[2017] Je souhaite juste poser quelques questions...

Vraisemblablement cette journée avait été la plus agréable de ma semaine, non pas parce que les cours s'étaient montrés un peu plus intéressants que je le pensais mais bien parce que j'ai pu apostropher un surveillant et lui demander de m'accompagner à ce qui semblait être le semblant dojo de l'Institution, même s'il n'avait rien à voir avec ceux que j'avais connu au Japon ce dernier m'avait terriblement manqué. Évidemment j'avais été prise par le temps et après une heure à peine il m'avait fallu m'arrêter à contre-cœur tout simplement car ce soit-disant chargé de discipline, ou de sécurité appelez cela comme vous voulez, avait d'autres chats à fouetter.

Si je craignais avoir un peu perdu ? Assurément, ce n'était pas qu'une peur mais bien un fait, tout ça à cause de ces fichues règles... on me bridait pour des détails, à ce rythme j'allais être bonne à terminer au pied du podium au prochain championnat. Autant vous dire que j'avais une certaine hâte de rencontrer le médecin, malgré moi, pour éclaircir un peu ces points-ci, je n'allais tout de même pas me faire dévorer à petit feu par ce système qui détruisait mon talent. Quoiqu'il en soit, même si je jugeai cela bien insuffisant, je n'y avais pas été avec le dos de la cuillère et donc rien de mieux qu'une bonne douche froide dans mes quartiers pour me changer les idées.

Tandis que le soleil demeurait dans le ciel, bien que se couchant peu à peu, il ne devait pas être aussi tard que je l'aurais cru. Revêtant mon uniforme sans plus attendre je pris donc la direction de la cafétéria pour assister au semblant de vie sociale qu'il pouvait bien y avoir dans l'IRS. Même si cette dernière était surtout à base d'échanges factices, voir parfois d'intimidations, j'avais eu assez récemment la preuve que quelques élèves se comportaient plus ou moins normalement, suffisamment pour tenir un semblant de conversation. Au pire des cas je m'étais tout de même muni d'un de mes emprunts de la bibliothèque scolaire, même s'il ne s'agissait pas forcément du lieu le plus reposant et adéquat pour lire en toute quiétude, telle une échappatoire constructive.

Néanmoins, à peine avais-je mis le pied dans l'édifice que j'assistais déjà à une sorte de règlement de compte... ou plutôt à une manœuvre d'intimidation, un poil raciste d'ailleurs à en croire les bribes de propos que j'en avais entendu depuis l'extérieur. Malheureusement pour tout le monde, aucun des deux partis ne semblait vouloir donner raison à l'autre en s'écrasant ou en s'ignorant tout simplement. Arrivant dans le dos de cet élève de l'ISS, à en juger par son uniforme, il était jusqu'alors impassible avant ce dernier mouvement d'esquive. Sincèrement, il n'avait pas froid aux yeux, même si j'aurais sans doute fait de même en sachant que ces trois-là n'étaient que des abrutis finis... et en toute honnêteté cela pouvait presque se voir inscrit sur leur front.

« Un petit peu de calme peut-être ? J'aimerais passer sans devoir assister à quelque chose de désobligeant, surtout que tout le monde sait qu'au moindre écart les sanctions tombent aussi drues que la pluie en période de mousson. Rendez-vous service et abandonnez cette idée ? »

Sans en attendre bien davantage, après avoir baladé mon regard sur chacun des quatre jeunes hommes, je m'étais brièvement interposée afin de tracer ma route jusqu'à atteindre une table de libre, m'installant sans demander mon reste à qui que ce soit. Je pouvais encore sentir les regards de certains d'entre eux, me toisant sans gêne comme s'ils n'avaient que faire de mes avertissements... du moins jusqu'à ce qu'au moins une personne percute. Il faut croire que les rumeurs circulent presque plus rapidement à l'IRS qu'à l'ISS, vu que les élèves sont souvent bien moins discrets que mes anciens camarades de classe... qui me manquaient un peu malgré les interactions et autres chassés-croisés lors des inter-cours ou des périodes de temps libre le soir.

« Merde... c'est pas la nouvelle ? L'ancienne de l'ISS qui a carrément pété un plomb en envoyant toute une bande à l'hosto ?! J'ai pas envie de finir en fauteuil ou de manger avec une paille... »

Décidément leur réputation les précédait, ce n'était ni des gens discrets ni des flèches... si bien que j'avais pris un certain plaisir à me détourner de ma lecture pour poser mon regard sur eux, leur faisant comprendre que je n'en avais pas perdu une miette. Même si je veillais à garder un faciès des plus neutres, intérieurement j'étais particulièrement amusée de la situation, j'aurais presque eu envie d'en rajouter un peu plus afin de les voir prendre peur mais cela aurait été mauvais pour mes ambitions à court terme. Sans doute une autre fois messieurs... ce n'est que partie remise.

Après le départ de ce trio de petites frappes, toujours à fouiner où il ne fallait pas d'ailleurs, c'était à se demander s'ils n'étaient tout simplement pas des élèves du programme traditionnel qui essayaient de se faire remarquer, j'avais repris ma lecture où je l'avais arrêté quelques instants auparavant. Cela dit j'avais été un peu rapide en besogne puisqu'il ne fallu pas bien longtemps avant que ce jeune adolescent ne vienne m'accoster de façon on ne peut plus étrange.

Je ne sais pas qui il cherchait à amadouer avec ses talents de comédien assez médiocres, ou s'il souffrait véritablement d'un problème psychologique pour être passer d'un état à un autre en quelques minutes à peine. Ce n'est pas comme si j'étais intervenue un peu plus tôt et que je l'avais aperçu avec un air assuré sur le visage, pour ne pas dire prêt à en découdre avec eux.

« Je t'en prie, tu n'as pas besoin de t'excuser ou de me remercier, je n'ai fais qu'évoquer quelques faits concrets pour avoir un peu de calme en contrepartie... et si tu me disais ce qu'il en était réellement plutôt que de tourner autour du pot ? Je ne suis pas vraiment d'humeur à plaisanter. »

Ce n'était pas vraiment que j'avais ce jour là une humeur massacrante ou que je m'étais réveillée du mauvais pied... non, c'est simplement que je détestais être prise pour une idiote car je m'estimais suffisamment maligne pour ne pas le paraître en extérieur. Lorsque je vins détailler mon jeune interlocuteur, je dois vous avouer que je ne savais pas trop quoi penser de ce dernier, il envoyait des impressions étranges et assez contradictoires, mais toujours est-il qu'aucune ne me donnait l'envie de croire qu'il était un autre esprit morcelé ou un britannique bourgeois.

« Je doute que Gate t'ait demandé de venir seul par ici sans prendre ses dispositions pour ne pas que tu ais d'ennuis, à moins que tu ne sois pas vraiment son ami ? Toujours est-il que j'ai plus ou moins compris de qui il s'agissait, il a été transféré approximativement en même temps que moi. »

Alors que je glissais un marque-page au sein de mon petit ouvrage avant de le déposer sur la table présente devant moi, je vins m'accouder à cette dernière, calant ma joue dans la paume de ma main d'un air un peu ennuyée. À dire vrai je n'avais que peu d'informations sur cet étudiant, tout simplement parce que je n'aimais pas spécialement fouillé dans le dossier ou le passé des gens que je jugeais peu intéressant, ou que je n'avais jamais vraiment côtoyé. Je sais bien que cela fait un bon nombre de personnes du coup, mais on ne peut pas dire que je suis le genre de femme à m'occuper de mon prochain sans un minimum de raison. Sans doute que les gens biens le font, mais rares sont ceux qui finissent à l'IRS... ou alors ils changent bien vite d'état d'esprit.

« Je n'ai pas pour habitude de m'immiscer dans la vie privée de mes camarades sans raison... pourquoi est-ce qu'un jeune adolescent comme toi s'intéresse à ce genre de personne ? »

Même si j'étais loin de me douter que ce Gate avait un passif, ou même davantage, avec une organisation peu recommandable, cela aurait été assez ironique que je vienne en aide à l'un de ses poursuivants sans en savoir davantage. Après tout, j'aurais pu être dans la même galère que ce dernier si je n'avais pas reçu un coup de pouce offert par quelqu'un que je n'avais pas vu ou même entendu parlé depuis maintenant près de quatre ans. Je ne me voulais pas spécialement intimidante ou même désagréable, mais l'ennui me faisait pianoter la table du bout des doigts.