[2020] Quand il faut viser juste

quand il faut viser juste. avec Isaac & Evan +

Alors que le soleil filtrait à travers la vitre de sa chambre ses premiers rayons de lumière, Isaac papillonna des yeux, peu enclin à se réveiller. Mais, malheureusement pour lui, il n'avait guère d'autres choix que d'affronter cette deuxième journée dans son nouvel établissement. Indarë n'était pas franchement déplaisant donc on peut dire que le jeune adolescent s'y sentait à peu près bien. Il était conscient qu'une fois qu'il aurait prit ses repères tout irait mieux et qu'il pourrait se lever sans aucune crainte -ou presque. La première fois qu'il avait posé les pieds face au lycée, il se souvient s'être senti très petit. C'était un bâtiment imposant et totalement inconnu, deux choses qui effraient la plupart des Hommes. Soufflant doucement, il se redressa sur son lit et bailla, les yeux humidifiés. Il s'étira doucement, tentant d'ignorer les courbatures qui harcèlent son corps. Suite à toute la routine matinale, il avait enfin pu goûter à sa première bouchée d'air fraîche du matin. Il faisait plutôt doux ce jour-là, les nuages cachaient parfois le soleil et étaient assez épais, mais par chance le vent ne semblait pas se lever ce qui permettait de ne pas frissonner. Il avait un peu de temps de libre avant de commencer ses cours, alors il avait préparé le coup et s'était vêtu de vêtements sportifs pour s'échauffer un peu avant le handball. Le souffle saccadé par sa course, il se surprit à sentir sa gorge le brûlée. Le printemps n'était pas encore totalement arrivé et il aurait peut-être dû prendre un col roulé ou une écharpe pour éviter ça. Tant pis.

S'en suivi enfin la raison de sa venue dans cet établissement. Ses cours de handball. Il était vraiment heureux de pouvoir profiter ainsi de sa passion et d'en plus pouvoir aiguiser son don. Le bruit des ballons claquant contre le sol, la sueur ruisselant le long de son visage après plus d'une heure d'entraînement, tout cela lui plaisait étrangement. Analysant ses partenaires, leurs points forts et points faibles, leurs comportements et leurs caractères, Isaac avait pu se faire des petites fiches mentales sur chacun d'eux et ainsi savoir comment les aborder. Il s'intégrait plutôt bien et en était ravi, même s'il ne le montrait pas spécialement. Le professeur semblait satisfait de voir que l'ado ne jouait pas personnel malgré sa domination sur le terrain. Le coup de sifflet final retentit et -presque avec déception- l'américain s'épongea un peu le visage avec une serviette posée sur un banc au préalable. Pensant aller directement dans les vestiaires sans rencontrer d'obstacles, il vit face à lui un homme bien plus petit que lui. Il avait les cheveux noirs, le teint pâle et les yeux emplis de candeur. Ce jeune homme semblait par ailleurs s'adresser à lui en lui indiquant qu'il se nommait Evan et qu'il était un membre du conseil des élèves chargé de lui faire visiter les lieux. Maître de sa langue maternelle, Isaac ne put s'empêcher de remarquer le charmant accent français de son interlocuteur. Le sportif tenta de lui rendre maladroitement son sourire et lui répondit :



Lui posant la question sans vraiment attendre la réponse, le jeune passa devant Evan en lui faisant un petit signe de la main pour venir et une fois dans les vestiaires se revêtit de l'ensemble obligatoire. Il paraissait décontracté, mais en réalité il était un peu anxieux à l'idée de passer un long moment avec un étranger, il espérait vraiment ne pas gâcher ce moment et que tout puisse se passer à peu près correctement. Sortant de la pièce en offrant des sourires et des au revoir à ses coéquipiers, le jeune se concentra sur le frêle à ses côtés.


Isaac tentait d'articuler correctement car il s'imaginait facilement que le français avait déjà assez de mal avec l'anglais pour qu'en plus il ajoute son accent américain. Alors, pour ne pas mâcher ses mots et être compréhensible, il faisait un minimum attention. Pour la première fois depuis leur rencontre, il lui sourit doucement, bien que ce n'était pas forcément dans ses habitudes il voulait avant tout faire bonne figure et il ne souhaitait pas replonger dans sa solitude d'autrefois. C'était une des premières personnes à venir lui parler -bien qu'il ai été obligé- il espère étrangement pouvoir retirer de cette rencontre quelque chose de positif et peut-être en faire... une bonne connaissance ? Un ami ? Isaac ne se pensait clairement pas capable de réussir à se faire un ami. Bien que son manque de confiance en lui ne se remarque pas à première vue et qu'il peut se confondre avec de l'humilité, l'américain-portugais n'était pas aussi à l'aise dans la vie de tous les jours que sur un terrain, malheureusement. Attendant la réponse du fameux Evan, il passa une main dans ses cheveux et son autre main vint se glisser dans sa poche.
Être gentil, poli, sympa, cool... Allez, tu peux le faire Isaac ! Enfin, peut-être pas, mais tu vas essayer, ça sera au moins ça !

kyro. 017 ldd

quand il faut viser juste. avec Isaac & Evan +

En observant son air un peu gênant suite à sa dernière phrase, Isaac ne comprit pas tout de suite pourquoi son interlocuteur semblait être dans cet état. Sous le coup, l'américain avait songé que c'était parce qu'il était timide et peut-être pas très ouvert pour les familiarités et à cette pensée il eut envie de disparaître sous terre. Pourquoi lorsqu'il veut se comporter comme un gars sympa il ne fait que des erreurs ? Mais le pire dans cette histoire ce n'est même pas ça. C'est surtout qu'il ne comprendra jamais que c'est simplement sa phrase qui avait une double signification très lourde de sens. Par ailleurs, Evan le scrute un peu et ça ne manqua pas à l'oeil aiguisé du parfait observateur qu'est le sportif aux cheveux noirs. Il était par ailleurs plutôt mal à l'aise et avait franchement l'impression de ne ressembler à rien et d'être d'un ridicule sans égal. Pourtant, sûrement par bonté se disait-il, le français ne souligna pas et ensemble ils commencent à marcher vers la sortie du gymnase. Lorsqu'il lui demanda s'il connaissait sa chambre -puisque effectivement il a vu juste sur le fait qu'il soit interne- Isaac hocha la tête vivement et répondit positivement avec un petit oui poli. Lorsqu'ils quittèrent les lieux où le gifted se sentait le plus à l'aise, il remarqua qu'à son contraire le Debury semblait plus détendu, même plus amical ! Sûrement n'était-il pas très fan de tout ce qui est jeux de balles et transpiration... Compréhensible.

Lorsqu'Isaac remarqua le regard en coin qu'Evan lui lançait, il rougit un peu. Pourquoi le fixait-il comme ça ? Avait-il quelque chose sur le visage ? Mais il comprit finalement plus ou moins rapidement qu'il faisait exactement ce que lui-même avait fait avant. L'observer. Et c'était un réflexe tout à fait humain lorsqu'on sait qu'on va passer plusieurs heures avec la même personne, il vaut mieux savoir à peu près à quoi elle ressemble pour pouvoir lui dire bonjour -au minimum- les jours suivants. Avalant difficilement sa salive, le Da Santos se demanda s'il ne paraissait pas trop ridicule ou peu confiant... Il avait un peu peur du jugement qu'allait porter ce tout nouveau garçon arrivant dans sa vie. Il se craqua instinctivement les doigts pour combattre son stress qui lui rendait déjà les paumes des mains moites. Écoutant avec attention les paroles du français qui, par ailleurs, avait un plutôt bon anglais pour un étranger, il réfléchit un instant à la question qu'il lui posait. En repensant à ses précédentes années de pure solitude, il sentit son ventre se serrer et il se pinça discrètement les lèvres. Bon sang, faut vraiment que j'sois plus fort c'pas possible ! S'éclaircissant la voix, il répondit, l'air un peu ailleurs mais toujours avec ce joli sourire d'ange incrusté sur le visage, comme pour masquer ce qu'il ressentait réellement :


Catastrophe était un grand mot, il se débrouillait disons, mais il avait toujours un sérieux problème d'accent donc il admirait un peu Evan de manier aussi bien la langue. Lui, entre son côté américain et son débit de parole parfois un peu trop rapide, ça relevait presque d'une épreuve pour le comprendre lorsqu'il se mettait à parler la langue de Molière ! Pourtant, il l'aime bien. Il a toujours apprécier la grâce de cette langue et il sait que -bien qu'elle soit très compliquée- c'est une des plus jolies et sans doute celle qui a vu naître les plus beaux textes de littérature. Car oui, même si Isaac est un sportif acharné, il n'est heureusement pas un cliché américain et a en réalité beaucoup côtoyé la lecture dans sa jeunesse, surtout lorsque ses parents étaient absents et qu'il n'était plus gardé par une nourrice. Il était passé des grands arts théâtraux aux chef-d'oeuvre japonais qu'étaient les mangas. Même si au moins il avait pu nourrir sa culture et apprendre de nouvelles choses, il aurait peut-être préféré sortir s'amuser avec des amis mais... La vie n'en a pas voulu ainsi. Et au final, peut-être n'aurait-il jamais été ici si là-bas tout se serait bien passée ? Peut-être l'institution qu'était Indarë allait lui permettre de se découvrir lui et les autres... D'enfin trouver de réels amis.

kyro. 017 ldd

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A-t-il dit quelque chose de mal ? En entendant le petit soupir d'Evan et en voyant son sourire timide, Isaac s'est tout de suite senti coupable. Peut-être l'a-t-il prit comme une critique péjorative ? Pourtant ça lui semblait gentil, mais avec le peu de confiance qu'a le garçon le voilà déjà en train de paniquer intérieurement. Alors que ses pensées gesticulaient dans tous les sens, la voix du membre du conseil des élèves lui répondit qu'il ne l'aurait pas qualifié ainsi -son accent- et qu'il essaye de le faire disparaître un maximum. Néanmoins, il l'a remercié, enfin à peu près, et lui a effectivement confirmé ses origines. Isaac se sentait un peu gêné d'avoir dit quelque chose de "mal" et à cet instant il aurait aimé fuir et éviter son regard à jamais mais... ça serait encore plus gênant. Alors qu'il baissa la tête, les joues rougies par son embarra, il réussit cependant à apercevoir le large sourire de son camarade qui se dirigeait aisément vers les dortoirs. Le sportif espérait bientôt pouvoir se déplacer aussi facilement dans un tel établissement, actuellement il n'a réellement retenu que le gymnase -qui est soyons honnête son lieu de vie principal- et les fameuses chambres à couchées.

Tandis que celui aux lunettes pivote sa tête vers lui, Isaac l'observe un peu. Il semble avoir une lueur de curiosité dans les yeux et cherche ses mots pour formuler sans doute une question. Et en effet, il lui demanda maladroitement s'il avait encore des souvenirs de ses cours. Bon, il avait raison, en réalité le handballer se débrouille plutôt bien en français et même dans tous les cours, il est studieux et à toujours eu des facilités puisqu'il travaillait beaucoup dans son enfance pour que ses parents le félicitent lorsqu'ils rentraient -chose rare-. En y repensant, mis à part son affreux accent et son incapacité à faire le son "r" dans la langue francophone, il s'en sortait vraiment bien et pouvait plus ou moins gérer une conversation. Même s'il n'est pas sûr de pouvoir vivre dans une école entièrement française, et pour ça il admire un peu le courage d'Evan. Isaac, lui, serait tellement paniqué et perdu qu'il se muerait dans le silence toute son année scolaire, c'est certain. Pendant que son guide range son téléphone dans sa poche, ils entrèrent dans le bâtiment et celui au regard bleu électrique plissa des yeux et se gratta le menton en se demandant ce qu'il pourrait bien dire qui ne sonnerait pas cliché. Parce que les "baguette" ou les "je t'aime" c'est trop simple et classique. Pas très serein, il se racla la gorge et commença à articuler avec son difficile accent américain :


Il l'aimait beaucoup, son père, et au fond il aimerait passer plus de temps avec lui au lieu de simplement recevoir des cadeaux et de l'argent toutes les semaines. Que pouvait-il faire de tout cela ? Généralement, il dépensait tout dans des vêtements de sport, des ballons etc... Puisqu'il faisait attention à ce qu'il mangeait, il ne va quasiment jamais au fast-food ni même au restaurant. Et puis, y aller seul, c'est quand même vachement triste quand on y pense. Pas très fier de sa prestation, il reprit :


Il est vrai que le fonctionnement de cette école est un peu particulier, alors savoir dans quelle section il étudie sera toujours utile et pourra peut-être amener à des sujets de conversation. Et pour le sport, c'est juste parce qu'Isaac est un gros sportif qui ne pense à rien d'autre à part le handball.

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Ils arrivèrent ensemble à la salle commune et Isaac leva un peu la tête pour regarder autour de lui. Tout était si joli ! Il y avait, à son sens, une bonne ambiance ici... Quelque chose qui détend, mais il ne savait pas trop d'où lui venait cette impression. Peut-être était-ce son hypersensibilité qui réussissait à lui donner ce sentiment là ? Dans tous les cas, c'était très plaisant et il avoue se sentir plutôt bien ici. Il espérait au fond de lui qu'il pourrait partager de bons moments avec, qui sait, des futurs amis, dans cette même salle ? Bien que le nombre d'humains dépassent les dix personnes, il n'avait pas l'affreuse sensation d'être étouffé puisque la pièce était très grande et lumineuse, ça l'aidait à affronter sa phobie en quelque sorte. En regardant Evan, il vit sur son visage un long sourire qui fut contagieux. Les joues légèrement rosies par la lueur admirative du regard du français, il se tritura les doigts et baissa doucement les yeux. Evan ne se moquait pas. Et cela lui faisait très plaisir. Il avait secoué la tête en signe de négation, faisant planer quelques mèches ébène sur son crâne. Le Da Santos avait cette fâcheuse manie à tout observer et analyser, alors il espérait que son regard -parfois insistant- ne fera pas fuir le membre du conseil des élèves. Par ailleurs, celui-ci lui répondit, lui avouant que le sport n'était guère son terrain et qu'il était en traditionnel. L'américain se rendait compte qu'il était en train de faire connaissance avec quelqu'un et que cette même personne semblait... l'apprécier ? Il lui proposa même de l'aide pour le français et Isaac ne pu qu'accepter la proposition et le remercier. Bon sang, Evan était un sacré bon type ! Il lui proposa même d'aller à la salle commune ensemble après les cours. Bégayant un peu, il hocha vivement de la tête, content mais un peu prit par surprise. Evan, tu es une divinité de gentillesse. Priait-il en son for intérieur, les yeux pétillants.

Le rictus éclatant du garçon illumina son visage tandis qu'il commençait à faire un demi-tour. Le suivant de près, Isaac écouta les questions du français à l'accent si attachant. Il lui demanda s'il était interne vingt quatre heures sur vingt quatre et sept jours sur sept. Soufflant du nez, il songea un instant. Oui, il l'était. Malheureusement. A quoi bon rentrer chez lui ? Personne ne l'attend. Pas même ses propres parents. A quoi ça sert d'avoir une superbe et grande maison si c'est pour y vivre atrocement seul ? Il ne le supportait plus. Alors il avait décidé -avec l'accord facile de ses parents- de rester au pensionnat tous les jours. Ça lui changera de chez lui. Il est bon de changer sa routine pour avoir une nouvelle vie et recommencer sur de bonnes bases. C'était même primordial. Bon, il allait lui répondre, enfin sans forcément entrer dans les détails, mais au moins lui offrir une réponse. Sans même le vouloir, il allait créer un mystère autour de lui. Qu'est-ce-qu'un américain fan d'handball très aisé faisait dans un internat tous les jours ? Il y avait de quoi se poser des questions. Enfin bon, peut-être un jour il lui avouera tout sur lui, peut-être même qu'il lui expliquera ses "soucis de famille" qui peuvent -soyons honnêtes- paraître pas très important. Bref. Isaac prit la parole et lui répondit en fixant le sol, les mains dans les poches :


Le jeune a tendance à toujours tout faire soit le soir, soit très tôt le matin, alors savoir les horaires seraient sympa pour lui. Étant particulièrement autonome avec toutes ces années passées à être seul chez lui, il sait s'occuper de lui-même. Faire à manger, laver son linge ou le repasser, faire les taches ménagères etc... Tout ça ne lui posait aucun soucis, alors il ne s'inquiétait nullement du fait de devoir utiliser un lave-linge, il s'y connait. Heureusement, dans un sens. Il pivota un peu sa tête vers le plus petit et lui demanda en retour :


La fin de sa phrase sonnait ironique et même s'il espérait que ça ne sois qu'une blague, il n'était drôlement pas sûr de ça. Peut-être se retrouvera-t-il dans les douches au lieu d'aller en cours de chimie... C'est affreusement possible. Il en avait honte d'avance. Il avait, par habitude américaine, ajouté "bro" en fin de phrase, mais n'était pas certain qu'Evan en ai saisi le sens. C'était, pour lui, une marque d'affection. Enfin, un mot pour dire "je me sens bien avec toi alors parfois mes gènes me rattrape et je t'appelle comme ça". Il était un peu mal à l'aise face à sa façon de bavarder, mais il aimait bien Evan alors... Il voulait en savoir plus.

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