[2020 - 2021] It was always other people who called me weird.

Aislin n'avait pas vraiment compris pourquoi ses parents avaient tant tenu à ce qu'elle intègre sa nouvelle école pendant l'été. Certes celle-ci disposait de classes d'été mais où était l'intérêt puisqu'au final il n'avait rien dit quand elle n'avait choisi de faire que du sport le temps qu'arrive la rentrée. Toujours est-il qu'elle était là, partageant une chambre avec deux inconnues à qui elle n'avait rien dit à par "bonjour" depuis qu'elle y avait posé ses valises. Les jours étaient longs, il n'y avait qu'un créneau de sport pour elle dans la semaine et elle avait vite dû trouver des choses à faire autres que de rester dans sa chambre à manger toute sorte de délices sucrés. Elle avait déjà été visiter un peu la ville à l'affût des différentes pâtisseries et confiseries. La première fois elle s'était même perdue au point de devoir appeler cette guenon qui servait d'assistante à sa mère pour qu'elle lui organise un retour en taxi.

Et cette journée avait été du même acabit, elle était allé faire ses petites courses et s'était installée dans un coin tranquille afin de dévorer son butin sans se soucier du regard des autres. Ils la regardaient sûrement parce qu'elle était nouvelle ou parce que ses cheveux sont teint d'une drôle de manière ou peut-être encore parce qu'elle est trop grande pour son âge. Elle passa ainsi toute l'après midi assise sur un carré d'herbe à regarder tout et rien sur l'écran de son smartphone et à tenter de remplir son estomac si seulement c'était possible. Ce n'est que sur le soir qu'elle eu l'idée de se rendre au gymnase pour s'exercer. Chose qu'elle faisait très peu puisqu'elle était déjà naturellement douée et talentueuse, à quoi bon travailler. Cependant ce soir sans trop savoir pourquoi son esprit lui réclama d'avoir un ballon entre les mains plutôt que des barres chocolatées.

Elle secoua vaguement sa jupe pour se débarrasser des quelques brins d'herbes et récupéra son sachet de friandise avant de se rendre à l'édifice sportif qu'elle ouvrit à l'aide de la carte qu'on lui avait confié. Bien pratique à condition que l'on ne soit pas du genre à perdre ses affaires. Elle poussa la porte et s'y engouffra détaillant d'abord l'endroit avant de se diriger vers ce qui devait être la pièce où était stocké le matériel. Elle passa de nouveau sa carte et fit coulisser la porte avant d'entrer pour récupérer le chariot rempli de ballons de basket. Elle s'arrêta au milieu du terrain et referma ses grandes mains sur l'une des balles de cuir avant de soupirer. Elle leva la tête vers le panier qui lui faisait face secoua un peu la tête pour dégager les quelques mèches violettes qui lui tombaient devant les yeux avant de se mettre en position. Sans se soucier de ce qu'elle pouvait dévoiler, elle se ramassa légèrement et poussa sur ses muscles qui se détendirent comme des ressorts la propulsant en l'air sa main gauche maintenant le ballon, la main droite le propulsa et le guida pour qu'il prenne son envol et atteigne sa destination à coup sûr. La balle passa le filet, les rebonds raisonnèrent dans l'espace entièrement vide alors qu'elle attrapait déjà une seconde balle pour répéter l'opération, encore, encore, encore. Jusqu'à ce qu'il faille toute aller les ramasser. Ce qu'elle fit, non sans grogner et se maudire intérieurement d'avoir eu une telle idée. Et le cycle se poursuivit à l'instar de celui du soleil qui commençait déjà à disparaître laissant au ciel une teinte indigo parsemé de rose et d'orange, comme un beau ballon de basket.

Alors qu'elle continuait à enchaîner les paniers, perdues dans ses pensées à suivre le mouvement de la balle qui décrivait une cloche parfaite sans aucun effet giratoire avant d'aller se loger dans le panier, le filet émettant un bruissement sonore puis elle tombait au sol et rebondissait à des multiples reprises avant de rouler encore un peu et de s'arrêter inerte. Une inertie qui lui donnait envie de s'arrêter pour manger un bout. Mais prise dans cette boucle sans fin, elle continuait simplement, lancer, marquer, ramasser les ballons, encore et encore sans avoir aucune notion du temps qui passe. Le basket était déjà bien ennuyeux en équipe, alors seule autant dire que ça pouvait facilement pousser à se passer la corde au coup. Ce genre de pensées moroses furent cependant bien vite dissipée par le bruit d'une porte qu'on enclenche.

Le regard d'Aislin fut instantanément happé, était-ce un professeur, un surveillant peut-être. Il était sûrement l'heure pour elle de libérer les lieux. Mais rien de tout ça, en vérité il s'agissait qu'elle n'avait jamais vue, comme beaucoup d'autres d'ailleurs. Apparemment elle serait venue chercher quelque chose. Aislin inclina doucement la tête avant d'opiner un ballon coincé entre les mains. Elle pouvait bien faire ce qu'elle voulait après tout, ce gymnase n'était pas sa propriété quand bien même elle l'occupait actuellement. Aussi laissa -t-elle la nouvelle venue partir en quête du truc qu'elle convoitait. La grande elle, reprit simplement ses exercices comme si de rien était.

Pendant quelque minutes elle continua simplement ses répétitions avant que l'autre ne revienne vers elle, Aislin l'observa un peu plus en détail, s'arrêtant sur ses cheveux châtains, croisant brièvement son regard émeraude avant de le fuir pour plonger vers ses pieds en remarquant au passage qu'elle était très loin d'être grosse, bien au contraire même. Et comme beaucoup de monde, elle lui semblait toute petite au point qu'elle pourrait aisément reposer sa tête sur la sienne si elle le voulait. Elle secoua doucement la tête après qu'elle lui ai demandé si elle avait trouvé un téléphone.

"Hm... Je n'ai rien vu du tout..."

Elle n'avait pas non plus cherché à vrai dire ce genre d'activité manquait bien d'intérêt et elle perdait déjà bien assez souvent son propre téléphone pour s'intéresser à celui des autres. Elle jeta un oeil aux alentours sans vraiment prêter attention aux détails et haussa doucement les épaules en reportant son attention l'autre élève.

"Et il n'y a toujours rien."

Comme s'il allait apparaître comme par magie. Mais dans la tête de la grande perche, c'était plus ou moins quelque chose de possible pour peu qu'on y croie assez fort. Mais là visiblement elle n'avait pas assez cru du tout et le téléphone n'était pas apparu comme par magie.

"Tu l'as perdu ailleurs, peut-être ?"

La grande perche un ballon dans les mains incline la tête se demandant bien pourquoi quelqu'un demanderait à quelqu'un d'autre d'aller chercher son téléphone là où il n'est pas pour se ficher de lui. C'était vraiment étrange mais également pas tellement gentil. Elle lança son ballon à l'aveugle sans lâcher l'autre des yeux alors que le flop du filet lui confirmait qu'elle avait mit dans le mille et qu'elle était vraiment trop douée pour renoncer. Et l'attitude de l'autre fille lui confirmait que les moqueries n'étaient pas que son malheur à elle et que même les gens de taille normale pouvait avoir ce genre de problèmes. Ce qui la rendit légèrement curieuse quand au pourquoi d'autres personnes pourraient se moquer de cette fille là. Elle a l'air gentille pourtant.

La lumière s'éteint d'un coup, la grande sursaute se demandant si un tueur en série ne va pas débarquer pour les zigouiller et dans un réflexe de survie s'en va rejoindre la petite brune à grands pas. Un frisson parcours son échine alors que la carte de sa camarade d'infortune n'ouvre pas la porte. C'est vraiment trop comme un film d'horreur. A sa demande, légèrement fébrile, elle attrape sa propre carte pour la passer contre le capteur magnétique, rien non plus. Elles sont sûrement condamnées. Elle se rapproche un peu plus au point d'être presque collée à la petite brune, une trouille monstre s'emparant d'elle face à la soudaine réalisation.

"J'ai... oublié mon téléphone... Dans ma chambre..."

Dans un vain effort de s'en sortir, elle tenta de pousser la clenche ce qui n'eut bien sûr aucun effet étant donné que la serrure magnétique était activée, elle ne put que rester là, impuissante du haut de sa grande taille à regarder la porte comme si elle allait finir par s'ouvrir toute seule comme par magie. Mais la magie comme dans les films ça n'existe pas en vrai, sauf pour faire apparaître des lapins peut-être.

"J'aime pas être bloquée..." Dit-elle d'une petite voix.

Collée à sa compagne d'infortune la grande perche l'écoute tergiverser vaguement à propos de plusieurs théories concernant cette panne impromptue ce qui eut tout de même pour effet de la rassurer légèrement bien que ça ne les aidait pas du tout à se tirer de cette affaire. Au moins il y avait des chances pour que ce ne soit pas un tueur en série qui ait fait le coup. Elle secoue sa tête à sa question sur le numéro d'un professeur, déjà pas capable de connaître le sien par coeur ce n'était sûrement pas pour connaître celui de quelqu'un d'autre par coeur.

"Non je connais pas. Je retiens pas bien les choses..." Continua -t-elle avec la même petite voix.

Mais de toute façon son téléphone vient de s'éteindre dans sa main rendant la situation encore plus désespérée qu'elle ne l'était déjà. Détresse, la grande enroule son bras autour d'un de ceux de sa camarade histoire de chercher un peu de réconfort quand tout semble perdu. Elle aurait bien aimé que sa maman soit là pour lui dire quoi faire. Ou un représentant de l'armée avec un haut parleur. Ça ressemble quand même aussi au début des films de zombies. Peut-être que quand elle sortirait tout le monde serait en train de manger tout le monde. Frisson, suivit d'un soupir elle n'aimait vraiment pas ça.

"On... On va regarder le disjoncteur ? Mais je sais pas comment ça marche..."

Elle tire un tout petit peu sur son bras pour l'emmener avec elle dans la salle de stockage, là où est rangé tout le matériel et où se trouve le tableau électrique. Elle déglutit en apercevant un gros cadenas sur la porte.

"Euh... Ben c'est fermé..."