[2017] Retrouvailles studieuses entre copines!

Ce soir était un peu particulier. Très particulier à vrai dire. Je retrouvais une amie que je n'avais pas pu voir depuis trop longtemps. Du moins voir dans une optique neutre, sans le contexte scolaire. Bien que. En effet, ce soir je devais rejoindre une camarade de classe. Karyn. Nous allions nous réunir dans sa chambre, afin d' éviter la jalousie d'Ely qui avait le don de ne pas apprécier qu'on m'approche de trop près, pour réviser en vue des examens de fin d'année qui commençait à se faire de plus en plus menaçants. Pour ma part, je ne les craignais guère. Mes notes s'étaient maintenues au cours de l'année m'assurant une moyenne suffisamment haute pour ne pas vraiment m'en faire. Non , je rejoignais Karyn pour passer un moment avec une amie. Une vraie amie. Voilà quelques années que nous étions dans la même classe - depuis mon arrivée à Indare à vrai dire - mais cette année avait été difficile. Je n'avais pas pu lui accorder le temps qu'elle méritait alors que nous étions amies depuis presque 4 ans.

Cette année, elle n'avait presque rien su des nombreuses péripéties qui m'était arrivée. Rien de Raven, d'Abel ou d'autres rencontres. Pourtant nous étions plutôt proches. Le destin l'avait voulu. Nous avions eu un destin sur plusieurs points similaires, sur d'autres bien différents. Nous avions été toutes les deux des candidates à des concours internationales de jeunes talents, deux talents extraordinaires mis sur le devant de la scène pour devenir meilleures encore. J'admirais sa voix et je m'étais promise il y'a déjà 3 ans de composer un jour une chanson qui siérait parfaitement à sa tessiture. Pour sa part, elle avait été l'une de mes premières fans, l'une des premières à m'encourager malgré la maladie qui me rongeait à l'époque. A vrai dire, c'était simple..

-"C'est ma meilleure amie je dirais..." murmurais-je tout en me brossant les cheveux devant le miroir de ma chambre.

J'étais déjà totalement prête pour la soirée. Je m'étais recoiffée après les cours, douché des l'ouverture des parties communes et je m'étais mise en pyjama en quatrième vitesse.
Étais-je nerveuse? Un peu. Beaucoup à vrai dire. Ce n'était après tout que la sixième fois de la soirée que je me coiffais de nouveau... Pour être franche c'était la première soirée pyjama  - ou ce qui pourrait s'y apparenter - de ma vie et j'avais la crainte de me montrer ennuyeuse ou même pire qu'elle m'en veuille de lui avoir "caché" certaines choses.

Je soupirais en reposant ma brosse sur la tablette me faisant face. Je jetais un coup d’œil à mon téléphone afin d'y consulter l'heure. 19h47. Nous nous étions données rendez-vous dans 13 minutes. Il était donc temps de me mettre en route. Je préparais mon sac, y enfonçant pèle-mêle le chocolat qui me suivait partout désormais, mon nouveau clavier flambant neuf - payé par les parents d'Abel après que la direction est menacé d'ébruiter le comportement de leur fils - ainsi que mes divers cours, partitions et livres. Je passais le sac plus que chargé à mon épaule avant de parcourir le peu de route me séparant de la chambre de mon amie.

J'arrivais donc devant la chambre de mon amie, ne croisant sur mon court chemin que des inconnues s'inquiétant de l'heure pour les douches ainsi que le réfectoire , puis je toquais à la dite porte. Le temps qu'elle ouvre me parut une éternité et je devais avoir l'air bien stressée avec ça, jouant avec mes cheveux nerveusement. Lorsqu'elle ouvrit la porte, je demandais nerveusement.

-"Euh re, je suis pas trop en avance?"

Au fond de moi, je n'avais pas été aussi contente depuis longtemps. J'avais l'impression de recréer un pont entre nous, un pont entre le passé et le présent, j'allais peut-être avoir de nouveau une amie à mes côtés quand je me sentais seule, que je sois loin ou près une lumière quand j'étais dans la nuit.

Je n'eus pas vraiment le temps de patienter à la porte car ma camarade s'empara de ma main et me pria d'entrer. Je la suivais, lui laissant ainsi la possibilité de refermer la porte. Je m'arrêtais une seconde pour me concentrer dans la main douce et chaude enserrant la mienne. A vrai dire, ce contact me calmait. J'avais enfin quelqu'un qui se montrait délicate et douce avec moi. Karyn l'avait toujours été. C'était une amie formidable depuis très longtemps, une amie au quelle je pouvais me confier et voir que rien n'avait changé dans ce domaine me rassurait je crois.

-Pardon, je reviens tout juste de la douche. Je n’ai même pas eu le temps de me brosser les cheveux… faire le ménage de la chambre m’a pris plus de temps que prévu!

C'était bien Karyn. Elle avait voulu faire au mieux et s'était ainsi retrouvée à manquer de temps. J'inspectais du regard l'ensemble de la pièce, guettant le moindre objet posé à la va-vite pour la taquiner mais je dus très vite reconnaître qu'elle avait admirablement rempli sa tâche. C'était presque moins drôle.

-"Dommage...je vois rien de mal rangé pour pouvoir t'embêter et te faire rougir!"

Je m'installais conformément auprès de Karyn, déposant mon sac contre le lit tandis que je délivrais un sourire et un hochement de tête à mon amie pour lui confirmer mon accord puis je me laissais tomber en arrière, le dos sur le lit, observant le plafond une seconde. Ma nervosité s'était évaporée depuis tout à l'heure, ne me laissant comme unique doute mon absence. Après tout, l'avait-elle comprise? Je décidais d'éclairer la chose, histoire de m'enlever ce fardeau du cœur. Je me relevais à demi pour m'adresser à elle, les coudes sur le lit.

-"Dis je voudrais m'assurer d'une chose..."

Je me redressais un peu plus désormais et je subtilisais doucement la brosse des mains de ma camarade, avant de venir me mettre derrière elle et de commencer à lui brosser les cheveux, un peu rêveuse.

-"Tu es certaine que tu ne m'en veux pas?" entamais-je tandis que je démêlais le plus précautionneusement les cheveux de ma comparse. "J'ai été un peu absente mais tu sais que tu es importante pour moi.. tu en sais plus sur moi que quiconque.. tu es ma meilleure amie tu sais.."


J'avais le besoin de me faire pardonner. Besoin de lui exprimer cette douleur. J'avais besoin de m'assurer que tout allait bien. Tant de choses avaient changés pour moi. Je n'étais plus fiancée, je commençais à comprendre les préférences qui étaient les miennes, j'avais une épée de Damoclès autour de la tête pour ma pratique du piano, j'avais failli me faire violer deux fois et on m'avait agressé deux autre fois. J'avais besoin de savoir mon amitié avec elle irréversible.Immuable. Je voulais qu'elle compte sur moi et pouvoir compter sur elle. Je déposais alors la brosse sur le lit et vint passer mes bras autour de son cou et me presser contre son dos en murmurant l'expression sincère de ce que je ressentais.

-"Merci Karyn d'être là...Tu m'as tellement manquée.." murmurais-je dans un premier temps avant d'essayer de me ressaisir, sans pour autant quitter ma position "..je suis désolée...tu me connais j'ai toujours été trop émotive avec toi..laisse moi un peu comme ça et je te promets qu'on travaille après..."

C'est vrai que j'avais toujours été plus fragile avec elle qu'avec les autres. Je ne pouvais m'empêcher de sourire ou dans le pire des cas de me montrer apathique quelque soit les drames qui se profilaient à l'horizon à quiconque. Sauf avec elle, son enthousiasme et sa compassion m'avaient toujours désarçonnés, c'est d'ailleurs aussi pour ça que nous nous étions liés dans les concours. J'avais beau être frêle et faible, personne ne semblait le voir sous la façade que j'érigeais là où je n'avais pu que tout lui expliquer. J'avais toujours été une bonne menteuse et une bonne cachottière mais apparemment pas avec elle.