Dans "sortir au musée", il y a "sortir"

J'avais besoin d'une pause. Les vacances de noël avait commencé plutôt bien, mais les bulletins de notes avaient toujours eu tendance à tout gâcher, et cette fois-ci n'avait pas fait exception. J'avais des notes passables, pour ne pas dire médiocres, et la marée de critiques que ma mère m'avait envoyée à la figure m'avait finalement fait prendre la fuite. C'est pour ça que j'étais entré dans ce musée, à la base. J'aurais pu traîner en ville, évidemment, mais il semblerait que j'ai eu une inspiration artistique soudaine. Ou peut-être que c'était juste parce que j'avais pris un billet sur la table avant de sortir et que j'avais décidé d'en profité pour faire quelque chose de constructif pour m'éviter, potentiellement, le même sermon dans six mois.

Je déambulai donc dans les allées et m'efforçai de lire le plus de panneaux informatifs possibles sans me faire trop bousculer par les visiteurs moins intéressés, de ceux qui n'étaient là que parce qu'il leur fallait un endroit pour sortir entre amis et qui passaient plus de temps à rire ensemble qu'à regarder quoi que ce soit. Une partie de moi les enviait ; la partie visible faisait comme tout le monde et se plaignait quand on lui rentrait de dans sans faire attention. Je ne sais pas si j'y ai appris grand chose, mais personne ne pourrait me dire en rentrant que je n'avait pas su utiliser ma journée à bon escient.

Si je rentrais. Je savais où et quand j'avais fait erreur, question très simple : c'était en m'installant un peu à l'écart pour reposer un peu mes jambes, après avoir fait tout le trajet à pieds de chez ma mère jusqu'au musée et avoir parcouru le bâtiment de long en large. J'aurais dû m'installer sur une marche de l'escalier principal, ou devant tout le monde, là où quelqu'un m'aurait vu, mais je ne l'avais pas fait. Au lieu de ça je m'étais endormi sur un banc que personne n'avait pensé à vérifier et je me réveillais là, tout seul. Plusieurs réflexes s'enchaînèrent avant que mon esprit d'analyse ne se réveille complètement.

En premier lieu, regarder par une des fenêtres, entre les interstices des stores, constater qu'il fait nuit et qu'il n'y a plus personne, paniquer en conséquence. En deux, courir jusqu'à la porte la plus proche et secouer la poignée comme si ça allait changer quoi que ce soit au fait qu'elle était verrouillée. En trois, répéter "non, non, non" frénétiquement en guise de seul mot de vocabulaire et seule prière possible. Et en quatre, lâcher un dernier "non", plus fort que les autres, en donnant un coup de pied dans la porte. Après ce qui restait de réflexion fonctionnelle derrière les affres de la phobie put enfin se remettre en place. J'étais enfermé, seul, dans un musée, personne ne viendrait me retrouver avant le matin et si l'idée qu'on me prendrait pour un voleur m'avait effleurée, elle ne resta pas longtemps à la surface. Parce que j'étais enfermé. C'était ça, le mot-clé. Je me remis à cogner sur la porte à coup de poing en luttant contre les tremblement de mes mains, en retenant les sanglots de terreur qui commençaient déjà à monter dans ma gorge. Que quelqu'un m'entende, que quelqu'un m'aide...

Mon premier réflexe fut de sursauter avec un cri étouffé et de me retourner d'un bon, comme un animal pris dans un piège. je ne t'avais pas entendue arriver et la panique ne facilite pas la réflexion : impossible d'avoir une réaction normale malgré ta voix rassurante. Je n'avais pas envie de garder les yeux fixés sur toi, surtout qu'une partie de moi me hurlai de reprendre le contrôle. impossible, j'étais enfermé. Enfermé. C'était le seul mot qui tournait dans ma tête, la seule certitude. Je savais que tu me parlais, j'entendais tes mots, j'avais envie de me concentrer dessus pour ne pas avoir l'air trop stupide, mais tout ce que j'arrivais à faire c'était me contrôler juste assez pour ne pas me ratatiner dans un coin en serrant ma tête dans me mains. Jusqu'à ce que... "qu'on sorte".

Là, enfin, tu attiras complètement mon attention derrière la brume de panique. Tu pouvais m'aider à sortir. Tu pouvais me sauver. Cela suffit à calmer un peu ma respiration, même si mon coeur battait toujours follement à mes temps. J'avais presque l'air de te considérer comme une incroyable héroïne quand j'ai enfin pu parler, d'une voix tremblante : "Tu... Tu sais comment sortir ?" L'espoir avait rendu à ma capacité de réflexion ses lettres d'or (ou au moins de bronze), et je réussis enfin à mettre un sens sur les mots que tu venais de prononcer. Oui, un téléphone, évidemment, c'était tellement simple, évident, logique... tout ce que n'existait pas dans un état de crise. Je sortis mon téléphone de ma poche mais fis rapidement le constat que tu avais dû faire un peu plus tôt : pas de réseau.

Ma respiration s'emballa aussitôt, rattrapée par la peur, mais je m'accrochai à l'espoir que tu représentais pour ne pas céder à la panique. Je n'étais pas seul, je pouvais sortir, mais uniquement si on y travaillait ensemble. "Il faut... il faut qu'on monte. Il y en aura peut-être là-haut." Ma voix était tremblante, instable, emplie d'une angoisse difficilement contrôlée ; seule ma peur du ridicule était plus forte que ma claustrophobie, parce que l'espace était assez grand pour que cette dernière ne domine pas. Même si j'avais l'atroce sensation qu'il diminuait, en même temps que la quantité d'air.

C'était aussi pour ça que je t'avais proposé de monter et que j'avançais fébrilement vert les escaliers, en ignorant totalement l’ascenseur : il y avait des vitres, là haut. Oh, juste une coupole et je ne pourrais rien ouvrir, mais voir le ciel me faisait toujours du bien, ça diminuait la sensation qui commençait déjà à me prendre à la gorge. J'avais vraiment besoin ne serait-ce que d'une fenêtre, et je courus presque pour atteindre le dernier étage. J'arrivait en haut épuisé, prêt à m'écrouler et les jambes un peu tremblante mais, au moins, j'avais le ciel au-dessus de ma tête.

Dès que je fus remis de l'effort, ce qui était moins facile que dans mon état normal, je tendis mon téléphone vers le ciel avant de me tourner vers toi pour te demander : "Tu captes ? Et euh... tu sais qui appeler ?" Les secours ? un ami ? Qui pourrait nous ouvrir cette porte, en fait, à part le responsable du musée ? Et si on nous disait juste d'attendre l'ouverture du matin? Je m'efforçais de ne pas y penser, mon coeur s'affolait déjà tellement...

Il me fallait du réseau, tout de suite, n'importe quelle lueur d'espoir, n'importe quelle distraction pour ne pas me sentir piégé. Comme mon téléphone ne semblait pas décider à accéder à ma requête désespérée, je finis par m’asseoir sous la coupole, les jambes ramenées contre moi, tandis que tu essayais de me rassurer. Je fixais le ciel, les mains crispées sur mon jean, en attendant que l'air revienne, qu'on ouvre la porte vers la sortie, qu'on me sorte de là. Je me demandai ce que j'aurais fait, si je m'étais retrouvé seul là-dedans. J'aurais sûrement hurlé jusqu'à ce que quelqu'un m'entende, dedans ou dehors, si tant est qu'il y ait un gardien ici. Peut-être qu'on aurait fini par me trouver et me faire sortir, ou peut-être que je serais simplement mort asphyxié ou écrasé entre les murs.
C'était stupide, les murs ne se rapprochaient pas vraiment de moi, mais les phobies ne sont pas faites pour être rationnelles.

Mais tu pouvais appeler les pompiers. Tu pouvais appeler les secours. Tu pouvais me sortir de là. Tu étais le phare qui m'empêchait de sombrer, et j'écoutais ta tentative de conversation téléphonique avec une boule au ventre. Ça n'avait pas l'air de capter très bien. S'ils ne t'entendaient pas, personne ne viendrait. J'en étais à prier pour que le réseau daigne fonctionner,  à soupirer presque de soulagement quand tu te mis à crier, en me disant que ça finirait bien par fonctionner. Et puis tu raccrochas, et la partie de mon esprit qui réussissait encore à flotter à la surface se prit à espérer que ce n'était pas juste parce que le type à l'autre bout du fil n'avait rien compris à ce que tu lui avais dit.

Mais non, ils arrivaient. Ils arrivaient, c'est ce que tu avais dit. Il fallait que je m'en convainque, maintenant, et que je tienne le temps qu'on ouvre les portes. Il fallait... "me calmer... oui... tu a raison... je dois me calmer..." Regarder le ciel, penser à de grands espaces, oublier que l'environnement autour de moi était cloisonné, fermé, verrouillé, qu'une catastrophe soudaine pourrait me tuer sans espoir d'en réchapper. Oui, oublier tout ça. Oublier, me calmer. Pas évident, mais tu faisais de ton mieux pour me fournir une distraction, pour détourner mon esprit de la centaine de scénarios catastrophe qui s'y jouaient.

"Je m'appelle Connor. Connor.. Rudenstein..." Ce n'était pas évident de parler de choses aussi banale et quotidienne alors que tout ce qui m'entourait me terrorisait. Alors, malgré l'impolitesse que ça dénotait, je continuait de fixer le ciel plutôt que de te regarder pour te répondre : "Je suis en Tradition... enfin, j'étais en Potion... avant. Pour phobie scolaire." Officiellement, mais le but n'était pas d'étaler la totalité de mes problèmes, juste d'avoir un sujet de conversation suffisant pour détourner mon esprit de tout ça, même si je tendais l'oreille en espérant à chaque seconde entendre une sirène. Je te retournais simplement tes questions, en espérant ne pas être trop indiscret. De toute manière, la probabilité que je retienne tes réponses dans mon état actuel était proche de zéro.

Je relevai la tête à l'entente de ta réponse. Un Potion ? Ca avait le mérite de me rassurer un peu : beaucoup d'ISS avaient encore des réactions un peu froides face aux anciens de l'IRS, comme si on allait les contaminer. j'écoutais ton histoire en écaquillant les yeux, murmurant d'une voix tranchée par l'angoisse que cette simple idée provoquait en moi : " enfermée... dans un sous-sol..." Un frisson glacial me parcourut tout entier. Comment avais-tu survécu à ça ? Je n'aurais pas tenu trois heures, il suffisait de voir ma réaction dans un espace aussi grand qu'un musée. "Je comprends... Rien que l'idée..." La douleur distrayait de la peur. je n'en était jamais arrivé là, mais qui aurait pu te blâmer ? L'enfermement, aussi longtemps...

"Quitter le côté fou pour aller chez les normaux". Etait-ce vraiment notre image ? Etais-je normal ?
Je n'en étais pas sûr, j'étais même plutôt persuadé du contraire. j'avais beau faire de mon mieux pour dégager une aura de normalité et de perfection, j'en étais très loin. ma phobie à elle seule aurait pu me valoir un aller simple pour l'IRS si j'avais voulu la soigner. Non... Nous étions loin d'être normaux, et certaines personnes du côté bleu de l'uniforme l'étaient probablement plus que moi.

Ta question me prit au dépourvu. Tu avais réussi à détourner mon attention de ma peur, ou peut-être était-ce la certitude de sortir, alors je réussis à y réfléchir un peu. même si, en soi, la question n'était pas spécialement compliquée : "La phobie scolaire n'était qu'une excuse pour fuir..." le pire homme que j'ai jamais rencontré ? Un ancien ami ? Un monstre ?   "... quelqu'un. J'allais à tous mes cours de l'IRS, ils m'ont considéré guéri."  Ca avait été ma seule manière de convaincre ma mère de m'éloigner de l'école où je croisais Chris en permanence. Sans son ombre derrière moi et la peur de le croiser dans un couloir, je ne pouvais qu'aller mieux.

Je poussai un soupir désolé en perdant mon regard dans le ciel, si rassurant. "Je ne peux pas vraiment t'aider. J'avais en partie menti pour qu'on me retire de mon ancienne école et qu'on m'envoie à Indarë, c'est juste le rétablissement de la vérité qui m'a ouvert le transfert à l'ISS." Je n'avais jamais vraiment été malade, jamais été "fou". mon cas était différent du tien.

Me confier n'avait jamais fait partie de mes habitudes. C'était montrer de potentielles faiblesses, afficher des cibles sur mon front pour subir les moqueries des autres. C'était quelque chose que j'évitais le plus possible pour garder mon image imperturbable, peut-être pas parfaite mais ce que je pouvais faire de mieux s'en rapprochant. Mais entre la peur qui m'avait saisi et envahi, et le besoin pressant d'en libérer mon esprit, les mots avaient fini par venir. Si tu ne t'étais pas moquée de moi pour ma phobie, comment mes raisons d'être venu dans cette école auraient pu provoquer plus de rires ou de jugement ? Après tout, je n'avais donné que la partie émergée de l'iceberg.

Et effectivement, tu semblais me comprendre plus que me juger. C'était sûrement parce que tu avais vécu des horreurs, toi aussi, ne dit-on pas que ceux qui ont souffert sont les plus aptes à la compassion et à l'altruisme ? Tu m'écoutais, tu me comprenais, chose improbable à mes yeux. Aurais-tu été prête à plaider la folie pour ne pas la rendre réelle ? Oui, c'est ce que criait ton regard, tu en semblais tout à fait capable. Surprenant, les gens qu'on peut rencontrer dans nos malheurs. Je me demandais s'il y avait une personne qui t'inspirait ce sentiment, cette envie de fuir, en dehors de celle qui t'avait enfermée dans un sous-sol, bien sûr.

Si je me sentais mieux ? La réponse était difficile à donner. J'avais toujours les souvenirs, la sensation rémanente de sa présence, de ses mains sur ma peau. Rien ne pourrait jamais l'effacer, tout comme rien ne pourrait jamais effacer à quel point je n'étais pas fait pour ce monde. Mais cette réponse resta enfouie bien au chaud sous mon crâne. Je me contentais de la partie émergée, encore une fois. De la vérité la moins honteuse, la moins douloureuse. "Je n'ai plus peur qu'il surgisse derrière moi ou à l'angle d'un couloir. Ça libère." Avant, la moindre ombre était une menace. Maintenant, je savais qu'il était toujours aux États-Unis, en fait je vérifiais même régulièrement qu'il ne lui venait pas à l'idée de mettre les pieds en Angleterre. Et s'il l'avait fait, je serai probablement resté cloîtré dans ma chambre, terrorisé ou pas.

J'entendis des sirènes au loin. Était-ce pour nous ? Je n'avais jamais été très doué pour faire la différence entre les différents type de sirène, encore moins ici, donc je n'arrivais pas à déterminer si c'étaient de potentiels sauveurs ou juste une ambulance qui passait à toute allure dans une rue voisine. Je fixai mon regard sur le ciel pour ne pas penser à ce qui arriverait si une urgence retenait l'attention de ceux censés nous aider ; nous étions moins important qu'un crime ou un incendie, bien sûr, mais ça m'aurait forcé à rester enfermé ici encore plus longtemps. Et même si j'appréciais ta compagnie, j'appréciais beaucoup moins celle des murs autour de nous.

Spoiler:

Les sirènes semblaient se rapprocher, augmentant assez vite mon espoir qu'il s'agisse bien des secours qu'on avait appelés plus tôt. La peur qui flottait autour de moi depuis que je m'étais réveillé enfermé reflua quand je pris conscience qu'ils étaient effectivement venus pour nous : j'entendais une voiture qui se garait et les sirènes ne trahissaient plus aucun mouvement du véhicule, deux preuves suffisantes pour que je sois enfin complètement rassuré. Je me relevai donc en te laissant me prendre la main pour descendre les escaliers, me répétant mentalement que j'allais enfin sortir maintenant que je n'avais plus la vision constante du ciel pour réguler mon angoisse. Et ta présence aidait beaucoup, mais ce fut l'ouverture soudaine des portes qui fit le reste.

J'eus l'impression presque aussitôt que l'air avait changé, comme si j'avais manqué d'oxygène pendant tout ce temps et que je pouvais enfin respirer normalement. Je n'avais plus besoin des hommes venus nous récupérer, de la voix qui nous appelait : j'étais libre et je pouvais enfin respirer normalement. Je pris néanmoins la peine de répondre un simple "on est là" en réponse à la question lancée à tue-tête dans le musée. Comment connaissaient-il mon nom ? Ma mère les avait probablement appelés après que j'avais quitté la maison sans revenir le soir ; elle était capable de penser que j'avais fugué, ou bien son mec lui avait mis cette idée dans le crâne. Comme tu avais mentionné deux personnes, ils avaient sûrement fait le lien en espérant ne pas se tromper, après tout on n'était pas loin de chez moi donc l'idée que j'aie pu venir ici avait dû sembler logique. Puis le policier nous braqua sa lampe sur le visage. Est-ce que c'était vraiment nécessaire ? On était dans le noir depuis tellement longtemps que j'eus presque l'impression de devenir aveugle quelque seconde ; je me protégeai, comme toi, les yeux d'une main.

Quand tu expliquas la raison de ta présence ici en pleine nuit, je tournai la tête vers toi, surpris. Tu t'étais évanouie ? C'est vrai que je n'avais pas pensé à te poser la question, trop concentré sur ma peur de l'enfermement. Est-ce que tu étais blessée ? J'espérais que non, mais les policiers y veilleraient sûrement. Quant à moi... L'homme me regardait comme s'il attendait ma réponse à cette question non-formulée, et je ne trouvai pas quoi y répondre. La vérité, que je m'étais endormi ? C'était sûrement la meilleure chose à faire, mais l'idée d'exposer ma narcolepsie en plus de ma claustrophobie laissait un goût amer. Ça faisait beaucoup de faiblesses à exposer en un jour pour quelqu'un qui les gardait pour lui en temps normal.

"Je me suis endormi." Il me regarda comme si j'avais dit une absurdité. Peu importe, s'il voulait vérifier la véracité de mon information, je pouvais toujours le guider vers mon dossier médical, ou bien ma mère ne se priverait pas de le faire. J'en étais probablement déjà quitte pour me faire hurler dessus un bon moment parce que "quelle idée de t'endormir dans un musée" ou "quelle idée de partir comme ça", ou son préféré "Infinity n'aurait jamais fait ça". Je soupira en m'installant dans la voiture, après m'être assuré que le policier en laisserait les fenêtres entrouvertes : je n'étais pas sorti d'enfermement pour me retrouver piégé dans un espace encore plus restreint. J'ignore si ce fut mes mains encore tremblantes ou l'urgence dans ma voix, mais l'homme qui nous avait ouvert les portes accepta. Je m'installais donc à côté de toi à l'arrière du véhicule. Je n'habitais pas très loin, j'aurais pu rentrer à pieds, mais il avaient sûrement peur que j'en profite pour errer, je doutais que ma raison de m'être retrouvé enfermé à l'intérieur les ait convaincus, ou bien ils voulaient s'assurer que je rentre sain et sauf.

A ta question au moment où la voiture démarrait, je hochais la tête. "Si tu veux, on a qu'à manger ensemble un de ces jours." L'idée que tu puisses vouloir me revoir me dépassait complètement, mais je ne pouvais pas décemment refuser. Tu ne m'avais rien fait de mal, au contraire, et ça faisait toujours une personne qui ne se moquerait pas de moi intérieurement (ou moins intérieurement) en me croisant dans un couloir. Les policiers me déposèrent chez moi quelques minutes plus tard, s'attardant un instant avec ma mère avant de s'éloigner, probablement pour te ramener à l'école ; en tant que Potion, tu étais sûrement une pensionnaire permanente, pas de ceux qui, comme moi, rentraient pendant les vacances. "Je m'inquiétais !", s'écria ma mère, et je passai mon cerveau sur silence pour ne pas écouter la suite de ses complaintes, même si ça ne m'empêcha pas de toute les entendre pour me les prendre en plein cœur.