I am back Meli (PV Nao)

Encore quelques instants. Clic. Bientôt. Clic. Le dernier cliché. Clic. C'est terminé. Une page se tourne. Une page pleine d'événements. Une page de presque 4 ans. Une page pleine de ratures. Une page pleine de paillettes. Mon dernier shooting. Un shooting pour la dernière console de Nintendo pour le marché nippon.. Je venais de terminer mon dernier shooting de ma carrière. En effet j'avais annoncée la fin de ma carrière de mannequin il y'a peu dans une conférence de presse. J'en avais fini de cette étape de ma vie. Je voulais désormais me consacrer à moi, à Naomi, cesser de me consacrer aux regards de tant d'inconnus. C'était chose faite.

J'adressais un sourire et un signe de la main au photographe et à ma manageuse, sans prendre la peine de venir regarder avec la première les clichés, contrairement à d'habitude. J'avais une parfaite confiance en Kacey et je savais que ma manageuse ferait son travail avec le zèle qui la caractérise. préférais rejoindre le banc sur laquelle m'attendait ma maquilleuse personnelle et petite amie : Naomi. Je m'asseyais à ses côtés avant de poser ma tête sur son épaule.

-"Piou... J'ai jamais été aussi fatiguée.. Je sais d'expérience que Kacey est très minutieuse mais là.. Je peux dormir sur ton épaule chérie..?"

Je profitais un instant du confort de sa proximité de sa chaleur avant de me résoudre à ne pas céder à l’épuisement. Certes, je sais que Naomi ne m'aurait sûrement pas refusé une petite sieste mais il était hors de question de m'adonner au sommeil en ce lieu. Je me levais à regret, ayant hâte de rejoindre l'hôtel et me blottir auprès d'elle pour m'abandonner au bras de Morphée mais surtout aux siens ainsiq u'à ses caresses tendres, avant de lui tendre la main, le sourire aux lèvres.

-"Tu viens? Je vais me changer dans la loge."

J'aurais pu me changer seule comme une grande mais ça serait la priver d'une vue des plus plaisantes mais aussi me priver de sa présence et c'était simplement insupportable. Certes d'un autre côté j'aurais aussi pu regagner mon hôtel sans me soucier de ma tenue puis la rendre par coursier mais comment dire... Ce n'est pas que je n'aimais pas la tenue que l'on m'avait affublé pour le shooting mais je n'étais pas très porté sur ce genre de vêtements et il me tardait de retrouver ma robe d'été - oui d'été malgré la température au dehors. La mode a ses aspects cruels. Ma tenue pour cette publicité se composait en effet d'un jean troué et déchiré par endroit, des bottines et un top noir ainsi qu'un genre de sweet à capuches avec des oreilles de chat. Je ne lui laissais pas vraiment le choix, quittant la pièce, tenant toujours la main de ma blondinette favorite dans la mienne. Je parcourais les couloirs avec Naomi à ma suite, rejoignant en quelques instants la porte marqué de mon nom lorsque une voix vint m'interrompre dans mon élan, une voix provenant du bout du couloir derrière moi, une voix bien trop familière.

"Euh..Meli! Attends.."

Je me stoppais net dans mon élan sans me retourner. Je ne connaissais qu'une seule personne ayant l'usage de ce surnom, une seule personne que j'avais eu le plaisir de ne pas croiser pendant une année entière. Je lâchais la main de Naomi pour tendre mon bras, comme pour ériger une barrière, barrière que je savais qu'elle franchirait sans sourciller si elle le désirait mais surtout histoire de m'assurer qu'elle ne fonce pas le frapper en plein visage même si l'idée me paraissait des plus plaisantes.

-"Qu'est-ce que tu veux..?"

L'idée qu'il puisse être à seulement quelques mètres de moi commençait déjà à faire disparaître toute la fatigue qui m'envahissait quelques instants auparavant mais aussi tout le soulagement que je ressentais à l'idée de pouvoir enfin tourner la page sur ce passé. Ironie du destin : elle revenait sonner à ma porte. IL revenait sonner à ma porte. Les derniers échanges que nous avions eus me revinrent alors en tête comme un rappel douloureux de tout ce qu'il m'avait fait.

" Arrête de tenter de me parler Meli. Ne t'approche juste plus jamais de moi compris? Tu as vu ce que tu as fait à Katie? Tu es un monstre et tu as tout gâché alors ne tente même plus de me revoir. Toi et moi c'était une erreur. Une grave erreur. Je mérite mieux. Je la mérite elle. Adieu. Soigne-toi."

Au moins une chose dans ce texto de sa part était vrai : je n'aurais jamais dû m'attacher à lui. Je serrais mon poing, incapable de refréner complètement l'agacement qu'il me procurait avant de me tourner pour enfin lui faire face. John. Il n'avait que peu changé depuis un an. Je ne peux nier le fait que de le retrouver avec une immense balafre en plein visage m'aurait réjouie, peut-être car j'étais suffisamment marquée physiquement par notre histoire pour vouloir qu'il en souffre lui aussi. Tiens.. Katie - ou ce qui en reste - n'est pas là. Étonnant. La barque du parfait amour aurait-elle prise l'eau? Ou peut-être qu'il avait encore été fourré sa queue ailleurs..? Si elle n'est pas simplement lassée... Assez ironique.

-"Katie n'est pas là? Elle n'a pas voulu revoir sa "meilleure amie" on dirait..."

Son absence de réaction ou même de réponse commençait véritablement à m'agacer. J'avais beaucoup appris sur la manière de canaliser sa colère pour ne pas sortir de ses gonds même si je n'en avait que rarement besoin mais malgré tout mes efforts, je devais faire preuve d'une certaine agressivité dans ma voix comme dans ma manière d'être. J'espérais juste que Nao ne prendrait pas peur en me voyant ainsi..

-"On peut parler en privé?" finit-il par dire en désignant d'un geste de la tête Naomi.

-"Elle reste.. je ne discuterais de rien avec toi.. dis moi ce que tu veux avant que j'appelle la sécurité et estime-toi heureux.. Alors c'est ta Katie qui te manque car elle s'est cassée?" répondis-je en souriant à cette perspective.

J'avais toujours espéré qu'ils ne soient jamais heureux puis j'avais fini par céder à une culpabilité aveugle, une culpabilité qui m'avait fait tout endossé et qui continuait dans mes mauvais jours à grignoter mon cœur. Ce n'était pas un mauvais jour. Naomi était là alors mes jours étaient radieux. Je jetais un coup d’œil à la demoiselle que j'imaginais bouillir : je n'avais pas besoin de le présenter. Elle avait compris. Elle avait reconnu l'homme qui trônait sur ma table de chevet avec Katie quelques mois auparavant dans ma chambre d'enfant. C'est à ce moment qu'il répondit à ma pique, me prenant de cours ainsi que Naomi je le pense.

-"Non c'est toi Meli qui me manque."

Avais-je bien entendu? C'était tout bonnement impossible. Je devais rêver cela et l'idée de me blottir contre ma petite amie vint par me passer la tête. Toucher Naomi et me rendre compte que j'étais en train de rêver. Il était quasiment certain que ce n'était qu'un cauchemar et que j'ouvrirais bientôt mes yeux dans la pénombre de notre chambre d'hôtel ou bien dans la salle du shooting. Oui je devais m'être endormie sur son épaule en ce moment-même et John ne me faisait pas face. John était loin, très loin, trop loin pour m'atteindre avec de pareilles inepties. Je devais rêver, il le fallait.

- Hin.

Je tournais légèrement le regard vers la demoiselle qui trônait auprès de moi, consciente que sa réaction ne pouvait pas être un songe . C'était trop réel. C'était réel tout simplement. Un mélange d'infini dégoût et de tristesse se mêlèrent en moi tandis que je m'efforçais de ne rien laisser paraître. Je n'étais plus celle qui avait pu aimer un mec pareil. J'en étais diamétralement l'opposée. Je ne voulais plus être cette être assez stupide pour le croire. Je ne voulais plus vivre un amour aussi faussé. Comment pouvait-il penser ça? Comment pouvait-il penser que j'étais suffisamment pitoyable pour me jeter dans ses bras comme si rien ne s'était passé.. Finalement,la colère prenait le pas sur la tristesse. D'un autre côté comment pouvais-je être triste? La seule chose que je pouvais me reprocher désormais c'était de ne pas avoir croisé le regard de Naomi plus tôt pour que notre alchimie au delà des mots arrive avant. Je m'apprêtais à répondre mais je n'en eus guère le besoin. Naomi me coiffa au poteau.

- Et elle va continuer de te manquer longtemps, si tu tiens à garder tes jolis yeux à leur place.

Je taisais mes propres remarques, observant ma jolie dulcinée avançait vers ce mec abject, ne me rendant compte qu'à ce moment que mes bras m'en étaient suffisamment tombés pour que ce soit à prendre à la lettre. Naomi. Je n'aurais jamais douté qu'elle prenne ma défense - ce n'était pas la première fois après tout - mais la voir à l'oeuvre m'emplissait d'une fierté inexplicable et remplissait mon esprit d'image plaisantes. Je dois dire qu'en cet instant je l'imaginais parfaitement comme l'égide de mon cœur, la princesse charmante sur son cheval blanc qui protège sa belle. Une image suffisamment plaisante pour que mon esprit se laisse vagabonder à m'imaginer l'attraper par la manche, la tirer dans ma loge, m'enfermer à double tour avec elle et lui laisser prendre possession du royaume de mon corps. Un peu pour oublier ce connard innommable, énormément pour lui montrer à quelle vitesse elle faisait aller mon cœur. Melo... Stop! Stop l'usine à fantasmes c'est pas le moment de faire la groupie. Je finis par me ressaisir et me concentrer de nouveau sur l'échange en cours après les invectives de mon esprit.

- Tu as de l'audace, de te pointer là parce que ta barbie a refermé les cuisses, ou parce qu'elle les a ouvertes pour quelqu'un d'autre. Ça fait mal, hein, le karma ?Je n'ai pas fini. Tu ne la récupéreras pas. Jamais. Tu n'as même pas le droit de poser les yeux sur elle ailleurs que sur une photo, et encore c'est seulement parce que je ne peux pas empêcher ses pubs de sortir. Melody est très bien sans toi. Elle est heureuse. Elle n'a pas besoin de toi. Et si tu l'approches, si une seule de tes mains baladeuses l'effleure, je te la coupe. Et "la", ce n'est pas forcément ta main. Clair ?"

J'écoutais sans intervenir le long du long discours de Naomi, observant les réactions de John. Certes j'aurais pu calmer le jeu, objecter quand au torrent de menaces de Naomi, simplement appeler la sécurité et laisser ce sinistre événement derrière nous mais j'en étais incapable. J'étais comme fascinée. Fascinée par le fait que ce ne soit pas une turpitude de l'esprit mais vraiment lui. Il avait osé. Il avait osé se présenter devant moi après le mal qu'il m'avait fait. Fascinée par la manière chevaleresque qu'avait ma dulcinée de venir défendre mon honneur et mon cœur. Fascinée même de vivre une telle situation mais surtout... J'étais fascinée de voir quelqu'un lui tenir tête et lui rendre la monnaie de sa pièce, fascinée de le voir bouillonner d'être ainsi réprimandé. Et oui John. Je te connais bien. Je sais voir quand quelque chose t'énerve. Je sais pertinemment que voir une nana te prendre de haut et t'engueuler comme si tu étais un gosse doit t'énerver et crois-moi je n'en rate pas une miette. Je jubile presque mais ça serait te faire trop d'honneur. De toute manière, ça ne mène à rien. Lui et moi c'est une page arraché du livre de mon bonheur, une page sans rien d'intéressant, une page que l'oubli, le mépris et le temps finira par effacer.

-"Ça suffit.. Laisse tomber.. Et toi John c'est pareil.." entamais-je, un peu lassée, beaucoup moins heureuse devant cette exécution que j'aurais voulu l'être et fatiguée par ma séance photo de trois heures sans pause.

-"Laisse-moi gérer ça tu veux Meli?"

C'est ce que on nomme communément "la goutte qui fait déborder le vase". John a cette vilaine manie de ne pas vouloir céder du terrain, une vilaine manie qu'il vaudrait mieux pour lui calmer devant Naomi, une vilaine manie que je ne supporte pas plus maintenant qu'avant.

-"Comment ça te laisser gérer?! Tu vas rien gérer! Tu vas te casser! Je t'ai dis de te casser de toue manière! Je ne veux pas te voir! Je ne veux pas être avec toi! Assume ton dernier message et ne cherches plus à me voir! Et bon Dieu arrête de m'appeler Meli! J'adorais ce surnom, j'adore ce surnom et l'entendre de ta bouche m’écœure!" dis-je en serrant le poing sous l'effet d'une rage grandissante de part sa présence qui commençait à s'éterniser.

John resta totalement impassible. Un peu comme s'il n'avait pas écouté le moindre mots que je venais de prononcer et resta à fixer dans les yeux ma dulcinée. Au fond de moi je bouillonnais de rage mais je craignais principalement qu'ils en viennent aux mains, aussi, je me rapprochais doucement de Naomi, prête à réitérer l'exploit de la fois dernière si la situation venait à déraper.

-"J'allais donc dire.." entama t-il avant de reprendre sur le même ton calme "On ne se connaît pas et je suis très content que Meli est une amie comme toi mais je ne pense pas que nos affaires de couple concerne une simple maquilleuse.."

Je crois que si j'avais été en train de boire quelque chose, j'aurais cracher tout son contenu au visage de John tant je ne m'attendais pas à une telle réponse. Amie? Affaires de couples? Nous? Une simple maquilleuse? Je suis sûre et certaine que ça a sonné intelligent dans ta tête mais tu tapes si loin de la vérité. Je préfère laisser Naomi rétablir la vérité et briser ses espoirs : non seulement parce que je vais finir par manquer de retenue dans mes propos mais aussi parce que j'adore la regarder me défendre comme ça. Dieu qu'est-ce qu'elle est sexy... Oh arrête de polluer mon esprit fantasme !

Je restais un petit moment plantée là, sans trop savoir que dire, que faire, si ce n'est retenir l'hilarité profonde qui se propageait en moi. Finalement, comme je l'avais pensé et espéré, je n'eus pas à me donner la peine de démonter l'argumentaire de mon ignoble ex-petit ami car Naomi se mit à rire - un léger écho à ma propre hilarité. Je dois avouer avoir été un peu surprise par ce rire, un rire que je ne lui connaissais pas mais que je connaissais à son ennemie de longue date étrangement, mais je pris la décision de la laisser gérer ça. Je n'avais ni la force ni l'envie de m’encombrer définitivement ou même un instant de plus avec cette rixe. John n'existait plus depuis un bon moment à mes yeux et je ne comptais pas le réintégrer dans ma définition de l'univers. Naomi, elle, ne supporterait pas de le savoir près de moi, ou même en quête de mon cœur. C'était tout bonnement impensable après ses actes et je le savais que trop bien.

- Je savais qu'il fallait être stupide pour tromper une fille comme Melody mais toi... tu... tu es encore plus stupide que ce que j'imaginais.

Je ne pus m'empêcher de sourire en arrière-plan, touchée par le compliment au point de faire apparaître deux auréoles rosées sur mes joues. Une fille comme moi hein? C'était incroyable l'effet que notre amour avait eu sur elle. Je me souvenais encore de la période où mes sentiments se perdaient dans l'absence de retour et où elle n'osait jamais - ou ne ressentait pas le besoin de - me faire des compliments de peur que je n'y perçoive un quelconque message caché. Les choses avaient bien changées et depuis elle ne tarissait pas d'éloge à mon sujet. Des éloges qui ne manquait jamais de me faire rater un battement de cœur et me faire fondre un peu plus. Naomi.. Qu'est-ce que je t'aime... Certes, il y'avait un défaut à son discours : j'étais unique et aucune femme ne pouvait être comme moi mais je résistais à l'envie de l'interrompre pour lui souffler ce fait et que je comptais bien lui faire retenir car le moment n'y était pas vraiment propice. Je me contentais donc de garder l'information dans un coin de ma tête, histoire de lui faire payer une fois notre repli dans la loge assuré.

Naomi discourait tandis le temps passait lentement. J'aurais aimé que John soit moins puéril. Moins stupide. Qu'il m'écoute et quitte les lieux sans lancer une guerre dont il ne comprenait pas l'ampleur, et dont il ne comprenait pas qu'il serait le seul perdant et la seule victime. J'écoutais sagement ma blondinette remettre le jeune homme à sa place tout en jouant avec mes cheveux avec une lenteur caractéristique de la fatigue, sans jamais interrompre l'échange, adossée à un mur. J'observais du coin de l’œil John bouillir sans oser prononcer une quelconque réponse. C'était plutôt amusant à regarder mais la suite le fut d'autant plus.

- ...je ne suis pas son amie. Je suis sa copine.

Je dois avouer que je m'attendais bien à ce que Naomi rétablisse la vérité à ce sujet mais je ne m'attendais pas à un tel manque de subtilité. Certes, nous n'étions pas là pour épargner sa sensibilité - après tout en avait-il fait de même avec moi en se trouvant dans un lit avec ma meilleure amie, mon lit et ma chambre d'ailleurs - mais le procédé restait brutal. Suffisamment brutal oui. Je crois que John, quant à lui, ne s'attendait ni à l'information en elle-même ni au ton employé à en juger son air perdu et ses yeux écarquillés.

-"Comment ça? Joli histoire mais je ne prends pas.." dit-il avec un léger accent, trahissant son manque de contrôle et le fait qu'il soit déstabilisé.

La suite non plus ne devait pas être au programme et n'allait pas arranger ce trouble: son programme consistant sûrement à venir sauver la pauvre petite Meli désespérée sans lui. Une jolie illusion.

Naomi m'attrapa par le poignet pour m'attirer contre elle, tout contre elle, un contact qui me fit aussitôt rougir prise au dépourvue, puis vint kidnapper mes lèvres. La machine à fantasmes s'enclenche aussitôt dans mon esprit et je reste un instant à imaginer la suite, aréactive. Je finis par reprendre mes esprits, glissant mes bras autour de son cou pour la rendre captive de mes désirs et je me mets à jouer avec les minces fils d'or que sont ses cheveux tandis que mes lèvres s'emparent un peu plus des siennes, que ma langue tente même de venir taquiner la sienne. Oui ça peut paraître exagérée au vue de la situation mais comprenez que je n'attends que d'être avec elle et de l'embrasser depuis plus de quatre heures et que si cette "visite impromptue" perturbe mes plans, elle ne fait aussi que stimuler mon esprit devant ma jolie princesse sur son cheval blanc qui vient me secourir de l'immonde et perfide dragon. Le baiser continue un court instant avant qu'elle ne se détache de moi, provoquant en moi une frustration qui vient amplifier mon désir de voir John quittait le paysage, mon paysage, mon univers même dans les plus brefs délais. Je lui souris en retour, glissant dans mon regard toute mon attente et je fais un pas en arrière pour m'extraire à nouveau du conflit, les joues toujours rougies par la précédente étreinte.

-"Joli cinéma madame l'actrice.." entama t-il avec un accent écossais plus prononcé encore qu'auparavant, peinant apparemment à croire que tout ce qu'il voit n'est qu'un simulacre.

Il faut savoir qu'il connaît mes habitudes et que je passe toujours mes bras autour du cou de la personne que j'aime pour jouer avec ses cheveux lorsque je me laisse porter par l'instant. De plus, je suis incapable de ne pas repousser quelqu'un que je n'aime pas s'il ou elle m'embrasse. Ces preuves doivent jeter le trouble en lui et c'est légitime. Tout est vrai et cette pensée suffit à me faire sourire dans mon coin.

- Elle est beaucoup trop bien pour toi et tu fais un peu tâche dans le paysage. Je pense qu'il est grand temps que tu disparaisse. Oh, et cette fois, ne reviens pas.

Elle l'a interrompue. Je ne suis même pas certaine qu'elle s'en soit rendue compte - déjà car elle le fait fréquemment avec moi sans pour autant penser à mal - et je peux percevoir que cette réaction ainsi que le trouble dont il est la victime ne font que le rendre plus inconstant, perdu. Il me ferait presque pitié mais a t-il eu de la pitié pour moi il y'a un an? Je vivais bien pire et il a déchiré le premier le contrat qui me lier à lui. A qui est la faute désormais? Pas à moi. Aujourd'hui encore, il n'a pas eu pitié de moi en osant se pointer ici et détruire un instant de soulagement que j'attends depuis quelques semaines déjà. Aujourd'hui encore il a été égoïste. Qu'il en paye le prix. Je suis gentille mais j'ai mes limites et c'est pour ça que Naomi me connaît bien mieux qu'il ne m'a connu : premièrement, elle a toujours été là pour moi, deuxièmement elle me protège et s'occupe de ce cloporte pour m'épargner cette peine, non pas comme John le faisait, pas pour se mettre en valeur mais uniquement pour moi - et aussi calmer l'ardente colère que je perçois en elle mais oublions . Ma jeune femme clôtura dès lors son discours de la sorte.

- Maintenant tu nous excuseras, mais Melody doit se changer. Ensuite on rentrera chez nous. Mais tu seras déjà parti d'ici-là.

Naomi avait été clair et concise mais quelque chose me disait qu'il n'en resterait pas là. Mon ex petit ami n’allait peut-être pas se lancer dans une croisade perdue d'avance pour mes beaux yeux mais je doutais qu'il reparte la queue entre les jambes - à défaut d'avoir pu la mettre entre les miennes - sans essayer de regagner sa dignité et sa fierté. C'est donc sans aucune surprise que je le vis ouvrir la bouche pour répondre, cherchant une répartie mais je décidais de lui couper l'herbe sous le pied.

-"Tais-toi.. juste tais-toi.." dis-je en m'avançant légèrement, serrant autant que possible la main de ma bien-aimée dans la mienne, non pas pour calmer mes ardeurs mais pour lui signifier que j'étais là et que je me chargeais du reste.

-"Qu'est-ce que tu pensais? Que j'allais revenir? Tu te trompes.. tu te trompes lourdement.." entamais-je avant de me rendre compte que quatre mois auparavant j'avais délivré mes deux dernières phrases à la blondinette de mon cœur; un hasard assez marquant en soi. " Je vais te donner un bon conseil pour le peu que tu m'as apporté : oublie mon existence et consacre-toi à Katie ou à qui tu le voudras mais cesse de me tourner autour.."

La suite de ma phrase allait être lourde de sens, aussi je marquais une courte pause comme pour soupeser mes paroles avant de les laisser s'échapper calmement.

-"A moins que tu ne veuille me revoir comme la dernière fois... je t'assure que ma copine ne me retiendra pas.." dis-je sur un ton à faire frissonner.

Je ne cherchais qu'à l'intimider et ma légère caresse sur les doigts de Naomi devait la rassurer sur mes intentions. Enfin je l'espérais. Je ne voulais pas lui faire peur à elle.En parlant de peur, ma phrase eut l'effet escompté et son expression laissa deviner la terreur que produisait en lui cette idée. Il fit un pas de recul avant de faire volte-face et de prendre le chemin de la sortie, balançant quelques mots derrière lui. Quelques mots que je préférais ignorer.

-"Tu fais erreur Meli..."

Non c'est toi qui fait erreur. Je ne suis plus la même. Voilà ce qui me traversa l'esprit alors que je m'assurais que le jeune homme ne fasse pas volte-face pour tenter une dernière remarque ou reprendre la rixe. Je me tournais alors lentement vers Naomi avec un grand sourire, un sourire factice et véritable à la fois. J'étais contente d'en finir avec tout ça. Triste d'avoir infligé ça à ma bien-aimée.

-"On va dans cette loge?" fis-je en penchant la tête de manière mignonne puis je vins m'approcher d'elle et poser mon front contre le sien tout en murmurant doucement quelques mots. "J'espère que je t'ai pas fais peur... Je t'aime tu sais.."

C'était fini. Enfin. Le jeune homme avait quitté les environs et je pouvais désormais soufflé et retrouver mon calme ainsi qu'un semblant de sérénité auprès de ma bien aimée. La colère qui m'envahissait à peine quelques instants plus tôt avait fini par s'estomper à son contact pour laisser sa place à une certaine quiétude et un sentiment de crainte d'avoir apeurée l'élue de mon cœur. Ce sentiment n'eut cependant pas le temps de s'enraciner dans mon esprit alors que je gardais mon regard fixé dans celui de Naomi.

- Ne dis pas de bêtises. Comme si je pouvais avoir peur de toi.

Un léger sourire se dessina progressivement sur mes lèvres alors que mes craintes s'envolaient petit à petit de mon esprit agité par le choc de cette rencontre et les brumes de la fatigue comme s'envolent des papillons. Naomi a raison. Elle n'a jamais eu peur de moi. Elle n'a jamais manifesté un seul signe de dégoût envers moi. Pas même lorsque je lui avais expliqué mon histoire. Pas même lorsque je lui avais sauvé la mise avec Gina en la maîtrisant à demi. Pas même lorsque j'avais subtilisé ses lèvres, en pleurs, pour la première fois alors que je savais son cœur incapable de battre à l'unisson avec le mien. Pas même après notre nuit manqué dans cet hôtel du Canada. C'était en quelque sorte la seule à toujours m'avoir vu tel que je suis : une fille un peu perdue qui est prête à tout pour elle en échange d'un peu d 'amour et de considération. Elle me les a donnés et bien plus encore. Je vois désormais dans ses yeux que je suis le bien le plus précieux qu'elle possède au delà de la célébrité, de l'argent voire de sa vie elle-même. Je crois que j'aurais pu fondre en larmes de joie mais je préférais me serrer un peu plus contre elle en fermant les yeux laissant ma respiration ralentir petit à petit alors que je serre légèrement et tendrement la petite intruse qui s'aventure entre mes doigts.

- Tu es ma Melody. Ma princesse.

Je trésaillis légèrement en entendant ses mots. Je n'ai pas froid contre elle mais ce compliment m'arrache à chaque fois un frisson d'exaltation. Je ne sais pas trop pourquoi mais parmi tout les compliments qu'elle peut me faire en une journée, celui-ci provoque en moi une bouffée de tendresse. Je me sens belle et je me sens royale grâce à elle. Elle est ma princesse charmante. Elle est l'unique cause de mes réussites, de mon retour en grâce, de la force que j'ai su éveiller pour repousser mon ex petit-ami sans me laisser aller à la haine ou à la colère. J'ai trouvé la paix dans ce nouvel univers. Cette paix et cet univers n'est autre que son sourire.

-"Naomi je t'aime..." lui glissais-je à l'oreille en lovant un peu plus mon corps contre le sien, la fatigue commençant à vraiment me retomber dessus après tant de péripéties.

Je la suivais en profitant de ses caresses douces et agréables jusqu'à gagner ma loge et me laisser m'effondrer dans un pouf.

- Tu as besoin de repos. Alors dépêche-toi d'enlever tous ces vêtements, qu'on puisse aller dormir toutes les deux.

Je répondais par un léger sourire, motivée par la proposition et la perspective de dormir tout contre elle. Je me relevais avant de commencer à retirer doucement mes vêtements pour ne pas trop présumer de mon énergie. Je savais pertinemment que le regard de Naomi ne quittait pas ce spectacle et mon corps ne serait-ce q'un instant et j'aimais en jouer malgré la fatigue, remuant les hanches sensuellement ou en me penchant au besoin. Je commençais par retirer le sweet encombrant avant d'ôter le top à son tour lorsque un soupir puis la voix de ma petite amie me parvint.

- Tu dois vraiment te rhabiller ?

Et bien.. et bien.. Il semblerait que mon petit manège continue de fonctionner et que malgré tout le désir de Naomi envers moi ne se tarisse pas. Après tout, elle avait déjà pu profiter du spectacle de mon abandon total à elle ce matin même. Je décidais de l'embêter un peu plus en approchant légèrement avant de lui adresser un clin d'oeil.

"Ça c'est à toi de voir..."

Je faisais la fière et même si la fatigue ne m'aurait pas empêché de m'offrir corps et âme à elle, je fus un peu soulagée de la voir céder à la bienséance et à la chasteté. Je m'en serais voulu de lui refuser ma pleine efficacité à cause de John et de cette agaçante entrevue qui avait contribué à vider mes batteries un peu plus encore. Je note de lui faire regretter ses paroles de la plus délicieuse des manières une fois que le sommeil aura effacé tout les séquelles de cette épuisante séance photo alors que j'ôte ce jean avant de me rhabiller : une robe d'été laissant à Naomi le loisir de contempler les courbes de mes longues jambes et plus encore lorsque le vent ou ses doigts curieux s'invitent dans nos jeux amoureux.

- Tu as l'air crevée... tu veux que je te porte ?

Je me tourne vers elle en souriant, remarquant enfin qu'elle s'est réveillée avant de lui sourire et de décliner poliment la demande : c'est que je ne suis plus aussi légère que je ne l'étais quelques semaines avant, à croire que Naomi m'a mise enceinte. Une idée sympathique mais complètement fausse, il s'agit simplement du fait que j'ai retrouvé un appétit normal avec les bons petits plats de l'actrice principal de mon idylle.

-"C'est adorable mais je suis...Haaa !"

Je n'ai pas eu le temps de terminer de refuser que cette dernière me soulève sans trop peiner , à mon plus grand étonnement. Je savais que Naomi avait une certaine force mais c'est impressionnant. Mes joues s'empourprent alors que je cache ma gêne et mon bonheur en me camouflant derrière mes mains et mes longs cheveux.

- Allez, princesse, on rentre.

Je me contente de hocher de la tête, interdite, tout en regardant ses traits et ce sourire. Cette expression de bonheur que je lui offre remplit mon cœur d'une certaine fierté et d'une envie indicible que je préfère taire alors que mon esprit se perd dans des rêves de robes blanches et d'éternité. Je surprends son regard se posait à de multiples reprises sur moi. Je rougis de bonheur un peu plus à chaque incursion de ses yeux émeraudes sur mon visage. C'est fou comme je l'aime. Je l'aime au point de vouloir unir ma vie à la sienne devant le monde entier. Au point de vouloir rendre jaloux quiconque nous verra. Je rêve de lui demander mais je n'ose pas, pourtant cet élan de démonstration - extrêmement rare venant d'elle - commence à me pousser à y croire. Naomi et Melody Lawford. Victoria ou Selène n'auront qu'à perpétuer le nom de Williams. Après tout je suis une nouvelle femme et une nouvelle femme se doit de porter un nouveau nom. Mon esprit continue de vagabonder jusqu'à ce que nous arrivions à la sortie de derrière et qu'elle finisse par me déposer au sol. Je quitte à regret cette posture, restant collée à elle sans laisser un atome se mettre entre nous alors que ses lèvres se posent sur mon nez. J'ai des étoiles pleins les yeux et je me baisse un tantinet pour l'embrasser à pleine bouche, laissant s'exprimer tout mes rêves dans ce baiser langoureux et passionné.Je place doucement mes bras autour de son cou pour jouer de nouveau avec ses cheveux lorsque la voiture vient interrompre notre étreinte. C'est donc à regrets que je rejoins la voiture, m'allongeant de tout mon long sur la banquette, la tête sur les genoux de ma dulcinée. Je ferme à demi les yeux, profitant de la chaleur de sa présence tandis que mes doigts se perdent sur sa jambe dans des arabesques de frissons.

-"Dis Naomi.." entamais-je avec un élan de courage "On sera toujours ensemble?"

Je jouais mollement avec ma magnifique bague, les yeux fermés, tout en prononçant ces mots. Un signe peut-être. Un signe que j'étais prête à lui vouer ma vie et à devenir le pilier de son existence - enfin si je ne l'étais pas déjà. Je n'eus cependant pas la chance d'entendre sa réponse car le sommeil me rattrapa aussitôt, m'arrachant la possibilité de réentendre affirmer ce que je savais déjà. C'était une évidence : Naomi et moi c'est pour la vie. Non pour bien plus longtemps que ça car quoi que le destin puisse mettre sur notre chemin, nos mains finiront toujours par se joindre, nos lèvres s'unirent et les battements de nos cœurs sonnaient à l'unisson par delà les barrières du temps.