Bryan Taylor

Bryan est né la veille du réveillon de Noël de l’an 1989. Si lui ne se rappel plus de jour de sa naissance, sa mère elle n’eut de cesse de le lui rappeler tout du long de son enfance. Combien de foi lui avait-elle raconter de quelle manière elle était en train de fourrer la Dinde pour le repas du lendemain lorsque les crampes avaient débutés, comment elle avait bravé la douleur pour terminer ses préparatifs avant de finalement s’effondrer à même le sol, dans ses eaux précédément perdu, et accoucher de lui dans la solitude de sa cuisine.
Heureusement pour elle, l’accouchement fu aussi bref qu’il fu douloureux.
Alerté par ses cris, un voisin avait déboulé dans la cuisine avant de s’arrêter net devant le spectacle se déroulant sous ses yeux.
Voyant la femme en pleur et la petite tête ensanglanté dépassant d’entre ses jambes, il n’avait pas prit longtemps avant de décrocher le téléphone et appeler le SAMU ainsi que le bureau dans lequel travaillait Mr. Taylor, lui signifier la naissance de son fils.
Mais c’était trop tard, Bryan avait déjà posé son premier pied dans ce monde qui n’aura désormais de cesse de vouloir l’engloutir.
Lorsque l’enfant poussa son premier cris, sa mère essouflée soupira de soulagement.
Tout c’était bienp passé.
Mieux que ça même, la Dinde avait été succulente.

L’enfance de Bryan fut sommes toute linéaire. Lorsqu’il eut trois ans, ses parents lui donnèrent une petite sœur prénommée Emma et, moins d’un an plus tard, un petit frère retour de couche qu’ils appelèrent Justin. 
Bon élève, Bryan sauta rapidement une classe et, alors que certains de ses camarades se moquaient de ses bons résultats, il faisait la fierté de ses parents.
Procbe de ses frères et sœurs, enchainant baisers et bagarres, entraide et directive incombant au rôle d’ainé encore accentuées par un sentiment de maturité inhérante à son âge et ses résultats, Bryan fut celui qui s’occupa le plus souvent d’aider ses cadets à finir leurs devoirs sous le regard bienveillant de Mr et Mme Taylor.
Sans doute que ces épisodes ne furent pas pour rien quant au choix de carrière du jeune-homme. 
Depuis petit déjà, il aimait à se sentir utile, écouté, respecté.
Il aimait voir le regard d’Emma et de Justin s’illuminer lorsqu’ils comprenaient leurs exercices, cette lueur d’admiration lui étant pleinement et entièrement destinée.
Enfant déjà, il aimait se sentir supérieur, indispensable et cultivé.

Sa première petite amie, il l’eut alors qu’il était âgé de treize ou quatorze ans.
Leur relation ne dura pas plus d’un mois, cette dernière ayant rapidement trouver mieux. Un garçon plus beau, plus sportif, plus con surtout.
Il fallait dire qu’à cette époque ingrate qu’était l’adolescence, Bryan n’avait pas grand-chose d’autre que son cerveau à offrir aux filles. Ou aux garçons d’ailleurs.
Il était plutôt chétif, son visage constellé de boutons d’acné et un magnifique appareil dentaire faisant scintiller ses dents écartées.
Malheureusement pour lui, le cerveau n’était pas l’organe le plus intéressant pour les personnes de son âge, et son autre organe prit encore un an ou deux à se développer.
C’est à 15 ans que Bryan entra finalement de plein pieds dans la puberté, prenant en quelques mois seulement une vingtaine de centimètre, et une dizaine ailleurs.

Arrivé au lycée avec un an d’avance, quelle ne fut pas la surprise de ceux s’étant moqué de lui lors de sa première année lorsque, à la rentrée prochaine, ils trouvèrent ce petit garçon qu’ils avaient aimé à taquiner les regarder dans les yeux, voir en dépasser certaines d’une bonne tête.

Lorsqu’il fut accepté à Londres, dans la fac de Mathématique la plus prestigieuse de la ville, Bryan dû quitter sa famille bien-aimée au profit d’un petit studio dans lequel il passa huit longues années de sa vie.
Ce fut durant ces années qu’il se rendit réellement compte de sa différence.
Si jusqu’alors il avait mis son intérêt pour les collégiens.ne.s sur le compte d’une proximité d’âge et de fantasmes découlant sans doute d’un trop-plein de manga au chara design aux tendances loli-shotacon, il devait aujourd’hui bien se rendre à l’évidence.
Si à seize ans avoir des vues sur une gamine de treize ans ou un gamin de quatorze pouvaient s’expliquer et se comprendre, lorsqu’on avait passé la vingtaine, cela devenait quelque peu plus problématique. A fortiori lorsqu’on réalisait que les personnes de notre âge ne nous intéressaient guère, ou moindrement, et que les quelques réussissant à éveiller notre émoi étaient celles ne faisant pas leurs âges.
Et plus le temps passait, moins ses désirs ne faiblissaient, plus Bryan avait peur de ce qu’il était.
Il ne désirait pas d’enfant, non. Pas vraiment. Mais il ne pouvait nier apprécier la vision de ces êtres à mis chemin entre l’innocence et la luxure. Ce juste milieu entre l’enfance et l’âge adulte. Cette phase de transition de corps et d’esprit.
Il aimait l’idée de noircir ces ardoises blanches. Il adorait être l’explorateur qui découvrait ces nouvelles terres, parfois foulée d’indigène, mais n’ayant encore jamais connu l’homme blanc. L’homme adulte et expérimenté qu’il était.

Lorsque Bryan avait découvert sa déviance, sa première réaction avait été de faire une rétrospective sur sa vie. Lui dont ses parents, professeurs et amis n’avaient de cesse de venter la maturité, en manquait-il finalement ? Après tout, quelles autres raisons pourraient pousser un homme adulte de désirer de si jeunes êtres ?
Oui… Sans doute qu’il manquait de maturité, qu’il se sentait plus proche d’adolescent que d’adultes… Etait-il victime du syndrome de Peter Pan ? Se voyait-il toujours comme un enfant, un adolescent coincé dans un corps d’homme ? Non. Alors pourquoi ?
Il ne comprenait pas, il essayait de chasser ces pensées de son esprit et de se concentrer sur des personnes de son âge.
Il y parvint, réussi à mettre dans son lit plusieurs femmes et quelques hommes de son âge, avait expérimenté tout ce qui ne lui rappelait pas la jeunesse, mais à chaque fois que son regard se posait sur un jeune à la peau lisse, vigoureux et au sourire espiègle, son cœur se serrait et son regard avide ne pouvait se détourner de lui.
Il en mourrait d’envie.
Il le désirait plus que tout.
Et un jour, il finit par passer à l’acte.
Il avait alors 25 ans et elle en avait 16.
Elle était la petite sœur d’une de ses camarades de classe et, alors qu’il l’avait croisé quelques fois en sortant en ville, il avait fini par l’inviter chez lui.
C’était passé ce qu’il s’était passé, et Bryan s’en était senti dégoûté.
Dégoûté d’avoir pris tant de plaisir à le faire.
Il voulait se laver, s’arracher la peau, se rincer à l’acide.
Il avait honte, terriblement honte.
Ce n’était pas grand-chose, la jeune femme était majeur sexuellement et en pleine possession de ses moyens. Elle l’avait cherché autant que lui l’avait cherché elle et elle ne semblait pas le moins du monde regretter son geste. Mais lui, il se dégoûtait.
S’il avait réussi à passer le cap avec elle, qu’est ce qui lui assurait qu’il ne le franchirait pas avec une autre, une plus jeune, une moins sûre de ses désirs ?
Une fois qu’on avait commencer à sombrer, comment être certain qu’on parviendrait à garder la tête hors de l’eau ?
Il avait peur, diablement peur.
Et s’il ne parvenait plus à se contrôler ?
Plus le temps passait et plus il lui serait dangereux de s’approcher d’adolescents.
Il n’avait que 25 ans, il pourrait encore justifier un désir pour des ados de 16 ou 17 ans, voir de jeunes adultes de 18 ou 19 ans, mais plus tard ? Lorsqu’il aurait 30 ans, 40 ans, 50 ans ? Si son désir ne décroissait pas, comment ferait-il alors ?
Il était mort de peur.
Lorsqu’il congédia la jeune fille, il se promit de ne jamais la revoir.
Mais les mois passèrent et d’autres jeunes filles vinrent à lui. Des premières années, des lycéen.ne.s venu visiter l’université, des adolescent.e.s en quête d’un professeur particulier pour les aider à réviser leurs examens. Des tentations par ci, par là, dont certaines auxquelles il finit par céder, le répugnant un peu plus à chaque instant.
Jamais encore il n’avait dépassé sa limite de 15 ans, mais il sentait qu’il perdait peu à peu pied dans ses principes.

Lorsqu’il fut diplômé, il passa un entretient d’embauche dans une boite d’informatique, décidé à mettre de côté son projet de devenir professeur en vue de ses déviances pour le moins handicapantes. Il travailla près d’un an pour cette boite, avant de démissionner. Ce n’était pas ce qu’il attendait de la vie, il ne s’y épanouissait pas.
Après deux longs mois à vivre sur ses économies et à végéter, il finit par passer un entretient d’embauche en temps que professeur de mathématique dans une école possédant une section à haut risque, se parant de sa plus belle carapace.
Il était ici pour vivre son rêve, pas ses fantasmes…

Que Dieu lui vienne en aide.