Ces choses dont on ne parle pas [Médée]

Ces choses dont on ne parle pas

Je suis désolée. Je m'excuse. Je m'en veux. Je t'aime tellement... Que je ne peux pas te repousser. J'aime tes baisers. Tes caresses. J'aime que tu continues de m'embrasser. J'aime que tu me donnes l'illusion de m'aimer. Je t'aime au point de ravaler mes larmes lorsque tu me regardes suite à ma déclaration. Et que tu les refermes sans un mot. Sans un sentiment. Sans rien. C'est un beau rejet. Je peux survivre avec. Je crois. Je t'aime tant que je vais m'en convaincre. Je t'aime tellement que je partirais sûrement dans la nuit. Parce que si je crie. Si je hurle. Tu te réveilleras. Je t'aime au point de tout te cacher.

Ya pas à dire. Je vous aime bien trop toi et Hannah. Au point d'en devenir stupide. C'est pas grave. J'ai l'habitude tu sais. J'encaisserais. Je porterais cette douleur silencieusement.

Médée ∞ « Aime-la... Tu lui diras hein?  »

Soulage-moi au moins de ça. Pitié. Tu viens de la choisir... Après tout... J'imaginais quoi... Tu me l'avais déjà dis. « c'est plutôt toi qui l'empêche de vivre comme elle le voudrait donc... qui est le boulet dans l'histoire ? » C'est moi. Je le savais. Je le sais toujours. « C'est Hannah que j'ai rattrapée, pas toi. Je suis désolé, mais je préfère sa conversation à la tienne. ». Je souffre de réentendre ta voix. Je souffre de te revoir... Je souffre d'être près de toi. J'aurais préféré ne jamais existé plutôt que de connaître un désarroi comme celui-là. Je ne te le dirais sûrement jamais... Mais je suis aussi désespérée que le jour où Kate est devenue orpheline. Mes parents. Toi... Même combat. Peu importe combien j'hurle, aucun de vous ne reviendra vers moi. Je te haïs un peu. Mais je t'aime bien plus...

Mon corps se presse contre le tien. J'ai besoin de toi. Tu n'as pas besoin de moi. Je suis désolée... Je suis tellement désolée...

Médée ∞ « Je peux... m'endormir dans tes bras... ? »

Je ne veux pas m'éloigner. Sinon tu vas t'échapper. Mais si je m'éloigne, je pourrais pleurer. Je ne sais pas. Je ne sais plus. Je te veux sans te vouloir. Je ne te désire pas en te désirant bien plus que je n'ai désiré quiconque. Si bien que mes baisers en viennent à s'arrêter. Lentement, mon visage contre le tien.

Tu sais Sweety-boy... Je voulais n'être qu'à toi. Je voulais que tu me vois. Tu sais Alix, je t'ai aimé bien avant Hannah. Tu sais mon amour, tu...

Médée ∞ « … es la plus belle chose... soit arrivée... »

Doucement, mes larmes coulèrent sous mes paupières closes. Doucement, mon esprit s'embrume. Doucement, mes mains se serrent pour t'attraper. Doucement, ma voix supplie sans que je ne puisse la retenir.

Médée ∞ « Je voulais juste être acceptée... Pardonne-moi... »

Et puis, plus rien. Le noir. Le sommeil. Ou juste l'épuisement. Je ne sais pas. Je sais juste que ma dernière pensée est que je suis immonde d'aimer autant ton odeur.

23 juin
2018

Ces choses dont on ne parle pas...

Médée

Tu aurais dû parler. Tu devrais parler. Pourquoi dois-tu toujours tout garder pour toi ? Est-ce compliqué de dire à quel point tu as peur, à quel point tu es seul, à quel point tu as besoin de te raccrocher à elles ? Est-ce compliqué d’exprimer à quel point ce monde a perdu de son sens au moment où tu as réalisé que tu avais tout sacrifié pour rien ? Oui. Oui, ça l'était, car c'était injuste. Injuste envers elle qui n'avait jamais rien eu. Injuste car il n'avait pas répondu au je t'aime qu'elle lui avait murmuré, injuste car il n'était même pas sûr d'avoir une réponse à donner, injuste car il ne faisait que l'utiliser pour combler la solitude et chasser la peur. Car elle ressemblait à Hannah.
Était-ce donc ça qu'il était devenu ? Quelqu'un qui va de substitut d'Hannah en substitut d'Hannah à chaque fois que la vraie lui échappe ? À quel point pouvait-il être monstrueux ?

- Aime-la... Tu lui diras hein ?

Il se crispa. Ses mots contenaient trop de détresse, trop de résignation. À cause de lui. Évidemment. Voilà, c'était à quel point il était monstrueux.
Oui, il lui dirait. Si elle revenait. Quand elle reviendrait. Elle reviendrait, pas vrai ? Mais même là... même là, il manquerait quelque chose. Il serra Médée contre lui, la laissa diminuer encore, si c'était possible, l'espace qui les séparait.
Je t'aime...
C'était ce qu'elle lui avait dit. Pourquoi ? Depuis quand ? Et comment ne l'avait-il pas vu plus tôt ?

- Bien sûr que tu peux... tu peux... rester autant que tu le voudras...

Il la retint contre lui, son visage contre le sien, les yeux fermés tandis qu'il la sentait se relâcher dans ses bras. S'effondrer, sous le poids de l'épuisement, de la détresse, de la peur, de l'alcool peut-être, un peu. Il garda sa tête posée contre la sienne, attrapant au vol tous les mots qu'elle prononça. La plus belle chose qui lui soit arrivée... Vraiment ? Il avait tant l'impression d'être l'inverse.
A quel point l'amour rendait-il fou?à quoi les avait-il condamnées, en les suivant, ce soir-là? Il ne pouvait sauver l'une sans poignarder l'autre.
Venait-il de perdre les deux ? Et à quel point cela te fait mal, dis-moi ? Trop. Beaucoup trop.

Il l'entendit murmurer, mais le sens de mes ne l'atteignit pas. Puis le silence reprit ses droits, troublé uniquement par la respiration endormie de cette fille qu'il n'aurait jamais cru voir s'effondrer. Et lui, ses mains tremblantes et son angoisse qui profitaient du retour du silence pour revenir, elles aussi.


Impossible d'imaginer qu'il s'était endormi. Pourtant, quand il rouvrit les yeux au son de son cœur devenu trop rapide et trop violent, quand il se réveilla à la douleur de sa respiration trop anarchique, il sut qu'il avait sombré dans le sommeil.
Et que la peur venait de l'en sortir.
Où était-elle ?
Son cœur se calma à peine quand il sentit la présence de Médée près de lui. Pas beaucoup plus quand il la serra contre lui, respira le parfum de ses cheveux. Il était en panique. En souffrance. L'avait-il réveillée ? L'était-elle déjà avant qu'il ne soit pris de cette pulsion de la serrer contre lui beaucoup trop fort et beaucoup trop soudainement.

- Médée... parvint-il à chuchoter d'une voix tremblante et saccadée. J'ai cru... J'ai cru que tu étais partie...

Il ne voulait pas qu'elle s'en aille. Pas qu'elle le laisse seul. C'était d'un égoïsme affligeant. Tant pis, tant pis. Laissez-moi être égoïste. Égoïste pour une fois, une seule fois, une dernière fois.

Ces choses dont on ne parle pas

C'était le noir. J'étais seule. Personne ne m'entendait peu importe combien je criais. J'avais mal à la voix. Et j'observais une gamine. En boule. Elle pleurait. Devant elle, une photo avec un couple et elle. Elle hurlait sans s'arrêter. Elle tapait du poing, se serrant le t-shirt comme si elle espérait s'arracher le cœur. J'ai cherché à poser ma main sur elle sans succès. Ma main passa à travers. Et une autre enfant arriva. Elle regarda la boule et s'en approcha doucement.

- Ça va... ?
- T'es qui toi ?
- Moi ? Une amie. Je suis là pour réaliser ton souhait.
- Alors prend tout ! Je veux plus rien ressentir ! J'ai mal ! Je veux mes parents ! Je veux revenir à avant !

La gamine a sourit.

- D'accord. Je prendrais tout alors. Tout ce que tu ne veux pas, donne-le moi. Je prendrais tout ! En contre-partie, je te demande une chose.
- Tu vas partir. Comme eux.
- Bien sûr que non. Je resterais dans ta tête. Je serais tout le temps avec toi. Tu ne seras plus jamais seule. Je te le promets.
- C'est faux !
- C'est vrai. Je suis celle qui va t'aider à devenir ce que tu veux. Donne-moi tout. Je prendrais tout. Ta souffrance. Ta douleur. Tes larmes. Tes cris. Donne-moi ta colère et ta haine. Je te demande qu'une chose.
- Quoi... ?
- Donne-moi un nom.

L'enfant s'est assise devant l'autre, reniflant.

- Alors tu t'appelleras Médée.
- D'accord. Et toi, tu es ?
- K... Hannah. Appelle-moi Hannah.
- D'accord Hannah. Je vivrais pour toi. Je ne te quitterais jamais.

Un souffle sembla me manquer. Et la petite Médée tourna le visage vers le mien. Hannah disparut lentement et Médée se dirigea vers moi.

- Et maintenant qu'elle est partie, tu vas faire quoi ? Prendre sa place ? Ou juste mourir ?


Mon regard grisé s'ouvrit rapidement, mon souffle coupé, ma main se portant à ma gorge, l'autre cachant ma bouche. Je me forçais à inspirer longuement par le nez. J'étais née... comme ça ? Je servais à quoi. Je... Je... Je pouvais pas prendre sa place. Je pouvais pas mourir. J'étais … J'étais quoi putain ?! Et tu t'es mit à me serrer contre toi. Non... J'étais pas née comme ça. J'étais là bien avant... J'étais pas vivante. J'étais conne...

Alix ∞ « Médée... J'ai cru... J'ai cru que tu étais partie... »

Médée ∞ « Comme si je pouvais m'éloigner de toi... »

Je me tourne, t'enlace longuement. Et si... Si j'étais juste là pour temporiser. Pour aider sans jamais avoir à être heureuse ou aidée ? Et si je n'étais pas vraiment là... ? Et si...

Médée ∞ « Je reste là Sweety-boy. Je te le promets. Je ne te laisserais pas seul. Jamais. »

Il me fallut une seconde pour réaliser que je te promettais la même chose à que ce que j'avais promis à Hannah. Mes bras t’enlacèrent lentement, collant ton oreille sur mon cœur. Mes doigts caressèrent ton crâne faiblement alors que je continuais de chuchoter des mots auxquels je ne croyais pas. Excuse-moi de te mentir mon trésor...

Médée ∞ « Ça va le faire... Crois en moi d'accord ? Tout ira bien. Tu n'es pas seul. Je suis là. Calme-moi mon ange... S'il te plaît... »

Mes lèvres se baissaient pour t'embrasser le front. Qu'est-ce que je foutais ? Pourquoi je me posais la question ? J'avais peur. J'allais disparaître. Je voulais... Juste avoir un moment. Juste pour nous deux. Sans... Bah sans elle...

Excuse-moi Hannah...

Je m'abaissais pour effleurer tes lèvres, mes doigts caressant ton corps. Je t'embrassais. Parce que si tu pouvais aller mieux avec un baiser... Alors tout irait bien. Mais tu y répondais. Tu m'enlaçais. Et j'ai honte. J'ai honte d'avoir profiter de ta faiblesse. Encore endormi, encore seul... Je t'ai enlacé, j'ai passé mes mains sur ton corps. Et je t'ai dis les mots que tu voulais – très certainement – entendre.

Médée ∞ « Je veux que tu sois heureux. Je t'aime. Je resterais contre toi. Je t'aimerais jusqu'à ce que tu la retrouve. Je te le promets. Je ferais tout pour qu'elle revienne. Et vous serez heureux. Ne t'inquiète pas... Mais pour l'heure... Laisse-moi te combler. Laisse-moi être près de toi, au plus près possible... »

Mes doigts retirent lentement tes vêtements, doucement, avec une délicatesse que j'ai rarement montré. Avec une douceur encore plus tendre, j'ai attendu ton accord. J'ai attendu que tu me laisses faire avant de me dénuder à mon tour.


Le soleil se lève et mes yeux s'ouvrent lentement. Je m'étire sans me préoccuper de ma nudité. Mon bras se tend et mes doigts sentent la chevelure d'Alix. Un sourire éclaire mon visage. Suivi instantanément par ma lèvre qui se voit mordre. Qu'avais-je fais... ? Nous avions... Hein ? Attend ! Hannah... Elle l'a vu ? Elle va revenir ? Si elle revient pas... Ce sera de ma faute ? Non. Elle n'a rien vu hein... ?

Hannah... ? Hannah !
…

Pendant un instant, mon corps finit par se lever. Je tourne en rond dans la chambre, réfléchissant rapidement. Jusqu'à ressentir le contre-coup de la veille. J'espère que t'as des médocs Sweety-boy... J'espère vraiment que t'as un Doliprane.

23 juin
2018

Ces choses dont on ne parle pas...

Médée

L'idée qu'elle ait pu partir distillait toujours de la peur dans ses veines, même alors qu'elle était dans ses bras. Il la serrait autant contre elle qu'il était possible sans lui faire mal mais... mais il dut attendre de sentir ses bras autour de lui et d'entendre ses mots, de les comprendre vraiment, avant que son cœur ralentisse légèrement. Un peu trop légèrement, il se sentait toujours aussi fébrile. Est-ce qu'elle allait vraiment rester avec lui ? Ou bien elle finirait par partir, elle aussi ? Comme...
Non. Non, elle n'était pas partie ! Elle reviendrait, elle reviendrait forcément !
Il se colla contre Médée en fermant les yeux, les dents serrées et les yeux brûlants. Il entendait son cœur battre, ce cœur qu'il l'avait souvent imaginée de ne pas avoir. Ce cœur qu'elle lui avait ouvert la veille et qu'elle continuait de lui offrir à travers chaque mon, chaque "mon ange" murmuré à ses oreilles, à travers ses lèvres posées sur son front. Sur sa bouche. Il s'accrocha avidement à ses lèvres quand elle l'embrassa, comme s'il s'agissait de sa seule source d'oxygène.

Il ne chercha pas à chasser les mains qui faisaient glisser ses vêtements, l'aidant même lorsqu'il n'était pas en train de l'embrasser encore et encore, une main posée sur sa joue pour la garder près de lui. Ses gestes s'adaptèrent doucement à la tendresse et à la douceur qu'il percevait dans ceux de Médée, perdant leur fébrilité et leur nervosité à mesure qu'il sentait sa peau sous ses doigts, sous ses lèvres, son corps contre le sien. Il avait besoin de ça. Pourquoi ? Il n'avait pas envie de se poser la question. Il n'avait plus envie de se poser de question. Il voulait juste, entendre sa respiration et sa voix s'affoler, lui donner l'amour dont elle rêvait, se débarrasser de ses tremblements et de sa tension. Goûter à sa peau encore une fois.
Dans les bras d'une autre. Mais pas vraiment une autre.
Est-ce que tu l'aimes, dis-moi ?
Hannah ? Oui. Médée ? Peut-être. Suffisamment pour effacer le peu de distance qui les séparait.
Être à elle l'espace d'une nuit.

• • • • • • • • • • • • • • • • • •

Un contact un peu maladroit dans ses cheveux le tira du sommeil et il poussa un léger gémissement avant de se rouler en boule. Hm... non. Il était encore trop tôt pour vraiment se réveiller. Il plongea sa tête dans son oreiller pour ne pas se retrouvé tiré de ses dernières minutes de sommeil par la lumière du soleil. Est-ce qu'il avait vraiment besoin de se réveiller ? Il était épuisé. Après tout, il n'avait pas beaucoup dormi cette nuit.
Cette nuit...
Il ouvrit brusquement les yeux sous le coup de la réalisation au moment où l'ombre d'un corps lui cacha la lumière, la tête toujours un peu dans son coussin.
Ah, oui. Cette nuit. Il se massa la tempe avant de finalement s'asseoir difficilement sur le matelas, les paupières encore lourdes. Il étouffa un bâillement en levant un regard ensommeillé vers Médée. Avaient-ils vraiment dormi ? Plus de dix minutes ? Il avait l'impression de n'avoir aucune seconde de sommeil dans le sang.

Alix se frotta le visage en essayant de remettre ses cheveux en place. Les événements de la veille essayaient de reprendre un ordre logique dans son cerveau. Médée en larmes, le goût de l'alcool sur ses lèvres, la nuit passée avec elle.
Avait-il fait quelque chose de mal ? Une erreur ? Il n'en savait rien. Il avait du mal à le voir comme telle, mais il ressentait toujours cette légère pointe de culpabilité, presque devenue familière. Culpabilité, parce qu'elle n'était pas Hannah et qu'il n'avait jamais été dans les bras d'une fille autre qu'elle sans argent à la clef. Culpabilité, parce qu'il n'arrivait toujours pas à savoir s'il s'était servi de Médée ou s'il y avait un fond de sentiments dans l'histoire. Culpabilité parce que, si sentiments il y avait, il était bien plus cruel avec Hannah qu'il se l'imaginait.
Et si elle ne revenait jamais ?
Et si elle était déjà revenue ?
Non... Hannah ne marcherait pas paisiblement, nue, devant une fenêtre aux rideaux ouverts.
Là il réalisa qu'elle était nue. Son visage s'empourpra au moment où son cœur lui soufflait de détourner le regard. Il ne le fit pas. Cela faisait bien trop longtemps qu'il rêvait de poser à nouveau les yeux sur elle.

- Déjà levée ?

C'était une évidence absolue, un moyen d'avoir un semblant de conversation. Sa voix était trop faible, un peu trop pâteuse. Lui aurait sûrement préféré dormir deux à trois heures de plus mais la lumière et l'empressement de son cerveau à remettre les événements de la veille en place en avaient décidé autrement.

Ces choses dont on ne parle pas

On se calme. Médée. On se calme. Je n'ai pas le droit de paniquer. Je n'ai vraiment, vraiment, pas le droit de paniquer. Je réfléchis, rapidement. Désespérément. Qu'est-ce que j'ai fais. Qu'est-ce. Que. J'ai. Fais ? Et si Hannah ne revenait pas ? Non non non ! Je n'ai pas le droit de penser ça. Je n'ai pas le droit ! Mon cerveau fulmine. Je veux savoir pourquoi elle n'est pas là. Je veux savoir pourquoi elle ne revient pas. Je veux savoir pourquoi... Mon téléphone vibre. Non. Le téléphone d'Hannah vibre. Naturellement, je l'attrape et ouvre le message du numéro que je ne connais pas.

Alix ∞ « Déjà levée ?»

Médée ∞ « Ouais. Je t'aurais encore sauter dessus si j'étais restée à côté de toi. »

Je me retourne pour te faire face. Je referme le téléphone de mon alter-égo. Je le lirais plus tard. Je pense... Je pense que je vais détester cette journée. Mais genre, vraiment. Mon corps se dirige vers la salle d'eau, attrapant un médicament que j'engloutis rapidement. Que mon mal de crâne se retire... Vite. Déjà que ce qui va suivre ne me fait pas plaisir... Alors si en plus je suis malade... Et me voilà de nouveau à côté de toi. Sous la couette, caressant tes jolies mèches blondes. Nous avons besoin de parler. Nous avons vraiment besoin de parler. Et... Et je sais pas par où commencer. Je sais pas si je te parle d'Elle ou si je parle de Machin. J'ignore si tu veux parler. J'ignore tellement de choses...

Médée ∞ « Alix... »

Je me love contre toi. Je cache mon visage pour que tu ne le vois pas. Je cherche ta chaleur, ignorant cette voix qui me rappelle que ça doit te tuer de l'avoir sans que ce ne soit elle. Je veux te dire tellement de choses... Et rien ne sort. Rien. Ma voix reste bloquée. J'ai peur de dire quelque chose de mal. De déplacer. De... moi en fait.

Médée ∞ « Je pense... Qu'il faut qu'on parle un peu... Pour changer... Parce qu'on parle jamais... Enfin. On n'a jamais vraiment parlé pas vrai... ?»

Je reste contre toi, caressant lentement ta peau. Je n'arrive pas à dire autre chose. Et si tu le prenais mal ? Déjà que tu aimes pas trop que ça soit moi... Je sais que tu l'aimes Elle... J'aimerais être Elle. Pour te dire à quel point je t'aime. À quel point je n'aime que toi. À quel point sa vie est vide sans toi... Mais...

Médée ∞ « Dis Alix... Tu penses quoi de moi ? »

23 juin
2018

Ces choses dont on ne parle pas...

Médée

Sa réponse à sa demi-question lui fit hausser un sourcil. Comment ça, elle lui aurait encore sauté dessus ? Bon, en vérité, il avait très bien compris ce qu'elle voulait dire par là, mais il trouvait presque surprenant qu'elle lui dise ça sur un ton aussi naturel. En même temps, pourquoi ça le surprenait avec ce qui s'était passé cette nuit ?
Comment allait-il expliquer ça à Hannah ? Devait-il expliquer ça à Hannah ? Si... S'il voulait essayer de réparer leur relation, de reconstruire ce qu'il avait brisé, il devrait sûrement aborder le sujet. Mais lui-même ne savait pas comment le voir.

Tandis qu'elle se rendait à la salle de bain pour une raison qu'elle ne prit pas la peine de lui donner, Alix se rallongea et fixa le plafond un moment. Le plafond et ses centaines d'entailles... Il ferma les yeux pour ne pas les voir, pour ne pas se rappeler la raison de leur présence. S'il y avait bien une personne à laquelle il n'avait pas envie de penser, là tout de suite, c'était Chris. Médée le rejoignit alors qu'il avait encore les yeux fermés, raison pour laquelle il ne le remarqua qu'en sentant son poids sur le matelas, puis sa main dans ses cheveux.

- Je pense... Qu'il faut qu'on parle un peu... Pour changer... Parce qu'on parle jamais... Enfin. On n'a jamais vraiment parlé pas vrai... ?
- C'est vrai...

Avait-il déjà eu beaucoup d'occasions de discuter avec Médée ? Pas vraiment. Elle était rarement là pendant sa relation avec Hannah, et avant ça... ils ne s'entendaient pas toujours à merveille. Enfin... non, ce n'était pas vraiment ça. Médée était toujours apparue forte, moqueuse, parfois méprisante. Il avait entendu Hannah s'en plaindre parfois, l'avait côtoyée très peu. Jamais il ne l'avait vue dans cet état, jamais il n'avait imaginé qu'elle pourrait avoir des sentiments pour lui.

- Dis Alix... Tu penses quoi de moi ?

La question le laissa silencieux un moment. Que répondre à ça ? Il la connaissait si peu... Il avait appris à ne plus la détester, à ne plus la mépriser, à la considérer comme une part d'Hannah. Mais il l'avait peu côtoyée. Alors qu'elle... elle avait dû le voir assez régulièrement, à travers les yeux d'Hannah, sans jamais avoir sa place, son mot à dire.

- Je... ne sais pas trop. Je t'apprécie beaucoup plus qu'avant, je veux dire... au début, je ne te connaissais pas. Je t'ai jugée un peu vite et je pense que j'avais tort sur beaucoup de points. Tu es bien meilleure que l'image que j'ai pu avoir de toi dans les premiers jours.

Pouvait-il vraiment lui dire qu'il ne l'appréciait pas, au début ? S'il se souvenait bien des mots qu'il lui avait dit, elle n'avait pas besoin qu'il le lui rappelle pour le savoir. Mais ça semblait nécessaire, dans sa réponse, comme s'il avait besoin de dire à quel point il l'avait mal jugée pour lui dire le reste.

- On n'a jamais eu beaucoup de temps pour discuter. Pour vraiment se connaître. Mais je sais que je sentirais un grand vide si tu... disparaissais.

Médée était vue comme une maladie. Peut-être l'était-elle vraiment, mais dans ce cas c'était une maladie dont la guérison ne serait pas vraiment bénéfique. Disait-il cela uniquement car il avait la sensation d'avoir définitivement perdu Hannah ? Non... non, il le pensait vraiment. Il s'était habituée à Médée, à entendre Hannah en parler comme d'une sœur, à la voir de temps en temps. Avec le temps, elle était devenue, à ses yeux, comme la sœur jumelle d'Hannah. Une sœur qui partagerait le même corps, mais une jumelle malgré tout. Comme Rikissa pour lui.
Et si les gens avaient du mal à l'imaginer sans Rikissa, il en était de même pour Hannah.

Ces choses dont on ne parle pas

Je t'écoute. Toute mon attention est focalisée sur tes mots. Sur ta réponse. Ton choix de formulation. Pendant un instant la voix d'Hannah revint de nos souvenirs, la douceur dans son ton.

Et je vais être enfin, par votre seul arrêt,
Heureux, si vous voulez, malheureux, s'il vous plaît.

Mon corps frissonne de l'entendre murmurer. Il y a quelque chose dans sa voix que je n'ai pas entendu depuis un long moment... J'espère que ça ira mieux lorsqu'Elle reviendra. J'aurais pu partir en supposition, en hypothèse diverses et variées. Mais il a fallu que tu parles à ce moment-là-même.

Alix ∞ « Je... ne sais pas trop. Je t'apprécie beaucoup plus qu'avant, je veux dire... au début, je ne te connaissais pas. Je t'ai jugée un peu vite et je pense que j'avais tort sur beaucoup de points. Tu es bien meilleure que l'image que j'ai pu avoir de toi dans les premiers jours. »

Une image bien meilleure ? Ouais. Faut dire que c'était l'inverse qui aurait été dur à faire. Améliorer mon image... ça devait pas être compliqué. Surtout quand on se souvient comment tu me traitais. C'était... Mérité je pense. Et tes mots m'ont perdus. « je sais que je sentirais un grand vide si tu... disparaissais. ». Hein ? Quoi ? Pendant une seconde, j'en arrête de bouger, de remuer, de respirer. Le choc des mots. Mon regard se ferme et je me surprends à soupirer longuement, intensément. Ne me dis pas des trucs comme ça... Je t'aime tant que ça me donnerait envie de rester seule à t'avoir. Égoïstement. Et puis... Je suis vouée à disparaître. Tu ne dois voir qu'Hannah. Tu n'as pas le droit de me voir. Bientôt, moi, je pourrais plus te voir. Je suis désolée, je sais pas comment le dire. Alors. Je te mens. Par omission. Pardon.

Médée ∞ « Il n'y avait pas grand chose à connaître sur le papier. Je suis pas réelle et techniquement, je suis censée être la preuve de la schizophrénie avancée d'Hannah. Hum. Je serais son rejet et... comment ils disent ? Sa dissociation d'identité. »

Mon corps s'allonge contre le tien, venant sous les draps par réflexe.

Médée ∞ « Alors me connaître est un bien grand mot. Tu connais Hannah c'est pas mal déjà. Mais moi... Bah, c'pas important si on me connaît pas. »

Je me tourne pour te faire face. Mon regard se plante dans le tien. Et c'est quelque chose que j'aime regarder, observer. Tes yeux. Je me ferais damner pour ton regard. Mes doigts se relèvent pour caresser tes joues, pour me délecter silencieusement de la douceur de ta peau... Ma voix chuchote lentement, essayant de ne pas briser ce moment.

Médée ∞ « Tu n'as pas à ressentir ça. Quand je disparaîtrais, tu me retrouveras dans les gestes d'Hannah un peu tous les jours. Je ne serais jamais partie. »

Franchement, j'essaie de te rassurer ou de me convaincre ? Les deux peut-être ? Ouais. Sûrement les deux. Mon visage se rapproche du tien, mes lèvres venant embrasser ton nez avec douceur. Avec une pointe de moquerie surtout. Cette moquerie qui n'existe que pour que je puisse me cacher derrière quelque chose. Tu ne dois pas m'aimer. Tu dois l'aimer Elle. Juste Elle. Ne me fais pas regretter de te laisser pour Elle... C'est déjà bien assez douloureux comme ça...

Médée ∞ « Quand Elle reviendra, ça ira bien mieux Sweety-boy. En attendant... Tu m'aides à protéger le corps d'Hannah hein ? »

Bien sur que tu m'aideras. Tu le feras pour Elle. Tu fais toujours tout pour Elle. C'est sûrement pour ça que je t'aime autant. Parce que comme moi, ta priorité c'est Elle.

23 juin
2018

Ces choses dont on ne parle pas...

Médée

Il n'était pas sûr que la vérité serait facile à entendre pour elle, ni même qu'elle aurait envie de l'entendre. Sa réaction à ses mots le conforta dans cette idée. Peut-être qu'il aurait dû être plus neutre. Peut-être qu'il n'aurait pas dû véritablement réfléchir avant de lui répondre. Mais est-ce qu'une seule réponse aurait pu convenir ? Il aurait pu mentir et prétendre qu'il la détestait mais... et quoi, après ? Il l'avait vu pleurer, brisée dans ses bras. Il n'avait pas envie de lui faire subir ça à nouveau. Enfin... il préférait l'éviter autant que possible, même s'il était conscient, désormais, que penser que Médée ne souffrait pas était un leurre.

- Peut-être que tu n'es qu'une manifestation mais... tu es là, au final. Tu existe, tu parles, tu agis. Difficile de ne pas admettre ta présence.

Par réflexe quand elle s'allongea contre lui, il passa un bras autour de ses épaules. Oui, peut-être qu'elle n'était pas réelle, peut-être qu'il était impossible de vraiment la connaître, inutile même d'après ses mots, mais elle restait une part d'Hannah. Ou peut-être même une personne à part entière, à force de se construire sur tout ce qui blessait son hôte, tout ce qui la rongeait. Dans tous les cas, pouvait-il vraiment ignorer son existence ? Non, bien sûr que non. Même sans corps à elle, elle restait réelle. Elle restait réelle à ses yeux du moins.

- Alors tu ne disparaîtras jamais vraiment, souffla-t-il en réponse à sa dernière phrase.

En était-il heureux ? Plus ou moins. Savoir que Médée finirait par fusionner avec Hannah était à la fois inquiétant et rassurant. Il ne savait pas trop comment il se sentait à ce sujet. Oui, Médée ne disparaîtrait pas, mais elle ne serait plus vraiment là, elle aurait simplement rendu petit à petit sa personnalité complète à Hannah. Était-ce vraiment la même chose ? Le changement serait-il brutal ou progressif ? Parviendraient-ils à s'y habituer, l'un comme l'autre ? Il n'en savait rien. Sûrement ne le saurait-il que le jour où ça arriverait... si ça arrivait. Il ferma les yeux, tandis qu'elle embrassait doucement son nez, gardait son visage près du sien.

- Oui... oui, bien sûr. Tu sais bien que je ne laisserai rien lui arriver.

Protéger Hannah... C'était la promesse qu'il s'était faite quand il avait commencé à sortir avec elle. Qu'il n'avait pas tenu. Qu'il avait ignoré plus ou moins consciemment quand ils s'étaient séparés. Enfin... jamais totalement. Il lui arrivait d'avoir de légers moments d'inquiétude quand Hannah était mentionnée, mais il s'était isolé dans une bulle d'ignorance, à l'époque. Par réflexe, sans trop y penser, il laissa une des mèches vertes s'enrouler autour de ses doigts.
Cela ressemblait presque à ses matinées avec Hannah.
Presque..
Il soupira en gardant Médée contre lui, les yeux toujours fermés. Tellement de choses imprévisibles, de variables qu'il ne pouvait pas prendre en compte. Il n'avait jamais cherché à connaître ou à prédire l'avenir, mais il aurait aimé avoir plus d'infos sur le sujet, parfois...

Ces choses dont on ne parle pas

Comment ? Est-ce que tu peux m'expliquer comment je fais pour ne plus t'aimer ? Tu m'expliques comment je peux résister à... à... à « ÇA » ? Quand tu me prouves que tu tiens à moi, quand tu passes ton bras le long de mes épaules. Quand tu murmures ce qui résonne comme une supplice... Quand tu me murmures ce que j'aimerais entendre. Mais... Dis-moi Sweety-boy... Ces mots, ton cœur, tout ça... C'est à Elle non ? Alors ne me laisse pas croire que j'ai ma place. Je peux accepter beaucoup de choses. Mais toi... Tu es sûrement le seul qui peut me voir comme je suis. Que toi. Uniquement toi. Parce que toi, je t'autorise à me blesser.

Alix ∞ « Oui... oui, bien sûr. Tu sais bien que je ne laisserai rien lui arriver. »

Protège-la. Protège-moi. Moi qui suis faible au point de constamment vouloir pleurer. Moi qui suis celle qui t'as le plus blessé mais qui n'arrive quand même pas à imaginer ce que j'ai fais. Moi qui ne te mérite pas et qui ne veut que toi. Protège la « moi » qui ressemble à Hannah. Celle qui ne sait pas parler aux autres, celle qui se renferme au lieu d'assumer. Celle qui regarde le monde à travers ce miroir poussiéreux que tu avais commencé à nettoyer... Protège l'autre « moi ». Protège celle qui pleure devant la tombe de ses parents. Protège l'enfant que je ne te montrerais pas. Reste à mes côtés et fais-moi vivre Alix...

Un sourire éclaire lentement mon visage. Je suis stupide d'imaginer ça. Bien sûr que tu me protégeras. Enfin. Tu protégeras Hannah. C'est Elle qui se réveillera avec ton visage, qui goûtera tes lèvres. C'est Elle qui aura tes mots doux et tes gémissements. C'est à Elle que tu donneras tout ce dont je rêve. Fais-moi une promesse Sweety-boy... Oublie-moi...

Tes doigts caressent ma cascade vertes alors que je m'abaissais pour retourner entre tes bras. Ne regarde pas mon visage. Arrête de lire en moi. Je n'arriverais pas à tenir le masque avec toi. Je ne dois pas. Je n'ai pas le droit.

Médée ∞ « Je sais bien oui. C'est pour ça qu'Elle t'aime tant. Tu n..la vois. »

Tu ne me vois pas. Tu n'aurais jamais dû me voir ainsi. Je vais disparaître. Alors ne me pleure pas. Je ne veux pas te voir pleurer. J'aime ton rire. J'aime ta voix moqueuse et tes instants enfantins.

Médée ∞ « C'est con hein... Mais j'aurais aimé avoir un corps à moi. Juste pour voir si je t'attirerais autant. Ou pour vous laisser tranquille... »

Ouais. J'aurais fais ce que je voulais. Quand je le voulais. J'aurais pû hurler. Crier. Manger. Pleurer. Vivre. Là... Je n'étais qu'un être dénué de logique scientifique...

Médée ∞ « Enfin... Au moins j'aurais pû te rencontrer. C'était pas si mal ici. Ça me manquera sûrement ! »

J'espère que je mourrais. J'espère sincèrement mourir. Que je n'existerais plus jamais. Pour personne. Je n'étais pas quelque chose que l'on pouvait souhaiter aux gens. Mon corps sursauta et je me redressais, alerte. J'en oubliais ma nudité alors que les vibrations sur le bureau résonnaient longuement. Je me levais, attrapant l'objet pour lire les messages qui arrivaient. Le premier d'un numéro inconnu. « La nouvelle rumeur c'est que tu sors avec Chris Backet. Du moins, c'est ce qu'il dit... ». Chris ? Ah. Machin. Hein ? Oh le petit fils de.... Hum. Hum. Calme. On se calme Médée. Tout doux... Nouveau message. Numéro masqué. Insultes par rapport à Alix. Nouveau message. Numéro masqué. Insultes par rapport à Chris. Mon sourcil se soulève alors que ma lèvre se mord.

Médée ∞ « Sweety. Je sors. »

Je lançais le téléphone sur le lit, attrapant la longue robe blanche que je portais la veille avant de me stopper.

Médée ∞ « D'après toi le mieux c'est que je te prenne des fringues ou que je retourne dans ma chambre ? »

23 juin
2018

Ces choses dont on ne parle pas...

Médée

Son esprit réussissait lentement à s'éclaircir. Il n'était toujours pas certain de comment vivre cette nuit. Ses sentiments étaient un tantinet flous. Il savait qu'il aimait Hannah, c'était quelque chose qui n'avait jamais cessé et dont il ne doutait que rarement, à part dans sa période à l'ISS où il avait mis ça sous clef. Mais il ne savait pas trop où il en était pour le reste. Il gardait Médée dans ses bras sans savoir ce qu'il pensait à son sujet.

- Enfin... Au moins j'aurais pû te rencontrer. C'était pas si mal ici. Ça me manquera sûrement !

Il serra les dents mais ne dit rien, se contentant de serrer légèrement son bras. Il n'avait toujours pas envie qu'elle disparaisse, mais il avait aussi compris sans trop de difficultés que ça lui faisait un peu de mal psychologiquement. Ça n'était pas spécialement étonnant, vu comme elle répétait qu'elle voulait les laisser seuls tous les deux et qu'elle n'avait pas à être là. Il soupira, chercha quelque chose à dire, mais le vibreur d'un téléphone lui ôta les mots de la bouche.

Médée se leva rapidement et Alix fronça les sourcils. De ce qu'il savait, Hannah recevait assez peu de messages. Plusieurs possibilités lui effleurèrent l'esprit et aucune ne lui sembla tolérable. Il serra les dents, jusqu'à ce qu'elle lance le téléphone à côté de lui et qu'il lutte contre l'envie de regarder ce qu'il y avait dedans.

- D'après toi le mieux c'est que je te prenne des fringues ou que je retourne dans ma chambre ?
- Prends quelque chose. Ça sera sûrement trop grand mais toujours moins que cette robe...

A vrai dire, il avait surtout envie qu'elle reste là et qu'elle ne sorte pas pour voir la personne qui lui avait envoyé ces messages, qui qu'elle soit. Mais c'était de la colère peut-être un peu mal placée, ou de la jalousie qui le serait tout autant, alors il la laissa sortir en crispant les poings. Jusqu'à ce qu'il réalise qu'elle n'avait pas emporté son portable. Il le prit, d'abord avec l'excuse de lui apporter pour qu'elle ne le laisse pas là. Mais sa curiosité fut trop forte. Répréhensible ? Peu importe. Il alluma l'écran pour regarder les messages. Le premier était d'Any ; il reconnaissait le numéro pour l'avoir vu s'afficher des dizaines de fois avant qu'il décide de l'enregistrer, et déjà le contenu de message le fit serrer les poings sur le téléphone. Ce connard osait prétendre... Il osait...
Ses yeux effleurèrent à peine les autres messages. Des insultes. Une qui disait qu'elle avait bien fait de lâcher Alix parce qu'elle lui avait pourri la vie au point de le transformer en violeur, ce qui fit encore plus bouillir son sang dans ses veines. Et l'autre qui la traitait de salope parce qu'elle avait "osé s'approcher de Chris". Sûrement une autre connasse sans cervelle.

Il se leva rapidement, enfila les premiers vêtements qui lui passaient sous la main sans faire gaffe – un caleçon, un jean, un tee-shirt et son manteau – puis il s'approcha du mur. Ses doigts se posèrent autour du manche du couteau qui y était planté mais, comme la veille, il se figea.
Tu vaux mieux que ça, non ? Tu veux leur donner une raison supplémentaire de s'en prendre à Hannah ? Car blesser quelqu'un au couteau le fera. Il fixa la lame qui dépassait à peine du mur. Puis il poussa un sifflement agacé et quitta sa résidence. Sa seule action autre que marcher d'un pas rageur fut d'envoyer un message à Any. Très simple. "Où est Chris ?"
Elle ne lui demanda même pas duquel il parlait et se contenta de lui indiquer l'endroit.

Quand il le trouva, Médée n'était pas encore là. Elle n'avait pas l'avantage de savoir immédiatement où il serait, et si elle l'avait cherché un peu partout sans avancer en ligne droite, c'était logique qu'elle ne le trouve pas sur le champ. Alix s'avança vers lui et le saisit par le col.

- Ça t'amuse de répandre des rumeurs sur ma copine, connard ?

Elle ne l'était techniquement plus, mais peu importe. Il la récupérerait. Peu importe la culpabilité, peu importe le reste. Elle l'aimait, il le savait, il l'aimait aussi, et il n'en pouvait plus de voir ce genre de connard essayer de se jeter sur elle comme un bout de viande. Alors elle était sa copine, point.

Ces choses dont on ne parle pas

J'hochais la tête longuement avant d'attraper quelques fringues dans son armoire. Ma main se ferma sur un t-shirt, un sweet et un jean. Je remettrais mes sous-vêtements... Euh. Non. Je vais d'abord retourner chez moi pour enfiler des sous-vêtements. Je t'avais parlé d'un ensemble rouge sang. C'est vrai que je l'avais pris pour Hannah. Mais elle ne l'avait jamais mit. Hum. Il était temps de réparer cette injustice-ci. Ensuite, j'irais réparer l'autre. « injustice ». Ouais. Je vais la réparer à coups de poings dans sa mâchoire. Je sautais dans tes fringues, t'empruntant un sweet que je gardais en main, mes pas m'emportant loin de ton appartement. Ma voix maugréait faiblement. En fait... J'étais assez contente qu'Hannah ne soit pas ici. Elle n'aurait pas aimer ce que j'allais faire. Toi non plus. Mais je ne voulais pas être seule avec. Parce que je trouverais le moyen de l'emmener face à tous. Quitte à gueuler, autant le faire avec du public.

Je me déshabillais rapidement, mettant le léger tissu qui, comme je le lui avais dis, contrastait complètement avec la peau albâtre que j'arborais. Est-ce qu'Elle serait plus sexy dedans ? Peut-être oui. Elle rougirait en les retirant. Seigneur, aidez cette enfant ! Je roulais des yeux avant de sortir, soupirant longuement. Bon. Où était Machin ? Mes mains tâtonnèrent tes poches avant que je ne réalise que j'avais laissé le portable d'Hannah dans ton appart. Mes pieds retournèrent vers toi et je me suis retrouvée comme une conne devant la porte fermée.

Médée ∞ « Ah. »

Donc tu as lu. Tu es sûrement énervé. Et tu vas le chercher. Merde ! Non non ! Il est à moi ! Trois semaines d'enfer, tu me voleras pas cette bataille ma Douceur. Je t'aimais - sois-en sûr! - mais, actuellement, mon envie de le frapper, de lui casser un os ou deux - peut-être trois qui sait ~ - de le voir pleurer était bien plus forte. Mes jambes ont accélérées, se sont mises à courir alors que je cherchais l'idiot qui m'énervait tant.

Alix ∞ « Ça t'amuse de répandre des rumeurs sur ma copine, connard ? »

Chris ∞ « Oh un teckel qui montre les crocs comme c'est mignon... »

Chris observait longuement l'homme qui lui faisait face. Alors comme ça le Grand Alix avait une tueuse comme point faible ? C'était mignon. Mais peu importait. Kate ne lui ferait pas de mal. Elle n'aimait pas les foules. Il lui suffisait de rester avec suffisamment de personnes autour de lui pour qu'elle ne tente rien. Sa réputation restait intacte. Elle ne dirait rien. Et lui... Lui il pouvait maintenant le battre. Il fallait juste qu'il y croit.

Chris ∞ « Et mise-à-part te prendre plus de sanctions qu'autre chose en m'agressant sans raison... Tu peux me dire ce que tu fous là au lieu de gueuler ? »

Chris retira la main de son col avait difficulté mais il ne se laissa pas décontenancé. Il était le plus beau. Le plus fort. Et quand Alix ne sera que l'ombre de lui-même... Il aurait n'importe quelle fille. Kate incluse. Après tout, s'il finissait par coucher avec, à sortir avec, il n'aurait pas menti n'est-ce pas ?

Chris ∞ « Je te trouve prétentieux de dire que c'est ta copine. Elle m'a dit elle-même que tu lui avais brisé le cœur. Tu l'as... abandonné si j'ai bien compris ? Et maintenant tu te permets de l'empêcher d'être heureuse ? Mais pourquoi je te la laisserais, monsieur le violeur ? »

Je l'ai entendu. J'ai entendu ses propos. Et il s'est passé quelque chose de bizarre, d'étrange. Quelque chose que je ne comprit pas. J'étais toujours là, je marchais dans sa direction, le regard noir. Et... non. Ce n'était pas moi. Ce n'était pas Elle non plus. C'était... Un peu comme un mélange de nous deux. C'était très étrange. Mais la colère n'a qu'une forme. Je sais pu qui avait dit ça. Le corps s'est arrêté non loin d'eux deux et elle a soufflé. Un peu comme moi quand je suis agacée. Un peu comme Hannah quand elle est ennuyée. Et le regard se ferma lentement avant qu'une grosse inspiration fut prise. Machin l'observait – m'observait ? - avec une surprise non feinte et, rapidement, juste en s'avançant d'un pas, nous n'entendirent que le « clac » de la gifle qui résonna faiblement. La pulpe de ma main me chauffait. Je voulais le baffer. Non pas moi. Moi je voulais lui détruire la mâchoire.

Hannah ∞ « Parce que tu n'es pas prétentieux peut-être ? Tu ne m'as pas appelé par un prénom que j'exècre pendant des semaines ? Tu n'as pas réservé un hôtel pour m'enfiler comme une putain de perle alors que tu ignorais jusqu'à ma date de naissance ? As-tu seulement pris en compte mes sentiments ? Juste. Une. Putain. De. Fois ?! »

Elle partit, aussi rapide que la gifle qu'il avait reçu.

Pardon. Je reviens bientôt.
H..Hannah ?!

Mon poing s'était comprimé. Et il s'est relâché alors que je m'éloignais lentement. Elle... Elle était revenue. Elle était là ! Je mimais mollement un énervement qui avait disparu. Je restais contre un mur. Je n'irais pas me battre. Je regarderais. J'interviendrais que si mon beau blond a besoin d'aide. Pour l'heure... Elle avait déversé des mots que je n'espérais plus entendre. J'avais douillé. Elle aussi. Et toi ? Il t'avait fait mal non ? Alors c'était le moment de te venger mon ange. Que tu le frappe ou le détruise je m'en fous. Je voulais juste t'aimer. Encore un peu. En silence. Et surtout, en paix.

23 juin
2018

Ces choses dont on ne parle pas...

Médée

- Oh un teckel qui montre les crocs comme c'est mignon...

Alix serra les dents et les poings. Il avait envie de lui briser la mâchoire. Comment un mec aussi débile peut espérer ne serait-ce qu'un instant attirer le regard d'Hannah ? Abruti. Connard. Petit enfoiré prétentieux.

- Tu crois que j'en ai quelque chose à foutre, des sanctions ? Elles ne terniront pas la satisfaction d'avoir corrigé ton ego mal placé.

Sa voix brûlait trop d'une intonation malsaine, les personnes autour reculèrent en voyant le sourire morbide qui se dessinait sur ses lèvres. Il voulait voir ce mec disparaître, et il commençait à entrevoir à quel point le frapper jusqu'au sang pourrait lui faire plaisir. Son regard s'assombrit quand l'autre abruti écarta la main qui serrait son col. Comment vivrait-il un coup de genou entre les jambes ? Ça remettrait une partie de son ego dans le bon sens. Et il aurait du mal à prétendre coucher avec une fille pour quelques temps. Un petit rire sarcastique s'éleva au commentaire prononcé par l'autre.

- Elle t'a dit ? Laisse-moi rire. La seule chose qu'elle a pu te dire, c'est de lui foutre la paix. Tu ne la connais pas. Tu ne la connais tellement pas, si tu penses qu'elle sortirait avec toi. Et ne prétends pas rendre heureux qui que ce soit en dehors du ver qui s'agite entre tes jambes.

Sa colère tournait un peu trop à une forme de sadisme glaçante. Le son de la gifle le détourna à peine de ça, jusqu'à ce qu'il aperçoive la chevelure verte et la silhouette beaucoup trop reconnaissable qui se tenait entre eux. Les mots le figèrent sur place. La voix, l'intonation, le contenu des paroles. Hannah. Vraiment ? Il y avait quelque chose d'un peu étrange dans son attitude mais... ce n'était pas Médée. Ça, il en était certain.
Elle s'éloigna avant qu'il n'ait le temps de dire quoi que ce soit, à part souffler son prénom, et il fronça les sourcils en baissant les yeux vers l'autre, glissant les mains dans ses poches tandis que tous les regards autours s'étaient écarquillés et braqués sur eux. Le sourire sur ses lèvres se fit moqueur.

- Tu disais quoi, déjà ? Que tu sortais avec elle ? Oh petit imbécile prétentieux. Personne d'autre que moi n'est à la hauteur d'Hannah, surtout pas toi. Tu es minable, pitoyable et sans saveur.

Le frapper l'effleurait à peine, désormais. Savourer l'humiliation qui venait de le frapper en même temps que cette gifle était bien plus plaisant. C'était son ego qu'il voulait éclater, encore plus que ses os et sa mâchoire. Et son ego venait de prendre un sacré coup.

- Qu'est-ce que tu essayes de compenser, microbe ? Il vient d'où, ton complexe d'infériorité ? Parce que pour être en chien comme tu l'es, je ne vois que ça.

Son regard se détourna un instant de l'asticot devant lui pour chercher Hannah des yeux, la direction vers laquelle elle était partie. Il n'avait pas de temps à perdre avec lui.

- Maintenant petit Chris. Explique-moi comment tu es sorti et comment tu as couché avec Hannah, sachant qu'elle était avec moi toute la nuit ?

Il allait s'écarter et s'éloigner quand il se retourna une dernière fois, attrapant à nouveau le garçon par le col.

- Une dernière chose. Appelle-la encore une fois Kate, et je frappe assez fort pour que tu bouffes tes prochains repas à la paille. Ça devrait t'empêcher de raconter des conneries.

Alix le repoussa violemment sans même vérifier s'il tenait debout ou s'il l'avait poussé assez fort pour le faire tomber. Il voulait voir Hannah, pas ce microbe. Il laissa donc l'autre seul avec son ego et sa foule de spectateur pour aller la rejoindre.

- Ça va ?

Il n'osait pas prononcer le moindre nom. Il ne savait pas laquelle des deux il avait en face de lui. Alors il attendit de voir.

Ces choses dont on ne parle pas

Je n'ai pas tout entendu. Alix a continué de parler. J'aurais pensé qu'il l'aurait simplement frappé. Mais peut-être qu'il en avait bien plus gros sur la conscience que ce que j'imaginais. Les mots flottèrent jusqu'à mes oreilles, laissant mes pas ralentir. « Personne d'autre que moi n'est à la hauteur d'Hannah ». Je... Je n'étais plus moi. Je me sentis rougir, détourner le regard, remettre la capuche sur mon crâne par réflexe.

Ouais... C'est ça que t'as laissé en plan.

Ça que je n'aurais jamais. Qu'il a gardé pour Elle et uniquement Elle. Mon cœur se serra alors que je ne disais pas un mot de plus. Je devais redevenir Médée. Juste Médée. Médée qui encaisse et protège. Elle revenait. J'allais m'en aller. C'est con. Mais j'aurais aimé être un peu plus tienne. Le goût de tes lèvres flottent sur mes lèvres, les images de cette nuit revenant dans mon esprit. Que tu es beau mon ange... Je regrette d'avoir été ce que je suis. Peut-être qu'on finira par se revoir un jour ? Peut-être. Ou pas.

Alix ∞ « Explique moi comment tu es sorti et comment tu as couché avec Hannah, sachant qu'elle était avec moi toute la nuit ? »

Pardon ?

Je frissonnais de l'entendre. Mes pas accélérèrent pour m'éloigner de l'amas de curieux qui venaient observer... Je sais pas quoi en fait. Peut-être l'humiliation ? J'en savais rien et j'en avais rien à foutre. Actuellement, personne n'était plus important qu'Elle qui revenait et qui...

Médée ?! Comment ça t'as passé la nuit chez Alix ?
Bah en fait... Euh...

Peut-être que je n'ai pas retenu mes souvenirs ? Peut-être qu'elle pouvait m'entendre aussi ? Peut-être que j'aurais dû disparaître de suite. Peut-être que j'aurais fais moins d'erreurs en restant dans mon coin sans jamais croiser personne ? Peut-être que...

Tu as couché avec lui ! Médée !
T'en va pas !

Mon corps s'écrasa contre un mur. Je ne saurais dire où je suis exactement... Mais il y a un mur. Le mur ne bougera pas. Et la violence de l'échange me coupa le souffle. La trahison, la culpabilité pour elle. Le désespoir et la panique pour moi. Mon souffle me revint et je me laissais baisser la tête faiblement.

Ne t'en va plus comme ça... Tu n'as pas le droit !
…
T..Tu peux pas me blâmer ! Tu m'as créé comme ça. Tu l'aimes non ? Alors tu pensais quoi ? Que je l'aimerais pas non plus ? Que tu étais la seule à avoir des sentiments ? Alors ouais ! J'ai couché avec lui. Mais au moins il te reviendra maintenant ! Alors tu arrêtes de partir comme ça !!
… Tu... Tu as eu peur ?
Bah non ! Là je suis méga sereine ! Ça se voit pas ?!
Je... Euh... Pardon. Je vais revenir. Laisse-moi... encore un peu de temps s'il te plaît Médée...
Combien ?
Euh... Euh... Trois jours ? Quatre ?
Je t'en laisse deux. Promet-le Hannah.
Je te promets de revenir dans deux jours.  

Alix ∞ « Ça va ? »

Mon visage acquiesça sans que je ne le relève. J'étais... J'étais qui ? J'étais Hannah ? Médée ? Les deux ? Mais que se passait-il ? Pourquoi j'étais comme ça. Mes lèvres s'ouvrirent avant de se refermer. Je m'observais longuement, détaillant ma main tremblante. Je n'avais pas peur. J'étais... furieuse. Mon corps s'assit au sol, dans un coin, mes jambes se repliant doucement. Je devais te le dire. Mais... Mais tu ne ferais que l'attendre. Tu ne me verrais plus. Tu m'oublierais. Je me mordais la lèvre faiblement.

Médée ∞ « Elle... Elle va revenir. Donne lui quelques jours, elle reviendra. Elle l'a promis. »

Mes mains m'enlacèrent alors que ton odeur, ta lessive attiraient mes larmes et ma douleur. Tu ne devais pas me voir comme ça. Une fois. Pas deux... Surtout pas maintenant. Pas là. Pas devant toi... Je n'avais pas le droit. Alors mon visage se releva, détendu, souriante. J'osais te mentir mon ange... J'osais.

Médée ∞ « Elle sera bientôt là ! C'est génial non ? »

Non ça ne l'est pas.

Médée ∞ « Je vais rentrer Alix. Je vais te rendre tes vêtements et ne pas bouger de chez Hannah jusqu'à son retour. Comme ça... Et bien rien ne pourra lui arriver. »

Je devais m'en aller. Vite. Parce que si ça continuait... Je ne tiendrais pas. Parce que si tu pouvais ne pas lire en moi comme tu savais si bien le faire, tu n'allais pas aimer ce que tu allais lire. Tu lirais mon désarroi. Ma peur. Ma frayeur. Ma terreur. Ma panique. Je ne voulais pas mourir. Pas avant d'avoir vécu...

23 juin
2018

Ces choses dont on ne parle pas...

Médée

Quand il vit à quel point elle était proche, là où elle était allée se mettre à l'écart, il se demanda ce qu'elle avait pu entendre. Médée lui avait demandé de ne pas renoncer à Hannah, à demi-mots alors qu'il entendait dans le fond de sa voix qu'elle aurait aimé que ce soit elle qu'il serre dans ses bras. Mais si c'était vraiment Hannah, tout à l'heure, qu'avait-elle entendu ? Compris ? Pensé ? Il avait dit que personne d'autre que lui ne pourrait lui convenir – prétentieux mais vrai dans le fond – mais il avait aussi mentionné sa nuit avec Médée.
Sa nuit avec Médée...
Il chassa cette pensée de son esprit avant d'aller lui parler.

Elle semblait un peu ailleurs. Un peu perdue ? Non, c'était autre chose. Sa main tremblait, et elle s'assit sans lui répondre. Il s'agenouilla presque aussitôt pour être à son niveau, et ce fut finalement Médée qui lui répondit. Ses paroles lui serrèrent le cœur autant qu'elles le réconfortèrent. Alors il n'avait pas rêvé ; il y avait bien d'Hannah dans cette gifle et cette répartie. Mais il voyait la peine de Médée, qui allait à nouveau se retrouver dans l'ombre. Mais y aurait-il une situation qui ne l'aurait pas fait souffrir ? La disparition d'Hannah l'avait plongée dans le désespoir, son retour lui faisait tout aussi mal. Il posa doucement sa main sur la sienne juste avant qu'elle relève le visage, souriante. Il savait que c'était une façade, mais il ne dit rien. Sinon elle s'effondrerait, et elle s'en voudrait. Il ne voulait pas qu'elle vive avec davantage de souffrance et de culpabilité, à défaut de pouvoir tout lui épargner.

Elle avait peur de disparaître. Et lui, même si elle lui hurlerait dessus s'il le disait, il n'avait pas spécialement envie qu'elle disparaisse non plus. Il la regarda, hocha la tête, mais ne lâcha pas sa main tout de suite.

- Même si elle revient... ne disparais pas. Elle a encore besoin de toi. Et je ne veux pas que tu meures.

Il n'ajouta rien, se contentant de lâcher sa main pour la laisser partir. Ensuite de quoi il prit sa place contre le mur et soupira en fermant les yeux. Cette histoire l'avait épuisé. Trop de haine, de peur, de peine, de sentiments inexplicables et inextricables. Il baissa la tête, fixa ses mains un moment. Avait-il vraiment songé, tous ces jours, à frapper quelqu'un à coups de couteaux ? Oui, il le savait. Il l'avait pensé, plusieurs fois, il n'en avait pas rêvé mais pas loin. Il avait failli le faire. Il secoua la tête. Médée avait raison. Ça aurait été donner des arguments à tous ceux qui voulaient faire de lui un criminel, mais c'était après tout ce qu'il s'évertuait à faire depuis qu'il était enfermé en Forge. Mais maintenant qu'il pouvait récupérer Hannah, peut-être...
Quel bien lui ferait-il, s'ils durcissaient ses conditions ? Sa surveillance ? Alix soupira à nouveau. Il ne savait toujours pas ce qu'il allait lui dire. Il l'aimait, il voulait la revoir, l'avoir à nouveau dans ses bras.
Les souvenirs de sa nuit avec Médée lui traversèrent l'esprit et il ferma les yeux. Lui en voudrait-elle pour ça ? Et lui, s'en voulait-il pour ça ? Il n'avait la réponse à aucune des deux questions.