[2018] Après la classe

Nouvelle journée, nouvelles heures de cours.
Ses classeurs remplis des leçons des différentes classes et années dont il avait à s’occuper, Bryan quitta la salle des profs en adressant un dernier salut à ses collègues restés sur place, le nez dans leurs cours, et s’en alla suivre la masse.
Se dirigeant jusqu’à la salle qu’on lui avait assignée en début d’année, il fit signe aux élèves parqués en un rang désordonné de lui suivre à l’intérieur et de s’installer en silence alors qu’il refermait la porte sur eux. Tant pis pour les retardataires, ils n’avaient qu’à aller chercher un mot d’excuse ou passer le reste de l’heure en étude. La ponctualité était une vertu essentielle que le jeune professeur chérissait plus que tout autre chose. Excepté peut-être la vérité et la curiosité. Et la concentration… Non, en fait, Bryan chérissait énormément de qualités qui, selon lui, étaient inhérentes à tout élève désireux d’apprendre dans les meilleures conditions possibles.

Une fois ses oilles installées, il jeta un regard circulaire à la classe avant de sortir ses propres affaires et faire l’appel, cochant l’unique absent qui, à n’en pas douter, devait avoir une très bonne excuse. Une excuse qui n’était bonne que selon son point de vu à lui, mais une très bonne excuse quand même.
Esquissant un léger sourire en réaction à sa blague mentale, il reprit aussitôt son sérieux et demanda aux jeunes de sortir leurs exercices afin qu’il puisse passer dans les rangs les vérifier.
Comme d’habitude, certains ne les avaient pas fait et, étonnements, ces derniers se trouvaient être toujours les mêmes que les fois précédentes. Soupirant d’exaspération, Bryan se contenta de les mettre en retenu pour une heure afin de « s’assurer qu’ils n’auraient rien de mieux à faire que de rattraper leurs retards en finissant trois pages d’exercice » et retourna à son pupitre.
Le vrai cours pouvait enfin commencer.

Dehors le soleil brillait haut dans le ciel, éclairant la salle de classe de sa vive lumière. Plus d’une fois, Bryan dû plisser les yeux et changer de place sur le tableau noir afin qu’aucun élève soit handicaper par les reflets s’y reflétant.
Il n’y avait pas pire ennemi pour un cours que le soleil.
Non-content de déconcentrer ses élèves qui rêvaient de sortir se dorer la pilule et profiter de cette douce journée, il compliquait également la prise de note en éblouissant et les yeux et le tableau.
Saleté d’astre céleste.
Rappelant sa classe à l’ordre, Bryan parvint finalement à terminer son programme dans les temps et, satisfait, attendit que la cloche ne sonne pour leur donner les exercices à faire pour leur prochain cours avant de leur permettre de disposer.
Il adorait ça, donner les devoirs une fois que la cloche avait sonnée.
Il avait toujours trouvé ça impolie de voir des élèves s’empresser de ranger leurs affaires sitôt la sonnerie retentissante, même lorsqu’il était lui-même élève. Ce n’était pas parce que la récré avait sonnée que le cours était pour autant terminé.
Commençant à ranger ses propres affaires, le nez penché sur son bureau, il fronça doucement les sourcils en apercevant une ombre cacher la moitié de ses feuilles de notes.
Redressant la tête, il s’aperçut que cette ombre n’était autre que celle d’Ailis, l’une de ses élèves.
Une de ses préférés, même, pourrait-il dire. L’une des rares à rester constante dans ses notes et à ne jamais causer de problèmes. Et pour cause : elle était muette.
Cela dit, même sans ça, elle restait l’une de ses élèves les plus assidue et, rien que pour ça, il ne pouvait que l’estimer.
En plus de ça, il devait bien avouer qu’elle avait quelque chose de … charmant.
Mais il chassa cette pensée aussi rapidement qu’elle lui était venue, comme chaque fois.

Remarquant le mal être de l’adolescente, le professeur la questionna du regard avant de l’observer courir jusqu’à son sac de cours et revenir avec une ardoise, lui tirant un léger sourire.
Ca ne devait pas être facile de toujours avoir à se trimballer avec ce machin, de ne jamais pouvoir parler quand on le souhaitait et d’être dépendante de l’attention que les autres nous prêtait. Si on parlait quand personne ne nous regardait, personne ne nous entendait.

À dire vrai, Bryan avait entrepris de prendre quelques cours de langage des signes, afin d’être plus à-même de communiquer avec des élèves possédant ce même type de handicape que Ailis, mais il n’avait pour l’heure pas le niveau pour tenir la conversation avec elle, aussi préféra-t-il se contenter de l’ardoise pour l’instant.
Lisant les quelques mots inscrit sur cette dernière, il lui répondit par un sourire conscrit avant de lui faire signe de prendre une chaise et de s’asseoir face à son bureau.
Bien sûr qu’il pouvait le lui réexpliquer. Il prendrait même du plaisir à le faire. Les élèves intéressés étaient tellement rares qu’il ne pouvait s’empêcher de s’en faire une joie.
Lui tendant le programme du cours précédemment dicté, il lui demanda d’une voix douce, mais solennelle. « Quelle partie du cours tu n’as pas compris ? »