[2018] Coup d'oeil

ça ne faisait même pas un mois qu'ils étaient installé, pourtant Basile avait déjà repris tout les repères dans leurs nouvelles maison et malheureusement il s'était déjà enfermé dans une sorte de routine, sa mère, plus froide qu'ordinaire ne vivait plus que pour son boulot, noyant son chagrin dans son travail, elle était devenue en si peu de temps un femme maigre avec de grandes poches sous les yeux, des poches si grandes qu'on pourraient les comparées à celles des jeans. Sa peau plus pâle que le nacre, avec pour seul nuance les nervures foncé de son système sanguin, preuve que la machine infernale qui battait au creux de son torse continuait de battre, si elle le pouvait, si elle avait le droit, elle aurait tout abandonné et se serait déjà tué, Basile en est convaincu. Il a même parfois l'impression qu'il vit avec un membres du programme "potion", mais malheureusement pour lui, sa mère est uniquement encadré par un psy dont les prestations laissent à désirer. Elle se levait tôt le matin et ne rentrait que tard le soir, Basile se sentait mal, mal de ne pas être là, ne pas savoir quoi lui dire... Il devrait demander à un des psychologue de l'école pensait-il.

Sa mère absente, Basile se retrouvait avec la charge de son grand-père sur les épaules le week-end, mais heureusement, une semaine sur deux, le vestige des anciennes relations de son grand-père viennent prendre des nouvelles, prendre le thé et faire je ne sais trop quoi que les vieux aiment faire. Basile ne comprenait pas comment ils pouvaient être autant attaché à l'épave qu'est devenu son grand-père. Il concède qu'à une époque, il était peut-être comparable à un fier navire, bravant les flots avec témérité. Autant maintenant, depuis que sa maladie la percuter tel un iceberg, il faut quitter le navire avant qu'il touche le fond... Quoi qu'il en soi, les vieux prenaient le relais l'espace d'un après-midi durant lequel Basile pouvait vaquer à n’importe quelle occupation qu'un adolescent pouvait rêver. Et si Basile rêvait d'une chose, s'était de changer de paysage et de superposer des couches de gouaches. C'était l'occasion de sortir sa boite à peinture qui en plus faisait office de chevalet dépliable.

Basile s'aventura le nez dehors, il faisait doux, pas encore chaud, mais juste assez pour se permettre de ne plus porter l'énorme manteau qu'il portait depuis son arrivé. Il l'avait troqué contre un simple gilet ouvert sur un sweat-shirt de couleur unie. Il ne lui fallait que cinq petites minutes de marche à pied pour se rendre à la bouche de métro la plus proche. Juste à l'entrée de la station, il y avait un parking à vélo bondé et deux mendiant faisant la manche, Basile passa son chemin en baissant les yeux au sol, honteux de vivre mieux. En s'engouffrant dans le métro, il côtoyait des gens pressé, qui ne pouvaient s’empêcher de regarder leurs montres toutes les cinq secondes, à croire que le temps allait disparaître à force de filer comme le vent. Et le temps, Basile ne l'a pas vu passer sur la RAM de métro, car en un temps record, il se retrouvait à la station d'Hyde park.

Basile trouva un beau point de vue, non loin d'une statue d'oiseau et proche de l'immense lac. Il déposa avec soin ses affaires avant de déposer sur le chevalet, une toile encore vierge. Et là il commença à passer à l'attaque, il sortit ses pinceaux et commença un travail de maître pour reproduire l'arrière plan. L'immense lac sur lequel venait se refléter les arbres de la rive d'en face.

Basile avait à peine eu le temps de finir le lac, il fallait dire que l'eau était particulièrement agité par les cignes qui nagent dedans. Il voulait vraiment essayer de reproduire le reflet des arbres sur le miroir qu'est l'eau, mais si l'eau continue de bouger ainsi, il ne saurait peindre qu'une étendue trouble, ce qui est en soi est tout aussi esthétique mais qui manquait de charme aux yeux de Basile. L'espace de quelques instants, le lac était calme, comme figé dans le temps et Basile n'avait que très peu de temps pour mémoriser ce paysage, alors l'espace d'un instant, il ne fit attention à rien d'autre que cette vue, une vue parfaite.

"bwarf... bwarf"

Cet instant parfait, brisé en un seul aboiement, Basile en sursauta et laissa tomber sa palette. Aucun son  n'était sortit d'entre ses lèvres, mais la surprise était présente sur son visage. Il était comme le célèbre tableau, expressif mais muet, pourtant "le cri" était un nom bruyant pour quelque chose d'aussi silencieux qu'une carpe. Quand il baissa la tête pour voir la provenance du bruit, il s'agissait d'un petit chien, Basile les préférait plus grand mais il les aimait tout autant. Il s'abaissa pour caresser son crâne et découvrit que de la peinture verte lui était tombé dessus et qu'il l'avait sans faire exprès étalé sur le sommet de sa tête...  

-Ne me fais plus peur comme ça

Basile eu son deuxième sursaut de la journée, ce qui semblait être la propriétaire du chien avait pointé le bout de son nez, habillé tout de noir, deux possibilité, soit cette femme menait une guerre active contre les couleurs et à donc décider de n’en porter aucune. Dans ce cas là, Basile s’en voudrait affreusement d’avoir quelque peu coloré son chien… Même si ça devait être une autre raison que ça, Basile n’a jamais vraiment prêté attention à la mode…

-Je suis désolé, il n’est pas méchant mais c’est un vrai curieux

Le chien sembla acquiescer avec un aboiement, les chiens nous comprennent ? Se demanda Basile en regardant le petit chien…

En enlevant ses lunettes, elle dévoila un visage que Basile avait déjà vu, et ce n’est pas qu’une impression, d’habitude Basile retient bien les visages qu’il voit. Même si celui que lui présentait le jeune femme était comme masqué par un épais voile de fatigue et de manque de sommeil, à se demander si elle dormait correctement et régulièrement.

-Vous en faites pas, j’avais déjà eu pas mal de regards curieux quand je peignais en extérieur avant… Mais jamais de regard canin.

Les chiens ne voient pas les couleurs non ? Enfin Basile ne sait plus où il avait entendu ça mais en y repensant, il s’imagine que la vie sans couleur doit être dur… Quoi que ça doit avoir son charme par moment.

-Et désolé pour la tache de peinture… Je ne faisais pas vraiment attention à ce moment là.

Le visage de son interlocutrice lui rappelait vraiment quelqu’un… Mais qui ? C’était une chose de retenir les visages, mais encore faudrait-il pouvoir mettre un nom dessus.

-La question va peut-être vous sembler étrange. Mais s’est-on déjà vu ? Votre visage m’est familier.