Satô Mizua

Satô avait l'habitude de jouer avec ses amis chaque soir après les cours, le cœur se réchauffant au gré de leurs aventures, parfois un pirate, un justicier, un cow-boy, il avait de l'imagination à revendre, entraînant ses amis dans des histoires de plus en plus farfelues. Il était toujours accompagné de son chat blanc Kanpo, toujours ensemble, il l'accompagnait partout, ses parents étaient heureux qu'il eût un compagnon, ne pouvant pas avoir d'autres enfants. Les jours semblaient paisibles, et Sato soufflait ces sept bougies bercées par la chute les feuilles rousses d'octobre, jouant avec Kanpo et ses amis, riant de bon cœur.
Quelques jours plus tard Satô était seul avec son compagnon de toujours, gambadant de pièce en pièce, la maison vide n'empêchant pas son imagination débordante de lui faire vivre des aventures trépidantes. « Et si on jouait dans la maison abandonnée Kanpo . ». C'est avec détermination que Satô se dirigeait vers cette nouvelle quête, débordant d'énergie, il savait que c'était interdit, mais l'innocence et l'impatience d'un enfant sont sans limite. 
Il balayait la poussière de la porte, entrant dans une nouvelle zone encore inexplorée, il commençait une nouvelle partie de cache-cache, cherchant Kanpo dans tous les recoins. Lorsqu'il allait perdre patience et l'envie de continuer il entendit un bruit sourd, puis un second qui retentissait dans toutes les pièces, les flammes jaillissantes de part et d'autre sur les parois déjà abîmées par le temps. « Pas question de l'abandonner ! », son compagnon d'armes était porté disparu, il l'appelait de toutes ses forces, n'entendant que le crépitement des poutres qui craquaient sous le poids des flammes. Malgré son affaiblissement il put percevoir un son, un miaulement faible qui venait d'une pièce plus éloignée, franchissant la porte de celle-ci, il put voir avec effroi son frère allongé, cerné... Il n'avait pas d'autre choix d'aller le secourir, c'était la règle, de toujours rester avec l'autre.Le prenant contre sa poitrine, les larmes rougissant ses yeux d'enfant, il n'entendit plus que le miaulement d'agonie, entouré par les vives flammes qui le consumait. S'évanouissant sans un mot, apercevant un dernier instant quelques hommes s'élançant à son secours. Les souvenirs de son enfance, si innocents soient-ils, seront effacés par cette nuit à cause de la chaleur de son agonie.
Lors de son réveil, il ne se souvenait plus de ses parents, criant après Kanpo jusqu'au point de s'irriter la gorge. Après quelques mois à l’hôpital, il retournait chez lui en traînant des pieds, découvrant une maison oubliée, effaçant le sourire précieux que ses parents gardaient, laissant une expression amère. « Cela passera avec le temps grâce à un suivi fréquent ». C'est ce qu'ils disaient tous, mais ça se dégradait, il criait à chaque fois qu'il sentait une odeur se rapprochant du brûlé, se cognait la tête en voyant une flamme ou encore devenait violent lorsqu'il voyait ses marques dans son dos, lui rappelant la scène de son enfance. Ces crises à répétition lui on valut le coup de se faire envoyer à Londres dans un foyer pour adolescents afin de se ressourcer. Mais là-bas, le personnel était assez désemparé face à tant de responsabilités et l'a donc envoyé ici, à l'Indarë Reformatory school. Espérant des jours meilleurs, il empoignait sa valise avec vivacité, le sourire aux lèvres.