[ MINI RP] Le venin et la vipère (Gina)

J'aime la façon qu'il a de me rassurer. Ça paraît idiot, et venant de n'importe qui d'autre cela m'aurait blessée dans mon orgueil, mais son naturel me plaît. Son naturel et la supériorité qu'il dégage, qu'on dégage lorsqu'on est tous les deux. Je n'aurais pas pu rêver meilleur choix de cavalier. De plus il a tout à fait raison : la jalousie alourdit l'atmosphère de cette soirée, et je n'ai qu'à jeter un œil en direction de Naomi pour sentir la sienne. Et sa haine, qu'elle contrôle si mal. Pathétique.

- Ce genre de personne méprisable finit toujours par recevoir ce qu'elles méritent. Je ne m'en fais pas. Je le regarderai sombrer bien assez tôt.

Et là, ce sera moins qui pourrait le regarder de haut. Un abruti parmi d'autres, qui pense avoir de la valeur alors qu'il n'est qu'un vermisseau qu'on écrase. Ils pullulent, dans cette école, il serait temps de faire un peu de désinfection.

- Que dirais-tu d'un verre ? En espérant qu'ils ne soient pas aussi insipides que lors de leur parodie de bal masqué.

Un verre? La suggestion était des plus intéressantes. Après tout, rien ne valait un bon petit champagne pour savourer notre victoire déjà assurée : qui serait capable de détrôner la grâce et la beauté naturelle de Gina et ma prestance? Personne. Je menais ma cavalière vers la table où reposaient les coupes de ce qui semblait être du champagne avant de lui en tendre une et lui sourire. Je portais le liquide doré à mes lèvres avant d'esquisser une moue insatisfaite. C'était clairement du jus de pomme. Et c'était clairement du bon marché. Les parents d'Amaryllis avaient pour eux de servir de l'alcool et de l'alcool de qualité même si leur fille n'était qu'une autre des preuves de la dépravation de ses lieux et des élèves en général. J'attendais qu'un des esclaves passent à portée avant de lui lancer le contenu de mon verre au visage avec un petit sourire satisfait, histoire d'extérioriser ma frustration et ma rancœur envers la pianiste d'opérette.

-"Infect.."

Je fixais ensuite le "serviteur" stupéfait avant de me fendre d'un petit rire médisant et de quelques mots pour m'en débarrasser.

-"Tu peux dégager? Ta vue m'insupporte sous-humain.."

Je détournais alors le regard vers Gina, je faisais trop d'honneur à ce cafard avec un simple regard.

Comme je disais, naturel et supérieur. Malheureusement, les verres sont encore rempli du même jus de pommes à bulles sans intérêt qu'ils nous ont servi la dernière fois, même s'ils ont fait l'effort de le mettre ailleurs que dans des gobelets en plastique. Je ne peux pas m'empêcher de rire en voyant le visage déconfit de l'imbécile qui s'est pris le contenu du verre à la figure. C'est vrai que ça a beaucoup plus sa place dans le visage de quelqu'un que dans ma bouche. Je repose mon verre avec un soupir.

- Même pas capables de servir des boissons correctes. Cette école n'est vraiment pas à la hauteur.

Ils peuvent se permettre d'acheter des boissons de meilleure qualité, même sans servir de l'alcool. Une grosse partie de leurs élèves est riche à profusion, rien qu'en comptant les trois imbéciles méprisables qui nous traînent dans les pâtes. Elles n'ont ni utilité ni prestance, elles pourraient au moins faire un geste pour que ceux qui en ont ne se retrouvent pas avec du jus de pomme de basse qualité.

L'idiot de tout à l'heure a fini par s'enfuir. Mais ce bal commence déjà à devenir ennuyeux.

- Sans compter le manque de distractions de la soirée.

J'écoute avec attention la remarque acerbe de ma cavalière tout en observant ma victime de l'instant précédent fendre la foule en se confondant en excuse pour rejoindre au plus vite un endroit où noyer sa honte La scène m'arrache un petit sourire satisfaisant comme un enfant sourit en arrachant les ailes d'un papillon. Après tout il faut bien s'occuper et sur ce point je ne peux que donner raison à ma cavalière. La soirée est d'un ennui prodigieux. Trop peu de personnes valant la peine d'être remises à sa place et bien trop peu d'élus valant la peine d'avoir le privilège de notre conversation. J'en viendrais presque à regretter les fréquentes soirées mondaines de mes parents. Des soirées ne regroupant souvent qu'une poignée de cloportes essayant de se parer des atours des grands de ce monde, ne serait-ce que pour profiter qu'un instant de l'ombre de ces derniers, de mon ombre. Un peu comme cet école minable qui fera tache sur mon dossier prestigieux. Qu'importe. C'est fait. Je profite du passage de deux mecs - visiblement ensembles - pour passer mon mécontentement en heurtant le plus proche de nous. Les rats et la débauche.. C'est presque lassant.

La soirée s'éternise déjà. Les heures seront longues avant que l'on atteigne enfin le sommet de notre gloire, cette place qui nous est due sur le podium. Nul autre n'a la prestance pour coiffer ces couronnes.
J'aurais pu compter les heures et les minutes, je l'ai peut-être fait en vérité. J'ai ri des chutes et vacillement de quelques personnes trop idiotes pour contrôler ne serait-ce que leur équilibre, critiqué allègrement des robes bons marché, souri aux remarques criantes de vérité de mon compagnon. Une soirée comme une autre, sans véritable cafard à écraser mais avec des vermines un peu partout.

Mais il ne reste que quelques minutes avant la fin des votes. Naomi n'a plus l'air aussi fière qu'au début, sans doute a-t-elle enfin pris conscience qu'elle ne pouvait pas gagner ; même si ça serait d'un niveau d'intelligence surprenant de sa part. Je passe élégamment ma main sur le bras d'Abel en fixant l'imbécile de tout à l'heure - qui s'est changé entre temps - visiblement chargé de l'annoncé des résultats. Dommage, il aurait été amusant de le voir se tortiller devant le micro avec une chemise imbibé de ce jus de pomme infect.

Les heures avaient défilés sans qu'aucune scène n'attire réellement mon attention, mis à part les insignifiants élèves que je prenais un malin plaisir à critiquer de concert avec Gina dans l'attente des résultats évidents de notre bal : un couronnement certain pour le couple le plus méritant. L'attente finit par toucher à sa fin quand le cloporte de tout à l'heure arriva enfin sur scène pour annoncer les résultats des votes. Je n'arrivais pas à concevoir qu'un être aussi insignifiant que ce benêt puisse être chargé d"une tâche pareil. Peut-être bien que le reste de ses compères du comité des élèves étaient plus insignifiants encore et puis que m'importe.

-"Notre heure est venu Gina, tu vas enfin briller face à cette insignifiante actrice de séries pour débiles profonds"

J'adressais un sourire à la femme la plus gracieuse de cette assemblé avant de tapoter du pied d'impatience. Cet idiot, les cheveux encore collant de jus de pomme, avait le culot de faire patienter ma cavalière pour son couronnement. Vraiment.. Cette école est des plus déplorables.. Tant pis nous serons bientôt sous les feux de la rampe.

Comment décrire ça.
Injustice. Manipulation. Trucage. Décadence. Aucun mot n'est assez vrai pour désigner la mascarade qui s'est jouée sous nos yeux.
Nous n'avons pas gagné. Mais pire, bien pire que ça, la couronne a été remportée par Austin Sanders et son toutou bien élevé, Jun de Sèze. A moins que ce ne soit l'inverse. La fausse starlette et le roquet agressif. Qui a voté pour eux ? Ont-ils acheté des votes, payé le responsable des annonces ? Peut-être des fans se sont-ils glissés dans la foule pour glisser un bulletin pour leur idole et fausser les résultats.

Je ne peux pas les voir monter sur scène. Ça me rend malade. Ce sont deux abrutis qui se croient important.

- Cet abruti à la chemise tachée a dû truquer les résultats...

On ne peut pas perdre. Pas contre deux mauviettes pareilles alors que tout était parfaitement préparé. J'aurais accepté de perdre contre Naomi. j'aurais serré les dents, sûrement bouilli intérieurement, mais j'aurais accepté. Mais je ne peux pas perdre contre un artiste raté et un type avec le potentiel émotionnel d'un flanc au caramel.

- Impossible...

Ces gens n'y comprennent rien. Cette école n'y comprend rien. Ils sont tous stupides, forcément. Tous autant qu'ils sont, incapables de faire le bon vote.

Austin et Jun. Tels furent les noms qui furent alors appeler par l'autre abruti et ses comparses. Est-ce réellement sérieux? La jalousie aurait-elle été suffisamment forte pour voiler les yeux de tout ces idiots sans prétention ni prestance? Je finis par laisser sortir un sifflement , témoin de mon aversion profonde pour le "couple" qui monte sur scène. Couple. Rien que le mot me semble ironique. Deux hommes.. Comment vont-ils s'organiser? Mettre une couronne au plus efféminée des deux et lui apporter un tutu? Tout ça est grotesque. Ridicule. Pathétique. Je n'aurais pas dû me dire qu'un éclair de lucidité pourrait atteindre le bas peuple. Les imbéciles et les sous-hommes le restent toutes leurs vies. C'est un fait. Je me tourne vers Gina dont la colère et la déception sont presque visibles. Comment ose t-il lui faire ça? Elle s'élève en dehors de cette marée crasseuse et elle se voit renier alors qu'elle représente un exemple que tous devrait suivre. Décidément nous valons bien mieux qu'eux et cette cérémonie minable entre insectes dérisoires.