Mes souvenirs passés sont sans doute mes plus grandes faiblesses …
Bien plus que cette peur inconditionnelle que j’ai envers les hommes.[7.15 AM – Saturday] - Another night is over.
Tic-tac, Tic-Tac …
Mon bourreau ne cesse d’hanter mes nuits.
Tic-tac, Tic-tac …
Mes insomnies causeront un jour ma perte.
Tic-Tac, Tic-Tac …
Mon avenir devient de plus en plus incertain.
Il devient de plus en plus difficile pour moi de cacher mes véritables sentiments …
A ce stade, je ne tiendrai pas longtemps … J’ai si peur.Cette facilité que la jeune demoiselle avait pour tomber aussitôt dans les bras de Morphées, principalement dû à cette fatigue accumulée lors de ses entrainements, ne lui permettait pourtant pas d’apprécier pleinement ses nuits, constamment perturbées par cet homme aux multiples vices et dont la folie semblait s’être entièrement octroyer le peu de lucidité qui lui restait. Elle ne supportait plus cette situation, cette éternelle emprise qu’il avait sur elle et qui la rendait si vulnérable, si fragile. Elle ne vivait plus, elle ne côtoyait plus personne ; ce cocon qu’elle avait pourtant installé pour protéger le peu de contacts qui lui restait commençait sérieusement à la peser … cette solitude ne faisait que rendre ses journées de plus en plus maussades. Pourtant, elle devait impérativement se montrer plus forte face à ce fléau dont elle était la principale cible mais également dominer ses plus noirs sentiments afin de préserver sa notoriété et la réputation de ses parents à laquelle elle tenait tant.
[10.30 AM – Saturday] - Beautiful Day.
Elle ne se souvenait plus depuis combien de temps elle n’avait pas pris quelques minutes pour se reposer, pour décompresser face à cette vie enchaînée par cette intolérable routine. Cette fraicheur printanière l’incitait à sortir, à se vider l’esprit en plus du patinage artistique.
Elle en avait terriblement besoin.
Comme à son habitude, elle avait pris le temps de soigneusement choisir sa tenue pour la journée ; elle était vêtue d’une robe blanche à dentelle et de talons à ruban alors que son délicat cou fut arpenté d’un tissu en soie bleu afin de la protéger de ce vent frais. Elle cherchait une simplicité qui, selon elle, lui permettrait sans mal d’éviter le plus possible le regard d’autrui et ce, bien que sa renommée risquerait sans doute de lui faire une nouvelle fois faux bond en ce beau jour. Elle espérait tant pouvoir siroter tranquillement un verre dans l’une des terrasses de Notting Hill sans être dérangée par qui que ce soit et savourer les mets exquis de ce quartier en toute tranquillité. Une espérance qu’elle n’allait sans doute pas obtenir à la vue de cette chance quelque peu capricieuse ces derniers temps.
Elle avait pris la décision de se déplacer seule, sans la moindre escorte, en assumant le risque qu’elle prenait une nouvelle fois tout en ayant conscience du danger qu’elle encourrait. En effet, se dit-elle, elle ne pouvait pas constamment vivre dans cette crainte d’être harcelée, d’être physiquement malmenée par la folie endiablée de ses fans. Elle devait vivre normalement, et ce malgré ce secret qui la pesait tant mais qui lui avait cependant permis de se forger une forte personnalité et suffisamment impressionnante pour repousser ces individus un peu trop enthousiastes et passionnés, constamment en quête de leur idole favorite. Une individualité qui était loin de lui être propre mais idéal pour garder un contrôle total sur sa véritable personnalité, pourtant si plaisante en réalité.
[11.15 AM – Saturday] - I won't forget your name.
Le trajet se passa sans encombre tandis que la jeune femme s’était laissé bercer par de douces rêveries, par cette réalité alternative qu’elle désirait tant au plus profond d’elle mais qui lui semblait pourtant trop idéalisée, si improbable. Une désillusion qu’elle devait en partie à son oncle, aux gestes et aux mots qu’il avait pu prononcer à son égard, à ce regard qui se délectait sans cesse de cette chair maintenant immaculée d’impureté. De néfastes pensées qui la guidait machinalement vers ce lieu dans lequel elle comptait passer une majeure partie de sa journée, perdant pendant un court instant toute notion du temps alors qu’un contact brusque avec un inconnu l’avait soudainement réveillé de ses funestes songeries.
« Pardonnez-moi pour cette désagréa-… » Souffle court, yeux écarquillés en sa direction, de lointains souvenirs qu’elle croyait pourtant résolus, disparus.
Mes souvenirs passés semblent vouloir reprendre le dessus ...
Bonne ou mauvaise augure … que sais-je ?
Eux seuls peuvent m’éclairer dans ce pêché qui n’est propre qu’à mon histoire. « … Pour cette désagréable bousculade. » Dit-elle calmement, son visage de plus en plus stoïque, alors qu’elle reprit aussitôt la direction du restaurant, espérant intérieurement qu’il ne la reconnaisse pas.
Erik Vint Svent. Les traces du passé étaient indéniablement accrochées à la jeune demoiselle et croire innocemment qu’il ne la reconnaitrait pas était tout bonnement impensable. La jeune demoiselle avait passé une bonne partie de sa scolarisation en sa compagnie mais les aléas de la vie n’ont fait que l’éloigner de ses plus proches amis sans la moindre explication rationnelle. Erik était bien l’un des rares à avoir connu la jeune demoiselle sous sa meilleure forme, le seul qui avait pu côtoyer son sourire, sa joie de vivre mais également son changement assez brusque de personnalité, cette froideur qu’elle avait soudainement exprimée pour ne plus subir si intensément les atrocités de son oncle. Elle avait tant appréhendé ces retrouvailles, redoutant une confrontation qui l’obligerait à se justifier pour les gestes et les paroles ignobles qu’elle avait pu exprimer. Pourtant, elle se sentait bien incapable de justifier la barbarie dans laquelle elle vivait à l’heure actuelle, manipulée avec aisance par cet homme aux multiples faux semblants. Une couardise dont elle était peu fière mais qui lui avait permis de quitter aussitôt cette mésaventure.
Ces paroles envenimées par la crainte sont absolument injustifiables …
Rien ne pourra revenir comme avant, les erreurs du passé resteront à jamais graver dans ma mémoire …
Je regrette … je regrette tellement.