort.

Mais peut-être que finalement, quelque chose avait vraiment changé ?