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Voilà quelques jours que la seconde personnalité de Meyer était réapparue et cette fois elle n’y était pas allée de main morte. Il avait failli me casser le bras à cause de sa rage et celui-ci était à présent rouge violacé à certains endroits, surtout à l’épaule et à l’avant bras. Je savais qu’il ne m’aimait pas mais à ce point. Je serrai les poings sous la douche, je ne pouvais rien faire face à lui et ça me mettait en rage. J’étais une poupée de chiffon devant lui. Je sortis de la douche après une vingtaine de minutes pour m’habiller d’une robe bordeaux et noire et à manches longues, hors de question qu’ils soient tous au courant que j’ai été maltraitée! Je ne voulais pas qu’ils s’inquiètent ou encore que Meyer s’en veuille, il n’était pas vraiment coupable après tout… Je me coiffais d’un chignon avec deux mèches de part et d’autre de mon visage. Tout le monde arriverait aux alentours de 19h le temps de prendre l’apéritif tranquillement tous les quatre. En tout cas je n’avais pas vu Ellen ce mercredi vu qu’elle avait fait une pause pour voir ce très cher Owen qui ne travaillait pas ce jour-là. Apparemment d’après les dires de Ellen ils s’étaient déjà mis ensemble quant à moi et Meyer… Je ne savais pas s’il nous considéraient comme étant un couple ou non, après tout nous nous étions embrassés, non? J’étais tellement dans mes pensées que je me coupai avec l’économe le bout du doigt, ce n’était pas bien grave mais ça ne faisait pas du bien.. Enfin bref je plaçais les pommes de terre et la crème dans le plat pour faire un gratin dauphinois, j’espérais que ça plairait à mes invités, c’est Owen qui m’inquiétait, je ne connaissais pas du tout ses goûts culinaires. Cependant je ne mis pas le gratin à cuire, le réchauffer ferait perdre de la saveur et le plat était bien trop lourd pour mon bras endolori.
Ayant du temps je me fis une petite sieste, ne sachant pas à quelle heure la soirée finirait puis après à peu près deux heures de long sommeil je me décidai à jouer du violon malgré la légère douleur. Ça mettrait sûrement du temps à guérir. Je touchais ma montre il était 18 heures et 46 minutes, j’en profitais donc pour sortir le vin, un de mes préférés: du Cahors, j’espèrais que ça aussi ils aimeraient mais de toute façon j’avais toujours d’autres alcools en réserve. J’allais me fumer une clope en les attendant et pile lorsque je l’eus finie on sonna à la porte c’était… Ellen et Owen bras dessus, bras dessous. J’eus un petit sourire en coin.
«Bon ok j’vous fais entrer les amoureux…» Je rigolai et ouvris un peu plus la porte pour les laisser passer.
Je me sentais épuisé, et je ne savais pas pourquoi. J’avais l’impression que mes nuits ne servaient à rien, que je ne me reposais pas du tout. Je faisais pourtant moins de cauchemars, je dormais presque d’une traite. Mais quand je me réveillais, c’était comme si je venais de m’endormir. Et c’était vraiment agaçant. A cause de cela, je peinais à me concentrer sur mon travail, je ne demeurais pas assez présent pour jouer avec Janna, et je devenais maladroit. Si ça continuait, je finirais par avoir un accident… Je ne comprenais pas cet état de fatigue, d’autant plus que je me sentais mieux moralement depuis quelques jours. J’acceptais peu à peu la disparition de Mary. Mon souhait de découvrir l’identité de ses assassins et de les traduire en justice perdurait mais je parvenais à me rendre à l’évidence que je ne reverrais plus mon épouse, et que je devais passer à autre chose sur le plan relationnel. Et il y avait Freja. Depuis que je la connaissais, mon cœur ne savait plus où il en était. J’avais réalisé assez tard qu’en fait, j’en étais tombé amoureux, peut-être depuis notre première rencontre, je ne savais pas trop. Toujours est-il qu’aujourd’hui, nous partagions nos sentiments et j’en étais très heureux. Alors pourquoi étais-je si abattu ? Au contraire, j’aurais dû être plus en forme que d’ordinaire, motivé, transporté par l’amour que j’éprouvais pour Freja. Rien du tout… Je lâchai un soupir de désespoir en me garant le long du trottoir, devant la demeure de la jeune violoniste. J’avais tout fait pour ressembler à quelque chose, ne pas avoir l’air si fatigué. Mais j’avais toujours cette tête de déterré tout droit sortie des films d’horreur. Au moins, mon style vestimentaire soigné relevait le niveau, bien qu’il fût simple, comme d’habitude. Rien ne pouvait détrôner un jean et une chemise de qualité, avec des chaussures discrètes et une veste assortie. En ce samedi soir, Freja nous avait invités, Owen, Ellen et moi à venir dîner chez elle. J’avais hésité à emmener Janna. Mais elle avait accueilli l’idée d’aller dormir chez sa grand-mère avec beaucoup d’enthousiasme alors je ne l’avais pas contredit. A dix-neuf heures, comme convenu avec tout le monde, je me retrouvais donc devant la porte d’entrée de la maison, un paquet de biscuits apéritifs et une grande bouteille de bière de marque sous le bras, histoire de ne pas venir les mains vides. Je sonnai, attendis. Le panneau s’ouvrit rapidement, me faisant faire face à une Freja toute en beauté, comme toujours. Elle portait une robe à manches longues noire et bordeaux de style gothique, dont les pans descendaient jusqu’aux mollets. Elle s’était coiffée d’un joli chignon et deux fines mèches de cheveux encadraient son visage de neige. Elle me salua joyeusement, me gratifiant d’un grand sourire qui fit déjà palpiter mon cœur de manière irrégulière. Je dévoilai ma main libre qui était cachée derrière mon dos, lui tendis la rose rouge que j’avais achetée cet après-midi.
- Tiens, c’est pour toi,dis-je même si c’était totalement évident.
What it is clickFreja & Meyer 19/12 « Une désastreuse découverte» Ellen et Owen étaient déjà arrivés avec de l’alcool et nous n’attendions plus que Meyer pour commencer notre soirée. Lorsque j’entendis la sonnette de la porte je fis un grand sourire et allai ouvrir. Meyer avait apporté de la bière et des gâteaux apéritifs.
«Ah merci je ne ne pensais pas qu’on en aurait assez. Je vais mettre la…» Je vis alors une rose qu’il tenait dans sa main et rougis en remontant mon regard vers Meyer avant de me mettre sur la pointe des pieds pour l’embrasser sur la joue et reculais. «Merci Meyer!» Et je n’eus qu’un petit laps de temps avant que l’infirmier m’attrape pour m’embrasser amoureusement, cela me mit encore plus en joie.
Nous revenions ensuite dans la pièce et je dis à Meyer de mettre le tout sur la table basse pour que l’on commence à papoter autour d’un apéro convivial. En attendant qu’ils se servent, car oui ils faisaient comme chez eux après tout, je mis la rose dans le soliflore sur le piano. Rejoignant les autres je demandais soudain si quelqu’un pouvait mettre le plat du gratin dauphinois dans le four car je m’étais froissée un muscle… Seule excuse que j’avais trouvé pour ne pas qu’on se doute de ce qui c’était réellement passé. Ellen alla le faire, sachant se servir du four et nous recommencions notre petit apéro. On papotait d’un peu tout et rien, buvant et riant. Ellen et Owen nous apprennent qu’ils étaient en couple depuis lundi et je fis un grand sourire. Il fallait bien que ça arrive à un moment ou un autre entre ces deux là. Enfin que l’heure passa et le gratin fut cuit nous n’avions plus qu’à passer à table. Servant du Cahors à tous ceux qui le désiraient.
Alors qu’elle était en train de me remercier pour la bière et les biscuits, elle se tut et rougit, surprise. En attrapant la rose, elle se mit sur la pointe des pieds pour déposer un baiser sur ma joue.
- Merci, Meyer !fit-elle contente.
Elle recula. La peau en feu à l’endroit où ses lèvres m’avaient touché, je saisis la demoiselle par la taille et la ramenai vers moi pour l’embrasser. Aussi troublée que ravie, Freja répondit très amoureusement, avant de m’inviter à entrer. Ellen et Owen étaient déjà là, installés sur le canapé, visiblement plus proches que la dernière fois que nous nous étions croisés. Nous nous saluâmes et je déposai les vivres sur la table basse avec le reste de l’apéritif. Freja s’occupait de placer soigneusement la rose dans le vase qui se trouvait sur le piano. Elle demanda alors si quelqu’un pouvait s’occuper de mettre son gratin dauphinois au four car elle s’était froissé un muscle du bras. Je fronçai les sourcils. Elle avait l’air d’aller bien mercredi, au conservatoire… Je n’avais pas remarqué le moindre signe de faiblesse de sa part. Si elle était déjà blessée ce jour-là, je m’en voulais de n’avoir rien vu. Ellen se chargea du plat puisqu’elle savait se servir du four. Quand elle revint, nous commençâmes l’apéritif. Je voulais demander à Freja comment elle s’était froissé un muscle. J’imaginais que ce devait être à cause du violon mais ça m’étonnait qu’elle ne m’ait rien dit. Peut-être ne voulait-elle pas m’inquiéter pour rien. Toutefois, comme un pianiste devait préserver ses membres supérieurs pour pouvoir continuer à jouer, la violoniste devait aussi faire attention aux siens si elle voulait poursuivre ses cours et ses entraînements. J’espérais qu’elle allait guérir vite, il en allait du sort de sa carrière, ce n’était pas rien. Néanmoins, je ne pus aborder le sujet car la conversation dévia sur un autre. Et d’un côté, je me dis qu’il valait mieux ne pas en parler tout de suite, au risque de casser l’ambiance. Owen et Ellen nous annoncèrent qu’ils étaient officiellement en couple depuis lundi. Eux qui paraissaient plus proches que Freja et moi l’étions au début, je me rendis compte que, finalement, nous avions quelques jours d’avance sur eux. En tout cas, ils avaient l’air très heureux et ça faisait plaisir à voir. Pour le peu que je le connaissais, Owen se comportait très différemment de lorsqu’il était en compagnie d’une autre femme. Son côté dragueur et provocateur avait laissé place à une attitude plus réfléchie, attentive et affectueuse. Et ça lui allait beaucoup mieux, à mon humble avis. Pour être aussi dévoué, Ellen devait vraiment lui plaire. Nous passâmes à table une heure plus tard. Freja nous servit un vin qui me plut particulièrement, alors que je n’étais pas spécialement attiré par cet alcool. Durant le repas, nous discutâmes pas mal de nos vies professionnelles antérieures. Concernant Freja et Ellen, elles avaient toujours trempé dans la musique. Owen, lui, était commercial dans l’automobile avant de se lancer dans les études d’infirmier.
- Et je peux vous dire que quand un type qui ne savait pas quoi faire de son argent débarquait, j’étais aux petits soins avec lui,commenta-t-il avec un sourire en coin.Fallait bien gagner son pain,se justifia-t-il avant que quelqu’un ait l’idée de protester.
Je n’allais pas le faire parce que je comprenais. Beaucoup de commerciaux utilisaient le maximum de leur charisme pour vendre leurs produits, ce n’était pas nouveau. Je devais avouer qu’Owen avait tout à fait la tête de l’emploi. Par contre, son caractère plutôt sympathique voire trop gentil me faisait douter quant à sa longévité dans le métier. Et il le confirma en racontant qu’il avait fini par quitter la boîte parce que son patron commençait à faire des plans foireux pour arnaquer les gens grâce aux qualités d’élocution de ses commerciaux.
- Et physiques aussi mais il ne le disait pas,ajouta-t-il un peu gêné.
Normal.
- En tout cas, même si c’est pas la joie tous les jours, je suis beaucoup mieux au milieu des patients qu’entre les bagnoles pour riches. Au moins on ne s’ennuie pas.
Je hochai la tête, tout à fait d’accord avec lui.
- Et toi, Meyer ? Tu préfères quoi ?demanda Ellen curieuse.Infirmier ou Thanato ? Parce que c’est quand même pas pareil non plus. - Non, c’est pas ça la vraie question,intervint Owen avec une lueur moqueuse dans le regard.La vraie question c’est : est-ce que tu préfères te faire bécoter par les mamies vivantes ou tripoter les mamies mortes ?
Tout le monde éclata de rire.
- Owen ! T’es dégueulasse !fit Ellen en lui donnant une tape sur le bras, non sans pouvoir s’empêcher de rire aussi.On est à table !
Dogfight clickFreja & Meyer 19/12 « Une désastreuse découverte» BON, Owen et Ellen c’était fait, ils nous l’avaient dit, en revanche je me demandais si Meyer voulait vraiment que les autres le sachent? Peut être ne voulait-il pas que ça s’ébruite? Je ne savais pas et ça me rendait légèrement mal à l’aise enfin je ne devais plus y penser car nous passions à table. Le plat était dessus et nous assis autour tout en parlant de nos parcours professionnel. Avec Ellen on avait eu le même parcours à la différence qu’elle avait commencé le piano deux ans plus tard, à six ans donc… Quant à Owen il avait été dans un domaine où je ne pensais jamais le rencontrer. Enfin qu’il était bien mieux en infirmier à ses dire et pour moi il n’avait pas totalement tord. Entre manipuler les gens et les aider il y avait une grande différence, je ne sais pas si j’aurai apprécié l’ancien Owen.. Enfin bon. Ellen posa ensuite la question à Meyer. Lequel des deux était le mieux. Il répondit que thanato était mieux payé et que c’était plus calme puis qu'infirmier lui avait permis de s'ouvrir et de rencontrer des spécimens rares comme Owen. Nous rions à ses mots puis Owen en remit une couche en demandant si c’était mieux entre embrasser les mamies vivantes ou tripoter les mortes. Un petit “eurk” s’échappa de ma bouche mais je ris un petit instant avant de prendre la spatule et de pointer Owen avec.
«La prochaine fois que tu balances un truc aussi dégueulasse alors que je vais servir à manger… Tu te prends un coup de spatule en pleine figure!» Dis-je en riant encore un peu avant de demander à Meyer pour le servir. «Amour tu me dis sto….» Je mis ma main devant ma bouche. Ellen et Owen posèrent les yeux sur moi puis Meyer plusieurs fois et dirent en chœur.
Freja s’empara de la spatule qui reposait à côté du plat à gratin et le menaça avec.
- La prochaine fois que tu balances un truc aussi dégueulasse alors que je vais servir à manger, tu te prends un coup de spatule en pleine figure !dit-elle hilare.
Quand tout le monde se fut calmé, je répondis à la question d’Ellen en précisant que j’aimais les deux métiers. Thanatopracteur était plus calme et mieux payé, mais infirmier m’avait permis de m’ouvrir et de rencontrer des spécimens rares comme Owen. Freja se leva et me demanda de tendre mon assiette pour me servir du gratin.
- Amour, tu me dis sto…
Elle se tut, plaqua sa main sur sa bouche. Ellen et Owen nous regardèrent tour à tour, avant de lâcher un « Sérieux ? » choqué en chœur. Je pensais que la pianiste était au courant. Étant amies depuis plus longtemps qu’Owen et moi le demeurions, j’imaginais que Freja devait s’être confiée après notre dîner à l’appartement. Apparemment non et ça avait l’air de l’embarrasser. Voulait-elle garder notre relation secrète ? Si tel était le cas, pourquoi ? Je ne comprenais pas vraiment… Ou peut-être ne savait-elle pas définir si oui ou non nous étions en couple. Si elle en doutait, qu’est-ce que ça voulait dire ? Qu’elle n’avait pas été sincère ? Non… je ne devais pas remettre son amour en question. En plus, elle venait de me donner un surnom. Elle ne l’aurait sûrement pas fait si elle ne m’aimait pas. Ce devait être autre chose… Mais quoi ? Peut-être le contraire ? Peut-être pensait-elle que ça me gênait de leur faire savoir que nous étions ensemble. Si c’était ça, elle pouvait être tout de suite rassurée. Je me raclai la gorge. Réfléchir aussi intensément sur ce genre de sujet m’avait presque donné mal au crâne… Je levai les yeux vers Freja et regardai les deux autres.
- C’est récent comme vous… à peu près,déclarai-je avec un sourire en coin.
Pour appuyer mes dires, je posai ma main dans le dos de la jeune violoniste et lui caressai un instant le creux des reins. Elle me gratifia d’un sourire timide. Owen ricana.
- Qu’est-ce qui t’arrive ?demanda Ellen en se servant un nouveau verre de vin. - Deux infirmiers avec deux musiciennes, c’est quand même pas banal,répondit-il.
Il avait raison. Tandis que Freja servait tout le monde, Owen me fit un clin d’œil discret, l’air de me dire « félicitations à toi d’avoir sauté le pas ». Il savait très bien que je n’avais côtoyé personne depuis la mort de Mary, et me soutenait vivement sur le fait que je ne devais pas me laisser abattre. Raison de plus pour le considérer comme un réel ami. Le repas se poursuivit dans la bonne humeur. C’était très bon et nous ne manquâmes pas de le dire à Freja qui nous remercia, les joues roses de fierté. Comme nous avions pas mal mangé, elle nous proposa de faire une pause avant le dessert. Nous accueillîmes l’idée avec joie, bien trop rassasiés pour avaler quoi que ce soit de plus pour le moment. Les filles décidèrent de se vêtir chaudement pour aller fumer sur la terrasse. Owen et moi nous chargeâmes de débarrasser la table pour laisser place au dessert.
- Je suis content pour toi,déclara-t-il quand Freja et Ellen eurent refermé la baie vitrée derrière elles.
Je le remerciai, lui dis que j’étais également réjoui pour Ellen et lui.
- Je suis fou amoureux,confia-t-il visiblement ému.Je crois que je ne l’ai jamais autant été. - J’ai l’impression d’avoir entendu ça des dizaines de fois,raillai-je en empilant les assiettes sales.
Il rit.
- T’es con… Non mais sérieusement,reprit-il en prenant les couverts un à un,ça fait à peine quelques jours qu’on sort ensemble et… j’sais pas… J’ai envie de faire ma vie avec elle.
Il marqua un temps d’arrêt.
- Dis-moi que c’est normal et que je ne suis pas fou, s’il te plaît,supplia-t-il d’un ton plus théâtral que sincère.
Je haussai les épaules avec un sourire en coin.
- C’est peut-être les deux,plaisantai-je avant de m’éclipser à la cuisine.
Il me suivit, et nous rangeâmes les assiettes et les couverts dans le lave-vaisselle.
- Eh, Meyer…
Je me tournai vers lui. Il appuya son bassin contre le plan de travail et croisa les bras en m’observant. Son visage exprimait un air plus grave.
- Désolé si ça t’embête mais je voudrais savoir…
Il hésita.
- Est-ce que… tu vas bien ? Je veux dire…
J’avais compris. Il parlait de Mary.
- Oui, ça va,confirmai-je d’un ton léger pour le rassurer.J’ai pas mal réfléchi… Et… j’ai mis longtemps mais je me suis fait une raison. - Bah… je pense que c’est normal d’avoir pris ton temps,dit-il compatissant.N’importe qui comprendrait.
Un sourire s’étira alors sur ses lèvres.
- J’espère que ça va fonctionner entre Freja et toi. Vous allez bien ensemble.
Je l’espérais aussi. C’était tout ce que je souhaitais.
Blasphemy clickFreja & Meyer 19/12 « Une désastreuse découverte» Moi qui pensait que Meyer voulait que notre relation ne soit pas ébruitée tant que ce n’était pas un peu plus “sérieux”, je m’étais trompée il faut croire. Je fis un grand sourire et lorsqu’il dit que c’était sérieux comme eux deux en passant sa main au niveau de mes reins je posais une main sur son épaule et l’autre sur sa tête. Lorsque Owen ricana je fis de même, la raison de ce ricanement était totalement bête mais c’était assez drôle en effet. Enfin que le repas se passait de mieux en mieux tandis qu’on me félicitait pour mon repas. Je répondis que ce n’était rien et que j’aimais faire ça pour les personnes importantes avec un large sourire. Le gratin était tellement imposant que l’on put se servir deux fois. Les garçons se demandèrent d’ailleurs où on mettait tout ça dans notre corps. Nous rigolâmes et finirent de manger. Une fois cela fait nous restâmes quelques minutes à table avant qu’Ellen me demande si je ne voulais pas fumer avec elle. J'acquiesçai et nous sortîmes laissant le soin aux hommes de ranger ce qu’il y avait sur la table.
Nos clopes à la bouche, nous sortîmes sur la terrasse. Il faisait assez froid mais en plein mois de décembre en même temps… Heureusement que ma veste était assez chaude. J’allumais ma cigarette et celle d’Ellen et nous la fumions tranquillement.
-Je suis contente que ce soit concrétisé toi et Meyer… Je n’en pouvais plus de te voir comme ça…
Je lui souris et tirai une latte.
«Et moi je suis contente pour Owen et toi. Et désolée de ne pas t’avoir prévenu, je ne savais pas si Meyer voulait vraiment qu’on s’affiche. Au moins j’ai ma réponse maintenant!»Je rigolais et nous continuions de parler jusqu’à la fin de nos clopes.
En rentrant nous allions dans le vestibule et enlevions nos manteaux et c’est à ce moment que tout parti en sucette… Ma manche c’était remontée et on pouvait voir mon bras meurtri. Elle me regarda.
--C’est quoi ça?
«Je… Je me suis faite agressée. Je voulais pas que vous vous inquiétez…»
--Fre je sais que tu mens! C’est clairement des marques de maltraitance…
Je me tus et Ellen arriva en trombe vers la cuisine.
--Meyer qu’est c’que t’a fait à Freja?!
Je marchais vite à la suite de Ellen en me justifiant.
«Je t’ai dit qu’on m’a agressé Ellen! C’est pas lui!»
--T’en as pas marre de la faire souffrir?!
Meyer ouvrit grand les yeux et Ellen vint le gifler. Les larmes aux yeux, je tirai sur le bras d’Ellen, me faisant mal au passage.
Nous terminâmes de débarrasser. Nous ne savions pas ce que la violoniste avait prévu au dessert alors nous ne prîmes pas la peine de chercher la vaisselle adaptée. Owen partit aux toilettes. Je posais la bouteille de vin sur le plan de travail quand les filles rentrèrent et allèrent quitter leur veste à l’entrée.
- C’est quoi ça ?
C’était Ellen. Son ton avait l’air affolé.
- Je… je me suis faite agresser,répondit Freja mal à l’aise.Je voulais pas que vous vous inquiétiez…
Mon cœur fit un bond. Agresser ? Qui pouvait l’avoir agressée ? Et pourquoi ne m’avait-elle rien dit ?
- Fre, je sais que tu mens ! C’est clairement des marques de maltraitance…
Je refermai la porte du lave-vaisselle, me figeai, l’impression qu’une énorme pierre me tombait dans l’estomac. Je me retournai, vis Ellen longer le comptoir à grands pas et débouler dans la cuisine pour me faire face.
- Meyer, qu’est-ce que t’as fait à Freja ?fit-elle en colère.
Owen revint du couloir à ce moment-là et nous rejoignit, perplexe. Cependant, il n’eut le temps de rien demander. La jeune violoniste accourut à son tour.
- Je t’ai dit qu’on m’a agressée Ellen ! C’est pas lui !
Mais la pianiste l’ignora complètement.
- T’en as pas marre de la faire souffrir ?s’écria-t-elle à mon attention.
La faire souffrir… Incapable de répondre, je ne réagis même pas quand Ellen me gifla. Freja la tira par la main en la suppliant d’arrêter. Elle grimaça de douleur. Je vis les marques qu’elle portait sur l’avant-bras, me sentis défaillir. Ҫa n’avait rien à voir avec l’hématome au poignet de la dernière fois. Elle s’était réellement faite maltraiter. Et c’était Ihn. Cette fois, il n’y était pas allé de main morte… Une boule d’angoisse me bloquait la gorge. Je n’avais aucun souvenir, je ne savais absolument pas quand Ihn était sorti pour aller retrouver Freja. La soirée virait au cauchemar. Je ne me sentais pas bien du tout, je devais être pâle comme un linge. Et forcément, le fait de ne pouvoir rien dire confortait Ellen dans son idée. Je ne savais pas comment elle en était arrivée à cette conclusion mais j’étais clairement dans la merde.
- Qu’est-ce qui se passe ?demanda Owen complètement perdu.J’comprends rien ! - Ce qu’il se passe, c’est que ton pote a tabassé mon amie !répliqua Ellen énervée.
Elle attrapa le bras de Freja sans prendre garde à ses protestations.
- Regarde !
Owen ouvrit des yeux ronds. Son regard passa d’Ellen à Freja, à moi de nouveau.
- Non, c’est pas possible, ça peut pas être lui,objecta-t-il.
Il pouvait me défendre autant qu’il voulait, c’était mort. J’aurais pu répondre, dire que ce n’était pas moi, qu’elle se trompait. Mais pour quoi ? M’enfoncer encore dans le mensonge ? Ҫa ne servait plus à rien. Et Ellen n’était pas dupe. Je la maudissais pour ça et en même temps, je ne pouvais pas lui en vouloir. Elle protégeait seulement son amie.
- Alors pourquoi il ne dit rien ?rétorqua-t-elle en me désignant d’un geste accusateur. - J’sais pas, peut-être parce que tu l’incrimines pour rien…tenta-t-il désespérément. - Pour rien ? Et ça, c’est rien ?fit-elle en montrant encore une fois le bras de Freja.
Il se tourna vers moi.
- Meyer, dis quelque chose,pria-t-il inquiet.
J’avais l’impression que ma tête, mon cœur et mon corps tout entier se vidaient. C’était l’horreur. Je ne me sentais plus capable de rien. J’avais juste envie de disparaître. Owen dut le comprendre – et je l’en remerciai intérieurement – car il suggéra le fait que nous ferions mieux de partir. Ellen renchérit en disant que je n’avais plus intérêt à m’approcher de Freja. Cette dernière n’arrivait pas à en placer une et se massait le bras, les larmes aux yeux. Cette vision m’acheva complètement.
- Attends, on ne sait même pas si c’est vrai !s’indigna l’infirmier.Tu ne peux pas lui interdire… - Sortez d’ici !coupa-t-elle en pointant l’entrée d’un doigt autoritaire.
Toujours muet, je récupérai mes affaires, Owen les siennes, et nous nous retrouvâmes à la porte.
Season's call clickFreja & Meyer 19/12 « Une désastreuse découverte» La soirée aurait pu être parfaite… Si cette putain de manche ne s’était pas relevée! Ma meilleure amie avait de suite compris que c’était Meyer, après tout je ne voyais personne d’autre en ce moment à part eux et… Elle savait déceler lorsque je mentais. Tout était perdu, j’étais perdue… Je la tirais alors qu’elle réussit à gifler Meyer. Owen débarquant dans la salle en demandant ce qu’il se passait. Elle assurait à son petit ami que c’était Meyer qui m’avait fait ça d’un ton énervé sans prendre garde au fait qu’elle pouvait me faire mal à prendre mon bras comme ça. J’essayais de défendre Meyer, tout comme Owen mais rien à faire… Elle était butée, têtue comme une mule. Elle ne me laissa même plus le temps de parler tellement elle était aveuglée par la rage, même Owen ne le pouvait pas. Quant à Meyer… Il ne trouvait rien à dire et je savais très bien pourquoi… Il savait que c’était son autre personnalité qui devait avoir fait ça et.. Il s’en voulait sûrement, voilà pourquoi il restait muet malgré les tentatives de Owen pour le faire parler. J’avais l’impression qu’il était vide, que son esprit avait quitté son corps… Putain! Les larmes me montaient aux yeux et je croisai son regard qui me fit mal au cœur et lorsque Ellen prévint Meyer de ne plus m’approcher j’éclatais en sanglot alors que Owen faisait tout pour protéger l’homme de ma vie. Il avait raison après tout....
«S’il te plaît Ellen calme toi!»
Trop tard, les deux infirmiers avaient claqué la porte… Je me retournais vers Ellen énervée.
-Il est allé jusqu’où ce fumier?
Je remontais ma manche au plus haut et c’était de pire en pire.
-PUTAIN! Comment t’as pu l’inviter après ça?!
«C’est pas sa faute bordel! Il est malade!»
-Il est surtout violent c’est tout!
«Si tu veux tout savoir il est atteint de TDI, il ne contrôle pas son autre personnalité…» Je soupirai, m’asseyai sur le canapé, mis mes coudes sur mes cuisses et pris ma tête dans mes mains en pleurant. «C’est pas sa faute… J’te le promets…»
Ellen avait disparu de mon champ de vision et j’entendis des verres tinter, elle ramena du vin et me tendit un verre dont je bus quelques gorgées.
-Admettons que je te crois… Ça dure depuis combien de temps?
Le ton de sa voix c’était radouci alors qu’elle allumait deux cigarettes. Je pris une grande bouffée sur le bâtonnet de tabac.
«Quelques jours avant qu’on commence à sortir ensemble… Je suis sortie avec lui en sachant la vérité…» Je soupirai. «Je ne sais même pas s’il va vouloir me recontacter après ça.. Putain Ellen je t’en veux… Je l’aime! Même s’il a une double personnalité…» Je l’entendis soupirer à son tour et poser son verre sur la table basse puis enrouler ses bras autour de moi.
-J’ai besoin de temps pour avaler tout ça mais reste un peu à l’écart de lui s’il te plaît… Il pourrait recommencer…
«Ça peut recommencer à tout moment Ellen… J’ai pas envie de l’abandonner à cause de ça…»
-Bon… Je lui enverrai peut être un message…
Après cette conversation, la soirée prit des allures de confessions totale sur nos couples respectifs en buvant et fumant, une bonne partie de la soirée et de la nuit avant d’aller nous coucher toutes les deux.
Un silence de plomb s’abattit sur nous. Je m’en voulais tellement. En plus, Owen venait de se froisser avec Ellen par ma faute. Je faisais tout de travers…
- Ouow… je ne m’attendais pas à ça,avoua le brun visiblement choqué.
Du coin de l’œil, je le vis m’observer. Il me donna une tape dans le dos.
- Viens, on s’en va.
Je le suivis jusqu’à ma voiture. Il me demanda si je pouvais le déposer chez lui. J’acceptai, évidemment, mais d’un simple signe de tête, toujours inapte à sortir le moindre mot de ma bouche. Heureusement, j’avais encore la force de conduire. Owen reprit la parole quand nous quittâmes le quartier.
- Meyer, il va falloir m’expliquer, là.
Je m’arrêtai à un feu rouge, daignai enfin croiser son regard. Il avait l’air très inquiet.
- C’était pas moi,dis-je enfin, à voix basse.
Il leva les mains en l’air, paumes vers le haut.
- Pourquoi t’as rien dit alors ? J’comprends pas.
Je soupirai, croisai les bras sur le volant et enfouis mon visage dedans. Il soupira aussi.
- Bon, j’avoue, Ellen y a été vachement fort,ajouta-t-il.Je crois que moi non plus je n’aurais pas trouvé les mots. Mais… Meyer.
Il se tut, l’air de réfléchir, ou de chercher ses mots pour ne pas me contrarier.
- Rassure-moi, tu n’y es vraiment pour rien dans cette histoire ?
Un coup de klaxon retentit derrière nous. Je relevai la tête. Le feu était passé au vert et l’automobiliste arrêté derrière nous perdait patience. Je redémarrai, tournai à gauche.
- C’est de ma faute,dis-je nauséeux.Mais… Mais je n’ai pas levé la main sur Freja. - Juré ?
Je frissonnai.
- Juré.
Et je mentais encore… En jurant en plus. Bravo Meyer ! Con jusqu’au bout ! Et Ihn qui n’avait rien dit de la journée… C’était encore plus stressant que quand il me soûlait à commérer tout le temps. Comme il me voyait peu enclin à poursuivre la discussion, Owen déclara qu’il me laissait tranquille pour ce soir mais qu’il reviendrait à la charge pour comprendre ce qu’il se passait entre Freja et moi. Je ne dis rien, me maudissant seulement de ne pas arriver à lui avouer ma maladie. C’était vraiment idiot de ma part parce que j’étais quasiment sûr qu’il comprendrait. Mais le pourcentage restant m’empêchait de le faire, par crainte de me tromper et de perdre son amitié. Je le déposai dans sa rue quelques minutes plus tard. Il me salua, une lueur d’inquiétude dans le regard, et me souhaita bon courage. Je le remerciai, lui dis que j’étais désolé de l’avoir mis en froid avec Ellen. Il insista sur le fait que ce n’était pas grave et qu’il se rattraperait. Je n’en étais pas certain mais ne contestai pas et le laissai rentrer chez lui. Quand j’arrivai à l’appartement et refermai la porte derrière moi, je m’y adossai et me laissai glisser jusqu’au sol, désemparé. J’avais une furieuse envie d’avoir une discussion avec Ihn, de savoir exactement ce qu’il avait fait avec Freja et quand, et jusqu’où il comptait aller. Mais je ne le ressentais pas. Il n’était pas là. J’aurais dû m’en réjouir, pour une fois qu’il me laissait tranquille une journée entière. Pas aujourd’hui. J’étais trop triste et en colère contre lui, contre moi. Et j’avais peur. Parce que si je me sentais si épuisé depuis quelques jours, c’était sûrement parce qu’il sortait dès que je m’endormais. Cette espèce de fumier devait laisser Janna seule à l’appartement dans l’unique but d’aller maltraiter Freja. Il ne se rendait pas compte de la gravité de ses actes. Il fallait vraiment que j’arrange les choses, ça ne pouvait pas continuer ainsi. Il finirait par faire une grosse bêtise et cette fois, je ne pourrais rien faire pour réparer ses erreurs.
The Wiesel Den 
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