«
Je veux pas y aller !! Je veux pas y aller !-
Mon bébé, tu auras tout ce qu'il te faut ... »
Sa mère s’accroupit et le regarde, accablée. De grosses larmes coulent sur le visage rouge du garçon. S'en est trop pour lui. Sa maman pince son t-shirt avant de le traîner dans la voiture. C'est alors que le petit donne un coup de coude à sa mère avant de courir en hurlant son père.
Le divorce des parents de Thomas ne s'est pas très bien passé. À 8 ans, sa mère a demandé le divorce, la communication étant devenue beaucoup trop difficile. Cela s'est ressenti : ils ne sont jamais d'accord pour l'éducation de leur fils. La mère a alors eu la garde. Malheureusement, cela n'a pas été le souhait de Thomas : il veut rester avec son père. La daronne n'est pas gentille, vulgaire, en permanence énervée et à se plaindre de tout. C'est ce qu'a pensé Thomas. Mais il ne connaît pas la véritable histoire et ne la connaîtra probablement jamais.
Un début de puberté difficile : le comportement du garçon a changé du tout au tout. Avant renfermé, curieux et timide, il exprime à ses 10 ans une grande colère. Ayant déménagé dans la campagne, le garçon se retrouve loin de son père et les visites ne sont pas toujours évidentes : manque de budget pour le paternel et une mère très attachée à son fils.
Le collège a été une période peu aisé pour Thomas : il a du s'affirmer dans la cours et s'accoutumer aux normes sociales des jeunes adolescents. La colère qu'il porte en lui se libère lorsqu'il maltraite un autre gamin. De plus, il a des copains qui font exactement la même chose, il ne voit donc pas le problème avec cela.
Mais alors qu'il fête son quatorzième anniversaire, une nouvelle tragique va lui changer la vie.
Le téléphone sonne. Thomas mange des chips devant la télé. L'appareil sonne une deuxième fois, en vain.
«
Thomas, tu peux répondre au téléphone ? » hurle sa mère de puis la salle d'eau.
Il la snobe jusqu'à ce qu'elle se mette à râler. Le garçon balance les chips sur la table basse avant de décrocher le téléphone en soufflant d'agacement.
«
Bonsoir, c'est l'avocate de Mme Martin, serait-elle disponible ?-
C'est quoi le problème, vous voulez encore faire chier mon père ? -
Tu es Thomas n'est-ce pas ? Si ta maman est là, j'aurai aimé l'avoir, je dois lui parler.-
Elle est pas là. De quoi vous voulez parler ? »
Soudain, l'avocate se fait plus hésitante. Elle se racle la gorge comme embarrassée.
«
Je … Je ne peux pas le dire. Écoute, je rappellerai plus tard, dis à ta maman que Coryne a à lui parler.-
Dites moi … C'est à propos de mon père ?-
… Je ne peux rien te dire. Bonne soirée.-
M-ma mère est là. Je vais vous la passer. »
Thomas se sent très mal. Il se dirige vers la salle de bain pour interpeller sa mère.
«
'Man, t'as ta pute d'avocate qui veut te parler. »
Le garçon en a rien à foutre que sa mère se mette en pétard pour ses propos. Il lui donne le téléphone le regard ailleurs pour ne pas faire des cauchemars et retourne sur le canapé.
Thomas ne sait combien de temps il a passé devant la télé. Il est tenté de griller une clope jusqu'à ce que sa daronne débarque.
«
Thomas … Il faut qu'on parle. »
Le garçon sort son paquet de cigarette avant d'en sortir une. Il snobe sa mère, ne remarquant pas qu'elle s'assit sur le fauteuil la mine déconfite.
«
Thomas ... » couine-t-elle d'une frêle voix.
L’interpellé lève les yeux vers sa mère. Elle est en train de sangloter le nez dans les mouchoirs. Le garçon est plus agacé par les couinements de sa mère que préoccupée par ses dires.
«
Bah quoi ? Accouche.-
Ton père ... »
Brusquement, le teint de Thomas devient blafard. Son cœur s'arrête net lorsque ses yeux croisent les siens. La mère se calme finalement. Ses yeux sont vitreux et son visage est contracté.
«
Ton père s'est suicidé. »
Depuis ce jour, l'agressivité de Thomas a atteint son paroxysme. Il a commencé à frapper sa mère et a l'insulté. Dépassée et sous le choc des événements, elle a été contraint de devoir envoyer son fils dans un Institution spécialisé pour les récalcitrants comme lui : le lycée Indarë. Il y entre en septembre 2009.
Un début difficile au sein de l'école. Les règles sont immédiatement fixés et sont stricts pour l'adolescent colérique qu'est Thomas. Pourtant, c'est ici qu'il rencontre ses trois meilleurs amis.
C'est avec eux qu'il a fait ses pires bêtises et passés les meilleurs moments de sa vie. Finalement, ce sont eux qui ont aidé Thomas à se relever. Ils ne sont pas que de simples petits merdeux en pleine crise d'adolescence : ses potes sont bons, ils n'ont tout simplement pas eu de chance dans la vie.
En parallèle, Thomas s'est mit à s'intéresser à la médecine et la neurologie. En soif intellectuel, il s'est très vite penché sur la psychologie. Comprendre les mécanismes humains, de la société et du cerveau humain. Là y réside de grands mystères dont Thomas se convainc un jour de percer. Il souhaite connaître une vérité absolue qui lui permettra de savoir qui il est.
Grâce à cette crise intellectuelle, Thomas a su s'assagir et songer sérieusement au travail. Un traitement médical lui est proscrit, lui empêchant toutes crises de nuire à sa vie. Il a été une des réussites d'Indarë : qui aurait cru qu'un Forge deviendrait un grand psychiatre ?
Une fois son diplôme obtenu, Thomas décide de quitter l'Angleterre pour partir aux États-Unis. Sa grand mère paternelle est new-yorkaise. Elle aurait épousé un homme qui aurait fait fortune en Amérique. Peu importe ce que c'est, Thomas songe au fait qu'il pourra étudier dans un nouveau pays. Il va pouvoir travailler sur ce qu'il aime, sans avoir à se soucier du financement. Une opportunité qu'il a saisit immédiatement.
«
Yo Thomas ! »
Thomas se retourne et pose le carton. Il sourit à son ami, Eric en s'essuyant le front.
«
Tu veux de l'aide ? »
Surpris, le brun balbutie.
«
H-hum, non t'inquiètes ça ira. Ça me fait plaisir de te voir.-
Ouais ... »
L'invité se pose sur le lit. Thomas continu de remplir ses cartons avant de les poser devant l'entrée. Soudain, Eric se lève en se caressant la nuque.
«
Je suis désolé de pas être venu plus tôt.-
Je sais, ne t'en fais pas. » lui sourit Thomas.
«
J'y croyais pas quand tu disais que tu partais vraiment. »
Son interlocuteur se lève et Thomas s'arrête. Eric esquisse un sourire.
«
J'étais un peu énervé du fait que tu nous en ait pas parlé plutôt. Puis j'me suis dis que c'était stupide, enfin, Jane l'a dit … Mais hum, bref, je voulais m'excuser et te dire que je suis content pour toi. »
Il saisit un carton posé près du lit. Thomas l'a oublié de le placer.
«
C'est pour ça ... »
Il le pose au pied de la porte.
«
... Que je veux t'aider ! »
Surpris, Thomas est touché. Il rigole un peu embarrassé avant de remercier son ami.
Son départ a été un peu difficile : il n'a pas voulu se l'admettre mais quitter ses amis est bien plus éprouvant qu'il ne l'a imaginé. Thomas sait qu'il reviendra et qu'ils resteront en contact mais il n'a jamais eu de relation à distance.
Un début plus compliqué que prévu. Thomas a eu pas mal de pression venant de sa tante réside chez sa mère et rappelle sans cesse à Thomas qu'il est redevable à ses grands parents. Son insertion dans le campus universitaire américain a été un peu rude : les américains ne sont pas les plus agréables à vivre. Bruyant, grossier et vantard, c'est ce que pense le garçon. Il s'est alors d'avantage mit à travailler, se débrouillant très bien dans son domaine. Puis vient le jour où il rencontre Rachel.
Thomas se demande pourquoi il a accepté cette soirée. Il faut dire que de toute façon, il n'aurait trouvé le sommeil avec le raffut qu'ils vont foutre au campus. Le britannique rejoint Jason qui l'attend au rez-de-chaussé.
«
Ah t'es fin prêt ! On y va ?-
Il y aura donc tout le campus ?-
On sera plus que prévu mais c'est tellement bon de fêter ses exams avec une énorme fête ! »
Le brun roule des yeux. Cela fait tellement longtemps qu'il n'a pas fait de soirées. La dernière a été avec les bros, un moment avant son départ. Une soirée comme celle-ci, il n'en a jamais vécu de telle.
Sur la pelouse se trouvent des jeunes à perte de vue. Tout lui semble immense. De la musique, quelques guirlandes lumineuses et ballons éparpillés sur l'immense parc du campus. Jason retrouve ses potes. Il les présente à Thomas avant de proposer à ce dernier de boire un coup. On lui sert un verre et les garçons semblent parler de leur sujet de groupe. À les voir cela lui rappelle ses amis restés faire leur vie en Angleterre. Finalement, Thomas les quitte et décide de se promener.
Plus il rencontre de personne, plus ses inhibitions se dissipent. Il est de plus en plus à l'aise et la soirée commence à se chauffer. La musique se fait de plus en plus forte et de plus en plus de monde commence à danser. Thomas zieute quelques jeunes filles s'ondulant sous l'ivresse et la musique. Il a été soudain emporté par une inconnue et son groupe d'amis pour danser avec eux. C'est assez divertissant, d'autant plus que les verres s'enchaînent.
Fatigué, il fini par s'écarter. Il se sent pas bien, il vaut mieux qu'il reste à l'écart. C'est alors, un peu plus loin des foules qu'il rencontre Rachel. Elle est en train de vomir ses tripes.
Alarmé et paniqué, il finit par lui tenir ses cheveux et se coller près d'elle.
«
Ttu vas b ien ? »
Il n'a pas non plus les idées très claires mais ce dont il est sûr, c'est de ne pas laisser cette jeune fille toute seule.
«
Comment ça sfait que tes toute seule ? »
La demoiselle toussote et se relève. Elle semble fatiguée et son maquillage a coulé.
«
Tu dois boire de l'eau !-
Je vais bien, ok ? L'inconnue commence à marcher avant de trébucher. Complètement alerté, le garçon la rattrape aussitôt.
«
Tu n'as pas à te forcer ! Tu habites ici ? Je peux te raccompagner-
Non, j'suis pas d'ici.-
Alors viens, on va chez moi. »
La demoiselle le regarde un peu déboussolée. Dis comme ça, c'est vrai que ça paraît étrange. C'est alors qu'il gueule aussitôt :
«
Promis jvais pas tvioler ! Tas besoin de boire de l'eau et de te reposer un peu. »
Le garçon fait un drôle de serment pour tenter de prouver sa sincérité. La jeune fille se fout de sa gueule avant qu'elle faille à s'évanouir. Thomas finit par la ramener chez lui.
Il la pose sur son lit avant de s'emparer d'un verre et le remplir au robinet. Le jeune homme revient et donne le verre d'eau à la jeune fille. Celle-ci est adossée au mur, une couverture sur les épaules.
«
Merci. »
Le garçon s’assoit sur sa chaise de bureau et la contemple. Il n'aurait jamais pensé que cette jolie brune morose deviendrait la femme de sa vie.