Toute bêtise a des conséquences

C'était vraiment bien ma veine. Avoir une séance supplémentaire chez le psy à cause d'une hallucination à la con. De plus je ne pouvais même pas sortir de la résidence. Ca faisait cinq jours que mes contacts sociaux étaient par vidéo conférence. Que ce soit pour suivre les cours, parler à des personnes, etc tout se passait par ordinateur. Moi qui détestais le chat vidéo, j'étais gâtée... Comme si être enfermée pendant une semaine sans pouvoir avoir un vrai contact avec mon frère et mon père n'était pas déjà suffisant comme punition. Et puis j'espérais que la jeune fille que j'avais blessée allait mieux. Je m'en voulais encore de l'avoir poussée dans les escaliers même si je ne l'avais pas fait volontairement.

J'attendais donc l'heure de la séance qui était prévue aujourd'hui. Ca allait bientôt commencer. En attendant je m'occupais juste en faisant mes devoirs. Et non, ce n'était pas parce que je ne pouvais pas aller en classe que j'étais exemptée de faire les devoirs. Cependant j'avais un petit avantage durant cette semaine. Je recevais les fichiers sur le pc et je les remplissais directement depuis celui-ci avant de renvoyer les documents aux professeurs. C'était moins fatiguant que d'écrire à la main.

L'heure de la séance arriva et la vidéo conférence débuta entre le psy et moi-même. Il commença par me faire un bref résumé de la situation, du fait qu'il avait été mis au courant de ma bêtise et me rappela la durée de la séance de cette fois. Deux heures. C'était le temps qu'allait durer notre entrevue. Cela commença par les questions basiques. Comment je me sentais aujourd'hui, si j'avais des questions avant que cela ne commence vraiment, etc.

Et puis ça commença vraiment. Il me rappela ce que j'avais fait, remua bien le couteau dans la plaie sans le savoir et me questionna sur le pourquoi j'avais fait ça. À son avis ? Il croyait vraiment que j'avais envie de la pousser dans les escaliers ou il était juste en train de me tester ? Je lui expliquais donc ce qu'il s'était passé. J'avais vu quelque chose, ça m'avait effrayée et en voulant fuir, j'avais involontairement poussé Brook. Je n'entrais pas trop dans les détails, je n'en voyais pas l'intérêt et puis de toute façon, mes souvenirs n'étaient pas très clairs non plus. Je ne me souvenais plus de ce que j'avais vu.

J'en profitai pour demander des nouvelles de l'étudiante et d'essayer de savoir si elle pourrait bientôt sortir de l'hôpital ou si c'était déjà fait. Apparemment elle allait mieux mais elle était toujours coincée à l'hôpital. Elle y serait même encore pour un moment, le temps que les blessures les plus graves se soignent.

Puis cela dévia à nouveau sur ce qu'il s'était passé. Normal. J'étais un peu là à cause de ça. Il me questionnait sur comment je me sentais à ce moment-là. Je n'aimais pas ce genre de question. C'était comme s'il me demandait des choses dont les réponses étaient évidentes. Il devait bien se douter de comment je me sentais après avoir eu une hallucination effrayante et d'avoir provoqué un accident. Je répondais néanmoins à la question mais avec un léger ton agacé dans ma voix. Je n'avais pas vraiment envie d'aborder le sujet et encore moins répondre à des choses qui étaient plus qu'évidentes. Je lui dis donc que j'étais désolée pour Brook, je m'en voulais et évidemment que je me sentais mal par rapport à ça.

Je continuais de parler par vidéo conférence durant toute la durée de la séance. Le temps me paraissait long, je devais tout lui dire même si je n'en avais pas envie. Il me demanda aussi par rapport à mon traitement. Si je le prenais vraiment tout le temps et là, je fus honnête en lui expliquant qu'il m'arrivait parfois de l'oublier mais ça, ça arrivait à tout le monde.  Je lui avouai toutefois que j'avais l'impression que le traitement était de moins en moins efficace. Je n'étais pas totalement sûre de mes dires puisque je ne savais pas toujours quand je faisais face à une hallucination ou à la réalité. Il sembla réfléchir à ce qu'il fallait faire pour la suite mais il me laissa tranquille. Les deux heures étaient passées. Il laissa toutefois entendre qu'il allait voir pour le traitement mais il pourrait m'en parler plus sérieusement plus tard. Il avait quelques recherches à faire avant et là il n'avait pas le temps. J'étais sa dernière consultation avant qu'il ne doive quitter les lieux pour un rendez-vous personnel.

Je coupai donc la caméra et partis vaquer à mes occupations. Cela commença par un câlin à mon nouveau doudou offert par mon frère. C'était le poney en peluche. Ca me rassurait étonnamment. Ca me donnait un peu l'impression que mon frère était là même si j'étais bien consciente que ce n'était pas réellement le cas malheureusement. Après avoir à peu près apaisé mon esprit, je pris une bonne douche avant de me plonger dans des bouquins durant les heures qui restaient.