[2018] Without consent

Cela faisait deux ans que Will allait dans cette salle pour attendre le psychiatre. Deux ans qu'il la faisait tourner en bourrique. Au dépars, il s'ennuyait de cela mais depuis, cela devint un jeu. C'était drôle de la voir continuer à chercher des significations cachées à l’intérieur de ses phrases alors qu'il n'y en avait aucune. Elle jouait au docteur des mots, il faisait le malade imaginaire. Il commençait même à se surprendre de venir à l'avance quand il avait trop de temps libre où quand le cours l'emmerdait trop. Will était joueur et, malgré son air calme, avait un sens de la compétition assez prononcé. Ce qui l'amenait à faire quelques conneries de temps en temps. Mais les conséquences lui passait toujours sous le nez.

Aujourd'hui, il avait prévu un super show pour la madame. Il avait trouvé une histoire dramatique à base de princesses, de princes, de dragons, d'épées. Il était même allé jusqu'à mettre de la musique sur son téléphone. Il allait lui raconter une belle histoire. Et elle, compétente, écrira comme note qu'il maque de confiance en lui. Ces diagnostiques étaient drôles car faux. Personne n'arrivait à comprendre son comportement. Pourquoi il était calme, flippant et en même temps si populaire auprès des ISS. Pourquoi il était si libertin tout en étant toujours à côté de la plaque. Et il savait que c'était certainement pas ces gens là qui allaient résolver le puzzle. Et vu qu'ils ne posent que des questions, il peut répondre ce qu'il veut.

Will était alors assis contre le mur, le livre par terre, relisant encore pour retenir son texte. Il semblait concentré et ne voulait pas avoir de notes lors de sa prestation. Il allait lui dévoiler tout son jeu théâtre et passer encore plus pour un fou. Le jeune homme n'avait même pas remarqué qu'une autre venue était arrivée: il se mordillait le pouce, d'un léger sourire en observant un peu les images. C'est quand elle s'approcha que le jeune homme releva d'un coup la tête, très rapidement. Pendant un moment, il sembla surprit mais il reprit vite un air calme et l'observa sans rien dire un moment. Il la jaugeait, se demandant ce qu'elle comptait faire en s'approchant comme cela. Alors, au bout de cinq secondes, Will finit par sourire doucement, prit son appareil photo et clic. Un flash et une image sortie du polaroid. Il la prit, la secoua et l'observa.

-Le petit oiseau est sortit, dit le jeune homme en souriant, rangeant la photo dans un petit cahier en contenant plein d'autre.

Parfois, il se faisait engueuler en faisant ça. Holly par exemple lui avait déchiré l’instantané en le menaçant d'un procès (ce qu'il n'avait pas cru bien évidement ) mais il paraissait, bien que ce ne soit qu'une rumeur, que ce gars là avait la tête de tout l'établissement. On ne comprenait pas vraiment son obsession pour la photo, mais comme disait son psy: "C'est bien, ça lui fait un passe temps.". La jeune regarda à nouveau son livre et tourna une page.

-Si tu te demandes ce que je fais, je prépare ce que je vais dire au psy.

Il avait comprit sa curiosité, très perspicace et observateur. Il lui jeta un oeil et lança un rapide clin d'oeil.

Ah... Apparemment, le jeune Will lui faisait peur. Premier indice, elle venait de reculer d'un pas en voyant son visage. Les lentilles rouges, les scarifications, c'était plutôt impressionnant. De plus, il l'observait sans rien dire avant de sourire. Et voilà que le garçon prend son appareil photo, l'actionne, fait sortir la feuille devant un cri émit par son interlocutrice. Était-il vexé ? Pas du tout. L'image qu'il renvoyait lui importait peu en même temps. Will est parfaitement au courant de son image de psychopathe, il sait très bien comment certaines personnes le voit et c'est certainement pour cela qu'il a décidé de jouer à fond le rôle. Pour s'amuser, expérimenter. Ressentir quelque chose. La jeune femme se mit alors à presque crier qu'il n'avait pas le droit. En attendant, il avait possession du portrait et des plus beaux "arrêts sur image" de cette école. Ils disaient tous qu'ils ne pouvaient pas mais avec son allure, ils le laissaient garder les clichés. Will gardait donc son sourire et répondit à sa phrase:

-Certainement.

Il se dit un moment qu'il devait passer pour un fou avec son livre de compte de fées, son allure et son instinct photographique.

Alors, puisqu'il avait comprit qu'elle s'était au dépars approchée pour voir ce qu'il pouvait faire, il lui avait rapidement expliqué que cela était pour préparer son millième entretien avec le psychiatre. Will s'était replongé dans son bouquin pour retenir à nouveau les phrases quand elle lui demanda ce qu'il comptait dire. La jeune homme ricana un peu et tourna le livre vers elle mais le gardant tout de même au sol.

-Tu vois. Le truc avec les psy, c'est qu'ils prennent tout ce que tu dis pour quelque chose qui sort de ton inconscient et qui a FORCEMENT une signification.

En même temps, le garçon côtoyait ce genre de personne depuis son enfance. Ils avaient tous à peu près le même réflexe dit "approfondit ce que tu veux dire".

-Et vu que je suis généreux et que je ne veux pas qu'elle s'ennuie, j'ai appris un compte de fée à lui raconter. Elle va voir tout mon jeu d'acteur.

La situation semblait véritablement amuser le jeune homme. Il aimait faire tourner cette femme en bourrique, qu'elle pense comprendre ce qu'il veut dire pour après dévier sur autre chose sans lien apparent, la faisant revenir au début. Will n'avait rien à dire, c'était tout.

- Et puis, pour aller la voir trois fois par semaine, c'est la seule manière que j'ai trouvé pour rendre ça plus plaisant. Et ça lui fait de la réflexion !

Il ricana en tournant les pages au hasard. Puis il fouilla dans sa poche et sortit une sucette qu'il enfourna dans sa bouche, toujours aussi fan de sucreries. De toute façon, il était en avance et le jeune Will avait du temps à perdre alors il s'occupait également comme il le pouvait. De la manière la plus absurde que possible.

Il lui avait dit toute sa stratégie pour que le psychiatre la laisse en paix. Puisqu'il n'avait rien à dire. Will avait donc du bien trouvé une manière de rentabiliser ce temps perdu. Mais alors que son interlocutrice semblait au départ peureuse par rapport à son apparence et 0 son comportement, la voilà qui se met  près de lui et rigole lorsqu'il enfourna sa sucette dans sa bouche. D'ailleurs, elle louchait peut-être beaucoup trop sur sa sucette dans la bouche. En voulait-elle une ? Will ne savait pas s'il avait envie de lui en donner, il était plutôt protecteur envers ses sucreries. Le garçon était très gourmand et avec les gâteaux ou les biscuits, il semblait redevenir vite un enfant mignon qui contrastait rapidement avec son côté plus dans la drague et dans le libertinage. Il lui jeta un oeil deux secondes et se dit que cela pouvait être amusant qu'il lui mette directement sa sucette dans sa bouche à elle pour voir sa réaction. C'était toujours assez intéressant. Il avait cette idée en tête lorsqu'elle lui arracha le livre des mains. Son regard paru surpris pendant un moment. Il était plutôt rare que les gens s'osent à faire des choses assez à violentes et imprévisibles envers lui. Il paraissait étrange et on pouvait l'imaginer facilement sauter et arracher le cou de celle du  fautif. Pourtant le garçon ne réagit pas, la laissant faire alors qu'elle lui demandait de l'aide pour trouver quoi dire pour le psychologue ou psychiatre. Voulait-elle faire pareille que Will ? Cela allait-il être une mode dans l'établissement ? Il était plutôt moyennement fan car cela allait dire que l’administration finirait par prendre des mesures. Surtout qu'elle semblait plutôt  bavarde en l'ayant observé rapidement. Mais imaginer une histoire avec quelqu'un avait l'air plutôt drôle. 

Le jeune homme, pendant qu'elle parlait, sortit sa sucette de sa bouche pour la mettre dans la sienne, histoire de voir. Si elle la crachait, il la remettrait dans la sienne, se foutant de l'échange salivaire. Si, étrangement, elle la gardait, il s'en prendrait une autre autre pour lui de sa poche. Dans tous les cas, il finirait avec quelque chose dans entre les lèvres. 

- Tu veux aussi raconter une histoire à ton psy ? Tu sais qu'il va comprendre que tu te fous de sa gueule.

Le garçon avait dans les yeux beaucoup de malices.

-s'il a vu que tu m'as parlé et qu'il sait ce que je fais, il va comprendre que ce n'est qu'une tactique. 

Le jeune homme lui prit le livre et le ferma pour le poser un peu plus loin. Il l'observa un moment d'un sourire constant puis croisa les bras et les jambes, semblant un peu réfléchir. Il avait peut-être une idée qui pourrait être plutôt drôle. Il fit tourner un peu sa sucette dans sa bouche avec sa langue puis dit :


-Tu n'as qu'à la prendre pour quelqu'un d'autre si tu veux l'embêter. J'sais pas, un dieu par exemple. Et tu agis comme si tu l'as vénnerais. Mais après à toi de voir si tu veux qu'elle te prenne pour une folle. 

Elle avait gardé la sucette, cela fit presque rigoler le garçon qui n'y croyait pas vraiment en fait. La plupart des gens l'aurait recraché. Mais il aimait tester les réactions des autres. C'était un jeu terriblement distrayant. Donc, il en avait sortit une autre pour pouvoir quand même profiter de ses sucreries. On se demandait d'ailleurs combien il en avait dans son sac. Peut-être une centaine ? Peut-être même qu'il y avait un portail magique pour aller les chercher directement dans la confiserie ? On pouvait parfois se poser la question... Finalement il lui dit que si elle racontait également une histoire, la psychologue comprendrait qu'il y a un foutage de gueule quelque part. Que ce n'est pas la spécificité de son élève en somme. La demoiselle lui répondit d'un léger sourire, disant qu'elle était généreuse et qu'elle voulait aider. Will aimait ce cynisme et répondit par le même sourire malin qu'elle lui faisait.

-La générosité c'est ce qu'il fait vivre uh ?

Sa phrase n'était évidement pas sérieuse et le jeune homme n'était pas spécialement généreux en soit. Il se rappelle avoir déjà agis contre des personnes. Mais ce n'était pas pour les blesser...C'était les affaires quoi. Non, Will n'est pas emphatique, il n'a pas apprit à l'être et ce qu'il compte pour lui est de ne pas s'ennuyer, toujours trouver quelque chose à faire et tenter de ressentir des choses d'une manière ou d'une autre.

Alors, il lui proposa de la tromper en lui faisant croire qu'elle est quelqu'un d'autre, un dieux pas exemple et cela sembla pas mal amuser la demoiselle qui se prêta directement au jeu. En effet, elle s'inclina devant lui et commença à parler d'un léger accent des paroles qu'il aurait été apte à sortir. En fait, il sembla surprit au départ, n'ayant pas du tout l'habitude qu'on le suive dans ses délires. Habituellement, quand on lui disait, par exemple, "tu es allé où ?" et qu'il répondait "dans un camp de vacance à l'Olympe", les gens se suffisaient à rigoler à cela, le prenant comme une blague. En fait, s'il ne lui avait parlé un peu avant, il aurait pu facilement croire qu'elle se foutait de lui. La demoiselle lui prit alors la main, retirant sa sucette pour déposer un baiser sur le dos de celle-ci. La garçon releva un sourcil et posa son main sur sa propre-hanche en la regardant. Il se demanda jusqu'à où elle serait capable d'aller dans ce jeu: encore une expérience à faire.

-J'ai fais la commission à Charles. La dernière fois, cette gourgandine c'est jetée sur moi et je ne supporte pas toucher les gens du peuple, vous le savez.

Il imitait l'accent, montrant tout son jeu fabuleux d'acteur. La demoiselle semblait vouloir l'embêter et bien il allait la rendre totalement embarrassée. La manière dont elle allait basculer du jeu à la réalité était intéressante car il était presque sûr qu'elle ne tiendrait pas. Il se redressa et puis dit:

-Mais vous savez, je suis fatigué des massages. Je préférais danser ma chère. Et je suppose que vous n'allez pas faire l'affront de refuser.

Le garçon prit donc sa main et posa l'autre sur sa hanche, un sourire malin, provocant, joueur. Une étincelle de défis brûlait dans son regard. Il commença à la faire bouger, ne lâchant pas son regard, regardant toutes réactions qu'elle pourrait avoir.

Il n'y avait rien rien de mieux que le défis, le jeu selon Will. C'était toujours divertissant pour le garçon qui ne faisait que rechercher l'amusement, les ressentis. Et voir que cette demoiselle cherchait à continuer sa pièce le faisait sourire dans une certaine camaraderie. Et même s'il restait un poil provocant, il était plutôt satisfait par ce qu'il se passait. Et puis l'attente avant que la psychologue arrive était toujours franchement chiant. Donc après son discourt sur cette gourgandine de Yvonne, il l'avait attrapé pour la coller contre lui, la faisant danser. Il cherchait à voir les réactions, comme s'il voulait disséquer l'être humain. Il observait donc cette rapide surprise avant qu'elle continu de tenir. Il cru même voir un clin d'oeil.

Et voilà que Will sentit cette dernière commencer à tomber, lâchant sa main. Par réflexe, celui-ci la retint, prenant appui sur sa jambe, se demandant pendant un court instant ce qu'il était en train de se passer. Mais le jeu d'acteur revint d'un coup, cette jeune fille lui disait qu'elle se sentait tressaillir, son corset étant trop serré. Il eu un instant de pause et finalement, elle se redressa, disant que tout allait bien. Ce n'était apparemment qu'une migraine passagère.

-Si j'étais vous, je me méfierais de ce genre de symptômes. Il parait qu'un sorcier traîne en ville... Cela me tuerait s'il vous atteignait.

Ah, ce qu'il aimait imaginer des histoires comme cela. Un vrai régal pour lui. Elle finit par se rasseoir à côté et lui demander s'il n'avait pas vu deux élèves. L'une, nommée Ainhoa aurait apparemment disparu. Le jeune homme est quelqu'un de très perspicace. Il comprit rapidement que ce n'était qu'une façon de lui donner son prénom. Et là, c'était intéressant ! Là, il s'amusait à se présenter. Parce qu'un "comment tu t'appelles" était tellement ennuyeux... Il s'assit alors également, étendant ses jambes finalement assez courte devant lui (parce qu'un mettre soixante-dix n'est pas vraiment très haut ) et il la regarda un moment avant d'hausser les épaules.

-Non, mais tout dépend avec qui elle était... Si cet autre élève est ce Will, elle s'est certainement faite kidnapper.

Il rigolait de lui même et de cet aspect de psychopathe qu'on lui donnait très facilement. Mais il allait s'amusait à se créer un nouveau personnage. Qu'allait-il bien pouvoir dire ? Le garçon ramena ses genoux vers lui, étendant ses bras dessus, releva la tête avec ce sourire toujours aussi constant.

-J'espère pour vous qu'elle va s'en sortir. Ce type possède une magie...Plus noir que noir. On dit qu'il a été abandonné au cœur d'un volcan et par, on ne sait par quel moyen il a survécu. Quand vous le voyez, votre première réaction est de reculer, voir de crier...

Il faisait écho à la manière dont elle avait réagit quand il avait levé la première fois la tête.

-Car vous savez, votre instinct vous dit que personne ne peut survivre en restant trop longtemps à ses côtés.

Il termina en la regardant d'un grand sourire.