Chase the inspiration [PV Lucia] [Terminé]

Ambient music

L'erreur est une chose que nous faisons, sans forcément prendre conscience des conséquences, ce n'est qu'une fois qu'on se rend compte qu'elle a été faites qu'on s'aperçoit de son existence. Je pensais que tout les êtres humains ne juraient que par l'argent, la cupidité de tout posséder, par l'amour de soi même, et jusqu'à aujourd'hui je le pensais encore....Et puis voilà que je tombe par pur hasard, et le mot n'est pas qu'imagé, sur un jeune homme qui n'a même pas cherché à me regarder de haut, ni me juger comme le font les autres, comme l'ont fait ceux qui se disaient être supérieur à moi dans cette académie. De toute façon, je les avais fait payés...j'ai montré que je n'étais plus le mouton fragile capable de se laisser dévorer par un loup.

Cette nonchalance, ce côté un peu fougueux, et surtout cette façon de jouer un peu les idiots. N'était ce pas une façon pour lui de dédramatiser ? De mettre les autres en confiance ? Peut être bien. Je ne le connais pas, mais je commence à cerner le genre d'être humain qu'il est. Même si certains aspects restent des zones d'ombre. En voyant son sourire, puis sa gêne, j'étais déconcertée car je venais de penser qu'il était plutôt mignon quand il n'était pas aussi brave et sérieux. Il m'avait donné la possibilité de voir une autre facette de lui, tout comme je lui avais donné des miennes.

Il me confirma que je pouvais me le permettre, posant même la question de pourquoi ça serait autrement. S'il savait... Voilà qu'à nouveau l'anxiété me prit un peu, me ramenant à la réalité de ce que je suis. Un être dangereux, capable de blesser et faire du mal sans la moindre compassion. C'est ce qui s'est passé à Florence....Et c'est ce qui risquerait de se passer ici si je ne faisais pas attention aux obstacles et aux barrières. On m'a dit que je pouvais guérir, que c'était un peu comme une maladie...mais il est de toute évidence que ce mal est incurable. Pourtant au delà de mon apparence, j'avais ôté la vie à ces personnes parce que j'ai subis une douloureuse injustice. Quelque chose que je ne pourrais sans doute jamais oublier, même si je le voulais...Je me pinçais la lèvre inférieure en détournant les yeux.

La réponse du brun me sortit de nouveau de mon carcan, et maintenant il ne m'était plus aussi inconnu qu'auparavant. Un premier pas de franchi vers les relations sociales devrais-je me dire...Sedley, ce nom je l'ai déjà entendu quelque part, peut être un de mes livres ou quelque chose du genre...

Et la jolie italienne blonde au cheveux blancs et au regard azuré à-t'elle un nom?

Bug...
Erreur système....
Que hein de quoi pardon ? Jo...Jolie ? Je regardais autour de moi, histoire de ne pas être sûre qu'il parlait à quelqu'un d'autre, mais il semblerait que non. C'est la première fois qu'un garçon me qualifie de "jolie", alors pensez ma surprise ! Je ne comprends pas en quoi pourtant, je suis albinos, avec des yeux bleus certes, mais c'est plutôt ce côté hors-norme qui devrait l'effrayer...mais non lui il trouve ça « joli ». Décidément Lysander - puisque c'était son prénom - est un homme vraiment étrange...Durant tout ma vie, j'ai entendu des discours pour me désigner comme un monstre, un paradoxe et voila que lui venait de bouleverser tout ce en quoi je croyais. Un fard sur les joues, légèrement, je me décidais enfin à lui donner une réponse....même si j'avoue devoir faire un effort considérable, ne serait-ce que pour donner mon nom de famille.

▬ Ce qui m'en empêcherait....Hé bien tout simplement, parce que les gens ont souvent...peur de moi, alors généralement ils n'aiment pas trop se présenter. De peur que je ne les tue comme dans ce drôle de mythe au Japon. Un truc qui explique que quelqu'un peut tuer rien qu'avec le nom...J'ai toujours trouvé cela ridicule mais bon...les légendes nippones sont, on ne peut plus farouches....

Taisant donc définitivement le mystère, m'inclinant très légèrement pour faire une courbette, toujours assise.

▬ Lucia....Valentini, c'est comme ça que l'on m'a appelée...je viens d'une famille aristocratique de Florence....enfin j'en faisais partie avant d'être...reniée et bannie....

Cette salle commune était bien équipée, il y avait une machine pour faire des boissons chaudes, et je dois admettre que là tout de suite un thé ne ferait pas de mal. Je me relevais pour aller vers cette dernière, en m'apercevant qu'on devait juste appuyer sur le bouton...Ouf ça aurait demandé de l'argent que j'aurai été bien embêtée. Etant donné que la discussion allait surement être longue, prendre une boisson chaude vu qu'il commence à faire froid dans la pièce n'est pas une si mauvaise idée...Et puis ça me donne également une excuse supplémentaire de rester ici, aux côtés du guitariste

▬ Veux-tu boire quelque chose Lysander ?

C'est perturbant d'appeler les gens par leur prénoms, on dirait que ça créé une sorte de familiarité...D'abord Sébastien, ensuite Melody, et maintenant Lysander. Indare possède vraiment son lot de surprises. Vous remarquerez que je n'ai pas précisée que j'étais en IRS....? Disons que j'ai un peu paniqué sur le coup...J'avais peur de l'effrayer...et qu'il prenne la fuite, et je sais pas pourquoi rien que de l'imaginer, ça me fait un petit pincement au coeur...

De toute façon, il s'en rendra bien compte tôt ou tard....Je préfère juste retarder l'échéance.

Sa réaction vis à vis du mythe japonais, le fit reculer d'un pas presque faussement apeuré. Décidément quel idiot celui là, mais bon j'avais bien compris que c'était sa façon à lui d'amener un peu d'ambiance et surtout de bien être entre deux personnes. Il avait d'ailleurs réussi à me faire éclater d'un rire franc alors que je suis du genre inexpressive. Enfin je l'étais jusqu'à ce que je le rencontre, ou que ma tête cogne trop fort contre la sienne au moment de la chute. Je vais remettre ça sur le compte de l’événement passé...même si je savais que je me mentirais en étant persuadée de cela. Ce qui me manquait dans ma vie fade et triste, était de rencontrer quelqu'un comme lui. Pendant que moi je me prenais la tête a essayer des semblants d'expressions, lui les dévoilait au grand jour, et je trouvais ça injuste de ne pas en faire de même. J'avais lu dans un livre sur les relations sociales que pour établir un climat de confiance entre deux personnes, il faut parfois se figer de ce que l'on ait et donner du crédit à celui qui nous parle. Mais également qu'il faut renfermer la part de nous, et s'associer à l'autre pour qu'il nous accepte...

C'est vraiment compliqué ça aussi, que ça soit l'amour ou même la sociabilité.

▬ Non et de toute façon j'en suis incapable...même si je l'avais voulu...

Faisant une petite grimace pour le faire à moitié peur, je m'étais évadée vers les machines de boissons en ayant demandé expressément au brun ce qu'il prenait, je fus donc très surprise de le voir rapidement à mes côtés et appuyer sur le bouton du café...Il est donc plutôt café ? J'avoue n'avoir jamais goutté et je suis bien curieuse. Alors que je me perdais sur les divers noms des breuvages : latte, cappuccino, café long, café court, noisette...je le regardais espérant qu'il me donnerait une petite indication...Enfin si je la lui demande pas, il pouvait pas le deviner non plus hein, tu es un peu stupido ma pauvre Lucia. Lysander m'expliqua que je pouvais l'appeler Lys' et j'avoue être de plus en plus stupéfaite...Un surnom, c'est bien quelque chose d'un peu plus affectif ? Utilisé entre deux personnes qui se qualifient d'amis non ? Enfin je pars peut être encore trop loin...Un hochement de tête affirmatif léger.

▬ Dans ce cas heu....Lys'...je n'ai jamais bu de café, est-ce que tu..veux bien m'en recommander un...du genre pas trop fort s'il te plait...?

Je suis du genre un peu une ignare sur les boissons style caféines, autant je pourrais faire tout un court sur la théine, mais sur le café...et pourtant je sais qu'elles sont presque les même priorités, mais pas forcément les même vertus. Le thé rallonge la durée de vie, guérit de certaines maladies, apaise le sommeil, est un anti-stress. Tant de choses positives. De base, j'étais partie pour un thé, mais si je voulais appliquer les conseils du livre social, que j'ai lu récemment depuis ma rencontre avec Melody, il fallait que je fasse des efforts pour découvrir des éléments qui me sont inconnus. Le café en fait donc partie.

Partant sur une note joyeuse, il me demanda quelques précisions vis à vis de ce que je lui ai dis sur la famille Valentini...Comment pouvais-je en parler sans rentrer dans trop de détails...Encore une action bien délicate. Seulement j'étais entraînée au corps en ce qui concernait être « un mystère » pour les autres, alors je ne devrais pas trop mal m'en sortir. Je le regarde s'appuyer sur la machine, et récupère la boisson qu'il m'a donc conseillée, avant de me plonger dans quelques souvenirs. Il allait falloir faire preuve de self-control vu que j'ai laissé mon bandeau sur le canapé...si la psychologue savait que je l'avais enlevé....Je me demande si j'aurais été mise sous quarantaine.
Ici c'est comme dans l’hôpital psychiatrique...On a l'impression d'être du bétail, un rat de laboratoire, privé de sa liberté.

▬ Mon père...Elio Valentini est un homme froid, dur, le parfait exemple de la noblesse italienne...Quand j'étais petite, étant fille unique, on m'a d'arrache pieds obligée à apprendre les convenances, forcée à pratiquer des activités d'art, et comme si ça ne suffisait pas, j'ai été à ses yeux une vieille poupée qu'on peut maltraiter sans aucun remords.

Je ne sais pas si c'est le fait de m'être un peu ouverte aux sentiments, mais je me retrouvais à être bien moins secrète aujourd'hui, enfin en gardant certaine limites tout de même. Histoire d'illustrer mon exemple, je décidais d'enlever le gilet féminin noir que je portais, afin de lui montrer quelques cicatrices dû au coups multiples...des ecchymoses encore marquées. Afin de ne pas plus le mettre mal à l'aise, je remet le dit vêtement sur mes épaules.

▬ A force d'en avoir marre d'être prise pour une marionnette, j'ai eu ma période de rébellion qui s'est payée en conséquences....et puis...un jour quelque chose s'est produit et j'ai fait honte à la famille, accordant la victoire à mon paternel qui est passé par des méthodes abjectes pour me faire céder à ses caprices....

Le coeur battant un peu plus vite dans la poitrine, comme si j'allais en suffoquer, je terminais mon explication.

▬ Mon père étant le chef successeur m'a donc bannie suite au déshonneur. Une très longue histoire, mais en Italie l'honneur est quelque chose auquel on attache beaucoup d'importance, surtout dans l'aristocratie.

Portant le breuvage à mes lèvres, je me retrouve dans une sensation douce de bien être, même si le café était un peu amer, la chaleur de la boisson était comme un pansement pour mon coeur blessé.

▬ J'en ai peut être trop dit, désolée....je ne voulais pas que tu te sentes mal à l'aise...


Il fallait peut être y réfléchir à deux fois, mademoiselle.

Café au lait...Hum voyons, s'il y a du crémeux dedans ça ne devrait pas être trop difficile, et puis je ne pense pas qu'il est du genre à jouer des mauvais tours. Je récupérais donc le gobelet après que la machine ait indiqué que la boisson est prête, puis souffle un peu dessus, parce que rien que le plastique est chaud, alors je n'imagine pas la mixture...Pendant que cette dernière refroidissait un peu, je m'étais lancé dans une explication concise d'une partie de mon existence et du pourquoi est-ce que j'avais été reniée de la famille. J'aurais pu m'en tenir un à « C'est juste mon père qui est une enflure » mais il se serait encore plus posé de questions, et puis je ne saurais comment l'expliquer...mon cœur était clément à dévoiler un peu de ses douleurs aujourd'hui. Bien qu'en voyant son air un peu renfrogné, je me dis que j'aurais sûrement du me taire...Je connais la tendance de l'être humain à fuir ses responsabilités, ou à ne pas vouloir être embêté par les petites choses, à vouloir garder une vie apaisée et tranquille. Et donc peut être qu'en lui parlant de tout ça, je le faisais se sentir un peu concerné, et ça lui déplaisait ? Il me fit remarquer que c'était lui qui était désolé et qu'il n'aurait pas dû amener le sujet. Puis s'en suivit un petit silence, un léger sourire triste orna mes lèvres.

▬ C'est que....ça m'a fait du bien, ça soulage un peu en faites...mais ça doit te gêner alors excuse moi...

Il semblerait qu'il ait bu son café bien trop vite puisqu'il manifesta une petite exclamation de douleur. Un énorme et doux sourire posé sur ses lèvres m'arracha presque un sursaut au coeur. Changeons de sujet oui il a raison, c'est le mieux. Enfin sa question était un peu rhétorique...Voulait-il dire par là que si je n'étais pas un couteau suisse musical, il ne m'aimerait pas ? Je vois surement encore trop loin.

▬ Et encore je ne t'ai pas montré le plein potentiel que j'ai en tant que violoniste, la sonate de Paganini est à un tempo dolce, je sais jouer plus forte et presto...Sinon voyons voir...hum...je sais faire du piano, comme c'est par là que j'ai commencé, et ensuite d'un point de vue hors musical, je sais dessiner, et c'est un peu mon échappatoire vers mon univers, parfois il m'arrive de juste me poser dans le calme complet et de dessiner ce que je contemple.

Goutant alors le café qui avait tiédit un peu plus, je fus très surprise du gout...C'est vrai que ce n'est pas mauvais, ça reste quand même un peu amer par rapport au thé, mais ça n'est pas désagréable en soi.

▬ Hooo, je sais chanter aussi, mais...disons que je suis un peu gênée, je n'ai pas une très jolie voix, donc généralement j'évite. Mais je pourrais te montrer pour le piano...un jour...enfin si tu veux qu'on se revoie bien sûr...

Un fard se posa sur mes pommettes. C'est du genre direct, et spontané, je n'ai pas forcément réfléchie aux conséquences de mes paroles. Je venais de lui proposer une nouvelle rencontre, alors que j'ai tendance à me libérer des mes attaches en ne les fréquentant pas justement. Pourtant dans mon âme et conscience, je...je ne sais pas comment le dire, mais je crois que j'ai envie de le revoir...Histoire de rapidement changer de conversation, pour ne pas me figer sur place de gêne.

▬ Et toi hormis la guitare ? Il y a quelque chose qui te passionne ?

Evidemment qu'il y a forcément autre chose, parfois tu es vraiment débile ma pauvre Lucia. Ouais bon hein, c'est pas de ma faute si je suis perturbée...

▬ Hum... Laisse moi voir. Tu n'as pas essayé de me sauter à la gorge, tu ne m'a pas insulté, tu joue bien du violon, tu es jolie... Ouep, je pense pouvoir considérer une autre rencontre!

Cela faisait beaucoup de points positifs apparemment, mais alors qu'ils les énuméraient au fur et à mesure mes joues devinrent encore plus rouges, ça bourdonnaient dans mes oreilles, c'est vraiment une drôle de sensation l'embarras...me cachant presque dans mon verre de café au lait, je l'écoutais répondre à mes questions et écarquilla les yeux de surprise. Attends tout ça ? Alors Lysander est ce qu'on appelle un artiste accompli ? Je n'en ai croisé que très rarement des personnes avec son potentiel de pouvoir jouer plusieurs instruments, tous les plus hétérogènes les uns que les autres. Pas étonnant qu'un homme avec de tels réserves soit dans un groupe, ce genre de talent très singulier, on se les arrache. Après je ne suis pas très familière avec les groupes de rock, mais je sais qu'un musicien de sa tempe, c'est précieux. Comme quoi quand je vous dis que les apparences sont souvent très trompeuses, c'est vrai ! Qui l'aurait cru, certainement pas moi, mais ça ne faisait que renforcer ma curiosité à son propos...D'où lui venait toutes ses capacités...Il avait parlé de sa mère comme une cantatrice après tout...mais il n'avait pas évoqué son père....Pouvais-je me permettre de lui poser la question en retour, vu que lui l'avait fait pour ma famille...J'ai un peu peur de créer à nouveau un malaise...

Activités extra-musicales les jeux vidéos, et il est donc membre également du club. je me souviens que la psychologue m'a recommandé de joindre celui de musique, mais j'avais peur de côtoyer des personnes, d'être au contact de personnes, donc j'avais tout simplement fui et refusé. Au moins si un jour je le cherche, je sais où je peux le trouver...Puis donc des soirées alcoolisées parce qu'il est irlandais. Ha voilà une nouvelle information à enregistrer ! Irlandais donc, pas étonnant qu'il est donc un peu fêtard...Même en Italie, on connait la réputation de ce pays très joyeux. Remarque ça change des airs moroses et des attitudes un peu prudes ! Cela me fit penser même que je n'avais jamais connu la désinhibition dû à des verres de trop. Bien sûr que j'ai bu du vin, comme tout les aristocrates, mais jamais je n'ai abusé de l'alcool....parfois je me dis que ça me ferait pas de mal si je m'y noyais de temps en temps. Seulement j'ai trop peur des mauvaises compagnies...car si un viol est possible dans une école, d'autant plus que la probabilité est complètement présente dans des boîtes et autres endroits de dépravation.

▬ Tant de choses qui m'impressionnent...Tu es vraiment...hum complètement à part, mais je crois que ça me plait...

Mais mais mais ! Qu'est-ce que je raconte enfin ! Mes joues prennent la couleur de l'écrevisse, alors que je détourne le visage pour essayer de le cacher.

▬ Enfin je...oui je sais où il est, même si je suis arrivée il y a peu...je me souviens d'un grand endroit style amphithéâtre....

L'art est la manière de changer de suj....Attends quoi ? J'ai raté un coche là, il m'a proposé de me laisser son numéro...Bug total dans mon esprit, ça pour être familier, ça l'est...J'ai lu dans mon livre de relations sociales que quand on passe par des moyens de communications, on devient encore plus proches. Non pas que ça me déplairait...mais enfin, raaaaah je sais plus c'est flou tout ça ! Les attaches c'est dangereux, pourtant s'il s'agit de lui pourquoi pas. Et puis encore heureux que j'ai donc acheté ce cellulaire il y a pas longtemps, sinon il se serait moqué de moi...Bah à mon âge parait que tout les jeunes ont un téléphone, alors comme je me dis que c'est surtout pour l'aspect pratique, j'en ai acheté un avec le peu d'économies que j'ai emporté avec moi. J'ai beau être fille de riche, n'ayant aucun amour de ma famille, je me suis toujours débrouillée toute seule de ce point de vue. Gagnant l'argent grâce à des concours, et sur un commun accord, mon père a promis de ne pas y toucher tant que ça ne me faisait pas arrêter le violon.

Retournant près de la house de mon violon, je sortais le petit appareil d'une petite poche à l'extérieur, et revint vers le brun.

▬ Heu par contre....je...je ne sais pas comment on enregistre un numéro...

Oui parce que, disons que je n'ai aucun amis, ni aucune connaissances à qui je l'ai échangé donc, mon répertoire ne sert pas à grand chose pour le moment.

Ce n'est plus vraiment de la chance à ce niveau. C'est du talent, du savoir faire ! Et surtout la chance d'avoir été bordé dans l'univers de la musique. Et puis cette complicité qu'il avait dû avoir avec sa mère...Je l'envie un peu, j'aurais tellement aimé connaître cela avec la mienne. Oui mais n'oublions pas qu'elle est la soeur d'un type qui me frappait à coup de canne enfant quand mon violon était mal accordé, ou qu'une note était fausse. La soeur d'un homme qui n'a pas hésité à m'affamer juste pour reprendre le contrôle sur sa poupée de chiffon. Et elle ? Elle avait regardé cela sans ciller, sans s'exprimer, me regardant de haut comme si j'étais une sorte d'animal. Je les déteste tout les deux, peut importe qu'il m'ait gâté de jouets bébé ou non. En y repensant c'est quand mon albinisme s'est découvert qu'ils sont devenus ainsi...Donc c'est juste une forme de racisme mal placée alors ? Je ne saurais donner la définition de ce que ça signifie, mes parents sont tellement étranges...Le genre de parents qu'on veut pas en tant qu'enfant.

Reportant notre attention sur mon cellulaire, je m'étais rapprochée du brun pour qu'il m'aide afin d'enregistrer un contact. C'est que c'est pratique ces petites machines, mais parfois la technologie ça va beaucoup trop vite. On dirait une vieille qui parle ! Un sourire se peigna sur mes lèvres alors que le jeune homme m'expliquait, et je ne pouvais parfois m'empêcher de rire quand je me trompais, ou que je faisais une fausse manipulation. Et pourtant il a eu la patience de m'expliquer sans se moquer. Il est vraiment unique à tout les niveaux.

Au bout du compte, nous avons fini par réussir à enregistrer son numéro, et le téléphone me proposa de prendre une photo de mon contact histoire que ce soit plus facile pour moi. Est-ce que je peux me le permettre ?

▬ Je...peux te prendre en photo ?

Il va croire que je suis une groupie ! Bravo Lucia, sois plus précise !

▬ C'est que le téléphone me le propose alors je...demande...

En attendant son approbation, je rédigeais mon message qui risquait d'être surement le plus simple du monde, car j'avoue que je ne sais pas ce qu'il faut écrire...En bonne fan de littérature, je n'allais pas lui sortir un pavé, et en peu expressive non plus. Un simple bonjour cela devrait suffire non ? J'appuyais sur les touches de l'écran qui venait d'apparaître, essayant de m'appliquer, parce que c'est sensible ce genre de bête ! Puis je lui envoyais mon premier message les joues rougies. Il allait trouver surement cela bizarre, mais bon je suis Lucia, un être complètement à part des autres.

Ce n'est pas un bonjour, mais au moins c'est ce que j'ai sur le coeur...Par contre ce genre de messages est typiquement anormal. Tu viens de croiser quelqu'un et tu lui dis ça...En faites, les deux se sont bien trouvés semblerait-il.

Une fois fait, une question se souleva et me fit prendre un peu de recul, un soudain mouvement de panique, et alors que je pensais m'en sortir, je déchante. Il...Il avait deviné ? Pourtant je n'ai rien montré....Enfin si le bandeau pouvait laisser supposer...mais...que lui dire ? Tentant donc de reprendre contenance sur mes émotions dissidentes qui plaisaient un peu trop à mon autre personnalité, je soupirais, toutes ses voix dans ma tête. la schizophrénie c'est vraiment pas facile tout les jours.

▬ Si je te le dis...tu...tu ne prendras pas peur ?

Répondre à une question par une autre question....

▬ Oui je suis pensionnaire en résidence surveillée....je suis une élève en IRS, on me considère comme l'une des plus dangereuses d'ailleurs....On dirait pas comme ça hein ?

Terminant mon café au lait, je plantais mon regard sur mon vis à vis, lui intimant de mes yeux fades que s'il voulait fuir, il en avait encore l'occasion.

N'ayant connu que des ballets, des opéras et des scènes théâtrales, j'avoue que le concept de fan d'un musicien de concert m'est encore bien inconnu. Cela dit s'il y tenait réellement et que j'y étais invitée, je pourrais donc être sa première admiratrice. Il m'avait quand même déjà bien impressionnée avec la chanson qu'il m'a jouée tout à l'heure, donc pourquoi pas, même si je ne sais pas comment ça fonctionne. Devais-je signer un contrat ou quelque chose ? Il y a quand même beaucoup que j'ignore, encore plus quand il vient du monde. On va finir par croire que je suis une extraterrestre....Je n'en suis pas loin à dire vrai.

▬ Ho hé bien, si un jour tu m'en donnes une, je veux bien que tu me la dédicaces alors...ou peut être une chanson ?

Tiens en voilà une bonne idée. Lui qui manquait d'inspiration, il pourrait réfléchir à me dédier une chanson. Enfin il n'est pas obligé bien sûr, parce que je n'ai jamais vu personne le faire pour moi et je n'aurais pas la présomption de le demander. C'est juste une proposition. Si tout à l'heure, on parlait d'éducation, la mienne était encore à revoir sur beaucoup d'aspect....Enfin ce n'était quand même pas de ma faute, je ne pouvais que m'en plaindre à mes géniteurs. Quoi que là si je m'en plaignais, s'ils étaient en face de moi, je savais ce qui m'attendait. La canne, peut être même encore devoir faire beaucoup pour prendre des choses dans la cuisine ? Ces mauvais souvenirs...Non Lysander était loin de se douter de tout ça.

Et pourtant il voulait savoir, je n'étais pas dupe, car même si sa curiosité l'emmenait sur un terrain glissant, je lis dans son regard de la peur, de l'effroi. Je sais qu'il est différent, mais il reste un être humain....A quoi est-ce que je m'attendais franchement ?

▬ Tes yeux te trahissent, et même si je crois en tes paroles, je sais que tu n'es pas prêt à entendre cela...mais bien soit...si tu insistes, seulement...

J'esquisse un sourire triste

▬ Tu ne me dois rien, tu as le droit de fuir après avoir entendu cela...ha...et je te conseille de t'asseoir aussi...on sait jamais que tes jambes ne te lâchent avant...

J'inspire profondément, récupérant quand même mon bandeau, le gardant dans l'une des mains. On sait jamais, si Mana prend le contrôle à nouveau, même si je n'en ai clairement pas envie, c'est quelque chose que je ne peux pas contrôler malheureusement...histoire d'être sûre comme je ne portes pas mon bandeau, je préfère reculer de quelques pas, histoire d'être à bonne distance.

▬ Tout à l'heure je t'ai expliqué qu'un événement passé a obligé ma famille a me bannir et me renier. C'est en parti lié...Quand j'étais petite mon père et ma mère ne m'ont donné aucun amour, me regardait comme une sorte de monstre et quand j'ai voulu me rebeller,  mon père m'a enfermée dans ma chambre, sans manger, ni boire pendant des jours et des jours...j'ai même cru que j'allais mourir...puis comme si ça ne suffisait pas, il m'a enfermée dans une boite alors que j'ai quelques troubles claustrophobiques...je l'ai alors supplié comme il l'a voulu...parce que je n'ai pas réussi à ne pas paniquer...Pour me racheter il m'a forcé a fréquenter une académie d'art, l'une des plus influentes de Florence. C'est là que tout a commencé....

Ma main tremblait un peu, mais je me devais d'aller au bout de cette explication, quand bien même les voix se renforçaient dans ma tête.

▬ J'ai intégré l'academia dell'arte où je pensais pouvoir me faire des camarades. Seulement une italienne albinos, ça fait peur il parait...Alors plutôt que d'avoir des amis, j'ai obtenu des ennemis, des jalousies, des bizutages...jusqu'à...ce...fameux jour...ce tr...triste jour...

Je les sentais encore, ces douleurs, ces infamies...sentant mon souffle se faire court, et mon esprit s'embrumer. Une mine grave sur le visage, une mine triste, désemparée.

▬ Ils m'ont...violée....et tout s'est bousculé dans ma tête, je n'ai pas...je n'ai pas pu taire la soif meurtrière de les faire payer. J'ai craqué...tout s'est déroulé si vite...ce n'était plus moi...j'étais apeurée...effrayée...dès que j'ai pu avoir une arme en main, celle avec laquelle on m'a obligée à rester tranquille pendant qu'on m'humiliait...je les ai tous égorgés...jusqu'au dernier....je ne compte même pas combien ont succombés alors que je me délectais de les voir souffrir....enfin pas moi...mais elle....

Je n'osais plus le regarder, je gardais la tête baissée, j'avais presque dit tout ça d'une voix peu certaine, peu assurée, quelques sanglots dans celles ci.

▬ « Mana » c'est cette personnalité qui chuchote dans ma tête et qui me somme de tout détruire. Là encore, elle me dit de te tuer, qu'elle est la seule à pouvoir m'aider....entendre cela continuellement c'est....très difficile. Enfin sois rassuré, je ne te ferais pas de mal...mais tu ne devrais pas rester à mes côtés....qui sait ce qui pourrait arriver.


Toujours la tête baissée, je m'attendais à présent à ce qu'il prenne la fuite, et qu'encore une fois la seule fibre de joie et de bonheur qui m'a été offerte, disparaisse de nouveau.

Plus le récit de mes tristes aventures coulait comme le long fleuve d'une rivière, et plus je me sentais mal à l'aise. J'ignore pourquoi j'avais trouvé la nécessité de lui dire tout ça, et je n'aurais pas été vraiment étonnée qu'il me traite de monstre lui aussi, mais il n'en fit rien, il continua de m'écouter encore sans m'interrompre, respectant presque la gravité de cet instant. Alors qu'un long silence s'installa suite à la fin de ce calvaire réminiscent. Le coeur que je pensais ne jamais voir battre autant, se mit à cogner si fort contre ma cage thoracique, qu'il m'en fit presque mal. Et contre toute attente, Lysander se planta devant moi, et je sentis ses doigts relever mon menton. Si ce geste aurait pu penser qu'il serait brutal, il n'en était rien, il trahissait une douceur maladroite. Il n'approuvait pas, pourtant il disait qu'ils n'avaient eu que ce qu'ils méritaient...Incompréhension totale, écarquillement des yeux, tremblants presque. Ces paroles, je les avais longtemps attendues, et je n'étais plus la seule à penser que ce qui s'est passé n'est pas en partie de ma faute.

Si on m'a jugé coupable et meurtrière, était-ce vraiment la vérité ? Je n'aurais jamais fait de mal à personne si on ne m'avait pas poussée à bout, c'est une évidence. Il lança même un message à Mana en me qualifiant comme son « amie ». Une voix plus forte dans ma tête me fit comprendre qu'elle n'avait pas du tout appréciée. J'allais devoir vite m'éloigner si je ne voulais pas qu'elle agisse. Elle sait être fourbe, et du genre répondante à la menace. Seulement avant que cela n'arrive il fallait que je me force à faire et dire quelque chose que je ne veux pas.

Cet idiot...C'est du suicide s'il reste avec moi, il devrait le savoir.

▬ Po...Pourquoi ? Tu devrais avoir peur...tu ne devrais pas, tu serais donc prêt à risquer ta vie pour un être aussi insignifiant que moi ?...

Je ne veux plus de morts sur la conscience...Et alors que des bourdonnements stridents amplis mes oreilles, je sentais mon autre personnalité qui me battait intérieurement pour prendre le contrôle...Elle répondait à la provocation...

▬ Ma..na....ça suffit ! Laisse moi....Argh ! Je ne veux pas....

J'ai un mental d'acier, je dois la contenir, je ne dois plus la laisser faire....La tête coincée par mes mains, mes jambes cédant sous mon poids alors que la douleur était plus qu'intense...Puis plus rien...comme si j'avais remporté le combat...du moins pour l'instant....je respirais assez fort...et les larmes perlèrent sur mes joues...des larmes que je retenais depuis bien trop longtemps...Je ne veux pas passer pour une malheureuse, je veux être forte...mais parfois se laisser aller, ça fait du bien pas vrai ?

L'entendre dire qu'il était désolé me fit avoir des remords de m'être laissé emporté. Mais aussi invraisemblable que ça puisse paraître, il n'avait pas fui comme promis, il était même là près de moi. Une présence douce, rassurante, compréhensive. Quelque chose qui m'a tant manqué dans ma vie. Est-ce un rêve ? Allais-je me réveiller de cette idylle mentale ? Peut être, plus rien ne m'étonne réellement quand il s'agit de désespoir. Je me pinçais presque l'intérieur de la joue avec les dents pour être sûre que j'étais bel et bien réveillée. Relevant mon regard vers le bras, spontané, un geste peut être trop audacieux, mais je pense que je voulais savoir ce que ça faisait. C'est alors donc que mes frêles petits bras, entourèrent la taille du jeune homme, et que ma tête alla s'échouer sur son épaule, alors que cet enlacement fit battre mon coeur d’allégresse. C'était donc ça de la tendresse ? Ce qu'on appelle une étreinte ? Et encore j'avais gardé certaines distances pour ne pas l'effrayer. Si ça se trouve il allait me repousser.

▬ Merci....Lys'...

Un faible et simple merci, pour ne pas m'avoir abandonnée, pour m'avoir permis de rêver un peu aujourd'hui, de m'avoir fait comprendre que le monde n'est peut être pas aussi insignifiant que je le pensais. Et tandis que le moment perdurait, le glas du retour sonna pour moi. Une personne qui me surveillait en tant que Forge entra dans la pièce en s'éclaircissant la voix. Rapidement prise de panique, je remettais mon bandeau sur les yeux, vérifiant qu'il est bien en place, et me releva

▬ Mademoiselle Valentini ! Il est 16h passé, je vous rappelle que vous avez rendez vous avec la psychologue et que vous êtes en retard !

Je ne m'étonne pas de savoir comment il m'a retrouvée, vu que je possède un bracelet gps électrique à la cheville. C'est dans ce sens que j'ai l'impression d'être un animal. Néanmoins c'était une norme de sécurité pour les autres élèves et je la respectais. Je remettais rapidement mon violon dans son étui en m'excusant, alors que Lysander s'était relevé. Histoire de ne pas faire plus d'attente, je m'inclinais légèrement vers le brun un léger sourire triste aux lèvres et me tourna vers mon bourreau, en m'excusant alors que je me faisais limite gronder de ne pas être sérieuse, blablabla. Dans mon dos, de mes deux mains je brandissais le téléphone pour qu'il soit le seul à le voir. Une sorte de message pour lui faire comprendre que s'il voulait me contacter ou m'écrire, qu'il le pouvait. Puis sans un mots supplémentaire adressé, je suivais l'homme de garde qui devait me conduire chez mon rendez vous obligatoire avec la psychologue. Je le sais que je suis folle, mais si ça peut m'aider à aller mieux alors pourquoi pas....

Quelqu'un croit en moi, c'est suffisant pour aller de l'avant.