À droite, l'école et ses élèves normaux, comme tout le monde.À gauche, le centre de redressement pour jeunes dangereux.Maintenant réunis, pour le pire.
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"Le sexe est le plus illogique des besoins." Björk
Bon. Je suis ici depuis presque deux mois. DEUX. MOIS. C'est très long. Non mais reprenons. Ça fait, sept plus quoi... Trois semaines. DIX. SEMAINES. Que je n'ai rien eu. RIEN. Pas un baiser, un câlin, un geste, un joint, un rail... RIEN DE RIEN ! Un mois que je ne touche personne. Un mois que je ne parle à presque personne. Non pas que je n'en veuille pas... Mais lorsque vos camarades sont nus en permanence quand vous les regardez... Très vite ça devient compliqué. Très très vite. Le premier jour en fait. Et là. Là, je craque ! Mes camarades de dortoir sont sympas. Assez pour me cacher alors que je sors, après une énième crise de larme dû au manque. Je le sais. Mais regardez mon état ! Vous n'y prêtez sûrement pas attention. Mais mes pupilles sont dilatées, mes mains tremblent. Je ne peux pas me concentrer sur autre chose que mon corps qui craquent, qui semblent gonfler, chauffer jusqu'à me faire mal. Vous ne voyez pas les marques de mes ongles sous mes paumes. Celles qui sont faites pour que je ne me gratte pas frénétiquement au sang lorsque l'impression d'étouffer me prend. Vous ne subissez pas mes crises la nuit, mes cauchemars, mes larmes. Les seules qui savent sont en train de me cacher à la surveillante, nous faisant passer pour trois gosses en train de dormir.
Tant pis pour les conséquences. J'ai besoin d'un truc. J'ai besoin de quelque chose. Du sexe. Ou plus. Ou moins. Je sais pas. Mais ce n'est pas dans cet école que je comblerais ça. C'est intenable, tout le monde s'en fout. Et moi je souffre. Alors je me suis habillée avec des bas hauts, une jupe mi-longue, laissant penser que mes bas sont des collants, un t-shirt sans bras et une veste noire pour compléter la tenue. J'ai mis des sandales sans talons, ressemblant assez à des ballerines. Avant de partir, j'ai attaché mes cheveux et mis une écharpe, la capuche sur ma tête. Je suis sortie telle une petite ninja pendant que mes camarades retenaient l'attention de la surveillante. J'ai parfaitement retenu le chemin et, je suis sortie en passant près d'un adulte qui sortait lui aussi. Je lui ai menti, juste avant de mettre ma capuche.
- Excusez-moi, je peux sortir avec vous, une copine a prit ma carte étudiante, j'aimerais aller la retrouver pour la récupérer. - Seulement ça... ? - Et voir mon petit-ami...
Il avait rit en caressant ma tête avec un « ah la jeunesse ! ». Faisant fi des directives, il me laissa passer, occupant la gardienne en lui annonçant que j'étais avec lui. Une fois dehors, je me suis éloignée de l'entrée. Calmement, me retenant de courir. Je n'allais pas tout faire foiré maintenant ! Assez naturellement, j'ai sorti des cigarettes pour en fumer une, sortant mes cheveux, les dénouant, ouvrant un peu ma veste. J'avais chaud. Chaud d'être aussi délinquante. Chaud de sentir une présence en moi...
- Allez, maintenant j'ai juste à...
Je me suis tournée. Et j'ai fini au sol, sur le cul. Littéralement sur le cul. Mon regard clair s'est dirigé vers l'inconnu et mon cœur, ma libido eurent un raté. Ma main se remit à trembler. Je me relevais rapidement, pour ne pas avoir à être plus proche... Par presque réflexe.
- Excusez-moi, je ne vous avais pas vu. Vous allez bien... ?
Déja trois semaines que Chris avait commencé les cours. Et déjà, il avait pris l'habitude de s'imposer environ une à deux fois par semaine un footing entre LightStorm et le campus du lycée d'Indarë. Cela faisait une bonne trotte, environ une heure aller et retour à bonne allure. Mais c'était un parcours idéal pour le Corbeau. Lui qui avait sans cesse ce besoin irrépressible de canaliser cette énergie qui brûlait en lui, et qui le poussait à faire toujours plus de sport...
Environ 50% du temps de ses études étaient déjà alloué au sport. Mais en réalité, le jeune adulte en faisait lui même encore plus, comme s'il estimait devoir en faire toujours plus. Comme s'il avait peur que le jour où il se retrouverait à nouveau face à Black Thorn une nouvelle fois, cette nouvelle vie qu'il découvrait peu à peu à Londres l'ait affaibli et rendu inefficace dans l'art de tuer. Et c'était la dernière chose qu'il voulait. Ce qu'il souhait par dessus tout, c'est d'être à la hauteur le jour où il devrait faire face à ces gens si jamais il parvenaient un jour à retrouver sa trace...
Vêtu d'une tenue assez classique de sport entièrement noire (quelle surprise...), le brun entra finalement dans le campus et continua à courir jusqu'au milieu du parc où il avait pris l'habitude de mettre fin à sa course. A cet endroit là trônait une petite fontaine à eau idéale pour étancher sa soif et essuyer la sueur qu'il avait accumulée durant sa course. Alors que de rares élèves quittaient les bâtiments de cours, Chris se pencha pour boire un coup, avant de se redresser, et utilisa la serviette blanche qu'il trimballait sur ses épaules pour s'essuyait le visage. Il ouvrit la fermeture avant de son survêtement, tout en régulant doucement sa respiration afin de la calmer, puis se plia machinalement en deux afin de poser ses mains sur ses genoux. Il grogna alors de manière comique tandis qu'il tentait de reprendre son souffle: - Bon sang, 'faut que j'arrête de fumer...
Phrase qu'il ne pensait pas le moins du monde, puisque son action suivante fut de chercher ses clopes et son briquet dans ses poches. Il se rendit alors compte qu'il les avait oubliées. Agacé, il fouilla à nouveau ses poches, sans résultat, évidemment. C'est à cet instant que l'inconnue entra en scène. Et quelle entrée en scène... Elle bouscula Chris qui se redressa par réflexe avant de se tourner vers elle, et de l'observer. Il lui proposa de l'aider à se relever en lui tendant la main avec un sourire plein d'assurance, mais la lycéenne se redressa d'elle même comme si elle avait le feu aux fesses. - Y a pas de mal, ne vous en faites pas, répondit le brun en offrant toujours sa main, pour faire connaissance, cette fois. Je suppose que c'était un peu ma faute, j'étais en train de chercher mes cigarettes et je ne vous ai pas vue approcher, mademoiselle. Mademoiselle... ?
Comme à son habitude, il lui sourit comme si de rien n'était. Pourtant, il nota aussitôt que quelque chose n'allait pas chez cette fille. Ses pupilles dilatées, ses mains légèrement tremblantes, son oeil exercé d'assassin les vit, et il pensa immédiatement qu'il était probablement tombé sur une droguée en manque. Il n'avait pas vraiment tort, en fin de compte. Il ne savait juste absolument pas à quoi il avait à faire...
"Le sexe est le plus illogique des besoins." Björk
Il était... Il était... Oh damn. Non ! Non non non ! On se calme. On ne l'a pas vu ! C'est plus simple comme ça. Il n'a pas les cheveux en bataille et un peu de sueur sur le front. Je n'ai pas vu son regard ébène, ses cheveux bruns. Je n'ai pas vu ses fines lèvres qui me donnent envie de lui faire accepter le terme de « pulpeux ». Je peux deviner ce qu'il y a sous les vêtements de sport. Je peux presque voir ses muscles saillants que l'effort a sollicité. Je peux voir sa chair de poule, imaginer la douceur sous mes yeux, sous mes doigts, sous mes lèvres... Et merde ! Pourquoi on me fout un type aussi beau comme première vision de ma liberté ! C'est pas juste ça ! Comment vous voulez que j'essaie d'aller « mieux » alors... Bon, d'accord. Alors que j'ai fugué de l'école pour du cul. Ouais bon ça va hein. De toutes façons, la récré est finie... Voilà encore Dame Libido qui revient. Elle toque doucement contre mon ventre, une forte chaleur se dégage de ma peau. J'étouffe. J'ai chaud. Ma cigarette semble me brûler, mes mains aussi. Mon visage va exploser.
Eri ! Eri. On se calme. Inspire. Expire. Tout. Va. Bien.
Je m'écoute penser. Je ferme les yeux en continuant de fumer, quelque chose comme dix secondes. Assez pour me calmer, pas assez pour me calmer. Paradoxe quand tu nous tiens...
- Je suppose que c'était un peu ma faute, j'étais en train de chercher mes cigarettes et je ne vous ai pas vue approcher, mademoiselle. Mademoiselle... ? - Eri. Appelle moi Eri ce sera très bien.
Je ne veux pas lui dire mon nom de famille. On s'en fout. Et puis, ce n'est pas important. Ma main tend le paquet vers lui, mon sourire comme seule arme.
- T'en veux une ?
Je continue de sourire, sentant ma faim grandir. Évoluer. Elle me mange les jambes. Elle me retire mon envie de me battre, ma force. Elle continue de grandir, prenant mes cuisses, mes fesses, mon bassin. J'essaie de garder la face. D'être gentille. Ne pas sauter sur le premier venu. Attendre. Arriver dans une ruelle. Se faire prendre en gang bang. Oh que oui... De la violence, du sexe, brut ! Ça m'excite alors que mon bras est tendu. Naturellement, mon corps semble abandonner et je retire ma veste, m'asseyant sur le banc, à côté de la fontaine.
Doucement, j'ai passé une main dans l'eau, rafraîchissant ma peau et me donnant l'impression de surchauffer. Je sens ma respiration qui s'accélère sous l'effort pour rester « normale ». Je sais même pas pourquoi je fais ça. Je suis stupide. Tellement... tellement stupide. Lorsque je range le paquet, je l'échange rapidement avec un briquet, ne résistant pas à la tentation d'une petite ouverture gratuite.
Les secondes qui suivirent sa question furent étrangement silencieuses, creusant les soupçons de Rock concernant l'état de manque de la jeune fille. Quelque chose n'allait pas chez elle, et quelque chose lui disait que son étrange tenue de ninja low cost fuyant l'IRS à 21h n'était pas non plus un hasard. Tout cela faisait beaucoup de coïncidences. - Et moi c'est Chris, lui répondit il, ravi de ne pas avoir à en révéler davantage sur lui même.
Elle lui offrit alors une cigarette, et le brun hésita au moment où il tendit la main. Il la regarda un instant, puis le paquet de cigarettes, puis elle à nouveau. Elle était jeune. Plus jeune que lui, pas de doute là dessus. Cela l'ennuyait de lui prendre une cigarette alors qu'elle avait sûrement très peu d'argent de poche, surtout considérant le prix des clopes de nos jours. Mais à présent que le geste était initié... Il se voyait mal refuser. Et puis d'ailleurs, depuis quand jouait il aux bons samaritains ?! Il accepta la cigarette, et ferma les yeux un bref instant, comme pour rebooter son système dans le but de balayer les "trop bonnes intentions" qui polluaient ses pensées depuis que cette jolie brune était apparue devant lui.
Il n'était pas habitué à discuter seul à seule avec une jeune fille qui lui plaisait physiquement, de cette façon. Et il en ressentait déjà les effets négatifs dans sa tête. Il ne pensait plus clairement. Tandis qu'elle s'éloigna pour s'assoir sur un banc, le regard de l'universitaire lécha longuement les formes de l'adolescente du regard, et plus particulièrement ses fesses. Et une nouvelle fois, il fit volte face vers la fontaine à eau, et ferma les yeux afin de boire une gorgée d'eau. Il se retourna ensuite pour s'approcher de la jeune Eri, cigarette à la main. - Je t'allume ?
Que ce soit volontaire ou non, cette phrase apporta la plus grande confusion dans l'esprit du jeune assassin. Sans le vouloir, il s'immobilisa brusquement, dévisageant l'adolescente comme si elle lui avait fait des avances devant tout le monde, dans le parc d'Indarë. Il resta bloqué ainsi plusieurs secondes avant de répondre d'une voix hésitante: - Ou... Oui, j'te remercie. Il mit alors la cigarette à sa bouche et se baissa doucement vers la jeune Tanaka, tous sens aux aguets, comme s'il était autant en danger que durant l'une des nombreuses missions qu'il avait pu vivre par le passé.
Mais à dire vrai, à l'heure qu'il était, il aurait probablement préféré repartir en mission. Face à quelqu'un qui voulait le tuer, il savait quoi faire, au moins... Toujours hésitant, il regarda la place libre à côté d'Eri sur le banc, puis finit par s'assoir à son tour. Il transpirait à nouveau, mais le pire, c'est qu'il n'était pas certain que la sueur qui coulait à présent ait pour origine le footing qu'il avait fait pour venir jusqu'ici. Plus cette conversation avançait, et plus elle ressemblait à un traquenard...
Chris demeura silencieux quelques secondes en fumant sa cigarette, avant de se rendre compte que ce n'était pas lui. Il fallait qu'il redresse la barre. Elle était plus jeune que lui ! Il ne devait pas se laisser mener par le bout du nez ! Sa fierté le lui interdisait ! Grâce à ce soubresaut intérieur, son visage retrouva son calme apparent, et il lâcha alors d'une voix redevenue parfaitement normale: - Alors... Quelle est ta drogue à toi ?
Ce n'était pas la première fois qu'il croisait des élèves le soir, sortant pour aller faire leur business et acheter leur beuh auprès des petits revendeurs locaux. Il pensait simplement qu'Eri n'avait plus de stock. Et cette fois ci, il était loin de la vérité. Afin de justifier son propos, il poursuivit toutefois en fumant tranquillement et en regardant le sol, droit devant lui: - Ca se voit facilement, Eri... Pupilles dilatées, mains tremblantes... Et il suffit de voir ta tenue et l'heure à laquelle tu sors pour se douter que tu n'as pas le droit d'être dehors à cette heure ci...
Il tourna la tête pour la fixer, avant de lui sourire doucement: - Ne t'en fais pas, je ne suis pas la pour fliquer qui que ce soit... Je m'interroge, c'est tout... Mais je comprendrai si tu ne veux pas en parler. On a tous nos p'tits secrets, après tout... Acheva t'il tandis qu'il tournait à nouveau la tête vers le sol et qu'une lueur sombre passait dans ses yeux noirs.
"Le sexe est le plus illogique des besoins." Björk
Chris alors. Soit. Il n'allait pas me donner son nom de famille. C'était de bonne guerre, je ne lui avais pas donné le mien non plus. Je soupire lentement, expulsant la fumée qui semble me calmer un peu, sans pour autant faire des miracles. Toujours avec ce goût si fade... C'était inutile de fumer. Juste assez pour oublier les rails de cocaïne. Et encore. Lorsque je finis la première clope, j'en rallume une directement sans y faire gaffe. J'avale par réflexe. Remarquez comme cette phrase pourrait être replacé à un certain nombre de moments de ma vie... Quelle déchéance. Enfin, c'est pas repenser aux orgies qui va me calmer ! Et puis bon, il est mignon mais je n'ai pas l'habitude de parler avec les mecs qui me comblent. J'ai plutôt tendance... J'avais tendance à donner un faux nom. À mentir. C'était plus simple. « Tu as quel âge ? » « 17 ans », « Tu es conscentante ? » « Bah oui. Tu me baises maintenant ou on fait un scrabble ? ». Ce genre de discussion. Après... On m'insultait. Je suis une salope. Ouais. J'assume. Il n'y a pas d'autres mots de toutes façons...
- Alors... Quelle est ta drogue à toi ?
Je manque une bouffée, m'étouffant un peu. Hein ? Quoi ? Pendant que je me lève pour boire, tentant d'atténuer ma gorge qui se noie dans la fumée de clope, je l'écoute m'expliquer que j'ai tous les syndromes de la gosse en manque. Ah. Bah au moins un qui le voit. C'pas trop tôt... Pourtant, il ne sait pas. Il n'imagine pas. Je lui dis ou pas ? Je pourrais lui parler de la cocaïne. Mais ce n'est pas ce que je veux. Il pourrait m'en ramener des kilos que je m'en foutrais pour un chibre dressé.
Quand mon œsophage semble être de nouveau en état, je soupire sous ses mots. Je n'aime pas ça...
- Ce n'est pas foncièrement quelque chose que tu peux trouver aussi vite que tout ce que tu imagines.
J'observe ma clope qui s'est consommée seule, rallumant une nouvelle dose de nicotine. Je reste une seconde immobile, observant la flamme de mon briquet. Elle tremble de plus en plus. 'chier.
- Je suis une ancienne cokée. Mais c'pas vraiment le problème. La coco c'est drôle, c'tout.
Je hausse des épaules, me relevant doucement avant d'avaler deux bouffées. Longues. Inspirées. Je lui dis ? Je me tais ? Je fais quoi ? Je pourrais tout lui dire. De toutes façons... pour ce que les gens pensent de la nymphomanie... Il va penser que c'est un autre mot pour dire que je suis une
Salope ! Prend ça !
Mon corps se tend sous une voix familière, venant du passé, qui resurgit lorsque je n'en peux plus. Je peux m'entendre le supplier de m'en donner encore. Plus. Refuser héroïne, cocaïne. Lui dire des mots que je n'aurais sûrement jamais dû dire. Je continue de fumer sans m'en rendre compte, et poursuit, un sourire presque navrée de ce que je vais lui dire.
- J'ai été diagnostiquée comme atteinte de nymphomanie.
Mes pas se reculent naturellement. C'était comme annoncer une séropositivité. Je sais pertinemment que je ne parlerais pas du même sujet que l'autre. Peu savent. Parce que peu se renseignent. Je ne suis qu'une traînée. C'est une excuse pour coucher avec tout et tout le monde. Etc. etc. J'ai arrêté d'écouter les gens. Jalousie et haine ne devraient pas m'atteindre. Je suis chanceuse. Aujourd'hui, comme hier, avant-hier et les semaines d'avant, ma douleur ne venait pas de l'extérieur. Lui, ce qu'il voit, c'est une gamine, qui fume, qui annonce ça avec le sourire. À l'intérieur, je suis à genoux, en larmes, suppliant quelqu'un de me tuer. Mourir pour une bite. Sérieusement, à quel moment j'ai fais un mauvais choix... ?
La tâche était compliquée, compte tenu du point de départ. Mais Chris était parvenu à renverser la situation. Au moins pour un temps. Eri avait été prise à contrepied, et avait par voie de conséquence cessé ses assauts. Tant que la conversation s'était recentrée sur elle, Rock n'aurait pas à subir ses manques. Du moins, c'était son espoir...
Il ne pensait cependant pas que la jeune Tanaka en viendrait à lui parler ainsi. Elle commença par lui mentionner des problèmes de cocaïne. Chris conserva le silence, se contentant de la jauger, tentant de démêler le vrai du faux sur son visage. Il n'avait aucune confiance en elle, et soupçonnait fortement qu'elle ne soit atteinte de mythomanie. Mais une autre part de lui ne pouvait s'empêcher de la plaindre et d'éprouver de l'empathie à son égard. De l'empathie ! Lui ?! On nageait dans le délire le plus complet, là !!
Il resta patient et silencieux, conscient du fait que si elle avait quelque chose de pire à déballer que la coke, ce n'était forcément pas facile d'en parler, et encore moins à un inconnu... Et là, le mot fit surface: Nymphomanie ! Même le visage de marbre de Rock fut légèrement fissuré durant quelques secondes. Du moins, ses yeux s'aggrandirent sous l'effet de la surprise. Doublement conscient du fait qu'il n'avait pas été capable de le cacher et du fait qu'il n'avait que peu de temps devant lui pour trouver une solution, son cerveau se mit à cavaler à plein régime.
Il se redressa, et se mit à faire les cents pas après avoir jeté son mégot de cigarette, qu'il venait malheureusement de terminer. Pour une raison qu'il ne comprenait pas, il se sentait attiré vers cette jeune fille. En temps normal, il se serait contenté de lui dire qu'il était désolé, lui aurait souhaité bonne chance, et se serait tiré. "Pour survivre, ne te mêle jamais des ennuis des autres !" C'était l'une des règles qu'on lui avait enseignées étant tout petit. L'empathie ne menait qu'aux emmerdes, et il n'y avait jamais rien de bon à y gagner. "Un soldat mort est un soldat inefficace !" Une autre phrase dont on lui avait rabaché les oreilles durant toute son enfance.
De nombreuses visions assaillirent son esprit, et son instinct lui murmura de laisser tomber cette gosse. Elle n'avait rien à lui offrir ! "Tu veux la baiser ? Alors vas y, et qu'on en parle plus ! Mais barre toi de là, après ! Et oublie tout ça !" Lui hurla dans sa tête une voix qui ressemblait comme deux gouttes d'eau à la sienne tandis qu'il détaillait la jeune fille.
Le brun hésita longuement, serrant les poings et les mâchoires. Ce n'était pas à eux de décider ! Plus maintenant ! Il était le seul à faire les règles, désormais ! S'approchant doucement de la jeune fille en soupirant d'un air résigné, il lui dit alors d'une voix calme: - D'accord Eri... Suis moi... Ne restons pas ici...
"Le sexe est le plus illogique des besoins." Björk
Je l'ai vu réagir. Ses yeux qui s'agrandissent. Et... Rien. Enfin, rien. Il n'a rien dit. Devant moi, il a fait les cent pas. Je n'ai pas bougé. Que voulez-vous que je fasse ? Je fume en l'observant. Lui qui risque de défoncer un poteau, qui me fait penser aux lions et tigres en cage que j'allais voir étant enfant. Il tourne. Encore et encore. Et plus il tourne, plus je deviens dingue.
Lorsqu'il est en face de moi, je détaille tour à tour son visage, son yeux plissés. J'observe le regard gris qui pense à bien trop de choses. Et le mien de regard s'abaisse. Il observe son cou sur lequel il est tentant de poser mes lèvres. Il me fait voir ses épaules, les biceps. Il tourne encore. Change ma vision. Son bras musclé s'éclypse et je me retrouve à mater ses fesses, me mordant la lèvre. Mes yeux se baissent sur ses jambes. Longues. Musclées. Elles pourraient l'aider à me porter pendant que... Hum. Je fixe une seconde le sol avant que mes prunelles ne retournent sur son doux fessier. C'est ainsi qu'il revient vers moi. L'information arrive trop tard à mon cerveau. Bien trop tard.
Je l'imagine nu. Nu sur moi. En train de gémir mon nom. Et ce plaisir que je cherche, qui me manque, je le lui hurle. Mes paupières papillonnent une fois, deux, trois, dix. Trop rapidement, mon visage se secouant rapidement. Non mais à quoi je pense ! On se calme putain ! On dirait une chienne en chaleur ! Tch.
Lorsqu'il se rapproche de moi, naturellement je me lève et recule. Oh non non. Ne m'approche pas. Pas maintenant. Pas là. Déjà que je t'ai pas sauté dessus mon chou... Alors si tu t'approches encore... Je promets plus r...
- D'accord Eri... Suis moi... Ne restons pas ici... - D'accord...
Non. Non Non ! Me dit pas des trucs comme ça ! Bien sûr que je vais te suivre ! Idiot ! Mais quel idiot ! T'étais censé me vanner dessus. Pas me prendre au sérieux ! Je suis une gamine ! Tu devrais pas m'écouter ! Surtout pas quand j'implose en silence. Tu devais m'envoyer chier. Me dire que tu as une copine. N'importe quoi. J'aurais ri. Je serais partie dans une de ces ruelles qui contiennent toujours un ou deux voyous. Ou alors dans un bar. J'aurais jouis sous les coups butoirs d'un type que je connais pas et puis c'était fini ! Pourtant... Assez naturellement, je lui tends mon paquet, souriant un peu plus, pour cacher ma panique, mon malaise. Et mon appréhension. Je n'ai pas peur du viol. J'ai peur de tout ce que je ne connais pas. Comme n'importe qui. À la différence que moi, si t'es un peu cultivé, t'as déjà vu ma tronche...
Cette fois, ça y était. Le malaise avait véritablement changé de camp. Enfin, si on pouvait dire. Car sous son masque impassible, Rock aussi avait du mal à se contrôler. Mais contrairement à avant, cette fois, il avait un début de plan. Il sentait bien que la jeune adolescente commençait à être effrayée par le changement de situation qui s'était opéré. Et malgré les grands airs qu'elle pouvait parfois se donner, la petite Eri était non seulement plus jeune que Chris, mais en plus elle ne le connaissait pas. Elle ne savait pas du tout vers quoi il pouvait l'emmener. De quoi il pouvait être capable, ce qu'il pouvait éventuellement lui faire subir.
Il en avait pleinement conscience mais préférait jouer là dessus le plus longtemps possible afin de ne pas perdre le seul avantage qu'il possédait sur elle au niveau psychologique. Il accepta cependant la cigarette qu'elle lui tendait avec plaisir, et lui offrit même un grand sourire en la remerciant. Il avait besoin de sa dose de nicotine, lui aussi. Cette soirée s'annonçait longue. TRES longue... - A l'hôtel... lui répondit il en se tournant vers elle au moment de lui répondre. On sera plus à l'aise.
Volontairement, il n'en ajouta pas davantage. Le duo passa devant un hôtel miteux qui servait sans nul doute aux putes du quartier pour travailler, mais Rock ne s'arrêta pas là. Il poursuivit sa route, et mena la jeune fille jusqu'à un grand carrefour, où ils durent s'arrêter à un feu rouge. A cette heure ci, de nombreux gens louches traînaient dans le coin, et un type puant et bien arrosé, une bouteille à la main, se mit à mater sans vergogne la jeune Tanaka. Cela ne dura cependant pas longtemps: Chris s'interposa entre eux, les yeux plissés, et fixa le vieux clodo avant de l'interpeler d'une voix particulièrement menaçante: - T'as perdu quelque chose ? - Euh... Nan... Hésita, le type qui sembla surpris par la verve du jeune adulte. - Alors, fais pas chier et vas voir ailleurs si j'y suis !
L'homme éméché n'insista pas et s'éloigna, tandis que Rock se rapprochait d'Eri et posait sa main sur son épaule pour éviter une nouvelle mésaventure de ce genre. - T'en fais pas, on est presque arrivés... Lui murmura t'il à l'oreille. Ils traversèrent la grande avenue et se retrouvèrent devant un hotel beaucoup plus chic que le précédent. Le duo entra et s'avança jusqu'au comptoir. - Je voudrais une chambre, demanda aussitôt le brun sans hésiter. Un type au corps élancé et au visage mince, le visage pincé par des lunettes, les observa tous les deux avec un regard inquisiteur avant que Chris n'insiste d'une voix agacée: - Bon, mon grand, tu nous la donnes, cette chambre, ou il faut que je le fasse pour toi ?! - Non... Non, ce ne sera pas nécessaire... Rétorqua l'homme d'une voix coincée.
Il se chargea de leur affecter une chambre que Rock régla avec sa carte, après quoi le duo monta dans une chambre. Le brun laissa Eri entrer en première, après quoi il referma derrière lui, à clé, et retira la clé qu'il conserva avec lui...
"Le sexe est le plus illogique des besoins." Björk
- A l'hôtel...
Mon cœur rate un ou deux battements. Je l'ai suivi en silence. Ma libido crie victoire alors qu'elle explose. Elle tord mon ventre, embrase mon esprit, m'empêchant de penser de façon cohérente. J'imagine plus que je ne vois le chemin qui se passe. Je l'imagine toujours sans ses vêtements. Je l'imagine devant moi. Derrière moi. Dessus. Dessous. Peu importe. J'imagine diverses scènes qui me font oublier le temps qui passe, qui attise aussi bien mon corps que Dame Libido. J'ai hâte de l'avoir ce coup. Histoire que ça se calme, que ça redevienne vivable, supportable.
J'entends Chris parler. Je ne sais pas à qui. Et je m'en fous. Je ne regarderais pas la réalité tant que je ne serais pas dans cet hôtel. Le reste me paraît superflus. Pourtant... Pourtant. Il s'est passé beaucoup de choses. Ma vision se désintègre lentement, j'en oublie presque la Dame qui me brise, observant un instant l'endroit où je suis. J'observe les bâtiments encore debout grâce à une force divine, les demoiselles qui tapinent. Et les hommes qui achètent. J'entends certains bruits que je connais. Les bruits de talons, ceux des rires gras. Le bruit des lits qui cognent contre les murs. Les gémissements, les cris, les orgasmes. Je les imagine non ? Je suis sûrement dans le seul endroit où je ne devrais pas être. Je risque bien trop d'apprécier cette vie-là. Débauchée pour débauchée, est-ce que je suis à ça près ?
Peut-être qu'il veut me prostituer... ?
La pensée est fugace. Brûlante, glaçante, douloureuse. Je la garde en tête sans ouvrir mes lèvres. Et je semble revenir lorsqu'il pose sa main sur mon épaule. Et sa voix qui murmure à mon oreille. Sa main. Sa main me brûle. Ça me fait mal. Pas physiquement. Enfin si. Non... J'ai l'impression qu'il caresse ma chair dénué d'épiderme. J'ai mal de le sentir sur mon épaule et non un peu plus bas. On est bientôt arrivés hein... ? L'enfer va se terminer non ? Pitié dites-moi que ça va se finir ! J'en peux plus. J'en ai bien trop marre... J'espérais ne pas tomber sur un type qui jouerait avec moi. Je n'étais pas en état de supporter ça. Je ne le voulais pas et je ne le ferais pas.
- Je voudrais une chambre.
Je ne réagis pas. Je tente d'attraper le peu de contrôle qu'il me reste. C'est bientôt fini. Ça va se terminer. Tout ira bien... Les marches grincent. On se calme Eri. Tout va bien. La quatrième grince trop fort. J'inspire. Expire. Lentement. Nous sommes dans la quatrième chambre en ne prenant que les chambres à gauche. Je ne sais pas comment je retiens l'info. Si elle est utile. Si on s'en fout. J'ai envie de pleurer. De fumer. De baiser. J'en suis à un stade où juste coucher ne suffira sûrement pas.
Je suis quoi en fait...?
Lorsque j'entre, j'entends la clef qui ferme la porte. Il ne veut pas être dérangé. C'est normal. Ma main attrape une cigarette et mon briquet. La flamme vacille bien trop. J'ouvre la fenêtre, m'y appuyant pour être sûre de ne pas tomber. Je sens le muscle de mon bras droit trembler. Je sens mes jambes faiblirent. Et je suis là, à fumer, sans avoir prononcé un mot. J'ai envie de lui sauter dessus. Alors pourquoi je me sens si frustrée ? Si triste ? Pourquoi j'ai l'impression que je me suis faite piégée ? C'est pas logique... C'est putain de pas logique !
- T'attends quoi de moi maintenant ?
Je ne me retourne pas. Je ne veux pas faire face à son visage. S'il veut coucher avec moi et juste ça, je n'ai besoin que d'oublier son visage. Peu importe les hommes qui me touchent. Ça n'est pas important. Mon corps n'est important qu'à travers les écrans et les magazines. J'étais une image. Une image qui ne devrait jamais brûler autant.
Rock resta immobila à la fixer, laissant la pression monter, peu à peu, et la peur faire son oeuvre. Il ôta son survêtement qu'il jeta sur une chaise non loin, pour laisser voir un tshirt blanc assez simple, tout en continuant à dévisager la jeune fille sans mot dire. Elle le sentait, à présent: quelque chose n'allait pas. Quelque chose n'était pas logique. Avait elle était piégée ? Chris avait il vu en elle une opportunité de... se faire plaisir ? Mais si c'était juste ça, pourquoi ce petit jeu pervers ? Non, c'était forcément autre chose. Une chose plus sombre...
Rock ne bougea que lorsque la jeune tanaka ouvrit la fenêtre: il s'approcha, et lui demanda gentiment de ne pas rester près de la fenêtre: - Excuse moi, mais... J'ai froid... Lui dit il simplement en refermant derrière elle, et en baissant les volets. Mensonges ? Evidemment... Il avait lui même ôté son survêtement !
- T'attends quoi de moi maintenant ? Lorsqu'Eri prononça ces mots, le Corbeau se tourna vers elle et sourit intérieurement: à ses yeux, ils prouvaient que l'adolescente n'était pas aussi perdue qu'il l'avait craint. Il n'en révéla rien évidemment, son visage demeurant impassible. - C'est drôle... J'allais te poser la même question...
Il fit une pause devant l'expression étrange que lui renvoya son interlocutrice, avant d'attaquer à nouveau: - Qu'est ce que tu fais ici, Eri ?! Qu'est ce que tu fous dans cet hôtel avec moi ?! Tu ne me connais même pas, et tu ne sais même pas ce que je veux de toi ! Lâcha t'il finalement en faisant un pas dans sa direction. Alors quoi, tu crois qu'on va s'envoyer en l'air, que je vais te faire gémir jusqu'à l'aube, qu'on va se serrer la main, "merci au revoir, bonne journée" ?! C'est ça ?!
Il soupira longuement, ne sachant visiblement pas comment gérer son cas, avant de reprendre: - Tu crois que tout ce que tu fais s'efface d'un claquement de doigts ? Que ça ne laisse pas de traces ? Que ça ne compte pas ?
Petit à petit, le masque impassible du jeune Raven se fissurait, révélant peu à peu ses intentions à l'égard de la jeune Tanaka. Contre toute attente, il n'était pas là pour lui faire du mal ni pour la brutaliser, mais pour essayer de l'aider ! - Viens par là ! Ajouta t'il en la saisissant soudain par la nuque et en l'amenant dans la salle de bain. Il ne la relâcha que quand elle se retrouva en face de son propre reflet, devant un grand miroir. - Qu'est ce que tu vois, Eri ? QU'EST CE QUE TU VOIS ?! Tonna t'il soudain d'une voix plus forte pour forcer l'adolescente à lui répondre.
Dans le miroir, Eri pouvait très clairement voir tous les effets secondaires de ses états de manque combinés, qu'ils soient dûs à sa nymphomanie, où aux drogues diverses. Et ce n'était pas beau à voir... Patiemment, le brun resta devant la porte de la salle de bain, et appuya son épaule contre le montant de la porte avant de croiser les bras. Il était bien décidé à lui donner tout le temps dont elle avait besoin pour se remettre en question face à son propre double. Mais elle ne sortirait pas d'ici avant de s'être remise en question...
"Le sexe est le plus illogique des besoins." Björk
J'aurais sûrement dû être terrée de peur. J'aurais très probablement dû le laisser, partir dans une ruelle, oublier. Faire ce que je fais maintenant. Pourtant... Je n'avais pas réagis. Je n'avais pas réagis à ses mots, ses gestes. Je l'avais écouté, neutre. Dès lors que son monologue avait commencé, mon visage s'était fermé. Je me connais. Je le sais. Et lui... Lui ne sait rien. Il ne connaît rien. Rien de moi. Il a raison. Je ne sais rien de lui. La grande différence, visiblement, c'était qu'à la base je n'étais pas partie dans une optique pour le connaître. Connaître un type qui va me prendre deux heures ? Sans façons. Ce n'était pas mon genre.
Je l'ai observé. Lorsqu'il crie. Lorsqu'il me montre qui il est vraiment. Et même si j'ai vu beaucoup de choses dans ses yeux, je n'ai pas réagis. Ce n'est pas ce que je voulais. Je voulais du sexe. J'avais besoin d'oublier... Et lui... Lui pense pouvoir me raisonner avec deux trois mots un peu violent. Et je roule des yeux. J'avais déjà eu un truc du genre. Mon père avait tenté de me secouer. En vain. Comme aujourd'hui. Trop bonne, trop conne. J'étais bonne. J'étais conne.
- Tu peux arrêter de crier ? Ce n'est pas parce que tu me penses inconsciente que j'en suis devenue sourde.
Je relève une main pour masser ma nuque lentement. Et je me détourne de mon image. Je passe déjà trop de temps à me regarder. Je sais à quoi je ressemble.
- Tu veux quoi ? Me faire un laïus sur le fait que c'est pas bien ce que je fais ? Merci Doc' mais je suis au courant. Je sais que la drogue c'est mal. La clope aussi tu sais ? Au même titre que l'alcool, le café toussa... mais bon, tu dois le savoir.
Mes bras se croisèrent pour cacher mes poings qui se serrent. D'un point de vue de baston, je les serre mal. On m'a toujours « pouce en dehors du poing ». Mais là, je ne compte pas frapper. Je veux juste sentir mes ongles qui se pressent dans mes paumes. Juste pour avoir quelque chose que je connais. Quelque chose qui me rassure. Ouais. La douleur est rassurante. Je vous emmerde.
- Tu veux que je te dise ce que tu veux entendre ? S'tu veux. Je suis cernée. J'ai pas dormi depuis... Trois jours j'crois ? Je mange très peu, j'ai perdu au moins 5 kilos depuis que je suis ici. Tu veux que je te parle de mes pupilles ? Du fait que mes yeux bougent constamment ? Tu veux que je te parle de mes tremblements ? De mes faiblesses ? T'es mignon. Mais je les connais déjà. J'en suis consciente. Je suis en manque, pas demeurée.
Je suis déjà lasse. Laissez-moi partir que je trouve une bite, merde.
- Mais dis-moi. Est-ce que tu sais ce que ça fait ? Tu n'imagines probablement pas. Je vais te dire quelques secrets. J'ai commencé la cocaïne quand mon corps est devenu incapable de vivre sans sexe. Et ça ne suffisait presque pas. J'ai vécu un rythme de vie bien trop violent pour l'âge que j'ai. Je n'essaie même pas de me justifier. Les faits sont là. Je suis actuellement en plein manque. Et toi... TOI !
Mon poing atterrit dans le miroir, le fissurant faiblement alors que je retiens des larmes de frustration.
- Prends-moi ça ! Vis avec une semaine ! On verra si ça a l'air si simple ! Tu n'imagines pas ! Putain de Dieu tu ne sais bordel de rien ! Tu crois que ça m'amuse de chercher des bites comme un somalien cherche du riz ? Tu crois quoi ? Que ça m'amuse ? Bah bingo ! NON ! Je me trouve aussi immonde que tout ce que tu as pu penser. Mais quand je n'ai rien, je deviens folle!!
Mes mains se desserrent. Mon regard se baisse sur le bout de mes ongles rougis par l'hémoglobine. Et merde. Je vais avoir des marques... Putain... Je m'éloigne de lui, désireuse de retourner à la fenêtre pour fumer une nouvelle fois. Je suis en train de vaciller entre la colère et la lassitude. Et lui me barre le passage...
- Si t'es pas là pour me baiser... Soit gentil. Dégage ou tue-moi. Mais n'essaie pas de raisonner quelqu'un alors que tu ne piges pas un dixième de sa situation.
Le Corbeau avait toujours été un des meilleurs de son unité. Et être considéré comme un génie dès sa naissance, n'entendre que ça, ne côtoyer que très peu de gens, et que tous aient en commun de l'avoir en haute estime, cela avait sans nul doute fini par agir sur l'esprit du jeune assassin. Au fil des années, il avait réussi certaines opérations risquées, dangereuses... Alors le dossier d'Eri ne devait pas être bien difficile pour lui... Si ?
Lorsqu'il la vit répliquer avec force, il comprit à quel point cette histoire le dépassait. Quel idiot il avait été... Rien n'avait fonctionné comme il l'avait espéré ! Il voulait lui faire peur ! La traumatiser, afin qu'elle se souvienne, qu'elle garde en mémoire le souvenir de cette nuit, du fait que n'importe qui pouvait l'amener à l'hôtel, mais pas forcément dans le but de lui donner ce qu'elle attendait désespérément. Et maintenant qu'elle était à sa merci... Qu'allait il faire ? Certes, il avait une arme. Et puis ? Même s'il lui faisait peur à l'aide de son flingue, il était trop tard, à présent. Il avait loupé le coach, pour la simple et bonne raison qu'Eri était consciente du fait qu'il ne lui voulait que du bien ! Le court moment de peur s'était transformé en profond agacement, détruisant ainsi tout ce qu'il avait bâti au cours de la dernière heure.
Il la regarda alors briser le miroir et blesser sa main, tout en restant silencieux comme une tombe. - Te faire du mal ne fera pas disparaître ton état de manque... Commenta t'il simplement en se forçant à conserver son calme. C'est alors qu'il sentit un minuscule rayon de lumière percer les ténèbres. Un rayon qui attira toute son attention ! Eri commençait à s'ouvrir à lui, à lui parler ! Peut être même bientôt à craquer ? Certes, elle le détestait, et il avait le rôle du méchant dans sa tête, car il ne lui avait pas donné ce qu'elle désirait ardemment, ce dont elle avait besoin par dessus tout. Mais peut être que la sortie de secours n'était elle pas si loin que ça, en fin de compte. Et depuis le départ, Rock savait que la nuit serait longue. Très longue...
Lorsque la jeune Tanaka tenta de forcer le passage hors de la salle de bain, Chris la prit alors dans ses bras, s'attendant à recevoir plusieurs volées de coups. Mais peut être qu'un peu de douceur allait elle aider la jeune fille à exorciser ces démons pour ce soir ? - Je suis désolé, Eri... Mais aucune de ces actions n'est dans mes projets, ce soir...
Le brun resserra son étreinte autour de l'adolescente, avec d'infimes précautions tout en lui murmurant: - Tu as raison, je ne sais rien... Mais je te respecte trop pour te traiter comme un vulgaire objet sexuel jetable dont je me servirai cette nuit et que je balancerai ensuite demain matin. Je crois que tu as besoin d'aide... Et c'est peut être présomptueux de ma part, mais je crois que cette nuit, je peux te l'apporter, sans te traiter comme la dernière des putes... conclut il doucement.
Ces quelques secondes d'une fragilité extrême étaient aussi particulièrement difficiles à vivre pour Chris. C'était la première fois qu'il prenait une jeune fille dans ses bras. La première fois qu'il disait ce genre de choses à quelqu'un, la première fois... qu'il se sentait si proche de quelqu'un... Son coeur battait la chamade, non pas parce qu'il était amoureux, mais parce qu'il se sentait piégé, absolument pas en sécurité, tout contre cette étrangère qui l'attirait pour une raison qu'il était incapable d'expliquer. Tout ça le dépassait. Il ne comprenait, il n'expliquait pas, il ne... Il n'arrivait plus à réfléchir.
Sentant son malaise croître brutalement, et sa peur faire de même, il se dégagea lentement, et prétexta qu'il serait bien de nettoyer la plaie de la main de la jeune Tanaka. Toutefois, il mentait, et elle pouvait facilement le deviner grâce à un indice criant: il ne pouvait plus la regarder en face !
"Le sexe est le plus illogique des besoins." Björk
Quand il me prend dans ses bras, mon esprit s'éteint. Non non non. Hors de question que je vive ça. Mon nez arrête d'inspirer. Ma respiration se fait lente, par la bouche pour ne rien sentir. Mes mains ne le touchent pas. Mes bras sont inertes, le long de mon corps. Je refuse de bouger. Il est trop près. Je peux entendre son cœur battre... Et rien que ça... C'est pas bon pour moi... C'est vraiment pas bon ! Ça craint ! Putain ça craint ! Non mais il faut qu'il me... Hein ? Attends. J'entends plus rien ? Non. Je n'entends plus son cœur. S..Si je ferme les yeux... Il n'est pas là. Je ne fais que l'entendre. Je ne suis pas contre lui. Tout va bien... Je crois.
D'abord il me répond qu'il ne compte ni prendre mon corps, ni ma vie. Dommage. J'aurais aimé l'un ou l'autre. Mais bon. J'ai senti mes bras se presser un peu. Il me faisait un câlin. Non. Non... Il n'est pas contre moi. La preuve. Je n'entends pas son cœur. Je ne sens pas son odeur. Et je ne sens pas sa présence. Tant que je n'ai pas les yeux d'ouverts, il n'est pas près de moi.
Sa voix se porte vers mon oreille, douce mélodie. Si je relève la tête, je peux l'embrasser. Je peux lui prendre ses lèvres. Si je décale sa main, je pourrais le toucher... Si... Non. Il n'y aura pas de si.
- Je n'ai pas besoin de respect. Le respect c'est pour ceux qui ont besoin d'une excuse quelconque. Le respect auquel j'aspire, je le gagnerais seule. Comme la professionnelle que je suis.
Comme toujours. On respectera mon travail. On respectera mon professionnalisme, mes choré, mes danses, mes chansons. On respectera ma capacité à me concentrer – quand je pourrais de nouveau me concentrer plus de dix minutes. Mais on ne respectera jamais la personne que je suis. Alors on s'en fout non ? Ouais. Mon corps avant ma personne. Je l'ai bien compris ça.
- J'ai besoin d'aide. Mais pas là. Là j'ai besoin d'arrêter de brûler. Tu ne sais pas. Tu ne comprends pas... Tu ne peux pas comprendre...
Il me lâche. Je ne sais pas où il est. Mais je ne le regarde que quelques secondes. Assez pour le voir éviter mon regard. Pas assez pour ne pas me retenir. Un peu de décence. Enfin... j'ai encore toute la nuit pour trouver quelqu'un. J'avais subit deux mois. Je pouvais subir encore quelques heures non ? Après tout... une fois que Dame Libido m'aura totalement brûlé, je ne pourrais plus souffrir. Mon corps se dirige vers mon sac, sortant un nouveau paquet. J'sais plus ce que j'ai fais de l'autre. Tant pis. Je le trouverais plus tard. J'en sors deux. Je les allume avant d'aller dans la salle d'eau, lui tendant la sienne. Je suis lasse. Tellement lasse que tout ce qui n'est pas l'union d'un corps avec le mien ne semble pas m'intéresser.
- Je suis en train de mourir. Constamment. À chaque seconde. Rester dans tes bras, taleur... C'était sûrement la pire chose que tu pouvais faire. Partagée entre te désaper et m'agenouiller pour te prendre entre mes lèvres ou serrer tes boules assez fort pour que tu ne me touches plus. Non pas que je n'aime pas hein. Mais autant je prends soin de mon corps, autant avoir l'impression d'être brûlée en permanence à tendance à me mettre sur les nerfs. On appelle ça une crise de manque. Et c'est ce que je vis depuis deux mois. En continue.
Je lui tends la main qui a frappé le miroir. Pour qu'il la soigne. Il paraît que c'est ce qu'il « faut » faire.
- Enfin. Merci je suppose. Je suis tellement lassée que j'ai même pas envie d'être hystérique. Néanmoins je te préviens. Essaie ce que tu veux. Quand j'en aurais marre, je me casserais. Je ne risque pas les résidences surveillées pour ne pas me faire gang bang à un moment donné. Toi par contre, t'as un soucis avec moi. Pourquoi tu me regardes plus ? C'bien toi qui m'a amené ici non ? Tu le regrettes ? J'te fais peur peut-être ?
Enfin, il l'avait compris à l'instant où il avait pris la décision de lui venir en aide. A présent qu'il avait pris cette responsabilité, il ne pouvait plus reculer. Sa fierté le lui interdisait. Et peut être pas uniquement sa fierté, mais ça, c'était une autre histoire...
Le Corbeau tenta de soulager un peu la douleur de la jeune fille en lui offrant un peu de douceur. Peine perdue, malheureusement. C'était visiblement une erreur. Une erreur qui leur coûta à tous les deux, et qui ajouta à la confusion de l'universitaire, qui ne put que relâcher son étreinte afin de libérer la jeune fille. Il resta silencieux quand elle lui rétorqua qu'elle avait besoin d'aide, pas de respect. Il ne pouvait pas comprendre qu'une jeune fille aussi jolie qu'elle se laisse souiller par des gros porcs dans une ruelle minable au point de finir couverte de matière collante, gluante et puante, et de ne plus être capable de se reconnaître dans un miroir. Le simple fait d'imaginer Eri dans un tel état donna des nausées au jeune Chris, qui fut soulagé que la jeune femme s'éloigne dans la chambre.
Il se précipita au dessus du lavabo, persuadé qu'il s'apprêtait à dégueuler. Haletant, il fixa le miroir, et son reflet désormais brisé en dizaines de fragments. Son regard s'arrêta sur les quelques gouttes de sang de l'adolescente qui avaient coulé sur la vitre, et il se redressa quand il l'entendit revenir. Elle lui tendit une cigarette, qu'il accepta presque machinalement, mais avec plaisir.
Elle lui expliquait encore et toujours cette sensation provoquée par ses manques. Le fait qu'elle était en train de crever à petit feu. Devait il pour autant craquer, céder à ses pulsions ? Bien sûr qu'il avait envie d'elle ! Mais pas comme ça, pas pour ces raisons, par pour abuser d'une malade. C'était sale, dégueulasse ! Même pour un sale type comme lui ! Il croisa son propre regard dans le miroir l'espace d'un instant, et plissa les yeux. Le message était clair: "je t'emmerde... !" Parfois, Rock ne s'aimait pas beaucoup. Mais pas au point d'abuser de la jeune Tanaka dans son état de manque. Il ne pourrait plus jamais se regarder dans une glace s'il en arrivait là un jour, c'était une évidence ! Mais cela, il ne voulait pas le lui expliquer... Il n'était de toute façon pas certain qu'elle voudrait l'entendre, ou qu'elle le comprendrait...
A ce moment là, alors qu'il s'assit sur le rebord du lavabo, la jeune fille lui tendit la main. Une action si inattendue que cela fit légèrement sourire Chris. Malheureusement, cela ne dura pas... Car juste après, tandis qu'il s'affairait déjà à soigner sa blessure, Eri attaqua frontalement en lui posant les questions qui fâchaient. Son geste resta suspendu dans les airs, et son regard croisa une nouvelle fois celui de la jeune fille malgré lui. Il hésita une poignée de secondes, mais finit par admettre qu'il lui devait bien ça... - Je ne vois pas de quoi tu parles, lui rétorqua t'il alors en la regardant droit dans les yeux. Ce que j'ai fait ce soir, je l'ai fait pour t'aider, même si tu ne le comprends pas forcément. Non, je ne le regrette pas, oui c'est bien moi qui t'ai amenée ici. Mais je n'ai jamais envisagé de coucher avec toi.
Il fit une pause le temps de couper un bandage, puis il attrapa à nouveau délicatement sa main avant d'enrouler doucement le bandage autour: - Peu m'importe ce que tu penses de moi, Eri. Je peux comprendre que tu me détestes, ou que tu n'en ais rien à foutre de ce que je t'ai dit tout à l'heure. J'ai juste... Voulu essayé de te faire comprendre quelque chose... Mais tout ça... Les maladies comme la tienne, aussi complexes... Ce n'est pas du tout mon domaine... Et j'avais oublié ce détail...
Il coupa un dernier bout pour que le bandage soit propre, puis: - Voilà ! Dit il avant de lâcher sa main, se doutant qu'elle serait contente de retrouver sa liberté. Il hésita un instant, cherchant ses mots, puis: - Je ne vais pas perdre mon temps à te faire des discours interminables dont tu n'auras strictement rien à foutre. Si tu veux qu'on mette cartes sur tables, alors allons y: Je n'ai simplement pas voulu qu'une fille mignonne comme toi se retrouve abusée par trois sales connards au fond d'une sale ruelle. Cette simple idée me donne la gerbe, tu comprends ça ?! C'est pas plus compliqué que ça ! Conclut il un peu sèchement avant de quitter la salle de bain en premier pour cacher sa nervosité qui avait grimpé en flèche après avoir été un peu trop honnête sur ce coup là.
"Le sexe est le plus illogique des besoins." Björk
Je l'ai vu. Je ne peux pas le nier. J'ai vu son sourire. Et j'aurais pu croire, une seconde, qu'il était pour moi. Mais entre moi et les autres, il y a un écran. Il y a toujours eut un écran. C'était un fait. Toujours quelque chose entre moi et le regard des autres. La lentille d'un appareil photo, un moniteur pour vérifier que j'étais bien centrée, l'écran de l'ordinateur lorsqu'on regardait nos lives... Il n'y avait pas de raisons pour qu'il me sourit. J'aurais aimé. Peut-être un jour. J'en sais rien. Comment je pourrais savoir ce genre de choses ?
Il nie. Il me ment. Non. Il ne me ment pas. Il cache sa gêne. Bon... Il la cache mal. Mais ça je peux concevoir. Il me dit qu'il voulait m'aider. Comment tu aides une nympho sans la désirer ? C'est un peu idiot comme raisonnement. Mignon et chou. Mais idiot. Mon regard le dévisage, ma peau me transmet la douceur avec laquelle il s'occupe de moi. Ce n'est pas comme lorsque je me blessais étant gamine. Il ne me dit pas que j'aurais dû faire attention, que j'avais une séance photo prévue dans la semaine et que cela pouvait remettre ma carrière à plus tard. Non... Juste qu'il voulait me faire comprendre quelque chose. Et que ce n'était pas aussi simple que ça.
J'ouvre les lèvres pour le remercier lorsqu'il laisse ma main tranquille et bandée. Il réfléchit à quelque chose. Alors j'attends, bras ballants, essayant de comprendre. Je comprends mal les gens. Ils ne pensent pas comme moi. Il paraît que je n'ai pas été élevé dans le meilleur milieu pour cela. Même ça je le comprends pas. Et je l'écoute. Avec une attention toute particulière. J'en viens à oublier cet incendie qui me ravage en silence. J'écoute quand il dit que je suis mignonne, que ça lui fout la gerbe de l'imaginer. J'ai ouvert les lèvres pour répondre quelque chose... Mais il est parti de la salle de bain.
Je suis restée immobile. Des secondes. Minutes peut-être. J'en viens à vouloir bouger mes doigts et me rappeler que j'avais un bandage maintenant. J'observe ce dernier. On dirait les bandages de guerre comme dans les films. Ça m'arrache un petit rire. Petit. De ma voix fluette. Mais vrai. C'était de la franchise hein... ? Bon. Bah... Un prêté pour un rendu. S'il me connaît mieux, il comprendra ptêtre... Bah... Qu'est-ce que je perds à essayer... ?
À mon tour je rejoins la chambre et détaille le lit deux places. Ah oui. C'est vrai. Plus tard. Non... Je verrais pour traiter cette information. Je relève mon sac pour lui lancer le premier paquet ouvert.
- Sers-toi.
J'attrape mon téléphone pour activer internet, notant mon nom complet dans la barre de cherche. J'appuie une première fois pour observer les premiers résultats. Des photos de moi. Enfant. Bébé. Jeune adulte. Une photo où je danse avec Mei et Kae. Mon cœur se serre. Et en dessous, le titre de journaleux. « L'enfant-star se retire du monde à paillettes ! Arrivera-t-elle à s'en sortir ? » « Scandale sur la nouvelle idole ! Sa mère conteste la conspiration » « Eri Tanaka, bannie du japon ? ». Je soupire. Mais quels idiots... Tous autant qu'ils sont. Un peu plus bas, une photo de ma mère et moi. J'étais toute petite. Et l'article parle de mon ascension. J'y retrouve mes plus gros clichés. Une explication de mon parcours. Des passages d'interview. Je souris. J'ai l'air heureuse sur les photos. Dis, petite moi, tu as arrêté quand de rire ? De vraiment rire j'entends ?
Comme si la gamine allait prendre vie pour me répondre ! Je me suis prise pour Hermione Granger... Je relève l'article. Comme ça il aura les infos de monsieur-madame-tout-le-monde. Je me rapproche de lui et lui tend l'objet.
- C'est... Une récompense dirons nous. Parce que tu m'as soigné. Et parce que ça me touche que t'essaies de prendre soin de moi. C'est une première. Et j'ai rien d'autres à te proposer.
Je m'éloigne, le visage rouge. C'était... gênant. Plus jamais je fais un truc pareil !
The Wiesel Den 
Lazulijune
![Plaisir d'offrir, joie de recevoir [ft Chris] Tbab](https://zupimages.net/up/21/15/tbab.png)
