[2017] Deux Américains et ça fait des paillettes

« Oh putain, mais c'est pas vrai » C'est à peu prêt ce que se dit Sen dans sa tête depuis son arrivée dans l’établissement... Cet endroit, qui a déjà du mal à l'inspirer et voilà qu'il faut que ce soit immense et un vrai labyrinthe pour lui. Il détestait ça. Vous savez, cette sensation d'être perdu et d'avoir alors besoin d'aide. Le temps ne jouait d'ailleurs pas en sa faveur. Le jeune était rentré trempé par la pluie battante d’Angleterre, autant vous dire qu'il était d'humeur ravageuse pour l'instant. Son pays lui manquait déjà...

C'est donc avec les cheveux en bataille et son sac de sport ridicule lui servant de valise qu'il était planté là, dans ce grand hall, devant la possibilité d'aller à gauche, droite, tout droit ou prendre les escaliers... Hum, trop compliqué pour lui. Dans ces moments de solitude, toutes personnes de nos jours sortent leurs téléphones et font semblant d'avoir des amis ou une occupation. Sauf que Sen, son téléphone, c'est une antiquité qu'on pourrait exposer dans une vitrine de musée puis, allez savoir ou il l'a rangé.

Dans son sac digne d'un voyageur un peu hipster, on pouvait trouver la tenue obligatoire à Indarë , il faudrait d'ailleurs qu'il l'enfile à un moment parce que bon, avec son débardeur noir sous sa veste en cuir et son jean noir délavé, il n'est pas trop aux normes là. En fouillant sous sa tenue, ses clopes, ses écouteurs, ah ! Son téléphone et, enfin ce qu'il cherchait : son livre de dessin avec dessus, son nom gravé au compas. Oui, un livre. Sen, c'est quelqu'un qui voit les choses en grand. Ça fait bien 2 ans qu'il n'utilise que lui, ce bouquin de la taille d'un livre poche, mais avec des milliers de pages blanches, certaines qu'il a pris soin d'habiller de magnifiques dessins, d'autre brûlées ou déchirées, ouais, ce truc, c'est son monde à lui, personne peut lui retirer le fait de pouvoir faire ce qu'il veut avec et, surtout d'y dessiner.

Marcher et gribouiller en même temps, c'est l'équivalent de regarder son GSM pour lui, c'est tout naturellement qu'il enfile son sac de sport et son sac de hipster sur le dos en ne tenant qu'a la main un crayon et son précieux. Monsieur avait décidé d'aller faire un tour à gauche, choix purement habituel. Une espèce de rituel bizarre : quand il ne sait pas ou aller, il choisit soit d'aller tout droit, soit d'aller du côté de la main avec laquelle il écrit. Ne vous inquiétez pas, vous pouvez trouver ça ingénieux, étrange ou complètement con, il ne vous en voudra pas.
Suivant le chemin de sa destinée, plongé dans son croquis, il prenait soin de dessiner chaque détail de l'entrée, du sol au plafond de l'Institution en donnant une touche un peu plus personnelle... Plus sombre, comme il s'imaginait sa future vie dans ce lieu quoi.
Bien sûr, il faut que la seule personne présente à ce moment-là, il fonce droit dedans.
« Fait chier ! » Pense-t-il dans un premier temps en espérant que ce ne soit pas un membre du personnel. En relevant la tête, ses pensées changèrent, on se demande pourquoi tiens donc.

Devant lui, une élève de l'Institution. Reconnaissable grâce à son uniforme. On voit clairement qu'elle est sportive en regardant ses jambes que la jupe bleue d'indarë ne cache pas. Sans doute, une sportive, mais ce qui vint à titiller le regard de Sen, ce sont ses cheveux. D'un bleu magnifique, la longueur parfaite et, son regard d'une femme qui ne se laisse pas faire. Tout à fait du goût de notre protagoniste.

« Au moins, il y a des belles filles ici »
Oh, il a peut-être pensé un peu trop fort... Sur le coup, cet idiot n'a même pas ramassé son crayon et son bouquin, de toute façon, c'est ce qu'il ferait d'un instant à l'autre quand la jeune l'aurait fusillé du regard en partant ou lui aurait mis une tarte selon sa personnalité.

C'était pourtant partit pour être une mauvaise journée, mais voilà que les mimiques et le rire de cette fille commençaient à effacer sa colère. Ses yeux vifs noisette qui fixaient son regard le poussait à  vouloir en savoir plus sur la demoiselle en question et, c'est quand elle prononça ses premiers mots que les yeux de Sen pétillèrent. Son accent lui était familier, ça lui avait soudainement remis du baume au cœur. Parce que bon, ce n'est pas que l'accent « so british » d'ici commençait à lui monter au crâne, mais un peu quand même, surtout quand il est prononcé dans un train... Encore plus douloureux pour les oreilles de Sen.

« Don Juan ? Désolé, mais je suis plus du genre Roméo ma belle »

C'est toujours avec son air de bad boy qu'il s'accroupit pour ramasser son carnet et les quelques feuilles qui avait décidé de s'en aller. Il ne connaissait pas cette élève, mais ils étaient faits pour s'entendre, c'était comme une évidence, enfin, de son point de vue en tout cas. On peut vraiment dire qu'il se sentait observé, il devait bien la laisser faire, ce n'est pas tous les jours qu'on rencontre quelqu'un comme Sen... Hum...Bref , vu comment le jeune l'avait observé auparavant, c'était tout à fait justifié.

"Un nouveau, mh ? Laisse moi deviner... Forge ?"

En même temps, ce n'était pas si compliqué à deviner. Avec un look comme le sien, on pouvait difficilement s'y tromper et le fait qu'il transporte sa vie sur son dos, ce n'est pas par plaisir, je vous l'assure. La question pouvait lui être retourné pour sa classe, mais cela semblait aussi une évidence sur ce point aux yeux de notre cher Sen. Quel gâchis si cette fille était tout à fait normale, une petite,sage comme un ange, mais vu son look et ses cheveux rebelles remit en place juste avant, elle n'avait pas l'air d'être quelqu'un de tranquille et tant mieux.
Sen amusé, imita la demoiselle pour replacer sa chevelure trempée et en profita au passage pour lui envoyer quelques gouttes d'eau que ses cheveux avaient gardées. Autant vous dire qu'il ressemblait toujours à rien.

« Pourquoi je viendrais d'aussi loin si je n'avais rien à me reprocher »

Sur ce coup, ça lui semblait assez logique, pourquoi venir dans un pays aussi...Déplaisant pour lui alors qu'il était très bien là ou il se trouvait.
Le nouvel arrivant commençait avoir mal aux épaules, non pas qu'il trimballait ce sac depuis longtemps...Mais, d'un autre côté, il serait bête de laisser une aussi belle occasion de sympathiser avec quelqu'un qui, ne reste pas indifférent aux yeux de Sen.
C'est avec un regard amical qu'il la regardait

« Ça te dit, tu me montres les résidences surveillées histoire d'aller poser ce bordel et après me montrer ou on peut fumer tranquille, j'ai besoin d'une bonne clope »

Sen ne savait pas si la demoiselle fumait, mais bon, au pire, elle l'accompagnerait juste. Monsieur attendait que la sportive ouvre le pas pour la suivre.

Décidément, le rire cette fille donnait un autre goût à cet établissement, beaucoup moins sombres qu'il se l'imaginait, vous connaissez, la lumière au bout du tunnel si noir, c'était un peu ça.
Sen ne put d'ailleurs pas retenir son rire quand il vu la répartie qu'avait sa guide. Un café avant d'aller dans sa chambre ? Si seulement il savait ou en trouver, il aurait peut-être invité qui sait ?

« Ah, si tu savais... »

C'est une phrase que Sen apprécie, car elle peut contenir tant de sous-entendus, accompagnée de son petit sourire provocateur, c'était parfait, même si son rire avait déjà probablement trahi l'authenticité de sa phrase. Naturellement, il suivit la demoiselle qui lui avait fait signe

"Plus sérieusement, j'dis pas non, mais tu me dépannes une clope alors."

Une clope ? Fallait-il déjà qu'il lui en reste une pour lui. Le rebelle sortit alors son paquet de sa poche avant. Vu l'état du paquet, il ne devait pas en rester beaucoup. À vrai dire, l'adolescent préférait les rouler, mais, pour le voyage, il avait décidé d'acheter un paquet, plus pratique à ranger et plus rapide à fumer. En l'ouvrant, il découvert qu'il ne lui en restait qu'une... Enfin, de clope, la deuxième dans le contenu n'était pas forcément très légale. Il l'avait d'ailleurs préparé avant son voyage pour éventuellement se détendre un soir.
Sceptique, il referma le paquet pour le remettre dans sa poche

« Ouais, on s'arrangera »


Au côté de la jeune, il parcourait l'établissement et en profitait pour mémoriser chaque recoins des lieux. La présence féminine lui rendait la chose agréable, car même sans conversation, une compagnie de ce genre ne pouvait faire que plaisir.
Ils arrivèrent devant un bâtiment ou l'adolescente s'adossa au mur et lui adressa la parole.
Mettre l'uniforme, il avait oublié cette merde, mais bon, c'est obligatoire, il faut bien respecter les règles un minium s'il ne voulait pas trop d'ennui.

« A vos ordres ma belle »

Sur ces mots, il disparut dans le bâtiment en se dirigeant vers le district Ouest, là où était sa chambre d'après un papier, sans mal, il y arriva et posa ses sacs dans la pièce.
Ce n'était pas si mal comme endroit, il fallait juste ajouter une touche personnelle pour rendre cela moins glauque. Sans tarder, il s'empara de la tenue étendue sur le lit pour l'enfiler.
Mon dieu, qu'est-ce que ce pantalon est ridicule aux yeux de Sen, heureusement, il lui taille plutôt bien contrairement à la chemise... Celle-ci est tellement serrée que ses muscles ressortent, ça en est même impressionnant sous cet angle. Un moindre geste brusque, elle se déchirerait sûrement. Pour la veste, c'est le même cas, mais il l'a mis tant bien que mal. La cravate ? Ce truc dont il ne savait même pas faire le nœud ? Direction sa poche. Quoiqu'on en disent, Sen avait toujours du charme, peut importe ce qu'il porte sur lui.

Inutile de vous dire qu'il se sentait ridicule en rejoignant sa camarade, au moins, il était à peu prêt sur de la faire rire sur ce coup.
Il ne pût s’empêcher d 'arriver en imitant un défilé de mode, il se retourna en retirant sa veste avec difficulté et l'élança sur son épaule ce qui manqua presque de déchirer les coutures de la chemise.
Il lança un regard sensuel à la rebelle avant d'éclater de rire

« J'ai l'impression d'être un vieux qui a fait rétrécir son uniforme au lavage »

Tout en balayant sa chevelure de la main gauche, il sort le paquet de clopes ouvert et le tend à la jeune

« Sers-toi, tu l'as méritée »

Peut-être qu'elle partagerait avec lui, tirer juste deux ou trois fois dessus suffirait à passer l'envie de Sen , ce n'était pas vraiment la cigarette qui l’intéressait en ce moment...