Improbable [Will]

Will regardait ses sacs posés devant lui. Il était assis sur le lit dans une chambre déjà désertée par ses camarades. Il repensa à l'année. Il semblait blasé. Pas parce qu'elle avait été ennuyeuse mais parce que tout semblait avoir été mit en place pour qu'il pète un plomb voir, se remette en question. Entre Chris, le fait qu'il avait de plus en plus du mal à se procurer ses "stimulants" ou par le départ soudain d'Holly, il avait du mal à se placer et il ne savait plus trop ce qu'il était censé croire. Avait-il envie de guerrir ? Il s'en croyait incapable puisque pour lui, c'était plus médical que psychologique. Du moins, c'était la réalité dans laquelle il s'était enfermé. Et il pensait déjà qu'après l'université, il irait dans un hôpital psychiatrique. Car une fois dehors, il finira par faire une connerie. L'année suivante sera sa dernière année et il n'y avait aucun progrès. De quoi l'encourager à penser qu'il était un cas désespéré. Et même ses sentiments provisoire pour la demoiselle ne lui avaient pas donné une leçon.


Il grogna et se leva. Il allait avoir un colloc pour l'été et il se demandait s'il devait préparer une connerie pour l'occasion. C'était que plus personne n'était vraiment surpris par ses agissements en fin d'année alors l'effet ne sera plus vraiment là. Il allait devoir attendre l'arrivées des nouvelles années et des nombreux étudiants venant en cours de route. C'était d'ailleurs bien la seule école acceptant autant d'entrée en milieu d'année.

Il mit son sac de voyage sur le dos et alla devant le miroir. Il n'avait pas mit ses lentilles. Depuis quelques jours, ses yeux étaient un peu irrités. L'infirmièr.e lui a simplement dit de les laisser se reposer pendant plusieurs jours. Et puisque c'est Will, iel lui a prit sa boite. Il est donc obligé de lui montrer que son oeil va mieux pour récupérer son bien. Il ramena ses cheveux en arrière puis sortir une sucette de sa poche qu'il enfourna dans sa bouche. Il fit un grand sourire devant la vitre pour s'énergiser et sortit de la chambre à présent vide.

Il passa dans les couloirs à toute vitesse, n'ayant pas spécialement envie d'engager la conversation avec quelqu'un. Après quelques minutes, il s'arrêta, vérifia le numéro de la chambre et posa sa main sur la poignée et poussa la porte.

Son regard, avant de fixer les autres éléments de la pièce, se posa quasi instantanément sur le jeune homme s'y trouvant. Qui sembla tout aussi surpris que le faux albinos. Il ne s'attendait pas vraiment à ça.

Will cligna des yeux. Il osa montrer sa surprise plusieurs secondes là où il avait l'habitude d'un peu tout dissimuler. Mais cela le passa vite, tout ça devint d'un coup bien plus intéressant pour le jeune homme. De quoi redonner un peu de "peps" à son quotidien. Alors d'un geste rapide, il fit une révérence.

- Raiponce

Il lui semblait que c'était ce qui lui avait dit. Ce jeune homme faisait partit des bons souvenirs de l'année. Car le moment qu'ils avaient partagés avait vraiment été excitant. Et le fait que Will n'avait pas eu tout ce qu'il voulait de suite n'était qu'un énième jeu pour lui.

Il fit tourner sa sucette dans sa bouche, réfléchissant un peu à ce qu'il était censé faire maintenant. Il était loin d'être aussi spontané que ça. La plupart de ses réactions et de ses idées n'étaient que des réflexions bien amenées. Il savait juste réfléchir très vite. Il s'avança alors dans la pièce sans le quitter des yeux. Il analysa rapidement le lit que son camarade avait décidé d'occuper avant de se défaire de son sac et de le jeter sur l'autre matelas. Il ferma ensuite la porte. Il allait peut-être avoir peur qui sait ? Will n'était certainement pour lui qu'un IRS un peu toqué qu'il avait eu le courage d'embrasser. Peut-être allait-il craindre d'être longtemps dans la même pièce que lui ?

C'était étrange, mais pour une fois, il ne savait pas trop comment agir. Il tentait de rester naturel, de garder ce sourire taquin et séducteur dans des gestes assurés et dans sa démarche presque féline mais il ne cherchait qu'à parader le temps de trouver une solution.

Devait-il tenter d'avoir le même jeu que la dernière fois ? Car, en ayant pas eu ce qu'il voulait, il ne pouvait que le désirer. Mais de l'autre côté, quelque chose le rendait un poil plus moue et passif que la dernière fois.

- J'ai beaucoup aimé la façon têatrale dont tu viens de faire tomber ton biscuit en me voyant. Très beau. C'est presque... flatteur.

Il lui fit un clin d'oeil alors que le jeune homme aux cheveux blanc retirait d'un geste lent ses chaussures. Il continuait à réfléchir, préférant maintenant voir le comportement que son camarade  allait avoir avec pour décider de comment il allait agir. Will restait surpris et prit au dépourvu. Sans le montrer, il paniquait un peu intérieurement.

Il sentait en quelque sorte que son camarade n'était pas loin de son état d'esprit. Il l'avait vu comme un séducteur mais face à la situation perturbante, ils étaient au même stade: et maintenant ? Will n'avait jamais eu vraiment de mal pour parler à nouveau à ses plans culs ou autres coups d'un soir. Mais c'était parce qu'ils ne se voyaient pas si souvent, parce que c'était souvent en dehors de l'école. Et puis, rester longtemps avec Will était une possibilité de le voir dans divers états qui briseraient ce qu'il montre. Il n'avait pas envie qu'on le voit comme le triste personnage qu'il est vraiment. Car les gens aimaient le Will fou dont on se moque, qui fait rire la galerie. Ses états d'âmes allaient ennuyer, il n'aimait clairement pas qu'on le voit ainsi.

Déjà qu'être dépourvu de ses lentilles étaient gênant...

Il eu un long sourire à sa réponse alors qu'il posa ses chaussures sur les côtés. Il tentait d'analyser son comportement. Il voulait reprendre le jeu ? Il n'en était pas sûr, il semblait vouloir surtout garder en quelque sorte la face. Et personne ne voulait laisser la gêne s'installer. Il répondit alors du même ton que d'habitude:

- Sache que c'est réciproque

Will essayait de se rassurer, se disant que ce jeune homme allait être si embarrassé qu'il allait essayer de le fuir un peu tout l'été en partant tôt et en rentrant tard par exemple. Ou il y avait des chances que ce soit lui qui face ça ? Après tout, un été entier..Il allait bien devoir trouver des occupations s'il ne veut pas péter les plombs dans cette chambre. Et là, ce serait beaucoup trop se montrer.

Il eu un petit rire à sa seconde phrase alors qu'il s'assit sur le lit, le dos contre le mur. Il se positionna en tailleur et dit d'une voix calme:

- Je suis un modèle de self-contrôle voyons

Il ricana. Même lui ne savait pas si c'était vrai ou faux. Cela dépendait certainement des moments, comme beaucoup de personnes. Il ramena ses cheveux en arrière pour la énième fois puis l'observa plusieurs secondes. Il restait semblable à ses souvenirs. Ou simplement à la photo qu'il avait prise de lui, qui trônait dans son livre avec les portraits d'autres camarades. En fait, il l'avait déjà vu de loin ce jeune homme. Après tout, Will traînait avec les ISS. Mais il n'avait pas sentit le besoins d'aller le voir. Il serait certainement venu si l'ambiance s'y prêtait, qu'il était seul et que le jeune garçon était en manque mais les conditions ne s'étaient pas réunient à ce moment là. Et puis, inconsciemment, le mystère de leur rencontre lui avait bien plu. C'était dommage de tout gâcher non ?

Pour gâcher, c'était gâché maintenant. Il soupira intérieurement. Comment agir maintenant pour que ça reste amusant et que ça ne lui prenne pas la tête ? Il jouait mécaniquement avec une cicatrice rougeâtre sur sa main. Il faisait en sorte de relancer la conversation et tentait de vite retrouver une idée. Si la gêne s'installait, ça gâchera certainement le beau souvenir qu'il avait de ce moment. Quelque chose d'imprévisible et de spontané.

- Mais il n'y a pas à être vexé, je suis absolument ravis de revoir un jolie visage

Il lui sourit. Était-il ravi ? Surtout perplexe et perdu pour le moment. Il allait devoir être vigilant cet été. Peut-être que tout cela allait bien se passer...? Mais les trois fois où on a fréquenté le garçon...Une fois, c'est ce qu'il a conduit à être emmené ici. La seconde fois, il s'est beaucoup trop révélé et la troisième fois, il a osé commencer à aimer. Bref, il avait l'impression que c'était jamais une très bonne idée d'avoir contact avec lui trop longtemps. Mais comment garder du mystère pendant deux mois ? Il imaginait que ça dépendait du comportement de son camarade également.

Il ouvrit son sac pour commencer à la vider histoire de s'occuper le temps de trouver une ligne directive. Il réfléchissait peut-être trop ? C'était aussi une possibilité. Parfois, il avait l'impression de donner une importance démesurée aux choses.

Il ouvrit le placard pour y placer ses vêtements visiblement bien pliés. Il n'en avait pas beaucoup mais l'ennuie absolu était certainement celui du shopping si ce n'était pas un magasin de déguisement. Il posa alors son appareil photo sur une étagère ainsi que quelques cahiers et son album photos. Il n'avait pas beaucoup d'affaires à vrai dire. Il ferma son placard: il n'y mettait aucun cadena ou autre. C'était inutile. Il s'assit à nouveau sur le lit où il avait jeté un peu ses couvertures sans trop prendre le temps de le faire. Il chuchota alors d'un faux air complice.

- Je pense que le dieu des cucurbitacée est à nouveau joueur

Et voilà qu'il retombait dans ses travers ! Il avait choppé la solution de facilité: s'enfermer dans son rôle d'imprévisible pour l'amuser et faire en sorte qu'il ne le catégorise pas trop comme un "humain" avec qui il faut avoir des politesses, de l'embarras. Will jouait en quelque sorte à cache-cache.

L'improbabilité était une arme chez Will. Une arme dont il pensait imbattable. Surtout avec l’étiquette qu'il portait. C'était une façon de détourner l'attention. Et si une personne cherchait des réponses, elle n'en aurait jamais. Cela pouvait être aussi une façon autre de s'exprimer. C'était plus rare mais les grosses confidences pouvaient passer au travers d'histoires burlesques  dont seuls les gens vraiment attentifs pourrait y voir un sens. Comme les psy. Sauf que là, il y en avait vraiment pas quand le garçon leur destinait une histoire.

Enfin bon, il le regarda plusieurs secondes, n'ayant que donné des sourires à ses réponses. Du moins à la seconde puisqu'il n'avait pas comprit la première. Son interlocuteur avait décidé de chuchoter.

Il sentit l’incompréhension dans les yeux de son camarade. Si ça ne l'amusait pas, ça le perturbait. C'était certainement tout aussi bien. Façon, il détestait les gens, surtout des ISS, qui s'amusait à rentrer dans son jeu et à parler comme lui, comme s'il était un espèce de con. Ce qui était assez hypocrite venant de Will.  Le jeune homme le regarda alors quelques secondes et haussa les épaules dans un petit ricanement.

- Je vénère beaucoup de choses.

Il accentua alors le tout avec un petit clin-d'oeil bien placé:

- Je suis polythéiste.

Will réfléchit alors encore. Pourquoi il était gêné après tout ? Une fois la surprise passée, il ne restait  que cette question . Le faux albinos avait une partie de la réponse: le refus du garçon sans-nom pour aller plus loin la dernière fois. Cela ne l'avait pas blessé ou énervé. Sa déception avait même été minime. Mais du coup, il avait donc crée une barrière de consentement. Il n'était pas un foutu violeur et s'était donc mit dans la tête qu'il avait peu de chance d'aller plus loin avec celui-là. Et rester dans la même pièce avec quelqu'un dont il allait peu oser faire des avances...Cela allait être dur. Surtout avec ce désir en lui.

Comme s'il avait peur de passer pour un pervers. Car un lieu tel qu'une chambre pouvait être sujet à ce genre de pensées. Mais là encore, qu'est-ce que ça pouvait lui faire qu'on pense qu'il est un pervers ? Il avait l'impression d'évoluer et ça le rendait fou. C'était à cause de Chris ça ! Franchement, c'était la dernière fois qu'il passait du temps avec lui.

Il le regarda plusieurs secondes.  Se demandant quoi faire ou comment agir. Il se demanda un instant s'il pouvait sauter de la fenêtre mais il doutait sur ses capacités à s'en sortir en un seul morceaux après. Il repensa à ce qu'il s'était passé entre eux, aux sensations. Puis il le fixa à nouveau. C'était la même personne ? De toute évidence oui. Will oubliait que la plupart des gens avaient plusieurs facette.

Cela commençait à lui prendre la tête. Il détestait ces nouvelles pensées que les gens s'embêtent à avoir pour être socialement plus admis. Et même ses mots délirants semblaient moins spontanés et plus forcés que d'habitude. Étrangement, là,  il aimerait se réfugier dans des bras rassurant. Il gérait mal et niait un peu les changement en lui. Il se mit à jouer avec sa cicatrices sur sa main, se demandant quoi dire ou quoi rajouter alors que vu de l’extérieur, il souriait.

- Tu savais qu'une fois tous les cent ans, un enfant nait centaure ? Le gouvernement les cachent.

Non, non, non. Cela ne marchait pas. C'était pas spontané.  Il croisa les bras en réfléchissant. Surtout qu'il avait des difficultés à rester constant dans son comportement. Et il ne voulait pas que son camarade se demande s'il ne faisait pas exprès d'être illogique . Cela devait être naturel.  Il le regarda, se demanda s'il avait l'air sceptique ou s'il marchait.

Mais magie, la porte s'ouvrit, rompant le malaise de Will finalement bien nul socialement parlant une fois ses pouvoirs magiques de potion retirés.

Un élève entra. Il s'adressa directement aux faux albinos.

" Ah, c'est ta chambre. Fallait que je te demande un truc"

Il salua de la tête l'autre jeune homme alors qu'il s'assit au bout du lit. Will se contorsionna un peu et remarqua d'autres gars qui étaient à l'entrée. Regardant.

" Alors, répète, dis moi ce que t'as dis là hier...Genre en entier."

Will plissa les yeux pour se rappeler. Il finit par hausser les épaules; Il avait des phrases génériques pour ça. Il dit alors calmement:

- Je t'avais dis de ne pas trop le répéter, tu sais que Zeus pourrait me tomber dessus. Alors... Je suis un enfant de mars, je dois reunir tous les rubis pour retourner sur ma planète. Mon pouvoir étant épuisé, je dois rester ici en attendant pouvoir à nouveau me téléporter.

Le jeune homme eu un rire et regarda ses collègues. Il se leva en se dirigeant vers la porte. Il ajouta:

" Hé ? Demain on se voit ok ? On veut t'aider dans ta quête et tout ."
- Si vous n'avez pas peur d'être maudis, j'ai rien contre.

Rire. La porte se ferma à nouveau. Will avait géré l'impro là ! Donc il avait du mal à comprendre pourquoi ça n'avait pas fonctionné tout à l'heure. Il garda le regard dans le vide plusieurs secondes. Il n'aimait paradoxalement pas quand les gens jouaient au fou avec lui. Il finit par rapidement reprendre son sourire.

- Bon ben j'ai visiblement mon emploie du temps de demain, dit-il ironiquement.

Il regarda un moment en face de lui. Il réfléchissait. C'était difficile pour Will d'entretenir de vrais relations. Quelque soit la nature de celles-ci. Il ne savait pourquoi mais ça le désespérait un peu. Dès qu'il dépassait les embrassades et les conneries, il ne savait pas dialoguer correctement. Il ne savait pas si c'était ce qu'il voulait, ou encore pourquoi il y pensait...Peut-être parce qu'il commençait à se sentir seul ?

La porte venait de claquer et Will s'allongea, fixant le plafond à présent d'un air neutre en réfléchissant. Il rêvait clairement d'arrêter de penser à ce genre de conneries. Il aimerait juste se lever, boire, l'embrasser et dormir et puis voilà. Mais Will avait l'impression de petit à petit faire n'importe quoi. Son interlocuteur semblait très peu réceptif à sa façon de communiquer. C'était agréable comme déstabilisant.

Il tourna sa tête quand il lui dit qu'ils se moquaient de lui. Will l'observa en silence de longues secondes puis fixa à nouveau le plafond et eu un petit soupire monté d'un sourire jaune.

- Je le sais bien sûr. Au moins ça va m'occuper et puis j'imagine qu'eux aussi. Ils ont besoins de cracher.

L'homme ricana calmement et se redressa d'un coup. Si vite que ses cheveux s'en allèrent en avant. Il posa son dos contre le mur. Ses mouvements rapides trahissaient ses pensées, il avait du mal à tenir en place et avoir des idées fixent. Il tendit sa main vers son sac et sortit une plaquette de médicament. C'était un sorte de calmant sans ordonnance. Quelque chose qui l'aidait dernièrement à calmer ses débuts de crise. Pas qu'il en était proche actuellement . Mais il avait envie de se relaxer. Il avala un comprimé sans eau avec difficulté puis posa à nouveau son regard sur son camarade. Il lui fit un petit sourire, l'air amusé.

- Il n'y a rien de plus beau que la collection d'objets sans valeurs

Il ramena ses cheveux en arrière en jouant avec ses doigts. Il n'avait pas envie, ou plus envie, de dire des idioties. Même si dans son cas, c'était difficile et qu'il n'avait aucune idée de comment faire pour se sentir bien sans. Mais là, maintenant, il n'en avait pas envie. Il posa son crane contre le mur.

- Ils me prennent pour un con et se foutent de ma gueule sans se rendre vraiment compte que j'en fais tout autant alors j'imagine qu'on est quitte.

Il ricana en le détaillant du regard. Cette phrase n'était pas si anodine que ça en fait. Il venait de dire, s'il ne l'avait pas comprit, que Will était parfaitement conscient de la connerie qu'il avait dit. Qu'il n'était pas seulement un gars délirant avec des histoires de cailloux. Le garçon était certainement un peu fatigué aujourd'hui. Peut-être aussi parce qu'il s'était passé quelque chose de sympa entre eux et que ça le faisait chier qu'il le voit après comme un simple fou d'IRS ?

Peut-être pourrait-il commencer par donner son nom ? Le fait de n'avoir rien dit était excitant quand ils n'avaient pas eu à se revoir. Mais ills allaient être colocataire pendant deux mois... En terme de mystère, c'était déjà mort. Will n'allait pas se la jouer mystérieux pendant autant de temps, ce serait con et fatiguant. Et pour être honnête, il n'était pas sûr que son interlocuteur soit encore sensible à ses charmes actuellement . Cela le désolait un peu mais lui donnait une excuse pour se détendre un peu.

- Puisqu'on est coincé ensemble pendant deux mois, autant se présenter.

Il gardait cependant cette même expression, ce sourire taquin, voir un poil séducteur comme pour prouver qu'il gérait.

- Will, infernal élève de potion et compteur d'histoires pour psychologue

Il lui tendit la main, presque dans une révérence, gardant ses manières. Mais actuellement, Will parlait de façon lucide. Ce qui était rare. Il était ouvert à discuter normalement sans faire et dire n'importe quoi à côté. Pour voir. Par curiosité. Et aussi parce que ce jeune homme ne semblait pas le prendre pour un con. Il n'avait donc pas à faire pareil.

Will se sentait un peu mieux. Il savait que ce ne serait pas durable, que les discussions sérieuses ou du moins, plus calmes et posées n'étaient pas viables pour lui. Mais pour cette fois si, il s'autorisait à poser un peu le reste pour espérer discuter simplement avec un autre être humain. Du moins tant que cela ne devenait pas trop pesant. Il se connaissait et savait très bien combien de temps il lui fallait pour commencer à ressentir un sérieux manque. Il l'observa, il se demanda si la différence n'était pas trop violente. Il ne lui semblait pas mais il n'avait pas ce fameux point de vu extérieur faisant toute une différence. Et puis il faisait en sorte de rester souriant, il ne faisait pas la gueule. Mais ne savait-on jamais après tout. Il était en face d'une personne visiblement peu sensible à ses conneries d'aliens. Alors que la plupart acceptait. Même Holly avait seulement prit l'habitude de sourire, voir rigoler un peu. Là, c'était seulement gênant.

Quand le jeune homme lui répondit, il haussa doucement les épaules avec un petit sourire.

- J’égaye leur journée. Entre les histoires de vols ou de meurtres, je les aide avec des comptes de fée.

Traduction: Will se foutait de la gueule des psychologues depuis trois ans, refusant toute véritable aide. C'était le désavantage quand on se donne entièrement à la fatalité. On ne fait plus aucun effort pour avancer.

Il écouta alors la présentation de Jesse et son sourire s'étira un peu plus. Oui, c'était certainement à cause du terme gourmand. Terme qui le ramena à leur souvenir commun dans cette fameuse bibliothèque. Pour le coup, OUI, il avait été gourmand. Mais il ne parlait évidement pas de ça. Il lui arrivait, sans surprise, d'avoir un esprit bien mal placé.

- Je n'en doute pas

Il n'avait pas pu s'en empêcher. Il ne pouvait pas contrôler tous ses vieux réflexes. Mais il jugea que ça allait, que ça restait assez gentilé. Une petite taquinerie dont il fallait déjà deviner que ça en était une. Mais quand on connaissait un peu Will, le doute faisait assez peu de place. Surtout couplé avec son sourire de fouine.

Il lui parla alors de l'été, du fait qu'ils allaient devoir cohabiter. Et Will hocha la tête. D'un côté, il savait déjà comment ça allait se passer. Du moins, il avait des scénarios assez probables. Soit il allait éviter Jesse pour s'empêcher d'agir stupidement et de ne pas lui montrer les véritables problèmes qu'il possède. Soit il n'allait pas le fuir mais allait finir par criser ou reprendra un rôle farfelu pour ne pas craquer. La première solution semblait la plus probable. Il y avait quelque chose de malsain à ce que quelqu'un assiste à ce genre de choses. Il le savait, il avait déjà essayé pour voir.

Il ne répondit donc pas, il ne savait pas quoi ajouter. Il n'arrivait pas encore à déterminer si c'était une bonne ou une mauvaise chose. Il imaginait que ça dépendrait de comment tout ça allait se passer, tout simplement.

A sa question, il releva la tête vers son colocataire et eu un léger sourire. Il haussa les épaules et réfléchit. Cela arrivait-il souvent ce genre de visites ? Plus de temps en temps qu'autre chose à vrai dire. Il le regarda et passa sa mèche blanche derrière ses oreilles de souris.

- Peu, les gens se lassent vite. J'imagine que ce sont les derniers intrigués.

Il avait un petit air moqueur sur le visage alors qu'il le fixait.

- Surtout en fin d'année d'ailleurs

Will se disait donc que ce n'était pas une bonne chose s'il lassait les gens aussi vite. Que si Will l’extravagant était une attraction aussi rapidement désuète, le vrai faux-albinos deviendrait complètement inintéressant. Après, ce n'était évidement pas la raison qui le faisait continuer. Seulement une conséquence qui le fatiguait.

Avec les nouveaux étudiants, il pourra à nouveau continuer son manège. C'était sa dernière année ici. Il devait en profiter. Il ne savait pas trop ce qui allait se passer après tout ça. Il se dit que ce devait être pas mal d'être en gifted. D'être donc doué théoriquement pour quelque chose et d'avoir souvent une idée du futur.

- Et donc, qu'est-ce que le grand messie t'as donné pour avoir l'honneur d'être parmi l'élite ? dit-il d'un petit air moqueur mais gentilé.

Pour une fois que Will était un peu curieux...Ou alors essayait-il d'entretenir la conversation ? Il était si habitué à ses divagations que les éviter semblait être une petite épreuve.

Il l'observait du coin de l'oeil, analysant toujours autant comment il devait se comporter. Une personne lambda ne se poserait certainement pas autant de questions mais il était face à une situation nouvelle, ses vieux réflexes lui disaient de faire attention. Il comparait un peu son indifférence à ses conneries à celle des professeurs d'IRS. Mais face aux professeurs, Will ne cherchait pas à paraître sympathique. Et il n'avait embrassé aucun enseignant à sa connaissance... Il frotta doucement son visage, son compagnon n'était pas des plus bavards. Allez savoir si c'était ou non une bonne chose, il détourna son regard vers le plafond en souriant bêtement, ses pensées divaguaient rapidement en absence de stimulation, comme si son esprit tentait de lui même en créer pour palier le manque.

Mais quand il reprit la parole, il lui redonna son attention bien qu'il continua fixer ce qu'il y avait en face de lui. Un danseur alors ? C'était plutôt sympa. Du moins, ça paraissait être une bonne méthode pour penser à autre chose et se défouler. Will n'avait jamais été très sportif. Les fois où il s'était beaucoup donné, il avait toujours finit au sol, dans de nombreux vertiges ayant du mal à percevoir ses limites. C'était toujours à en faire trop ou pas assez. Ce qui définissait pas mal ses agissements finalement.

Il écouta un peu le choix de ses parents à vouloir absolument trouver un passion à l'enfant. Il imaginait que la méthode était louable bien que discutable. C'est que lui, ça l'aurait fait chier qu'on l'oblige à faire mumuse avec tout et n'importe quoi jusqu'à ce qu'on lui trouve un domaine où il sera utile. Il préférait choisir. Il n'avait jamais apprécié, depuis son adoption, qu'on lui dise quoi faire ou comment agir.

Il tourna alors son visage vers le jeune homme et lui fit un petit sourire. Il l'enviait un peu. C'était peut-être une preuve qu'au fond, il ne désirait pas tant que ça rester comme il l'était. Il se disait qu'avoir un talent, savoir là où on veut aller...Cela devait être quand même pas mal. Les gens devaient être admiratifs, il devait y avoir plus de respect, de soutient. Pas cette sensation constante d'être bon à jeter et que ce genre d’Institution, qui sont soient disant faites pour aider, sont juste un moyen de regrouper les invalides ensembles.

Il ne répondit alors pas de suite, un peu plongé dans sa petite jalousie sans qu'il n'arrive à nommer cette petite pique. Will le regarda alors sourire.

- Le tiens, visiblement, c'est de raconter des histoires.

Le jeune homme sembla d'un coup surpris. Certainement plus qu'il ne le devrait. Mais il n'avait jamais, au grand jamais, vu ça de cette façon là. Il avait tellement l'habitude d'exaspérer les gens, de les tromper, de les agacer qu'il n'avait jamais vu cette capacité comme quelque chose de positif. Il faut dire que même sur ses bulletins, on lui demandait de cesser. Et à raison bien sûr. Mais il avait donc associé tout cela à une sorte d'attaque envers les autres.

Il laissa plusieurs secondes où il l'observa les yeux un peu plus rond, plus expressif que d'habitude là où il se contentait de jouer un rôle. L'air de rien, son colocataire venait certainement plus de le toucher qu'il ne le voulait. Et vu que Will s'était un peu ouvert à la conversation avant cela, ça marchait d'autant plus.

Le garçon finit cependant par reprendre un visage plus basique non sans se l'être frotté un peu avant, comme si c'était magique. Il se redressa d'un coup, à force de bouger, ses cheveux étaient entièrement décoiffé, les mèches se levant sur sa tête comme s'il avait dormit de trop. Il lui sourit.

- Va savoir, mon talent finira par être reconnu par le monde entier

Il se foutait de lui-même, évidement. Mais ça lui avait fait plaisir ce qu'il lui avait dit. Peut-être qu'être estimé un peu pouvait être parfois ce qu'il lui manquait. Et c'était en grande partie de sa propre faute de toute façon. Il pencha un peu la tête sur les côtés avec un long sourire sur le visage mais pas si forcé que ça.

- T'aurais la patience un de ses jours de m'apprendre quelques pas ?

A l'entendre, sa mère serait certainement en pleurs. Le voir, l'espace de plusieurs minute,s faire des demandes banales, agir presque normalement, c'était tellement rare. Surtout que Will jouait l'étrange, et cela surtout devant ses parents adoptifs. Là, maintenant, il n'avait presque pas conscience qu'il faisait un effort. Parce que ça n'en était pas un, ça allait de soit presque. Il était curieux.

- Promis, je serais sérieux, continua-t-il avec un léger sourire

Facile de comprendre qu'il faisait référence à la crainte de nombreux professeurs pendant des cours pratiques: Will faisait tout sauf l'exercice demandé.

C'était rare que quelqu'un puisse le réveiller un peu. Finalement ce n'était pas si compliqué que ça, le soucis de la plupart des ses connaissances étaient qu'on l'accompagnait dans ses délires. Que ce soit par condescendance ou gentillesse (pour ne pas le brusquer), ça le maintenait dans une zone de confiance et dans un cercle vicieux de haine envers lui-même, comme si on ne l'aimait que pour ça et uniquement pour cela. Porter un intérêt sur ce qu'il pourrait faire autre que le clown était une nouveauté, surtout si c'était positif. Raconter des histoires, ça lui plairait et il était plutôt bon pour ça. La justification de sa mauvaise note en écriture était seulement dû au fait qu'il avait tendance à faire un gros doigt d'honneur au sujet imposé pour simplement écrire ce qu'il voulait. Amenant les professeurs à ne pas toujours lire ses récits par impatience.

Certains lui avaient pourtant dit qu'il avait du potentiel. Mais venant d'adultes qu'il voit plus comme des soignant ou des gardiens, ça marchait moins bien. De plus, il avait pour objectif de redoubler son année, il n'était pas prêt à aller ailleurs. Il y avait l'université mais... Il pourrait se faire plus facilement virer non ? Le lycée était certainement un endroit plus empathique car se préocupant plus de la réussite des élèves qu'une fac fonctionnant plus comme une usine. Il suffisait de voir le nombre de gamins par classe.

Quand le second lui annonça qu'il acceptait de lui apprendre deux trois choses, il étendit un peu plus, à se demander s'il n'avait pas mal à la mâchoire à force. Après...Si c'était devant d'autres personnes, le désavantage était que Will risquait de rapidement faire le pitre, plus par réflexe et habitude qu'autre chose. Il serait plus simple de le concentrer s'il était seul avec le professeur car il n'aurait tout simplement pas de publics.

- Bien, je ramènerais ma robe de bal

Lui qui disait qu'il était sérieux, il n'aidait pas sa cause parfois...

Il sourit doucement en regardant par la fenêtre, il était un peu déçu au fond qu'ils ne se soient pas jeté dessus pour baiser, il aurait bien aimé faire ça aussi. Mais bon, même s'il le voudrait, sa vie ne pouvait pas être faite que de moments lubriques. Il bailla doucement, pensant certainement à sortir un peu histoire de ne pas faire trop durer cette conversation. Lui parler n'était pas gênant en soit mais... Il avait comprit que ça n'allait pas aller dans le sens qu'il voulait. Et puis il avait eu son petit compliment alors il était content. De toute façon, ils avaient le temps pour parler.

A sa proposition, il hocha la tête, il était chaud. Les activités étaient sa passion alors ok ! Et puis le concentrer sur une tâche était au fond une bonne idée, fallait-il encore qu'il arrive psychologiquement à garder son sérieux.

- J'imagine pas d'histoires de culs

Il ricana, fier de sa connerie et regarda ses pieds quelques secondes avant de se redresser. Il avait envie de sortir, il allait se coltiner ce jeune homme un bon moment alors ils allaient avoir du temps pour discuter. Il frotta ses mains puis enfila une veste.

- Bon, je retourne sauver le monde, mes pouvoirs télépathique viennent de me faire entendre le cri d'une princesse en détresse.

Il lui fit un clin d'oeil

- Je ne peux pas déroger à mon devoir

Il rigola. Il avait quand même envie de théâtraliser sa sortie. Il l'observa quelques secondes puis s'approcha de lui, se mettant accroupit pour être à sa hauteur sans rien dire avant de déposer un baiser sur sa joue. C'était taquin et surtout très provoquant. Ce n'était même pas une invitation pour le coup, juste une façon d'embêter.

Il se redressa alors puis se leva avant de sortir, ce même sourire sur les lèvres.